Question au Gouvernement n° 4196 :
Syrie

14e Législature

Question de : Mme Élisabeth Guigou
Seine-Saint-Denis (6e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain

Question posée en séance, et publiée le 5 octobre 2016


SITUATION À ALEP

M. le président. La parole est à Mme Élisabeth Guigou, pour le groupe socialiste, écologiste et républicain.

Mme Élisabeth Guigou. Monsieur le ministre des affaires étrangères et du développement international, depuis le 22 septembre dernier, la population d'Alep subit un martyre inhumain. Même les hôpitaux sont bombardés. Les morts sont toujours plus nombreux. De nombreux blessés ne sont plus soignés. L'eau potable manque. Des milliers de personnes sont piégées dans cet enfer. Nous sommes à la veille d'un drame équivalent à celui de Srebrenica. Il faut que cela s'arrête.

Depuis 2011, 700 casques blancs syriens sont morts, dont 142 dernièrement à Alep en portant secours à la population. Monsieur le président, mes chers collègues, nous devons non seulement saluer leur courage en recevant leurs représentants ici, à l'Assemblée nationale, comme je l'ai fait en commission des affaires étrangères en novembre dernier, mais aussi soutenir leur candidature au prix Nobel de la paix.

Nous devons faire comprendre à la Russie que ce sont des crimes de guerre, et même sans doute des crimes contre l'humanité qui sont commis à Alep.

Cette sauvagerie ne peut que renforcer Daech et le Fatah al-Sham, que nos pilotes combattent courageusement, en Syrie comme en Irak, dans le respect des autorisations données par le Parlement.

Alors que Russes et Américains ont cessé leur dialogue, c'est l'honneur de la France de tenter de parvenir à une solution diplomatique dans le cadre du Conseil de sécurité. La France reste heureusement un interlocuteur reconnu par tous les États de la région. Monsieur le ministre, quelles initiatives est-il possible de prendre aux niveaux national et européen pour sauver Alep ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain, et sur plusieurs bancs du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international. Madame la présidente de la commission des affaires étrangères, notre priorité absolue, aujourd'hui en Syrie, est de tout faire pour mettre fin au déluge de violence qui submerge Alep.

M. Pierre Lellouche. C'est un minimum !

M. Jean-Marc Ayrault, ministre. Le régime syrien et ses soutiens agissent dans une logique de guerre totale : il s'agit d'une situation sans précédent dans ce conflit. Ce déchaînement de violence, qui cible en particulier les hôpitaux et les personnels de santé, se caractérise en effet par des actes constitutifs de crimes de guerre, dont les auteurs devront répondre devant la justice internationale.

Comment y mettre un coup d'arrêt ? Certains préconisent un alignement total sur Moscou, au nom de la lutte contre le terrorisme. D'autres, à l'inverse, estiment que nous devrions rompre avec la Russie. Aucune de ces deux options ne permettra de mettre fin au drame qui se déroule sous nos yeux. Nous mettons les Russes devant leurs responsabilités : au Conseil de sécurité, nous sommes engagés dans la négociation d'une résolution afin d'établir un cessez-le-feu et de permettre aux populations civiles d'Alep de recevoir une aide humanitaire. Il est vrai que la négociation est compliquée, mais elle se poursuit en ce moment même. Le moment de vérité approche.

Sur le plan humanitaire, l'Union européenne a lancé une initiative en lien avec les Nations unies. Je me suis entretenu hier avec Mme Mogherini. Les moyens ont été réévalués. Nous sommes prêts à soutenir des transports d'aide humanitaire, mais encore faut-il que les conditions de sécurité soient réunies à Alep, ce qui n'est pas le cas.

Aujourd'hui, ces deux initiatives se rejoignent. Ces deux pistes poursuivent le même objectif : mettre fin au martyre d'Alep. Je dis aux Russes que le sort de cette ville est entre leurs mains. S'ils s'obstinent, le drame d'Alep restera dans les mémoires comme une infamie et ils en porteront la responsabilité. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)

M. Yves Fromion. Ça va leur faire peur !

M. Jean-Marc Ayrault, ministre. Quant aux casques blancs, madame la présidente de la commission des affaires étrangères, vous avez raison de rendre hommage à ces hommes et ces femmes dont le courage est exemplaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et sur quelques bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

Données clés

Auteur : Mme Élisabeth Guigou

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Affaires étrangères

Ministère répondant : Affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 5 octobre 2016

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