manifestations
Question de :
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet
Essonne (4e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 15 mai 2013
VIOLENCES À PARIS
M. le président. La parole est à Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.Mme Nathalie Kosciusko-Morizet. Monsieur le ministre de l'intérieur, vous étiez hier à Lyon, où vous avez tenu une conférence de presse pour vanter les mérites de votre politique.
Il y aurait beaucoup à redire à propos des lauriers que vous vous tressez. Sans doute pensez-vous que l'on n'est jamais si bien servi que par soi-même !
Le même jour avaient lieu dans la capitale des événements graves sur lesquels je veux vous interroger. Des dizaines de milliers de Parisiens étaient rassemblés pour fêter le titre du Paris Saint-Germain.
M. Franck Gilard. De très loin !
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet. Je rends hommage aux joueurs, aux dirigeants du club, à la ferveur des supporters. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Je rends aussi hommage aux forces de police qui, en dépit d'une situation impossible, ont fait ce qu'elles pouvaient.
M. Guy Geoffroy. Très bien !
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet. Monsieur le ministre, hier, la fête a été gâchée. Elle a tourné à l'émeute. Un quartier de Paris a été livré à des bandes de voyous. Ils ont pu pendant plusieurs heures, quasi impunément, s'en prendre aux Parisiens, aux boutiques, aux vitrines, aux voitures. Bilan : trente-deux blessés. Tout cela du fait du manque de préparation des responsables parisiens de la police, qui n'avaient manifestement pas anticipé ces événements.
Monsieur le ministre, j'étais hier parmi les supporters pour fêter la victoire. (Exclamations et rires sur les bancs du groupe SRC.) J'ai vu leur déception, j'ai partagé leur colère de voir la fête ainsi dévoyée et en fin de compte annulée. J'ai aussi rencontré les victimes place du Trocadéro, et j'ai vu leur écoeurement.
M. Patrick Mennucci. Les tartufferies, ça suffit !
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet. Aujourd'hui, les Parisiens ne comprennent pas et sont scandalisés. Comptez-vous, comme ils le demandent, lancer sans délai une enquête pour comprendre quels manquements ont pu conduire à de tels débordements ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur plusieurs bancs du groupe UDI.)
M. le président. Merci. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur. Madame la députée, je veux tout d'abord condamner de la manière la plus ferme les agissements d'ultras, de casseurs, de voyous, qui ont gâché ce qui aurait dû être une grande fête. Ils s'en sont pris aux forces de l'ordre, à des passants, à des touristes, à des commerçants. Parmi les trente-deux blessés, l'on compte trois policiers et gendarmes. Je rends hommage aux forces de l'ordre : huit cents policiers et gendarmes étaient présents sur le terrain. (Applaudissements sur tous les bancs.)
Mme Claude Greff. Ça ne suffit pas !
M. Manuel Valls, ministre. Malheureusement, ce type d'incident n'est pas nouveau. Faut-il rappeler les débordements bien plus graves qui se sont déroulés au coeur de Paris, en 2010, à l'occasion de la défaite de l'Algérie au mondial de football ? (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Faut-il rappeler les émeutes de la gare du Nord ? Faut-il rappeler les saccages commis aux Invalides lors des manifestations contre le CPE en 2006 ? (Mêmes mouvements.)
M. Franck Gilard. Et en juin quarante, les Allemands étaient à Paris !
M. Manuel Valls, ministre. Cet après-midi, je rencontrerai les dirigeants du Paris Saint-Germain, de la Ligue et de la ville de Paris pour établir ensemble les responsabilités lors de l'organisation de ce type de manifestations, et aussi pour tirer toutes les conséquences.
J'ai déjà demandé au directeur général de la police nationale et au préfet de police de me donner tous les éléments pour mieux comprendre ce qui s'est passé hier.
Mme Claude Greff. Ça ne suffit pas !
M. Manuel Valls, ministre. Incontestablement, il faut le voir en face, la situation a abouti à des événements intolérables.
Pour les raisons que vous avez évoquées, il était difficile d'interdire une telle manifestation. Il est vrai néanmoins que le football, notamment à Paris, est malade (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) et nous devons en tirer les conséquences.
Madame la députée, j'ai en charge l'ordre et la sécurité des Français et des Parisiens, et je compte bien poursuivre ma mission avec beaucoup de sérénité et beaucoup de fermeté. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Auteur : Mme Nathalie Kosciusko-Morizet
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Ordre public
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 15 mai 2013