changement climatique
Question de :
Mme Mathilde Panot
Val-de-Marne (10e circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 2 août 2018
CHANGEMENT CLIMATIQUE
M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour le groupe La France insoumise.
Mme Mathilde Panot. Ma question s'adresse à M. Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.
Plusieurs députés du groupe LR . Il est parti en vacances !
Mme Mathilde Panot. Aujourd'hui, 1er août 2018, notre planète entière entre en dette écologique. En 1971, ce n'était que le 24 décembre. Pour notre pays, le jour du dépassement est le 5 mai. Tous les signaux sont au rouge : nous sommes entrés dans la sixième extinction de masse des espèces, les trajectoires actuelles nous entraînent vers quatre degrés de réchauffement climatique en 2100 et le monde verra 250 millions de réfugiés climatiques en 2050.
Les effets sont déjà là : l'année 2017 a été la troisième année consécutive de températures exceptionnellement chaudes, avec 710 événements climatiques extrêmes et 10 000 morts. Dans les villes, au moment où je vous parle, nos concitoyens étouffent sous l'effet de chaleurs extrêmes et de la pollution.
Dans un entretien au Journal du dimanche, monsieur Hulot, vous en appelez à une union sacrée sur le climat. Mais n'êtes-vous pas ministre ? Commencez donc par réaliser votre union sacrée au sein de votre propre gouvernement ! (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)
Il est vrai que vous êtes le ministre d'un gouvernement qui fait appel de l'annulation d'Europa City, projet qui contribue à l'artificialisation des terres ; d'un gouvernement qui brade nos réserves stratégiques d'eau et qui signe des traités de libre échange comme le CETA – Accord économique et commercial global – ou le JEFTA – accord de libre-échange entre le Japon et l'Union européenne –, lesquels accroissent le grand déménagement du monde ; d'un gouvernement qui laisse les émissions de gaz à effet de serre augmenter de 3 % par an, en dépit de ses engagements internationaux ; d'un gouvernement qui pratique une politique pour les riches avec, pour seul mot d'ordre : « Qu'ils crèvent et, après nous, le déluge ! »
M. Erwan Balanant. Que proposez-vous ?
Mme Mathilde Panot. Vous souhaitez présenter un plan d'adaptation au changement climatique : très bien ! Mais commencez par cesser de prendre des mesures nuisibles à l'écologie. Contrairement à ce que vous semblez croire, on ne peut pas, en même temps, s'enfoncer et s'en sortir. Les quatre-vingt-dix principales entreprises extractivistes sont responsables de 50 % de la hausse de la température mondiale et de 30 % de la hausse du niveau des mers. On ne peut pas, à la fois, reconnaître que ces politiques du siècle dernier sont à l'origine de l'urgence écologique et les poursuivre. Votre nouveau monde ressemble surtout à la fin du monde
Quand engagerez-vous enfin la transition inévitable du modèle de production et de consommation de notre pays ? Quand comprendrez-vous que votre politique repose sur un modèle de société dépassé ? (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR. – Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Madame la députée, je suis ravie de constater que le changement climatique est revenu au centre de vos préoccupations. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. – Protestations sur les bancs du groupe FI.)
Mme Danièle Obono. Il l'a toujours été.
M. Jean-Luc Mélenchon. C'est que vous ne nous avez pas écoutés ! Vous n'êtes qu'insolente !
M. Alexis Corbière. Un peu de respect !
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. Le changement climatique n'a pas attendu nos enfants pour devenir réalité, il l'est d'ores et déjà, aujourd'hui, qui est le jour du dépassement, celui où nous entrons en faillite. Plus nous continuerons dans cette voie, plus nous nous endetterons, ce qui signifie que notre modèle économique ne fonctionne pas.
Il faut réussir à dompter la finance. C'est ce gouvernement qui le dit.
Mme Danièle Obono. Ce n'est pas vrai !
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. Il nous faut une finance durable. C'est la raison pour laquelle nous travaillons collectivement, avec Bruno Le Maire et Delphine Gény-Stephann, à rendre la finance plus durable. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) Le Président de la République s'y est engagé et l'a fait concrètement dès le One planet summit, dont une nouvelle édition se tiendra le 26 septembre prochain. Telle est, aussi, la raison pour laquelle le Premier ministre a annoncé une feuille de route de l'économie circulaire, afin de transformer notre économie en profondeur. Nous ne nous contentons pas de propos catastrophistes : nous soulignons ce qui va dans le bon sens et agissons pour transformer notre économie. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)
Quelque 80 % des mesures de la feuille de route de l'économie circulaire ont déjà été mis en œuvre : cinquante-cinq entreprises et fédérations se sont engagées ensemble à doubler la quantité de plastique recyclé qu'elles incorporent dans les produits qu'elles mettent sur le marché. Nous avons également pris à bras-le-corps la question de la biodiversité.
Mme Danièle Obono. Il serait temps ! Vous êtes en retard d'au moins cinquante wagons !
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. La France a pris la responsabilité d'accueillir le congrès de l'UICN– Union internationale pour la conservation de la nature – à Marseille, pour demeurer, comme nous l'avons déjà été avec l'Accord de Paris, une nation qui tire les autres vers le haut, quand il s'agit de protéger la biodiversité.
Si vous avez le courage de nos opinions, agissez avec nous.
M. Maxime Minot. Toujours l'excès !
M. Ian Boucard. Et l'arrogance !
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État . Je vous invite au ministère, où vous avez déjà été reçue plusieurs fois par mon cabinet. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)
Auteur : Mme Mathilde Panot
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Climat
Ministère interrogé : Transition écologique et solidaire (Mme Poirson, SE auprès du ministre d'État)
Ministère répondant : Transition écologique et solidaire (Mme Poirson, SE auprès du ministre d'État)
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 2 août 2018