Question au Gouvernement n° 4451 :
Qatar

14e Législature

Question de : M. Georges Fenech
Rhône (11e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 8 décembre 2016


ACCUSATIONS PORTÉES CONTRE M. LE GUEN

M. le président. La parole est à M. Georges Fenech, pour le groupe Les Républicains.

M. Georges Fenech. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse au nouveau secrétaire d'État au développement et à la francophonie, M. Jean-Marie Le Guen. Monsieur le secrétaire d'État, ministre, ma question est d'ordre personnel, car il nous faut aujourd'hui crever l'abcès. À l'occasion du changement de gouvernement, vous avez quitté le portefeuille des relations avec le Parlement pour hériter de celui du développement et de la francophonie. Certains s'interrogent sur les raisons de ce qui s'apparente à une rétrogradation ministérielle.

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. C'est vrai.

M. Georges Fenech. Mais de ce fait, vous allez donc devenir, entre autres et au nom de la France, l'interlocuteur privilégié des pétromonarchies du Golfe. Or dans leur dernier livre intitulé Nos très chers émirs, deux journalistes bien connus et dignes de confiance, Georges Malbrunot et Christian Chesnot…

M. Yves Durand. Non, pas vous !

M. Georges Fenech. …révèlent que vous auriez proposé, alors que vous étiez chargé des relations avec le Parlement, à l'ambassadeur du Qatar en France de lutter contre le « Qatar bashing ». Pour ce faire, à l'Assemblée nationale, vous vous seriez fait fort d'écarter les questions d'actualité gênantes pouvant venir des députés de gauche, mais à la condition qu'il fasse appel aux services d'une société de lobbying dirigée par l'un de vos proches, avec un coût mensuel des prestations fixé à 10 000 euros. Si ces faits étaient avérés, monsieur le ministre, ils constitueraient un très grave système de corruption étatique.

Je suis attaché à la présomption d'innocence (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain), monsieur le secrétaire d'État, et ma question ne se veut pas accusatrice. Cependant vous comprendrez que l'opposition – et avec elle, j'imagine, tous les Français – exige de connaître votre réponse à cette mise en cause de la plus haute gravité. Pouvez-vous nous préciser si à ce jour, vous avez déposé une plainte pour défendre votre probité et votre honneur ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé du développement et de la francophonie.

M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État chargé du développement et de la francophonie. Merci, monsieur le député, de me rassurer sur le caractère non polémique et non diffamatoire de votre question car j'ai cru, à un moment, que c'était là votre objectif ! Je me posais donc la question : mais où en est l'opposition pour en être réduite à cela ? (Protestations sur les bancs du groupe Les Républicains – Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)

S'agissant du livre que vous mentionnez, je vous dis tout de suite que bien évidemment, j'ai porté plainte en diffamation. Je crois savoir que, la liberté de parole à l'Assemblée nationale étant totale, votre statut m'interdit de porter plainte contre vous ; je le regrette beaucoup. Mais si vous répétez vos déclarations dans un autre contexte, je le ferai ; je porterai plainte contre tous ceux qui pourraient prononcer ce type de paroles.

Monsieur le député, vous faites référence à un livre, mais vous auriez pu citer la liste de tous les responsables politiques, et singulièrement de certains de vos amis…

M. Claude Goasguen. Et des vôtres !

M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État. …qui y sont mis en cause. Je sais que certains d'entre eux ont également porté plainte. Vous aurez le souci, par ces temps difficiles pour la démocratie, de respecter l'honneur de ceux qui sont aujourd'hui en responsabilité de notre pays. Au-delà de la présomption d'innocence, ils lutteront contre un journaliste par ailleurs bien connu – mais c'est peut-être en lien avec votre question – comme étant un des porte-parole de M. Bachar el-Assad dans notre pays ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)

M. André Schneider. C'est l'hôpital qui se moque de la charité !

Données clés

Auteur : M. Georges Fenech

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Développement et francophonie

Ministère répondant : Développement et francophonie

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 8 décembre 2016

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