Question au Gouvernement n° 1315 :
lutte contre l'antisémitisme

15e Législature

Question de : M. Meyer Habib
Français établis hors de France (8e circonscription) - UDI, Agir et Indépendants

Question posée en séance, et publiée le 31 octobre 2018


LUTTE CONTRE L'ANTISÉMITISME

M. le président. La parole est à M. Meyer Habib, pour le groupe UDI, Agir et indépendants.

M. Meyer Habib. Monsieur le Premier ministre, vous l'avez rappelé, samedi, jour de shabbat, onze personnes ont été massacrées par un néonazi dans une synagogue de Pittsburgh, alors qu'elles célébraient la naissance d'un enfant. Leur seul tort : être nées juives. Permettez-moi d'abord, à mon tour, d'avoir une pensée pour les victimes, la communauté juive de Pittsburgh et le peuple américain, touché dans sa chair.

Soixante-quinze ans après la Shoah, en 2018, on massacre encore des juifs. C'est vrai aux États-Unis ; c'est aussi vrai chez nous, en France. Oui, ce terrible attentat antisémite nous ramène à notre insupportable réalité, d'Ilan Halimi aux tueries de Toulouse et de l'Hyper Cacher, de Sarah Halimi, torturée et défenestrée vivante, à Mireille Knoll, lacérée et brûlée chez elle. Ces crimes ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Quotidiennement, insultes, graffitis, intimidations, violences se sont banalisées. À l'université, les menaces antisémites se multiplient et internet est submergé par un tsunami de haine. Moi-même je suis la cible quotidienne d'injures antisémites et de menaces de mort. Les chiffres sont édifiants : en 2017, les actes antisémites ont bondi de 26 % ; les Français juifs sont victimes de près de 50 % des violences racistes alors qu'ils ne représentent qu'1 % de la population. Dans certains quartiers, une véritable épuration ethnique est en cours.

Je ne suis pas seulement inquiet pour les juifs de France ; je suis surtout inquiet pour la France. L'histoire l'a démontré : une société gangrenée par l'antisémitisme est une société malade. La haine du juif n'est qu'une variante de la haine de la République. Longtemps associé à l'extrême droite sur fond de préjugés ancestraux et de négationnisme, l'antisémitisme se nourrit aujourd'hui d'islamisme et de détestation d'Israël. Oui, et cet antisionisme, plus sournois, plus politiquement correct, n'épargne pas, hélas, certains bancs de cette assemblée.

Les rapports, les plans, les discours se succèdent sans qu'on parvienne à enrayer le fléau. Il faut tout revoir, tout : sécurité, législation et surtout éducation ! Monsieur le Premier ministre, jusqu'à quand supporter tout cela ? Que fait-on ? Quelle action votre Gouvernement compte-t-il engager pour éradiquer l'antisémitisme ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UDI-Agir et LR.)

M. Alain David. Très bien !

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Monsieur Habib, vous l'avez dit, l'antisémitisme est un fléau qui ne connaît pas de frontière et qui tue sans aucun discernement. L'attentat de Pittsburgh, que vous avez évoqué, après Olivia Grégoire et le Premier ministre, a visé des Américains, simplement parce qu'ils étaient juifs. En France, des attentats ont visé nos concitoyens pour la même raison. Dans la rue, au travail, dans leur vie quotidienne, à l'université, des personnes se font insulter de vive voix, menacer, et vous-même en faites partie – c'est pourquoi vous faites l'objet, à juste titre, d'une protection policière. Personne ne veut vivre cela. Vous avez raison de pousser ce cri parce que la situation est inacceptable, intolérable.

Il est évident que le Gouvernement est et demeurera particulièrement mobilisé. Je l'ai dit à l'instant, j'ai demandé dès samedi soir un renfort de la surveillance et de la protection des synagogues, des écoles juives et des manifestations organisées par la communauté. Après la découverte d'un tag antisémite, j'ai appelé Christian Estrosi et les représentants de la communauté de Nice dès dimanche matin ; nous avons engagé une procédure pour analyser cet acte et en découvrir les auteurs. À ma demande, je le répète, le préfet de Haute-Garonne a engagé des procédures à Toulouse car aucun acte, aucune parole antisémite n'est acceptable.

Je ne reviendrai pas sur l'ensemble du dispositif que j'ai déjà détaillé en réponse à la question de votre collègue Olivia Grégoire mais je tiens à déclarer fermement – d'ailleurs, chacun ici le sait – que notre engagement est total. Le plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme contient des réponses concrètes et doit être renforcé. Monsieur Habib, vous avez raison : des actes terribles sont commis, comme celui de Pittsburgh, mais il y a aussi les insultes, notamment sur internet, qui sont tout autant inacceptables, et leurs victimes doivent être mieux accompagnées. Monsieur le député, jamais nous ne tolérerons un mot, un comportement ou une violence antisémite. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, MODEM, UDI-Agir et LT.)

M. Pierre Cordier. Il faut des actes !

Données clés

Auteur : M. Meyer Habib

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Droits fondamentaux

Ministère interrogé : Intérieur

Ministère répondant : Intérieur

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 31 octobre 2018

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