accueil des migrants recueillis par l'Aquarius
Question de :
Mme Gisèle Biémouret
Gers (2e circonscription) - Socialistes et apparentés
Question posée en séance, et publiée le 27 septembre 2018
ACCUEIL DES MIGRANTS RECUEILLIS PAR L'AQUARIUS
M. le président. La parole est à Mme Gisèle Biémouret, pour le groupe Socialistes et apparentés.
Mme Gisèle Biémouret. « Ne pas écouter ceux qui nous appellent à l'aide, c'est croire que les murs et les frontières nous protègent ». Cette phrase a été prononcée par Emmanuel Macron à la tribune de l'ONU, hier, 25 septembre 2018.
Monsieur le Premier ministre, nous vous l'avions dit en juin, ce n'était que le début. La lente agonie des valeurs humanistes continue à s'incarner dans un nom, l'Aquarius, miroir de nos reniements et symbole de la vraie bataille européenne qui se joue entre progressistes et populistes. Dernier bâtiment humanitaire en Méditerranée,...
M. Fabien Di Filippo. Idiot utile des passeurs !
Mme Gisèle Biémouret. ...ce navire s'est vu retirer son pavillon panaméen sous la pression du gouvernement italien. Il est désormais considéré comme un navire pirate et il nous appelle à l'aide, comme le fait également Chamseddine Marzoug, pêcheur tunisien de Zarzis, qui agrandit jour après jour le cimetière des oubliés, dans lequel il enterre les corps rejetés par la mer. C'est ce fardeau qu'il est venu présenter en avril dernier au Parlement européen de Strasbourg, pour tenter d'éveiller les consciences des représentants de 511 millions d'Européens, repliés derrière leurs peurs. Trois jours de négociations ont encore été nécessaires pour que la France accepte d'accueillir une poignée des cinquante-huit personnes recueillies. Et, pour chaque jour, combien d'embarcations ont sombré et combien de futures fosses seront creusées ?
Les bons sentiments ne sont pas une faiblesse. La fraternité n'est pas uniquement un bracelet vendu à prix d'or dans la boutique de l'Élysée. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes Socialistes et apparentés et FI.) Il est dans notre pays plus de voix que vous ne le croyez, émues par le sort de ces naufragés et ayant honte de la situation faite à l'Aquarius, qui a besoin d'un dispositif de sauvetage permanent, d'une liste de ports de destination et d'un nouveau pavillon. L'Aquarius est une aiguille, petite, perdue au beau milieu de la Méditerranée, qui ne cesse d'aiguillonner nos consciences...
M. Florian Bachelier. Que n'avez-vous fait ?
Mme Gisèle Biémouret. ...et qui est habitée par la ténacité de ceux qui mènent un juste combat.
Monsieur le Premier ministre, à quand la création d'une agence européenne du droit d'asile et la fin des accords de Dublin ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Socialistes et apparentés et sur quelques bancs du groupe LaREM - M. Bertrand Pancher applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée des affaires européennes.
Mme Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, madame la députée, sur l'Aquarius, il y a cinquante-huit hommes, femmes et enfants en détresse. Ils vont pouvoir débarquer dans quelques heures à Malte, et la France accueillera dix-huit d'entre eux.
Depuis le début de l'été, la France a toujours pris sa part d'humanité pour accueillir une partie importante des réfugiés des bateaux qui se sont présentés en Méditerranée. Que s'est-il passé depuis le début de l'été ? Un pays, l'Italie, a choisi de fermer ses ports...
M. Olivier Faure. Comme vous !
Mme Nathalie Loiseau, ministre. ...et les yeux devant la détresse humanitaire.
M. Bruno Bilde. Bravo les Italiens !
Mme Nathalie Loiseau, ministre. Depuis le début de l'été, la loi de la jungle a remplacé le droit international en Méditerranée. Depuis le début de l'été, le Président de la République et les chefs d'État et de gouvernement des États européens progressistes ont choisi de remplir leur devoir d'humanité, en faisant en sorte que ces réfugiés soient accueillis en France, en Allemagne, en Espagne et au Portugal.
M. Joël Giraud. Très bien !
Mme Nathalie Loiseau, ministre. Vous avez raison, madame la députée, nous ne pouvons pas continuer à réagir au cas par cas pour quelques centaines de naufragés, puisqu'il y a dix fois moins d'arrivées vers l'Italie qu'en 2017. Nous devons trouver une solution pérenne, et nous en avons proposé une au conseil européen de juin dernier. La seule solution est européenne, équilibrée, efficace et humaine ; il n'y a pas d'égoïsmes nationaux qui peuvent résoudre le défi migratoire, seule une coopération européenne renforcée peut le faire. Nous y prenons notre part. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
Auteur : Mme Gisèle Biémouret
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Immigration
Ministère interrogé : Affaires européennes
Ministère répondant : Affaires européennes
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 septembre 2018