Question au Gouvernement n° 4355 :
États-Unis

14e Législature

Question de : M. Paul Giacobbi
Haute-Corse (2e circonscription) - Radical, républicain, démocrate et progressiste

Question posée en séance, et publiée le 10 novembre 2016


ÉLECTION DE DONALD TRUMP À LA PRÉSIDENCE DES ÉTATS-UNIS

M. le président. La parole est à M. Paul Giacobbi, pour le groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.

M. Paul Giacobbi. Monsieur le président, le Gouvernement est en train de nous jouer la symphonie des adieux – est-ce une anticipation ? Je ne sais donc pas à qui m'adresser parmi les ministres qui restent…

Après une campagne électorale longue, âpre et parfois amère, les États-Unis ont choisi leur prochain président. Le peuple a parlé dans le cadre d'un processus démocratique exemplaire. Les outrances ne sont plus de mise.

Ce peuple nous a donné, dès 1776, le concept et l'expression de droits de l'homme. Le principe de notre Ve République – « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » – est mot pour mot celui qu'a défini Abraham Lincoln en 1863 à Gettysburg.

La France était l'alliée des États-Unis au temps où elle n'était pas encore une République et où les rebelles américains ne s'étaient pas encore constitués en État. C'est peu de dire que nous avons bénéficié de cette alliance lors des deux guerres mondiales. Les désaccords qui peuvent exister avec tel ou tel dirigeant ne doivent pas remettre en cause une telle alliance.

Nous serons confrontés, en revanche, à une double et fondamentale évolution des États-Unis d'Amérique vers le protectionnisme et un certain isolationnisme. L'affirmation d'une Amérique plus centrée sur elle-même, moins soucieuse de son rôle de protecteur international sur le plan diplomatique et militaire, et les nouvelles réticences envers la globalisation vont placer l'Europe, en particulier la France, devant de nouvelles responsabilités et de nouveaux défis. N'est-ce pas d'ailleurs ce que nous voulions, puisque nous ne cessons, ici et ailleurs, de critiquer l'impérialisme américain et le libre-échange ?

Monsieur le Premier ministre, le 20 janvier prochain, Donald Trump prêtera serment pour prendre ses nouvelles fonctions. L'orientation de sa politique sur le plan international est connue : elle appelle pour notre pays une adaptation diplomatique et stratégique. Comment envisagez-vous cette adaptation fondamentale et dans quelle mesure comptez-vous y associer la représentation nationale ? (Applaudissements sur les bancs du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste et sur plusieurs bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé du développement et de la francophonie.

M. André Vallini, secrétaire d'État chargé du développement et de la francophonie. Vous l'avez dit, monsieur le député : la France et les États-Unis sont depuis toujours des alliés, et même des amis. Depuis La Fayette qui partit combattre aux côtés de George Washington jusqu'aux soldats américains tombés sur les plages de Normandie, notre relation est ancienne et solide. La France est le seul grand pays européen à n'avoir jamais été en guerre contre les États-Unis – le seul.

L'amitié, surtout quand elle est ancienne, exige de la franchise. Cette franchise nous conduit aujourd'hui à dire que nous avons des interrogations nombreuses, qui portent sur l'engagement des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme, notamment au Moyen-Orient, sur l'application de l'accord avec l'Iran sur le nucléaire, sur la mise en œuvre de l'accord de Paris sur le climat, et sur les relations économiques des États-Unis avec le reste du monde.

Ainsi, des incertitudes existent et les interrogations sont nombreuses. Nous allons engager un dialogue, que nous espérons constructif, avec la nouvelle administration américaine, pour la convaincre que les États-Unis ont tout à gagner à une économie et à une société ouvertes sur le monde. Il reviendra aussi à l'Union européenne de jouer tout son rôle dans ce dialogue exigeant que nous devrons avoir avec nos amis américains. Le Parlement sera bien sûr associé à ce dialogue, dans le respect de la séparation des pouvoirs. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)

Données clés

Auteur : M. Paul Giacobbi

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Développement et francophonie

Ministère répondant : Développement et francophonie

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 10 novembre 2016

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