crise migratoire en Europe
Question de :
M. Éric Ciotti
Alpes-Maritimes (1re circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 27 juin 2018
CRISE MIGRATOIRE EN EUROPE
M. le président. La parole est à M. Éric Ciotti, pour le groupe Les Républicains.
M. Éric Ciotti. Monsieur le Premier ministre, la crise migratoire qui frappe le continent européen et qui n'épargne pas notre pays n'a jamais été aussi grave. Un chiffre résume cette crise et, au-delà, cette tragédie : 15 000 morts en Méditerranée depuis 2013, victimes du commerce meurtrier des passeurs, ces négriers des temps modernes ! Sur les cinq premiers mois de l'année, monsieur le Premier ministre, le nombre des demandeurs d'asile a augmenté de 15 %, selon les chiffres publiés par l'OFPRA : 47 725 demandes d'asile !
Face à cette situation, nous avons le sentiment que votre Gouvernement est totalement impuissant, nous avons le sentiment que votre position est totalement ambiguë. En matière de politique migratoire, vous pratiquez le « en même temps » : avec hypocrisie, vous refusez l'Aquarius mais, en même temps, vous acceptez ses passagers ; avec duplicité, vous tenez des discours fermes mais, en même temps, vous faites voter une loi qui accroît les flux migratoires ; avec arrogance, vous insultez l'État italien mais, en même temps, vous lui demandez de jouer le rôle de garde-frontière en France pour empêcher l'arrivée de 500 000 étrangers en situation irrégulière.
Alors, monsieur le Premier ministre, nous voudrions aujourd'hui connaître clairement votre position ! Nous vous appelons à rompre avec une forme de naïveté et nous vous demandons si, oui ou non, vous voulez plus d'immigration en France ! Nous vous demandons si vous soutenez Mme Merkel ou son ministre de l'intérieur ! Nous vous demandons si vous soutenez les États qui, en Europe, veulent moins d'immigration ou ceux qui en veulent toujours plus ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement.
M. Christophe Castaner, secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le député, il faut vous reconnaître de la constance mais… dans l'erreur, notamment lorsque vous dites, comme à l'instant, que la crise migratoire n'a jamais été aussi grave en Méditerranée. La réalité des chiffres assure l'inverse : en 2014, 229 000 migrants sont arrivés par la Méditerranée ; en 2015, ils étaient plus d'un million ; en 2016, 374 000 ; en 2017, 184 000 et, depuis le début de 2018, ils sont 50 430. Voilà la réalité des chiffres attestant l'inverse de ce que vous affirmez ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
M. Éric Ciotti. Tout va donc bien !
M. Christophe Castaner, secrétaire d'État. En Italie en particulier, monsieur Ciotti – puisque votre modèle semble être M. Salvini – les entrées illégales aux frontières ont diminué de 89 %.
M. Fabien Di Filippo. C'est la politique de l'autruche ! Tout va très bien, madame la marquise !
M. Christophe Castaner, secrétaire d'État . Au-delà de vos affirmations, ce qui compte, c'est justement notre capacité à accueillir systématiquement les réfugiés. Depuis des années, vous avez nourri ce débat sans jamais vous préoccuper de la seule question qui vaille : avons-nous accueilli et intégré en France, dans de bonnes conditions, les femmes et les hommes que nous devions accueillir ? La réponse est non, et vous le savez très bien – cette question a d'ailleurs été régulièrement utilisée à des fins électorales (Protestations sur les bancs du groupe LR.)
Notre ambition, monsieur le député, c'est d'accueillir les femmes et les hommes qui doivent l'être, en particulier lorsqu'ils ont le statut de réfugié. C'est ainsi que nous avons proposé aux Espagnols de les aider dans la gestion des réfugiés de l'Aquarius pour qu'ils puissent être accueillis en France.
M. Christian Jacob. C'est du baratin ! Concrètement, que faites-vous ?
M. Christophe Castaner, secrétaire d'État. Nous devons évidemment agir à l'échelle de l'Europe. Ce sera l'enjeu des deux journées du sommet européen qui rassemblera l'ensemble des pays européens et pendant lesquelles il faudra faire preuve de courage pour trouver une réponse à trois niveaux : sur le plan international, au niveau des frontières européennes et, pour être dignes de ce qui fait la France, sur notre capacité à honorer les réfugiés en les accueillant et en réussissant à les intégrer. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
Auteur : M. Éric Ciotti
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Étrangers
Ministère interrogé : Relations avec le Parlement
Ministère répondant : Relations avec le Parlement
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 juin 2018