propos tenus par le porte-parole du Gouvernement
Question de :
M. Pierre-Henri Dumont
Pas-de-Calais (7e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 31 octobre 2018
PROPOS TENUS PAR LE PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT
M. le président. La parole est à M. Pierre-Henri Dumont, pour le groupe Les Républicains.
M. Pierre-Henri Dumont. Monsieur le Premier ministre, les Français, qui souffrent chaque jour de vos hausses d'impôts, de vos mensonges et de votre arrogance, doivent-ils, en plus de la diminution de leur pouvoir d'achat, subir votre mépris ? (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Après avoir qualifié les principaux leaders de l'opposition de « faussaires de la politique », le porte-parole de votre gouvernement récidive et reproche à Laurent Wauquiez d'être le candidat de ceux qui « fument des clopes et qui roulent au diesel », insultant ainsi l'ensemble des Français.
M. Maxime Minot. Et il en est fier !
M. Pierre-Henri Dumont. Non pas parce que tous partagent nos idées, mais bien parce qu'ils sont des millions, ces Français que vous n'aimez pas, qui n'ont souvent d'autre choix que d'utiliser leur véhicule personnel. Pour d'autres millions de Français, il n'existe aucune alternative au chauffage au fioul, au charbon ou au gaz. Tous deviennent donc prisonniers de votre fiscalité écologique punitive. (Protestations sur les bancs du groupe LaREM.)
Certes, monsieur le Premier ministre, ces Français n'entrent pas dans le moule de votre Start-Up Nation. Pour la plupart, ils vivent en dehors des grandes métropoles, ils sont ouvriers, artisans, commerçants, fonctionnaires, étudiants ou retraités et ne supportent ni vos leçons de morale ni d'être pointés du doigt. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)
M. Pierre Henriet. Tous ceux que vous vouliez pénaliser avec l'augmentation de la TVA, quand vous souteniez Fillon !
M. Pierre-Henri Dumont. Pas assez écolos, pas assez riches, pas assez raisonnables, trop râleurs, trop réfractaires : pour vous, ils ont tous les torts. Tous les Français ne peuvent se fondre dans votre idéologie unique, votre France fantasmée où se côtoient véhicules écologiques, open space, nourriture bio, Uber, Amazon et Airbnb.
Cela ne plaira pas à votre porte-parole, trop occupé à stigmatiser le reste des Français afin de flatter son futur électorat parisien, mais les Républicains continueront de défendre ceux qui sont les perdants de votre politique, ceux qui fument, ceux qui roulent en diesel, ceux qui se chauffent au fioul, ceux qui vivent à la campagne et peut-être même ceux qui boivent un coup de temps en temps, parce que ces Français sont aussi en droit d'attendre autre chose de la politique et de leurs représentants que votre mépris et votre arrogance ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LR.)
Monsieur le Premier ministre, en méprisant le peuple de France par ses mots et ses actes, votre gouvernement jette les Français dans les bras des populistes, que, pourtant, vous prétendez combattre ! (Rires et exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Ma question est donc simple : avez-vous l'intention, oui ou non, de vous excuser envers les Français pour les propos dédaigneux tenus par le porte-parole de votre Gouvernement ? (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'action et des comptes publics.
M. Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics. Monsieur Dumont, je n'ai pas bien compris votre question. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.) J'ai cru comprendre que vous avez parlé d'arrogance – vous êtes un expert. (Rires et applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Dans le miroir dans lequel vous étiez sans doute en train de vous mirer, vous deviez voir votre propre caricature, tant votre question n'était pas à la hauteur des enjeux. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.)
Si je puis me permettre, il n'est pas juste de présenter ainsi la politique du Gouvernement, dont j'essaierai maintenant de dire quelques mots. Nous avons choisi de taxer la pollution et les produits nocifs plutôt que les travailleurs et l'entreprise. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) C'est effectivement un choix politique. Monsieur le député, vous qui êtes élu de la même région que moi, ne faites pas croire que les habitants des Hauts-de-France ne rouleraient qu'au diesel, ne pourraient vivre que de pollution, ne connaîtraient pas l'aménagement du territoire, n'auraient pas envie que leur enfant devienne asthmatique, refuseraient de se rendre complices des dizaines de milliers de morts dues aux particules fines ! Il me semble que la population dont vous prétendez vous faire le porte-parole est bien moins conservatrice que vous !
M. Pierre Cordier. Démago !
M. Gérald Darmanin, ministre. Mais vous avez raison, s'il est bien un ennemi que nous devons combattre de nos jours, c'est bien la démagogie ! Les projets de taxe carbone et de hausse de 2 points de TVA, que vous portiez dans la campagne présidentielle, auraient eu des effets bien plus sévères que ceux qui découlent de nos mesures ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe MODEM.)
Oui, nous préférons jouer la prochaine génération plutôt que la prochaine élection ! Vous pourrez alors, après un instant de réflexion, regarder vos concitoyens dans les yeux en leur expliquant qu'on les a sauvés d'un scandale sanitaire de la même ampleur que celui de l'amiante ! Heureusement que vous n'êtes pas aux responsabilités ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.)
M. Laurent Furst. Pendant ce temps, les voitures des ministres tournent pour rester au chaud !
Auteur : M. Pierre-Henri Dumont
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Gouvernement
Ministère interrogé : Action et comptes publics
Ministère répondant : Action et comptes publics
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 31 octobre 2018