Question au Gouvernement n° 950 :
politique industrielle

14e Législature

Question de : Mme Claude Greff
Indre-et-Loire (2e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 12 juin 2013

SITUATION DE MICHELIN À JOUÉ-LÈS-TOURS

M. le président. La parole est à Mme Claude Greff, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
Mme Claude Greff. Monsieur le ministre du redressement productif, Goodyear, Lafarge ou Petroplus : on ne compte plus les sites industriels en difficulté dans la France de François Hollande. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Ben voyons !
Mme Claude Greff. Qu'il est loin déjà le temps où vous montiez sur les estrades syndicales pour tenir aux salariés un discours enjôleur, mais trompeur... Aussi à Florange n'ont-ils pu que dresser une stèle à la mémoire de vos engagements. Aujourd'hui, ce sont les salariés de Michelin qui s'interrogent sur votre absence de politique industrielle. Les dirigeants de la société en effet pointent " la question du coût du travail " et " un droit du travail complexe " dans la décision de fermeture de l'activité poids lourds à Joué-lès-Tours.
En Indre-et-Loire, 730 salariés - soit autant de familles et de vies cassées - vont devoir assumer ce traumatisme. Votre gouvernement et le député de la circonscription étaient au courant de cette situation depuis bien longtemps. Michelin a signé votre pacte de compétitivité. Or je tiens à rappeler que c'était un outil de votre fameuse boîte, qui était censé aider les entreprises.
Dans ce dossier, comme depuis un an, votre responsabilité est grande. Vous avez rayé d'un trait de plume la fiscalité anti-délocalisation et la TVA compétitivité. Une récente étude de Ernst & Young montre d'ailleurs la perte d'attractivité de la France. Votre stratégie de la défausse permanente, sur le mode du " c'est pas moi, c'est la faute du précédent gouvernement " ne tient plus, et ne dupe plus personne. Cette argumentation que vous utilisez tout le temps nourrit la montée des populismes, ne l'oubliez pas ! Vous devrez un jour en rendre des comptes. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Monsieur le ministre, poserez-vous cette fois dans les magazines en bonhomme Michelin plutôt qu'en marinière ?
M. Alexis Bachelay. Eh, on se calme !
Mme Claude Greff. Quelle désillusion pour ceux qui avaient cru au changement ! Sachez, monsieur le ministre, que les mensonges ne tiennent jamais longtemps. Allez-vous enfin prendre des mesures pour que la France progresse ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. Merci, madame. La parole est à M. le ministre du redressement productif.
M. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif. Croyez bien que la situation de Joué-lès-Tours nous préoccupe et que nous partageons la violence de la dureté de la situation vécue par les familles, les élus, quels qu'ils soient, et les salariés de cette entreprise.
M. Marc Le Fur. Mais concrètement ? Nous voulons des faits !
M. Arnaud Montebourg, ministre. D'ailleurs, avec Michel Sapin, nous avons dit à Michelin que toute personne qui perdrait son emploi à cause de Michelin devrait retrouver un emploi grâce à Michelin. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Nous avons imposé cette exigence directement à la direction du groupe.
Madame Greff, je voudrais vous donner quelques informations que vous semblez ignorer. Michelin n'a pas seulement annoncé la fermeture de Joué-lès-Tours, mais également un plan d'investissement massif sur quatre ans en France, pour près d'un milliard d'euros - 800 millions d'euros pour être exact. Il a annoncé le maintien de sa base industrielle France pour une capacité maintenue de production de 1 600 000 pneus de poids lourds par an. Michelin a même annoncé son intention d'accroître la production française par les exportations. Il a souhaité réorganiser, en doublant ses capacités, une usine semblable à La Roche-sur-Yon, ce qui correspond à une fusion avec l'usine de Joué-lès-Tours. Cela permettra à cette usine de se battre à armes égales avec la concurrence chinoise et indienne dans le pneumatique. Enfin, Michelin a annoncé la création de 450 emplois : 220 à Montceau, 90 au Puy et 170 à La Roche-sur-Yon.
Mme Claude Greff. Mais pour Joué-lès-Tours ?
M. Arnaud Montebourg, ministre. Michelin s'est aussi engagé à maintenir un volant d'embauche important pendant les quatre ans du plan, puisque sur les 2 000 départs à la retraite, 1 800 seront remplacés.
Mme Claude Greff. Mais pour Joué-lès-Tours ?
M. Arnaud Montebourg, ministre. Nous avons dit à Michelin de s'occuper des salariés de Joué-lès-Tours : ils ne devront pas aller à Pôle Emploi.

Données clés

Auteur : Mme Claude Greff

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique économique

Ministère interrogé : Redressement productif

Ministère répondant : Redressement productif

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 12 juin 2013

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