Question de : M. Louis Aliot
Pyrénées-Orientales (2e circonscription) - Non inscrit

M. Louis Aliot attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur les absences répétées et remarquées de la France au Brésil ces derniers mois. En politique internationale, il faut être pragmatique et garder au cœur de l'action publique le sens de l'intérêt des Français. Les gouvernants ne doivent donc pas adopter des postures militantes ou moralistes, mais veiller à ne pas nuire aux enjeux stratégiques essentiels de la nation. Alors que la France est depuis longtemps un partenaire économique essentiel du Brésil, il semblerait qu'elle est en train d'y reculer depuis l'élection du président Jair Bolsonaro pour des raisons probablement plus puériles que politiques. Ainsi, les industriels de la défense s'inquiètent du silence gouvernemental et le font savoir au LAAD (salon d'armement de Rio de Janeiro). Le récent échec de Naval Group, face à l'allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), qui a remporté à la grande surprise des observateurs l'appel d'offres sur la vente de quatre corvettes, a plombé leur moral. Par ailleurs, l'absence de la France au moment de la mise à l'eau du premier sous-marin Scorpène « Made in Brazil » en décembre 2018 - un événement historique pour le Brésil - a fait très mauvais effet à Brasilia. Au LAAD, le vice-président brésilien, le général Hamilton Mourao, a inauguré mardi 3 avril 2019 le salon en compagnie du ministre de la Défense, le général Fernando Azevedo e Silva, en remerciant nommément les pays étrangers d'avoir envoyé des délégations. La France, qui n'a envoyé aucune délégation de haut niveau, n'a pas été bien sûr citée. Une posture étonnante, compte tenu du fait que la France a fait le choix de développer un partenariat stratégique avec le Brésil en renforçant la base industrielle technologique et de défense (BITD) brésilienne à travers de nombreux transferts de technologies (ToT). Il se demande s'il a conscience de la situation et s'il compte inverser la tendance avant que l'Allemagne ou le Japon ne supplante définitivement la France.

Réponse publiée le 2 juillet 2019

Le Brésil est le premier partenaire de la France en Amérique latine et le seul avec lequel elle a noué un partenariat stratégique ambitieux et global, couvrant l'ensemble des domaines de dialogue et de coopération : commercial, militaire, spatial, énergétique, éducatif ou encore transfrontalier. Ce partenariat a pour objectif de répondre aux intérêts respectifs de la France et du Brésil, et engage nos deux pays partenaires sur le long terme. Il repose sur des valeurs fortes, en particulier la promotion et la défense des principes démocratiques et des droits de l'Homme, du droit international et du multilatéralisme, du développement et du respect de la justice sociale, de la paix et de la sécurité internationales, de la non-prolifération et du désarmement, et de la protection de l'environnement et de la diversité culturelle. La défense des intérêts de la France ne saurait être distinguée de celle de ses principes à valeur constitutionnelle. Dans le respect de ces principes, la France se tient prête à renforcer sa coopération avec le Brésil, pour relever les grands défis de notre temps en particulier s'agissant des responsabilités de chacun au titre de la diplomatie climatique et environnementale, et des engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris sur le Climat. La solidité des relations économiques entre la France et le Brésil est fondée à la fois sur des échanges commerciaux dynamiques et sur de très nombreux investissements, dans un pays qui, pour les entreprises françaises, n'est plus seulement un marché mais un élément de leur stratégie globale de développement. Les entreprises françaises emploient 500.000 personnes au Brésil, faisant de la France le deuxième employeur étranger du pays, et continuent de remporter d'importants marchés grâce à la qualité de leur offre. Le récent succès du groupe ENGIE dans le cadre du rachat de la principale société brésilienne de transport de gaz naturel, pour un montant de 8,6 milliards USD, vient encore de l'illustrer. La France poursuivra les efforts engagés depuis de nombreuses années en faveur du développement des relations commerciales entre les deux pays et continuera de soutenir les entreprises françaises dans leurs projets au Brésil.

Données clés

Auteur : M. Louis Aliot

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 9 avril 2019
Réponse publiée le 2 juillet 2019

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