commerce international
Question de :
M. Dino Cinieri
Loire (4e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 1er août 2012
HAUSSE DES COURS DES MATIÈRES PREMIÈRES AGRICOLES
M. le président. La parole est à M. Dino Cinieri, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.M. Dino Cinieri. Ma question, à laquelle j'associe Pierre Morel-A-L'Huissier et Paul Salen, s'adresse à M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture.
Monsieur le ministre, une sécheresse durable, s'est abattue sur le centre des États-Unis ainsi que dans la région de la mer Noire, qui sont parmi les plus importantes réserves de céréales de la planète. Cette sécheresse, ajoutée au fait que la consommation de certains produits agricoles de base a dépassé leur production à l'échelle mondiale, a causé une flambée des prix sur les marchés de matières premières agricoles comme le blé, le maïs, ou le soja.
M. André Chassaigne. Ce n'est pas la première fois !
M. Dino Cinieri. Cette envolée des cours est réellement dévastatrice pour les populations des pays en développement, qui subissent une forte hausse des prix de leurs denrées alimentaires de base.
Elle est aussi préoccupante pour nos agriculteurs européens, qui ne peuvent plus maîtriser leurs coûts de production. Or ils doivent déjà composer avec la hausse des prix de l'énergie et avec un manque de compétitivité qui ne risque pas de se réduire alors que votre majorité vient de supprimer la baisse des cotisations patronales que nous avions votée en février. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
La lutte contre la volatilité des cours des matières premières agricoles doit être l'une des priorités de votre ministère. Elle était une priorité pour votre prédécesseur, qui avait réuni pour la première fois les ministres du G 20 en charge de l'agriculture.
Des solutions concrètes avaient été avancées :...
M. André Chassaigne. On voit le résultat !
M. Dino Cinieri. ...augmentation de la production agricole mondiale et des moyens de stockage des matières premières ; concertation accrue entre le G 20 et ses partenaires pour ne pas laisser les marchés fixer seuls les cours ;...
M. André Chassaigne. La preuve !
M. Dino Cinieri. ...réforme des marchés à terme pour limiter les effets d'amplification de la spéculation purement monétaire.
Ces dispositifs de crise existent depuis 2011. Ils ne demandent qu'à être utilisés.
Allez-vous, monsieur le ministre, en prendre l'initiative ? Allez-vous, dans le cadre des négociations actuelles, utiliser la politique agricole commune comme un élément de régulation mondiale afin que l'Europe demeure une grande puissance agricole compétitive au niveau international ? En matière agricole, il ne peut y avoir de compétition équitable sans un minimum de régulation.
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt.
M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt. Monsieur le député, il est au moins une chose que vous ne pourrez m'imputer, c'est la sécheresse aux États-Unis.
M. Claude Goasguen. Encore que... (Sourires.)
M. Stéphane Le Foll, ministre. Si vous en doutez, il faudra aller voir les météorologues pour leur expliquer.
La sécheresse a des conséquences à l'échelle mondiale. Une régulation à l'échelle mondiale est, effectivement, nécessaire. Des décisions ont été prises dans le cadre du G 20 ; mon prédécesseur, M. Le Maire, ici présent, avait participé à la mise en place d'un certain nombre d'outils que nous avons sollicités dès que nous avons su que ces problèmes allaient survenir.
M. Christian Jacob. C'était le temps où nous avions un ministre de l'agriculture !
M. Stéphane Le Foll, ministre. Sachez cependant que, si cette sécheresse, qui aura des conséquences sur le prix des céréales et donc sur le coût de l'alimentation, en particulier pour l'élevage, nécessite des réformes dans le cadre de la politique agricole commune, elle nécessite aussi que l'on réfléchisse ici, en France, aux relations que doivent entretenir la production céréalière, ou production de protéines végétales, et la production animale, voire que l'on réfléchisse au niveau de l'interprofession, en envisageant notamment les conséquences de tout cela dans la grande distribution. Tous ces éléments sont aujourd'hui pris en compte par le ministère pour trouver une solution qui limite l'impact négatif que pourra avoir l'augmentation du prix des céréales sur la production animale.
M. Yves Censi. Quelle solution ?
M. Stéphane Le Foll, ministre. Les décisions sont en cours d'élaboration. Elles seront prêtes pour la rentrée des mois de septembre et octobre.
M. Yves Censi. Il n'y a donc plus qu'à attendre !
M. Stéphane Le Foll, ministre. La réforme de la politique agricole sera également un paramètre sur lequel jouer pour protéger l'élevage.
M. Claude Goasguen. Et aujourd'hui, alors ?
M. Stéphane Le Foll, ministre. J'ai évoqué la mise en place antérieure d'un certain nombre d'outils. À l'échelle de l'Europe, sur la question de la spéculation financière, ce qui a été déposé est aujourd'hui en discussion au Parlement européen, et le Gouvernement français soutiendra la limitation de la spéculation sur les marchés alimentaires et agro-alimentaires pour éviter que se renouvelle la situation que l'on connaît aujourd'hui. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)
Auteur : M. Dino Cinieri
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Relations internationales
Ministère interrogé : Agriculture, agroalimentaire et forêt
Ministère répondant : Agriculture, agroalimentaire et forêt
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 1er août 2012