élection de M. Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil
Question de :
M. Serge Letchimy
Martinique (3e circonscription) - Socialistes et apparentés
Question posée en séance, et publiée le 31 octobre 2018
ÉLECTION DE M. JAIR BOLSONARO À LA PRÉSIDENCE DU BRÉSIL
M. le président. La parole est à M. Serge Letchimy, pour le groupe Socialistes et apparentés.
M. Serge Letchimy. Monsieur le Premier ministre, c'est avec solennité que je m'adresse à vous. Le Brésil vient de faire le choix d'un nostalgique de la dictature, d'un raciste déclaré, d'un homophobe revendiqué, d'un sexiste avéré.
Du Brésil de Bolsonaro aux Philippines de Duterte en passant par l'Italie de Salvini et la Hongrie d'Orban, le monde s'enfonce dans le cancer du national-populisme. Dans ces pays, les droits de l'homme et la dignité humaine sont menacés, des murs d'intolérance et d'indifférence sont érigés, au prix du repli des sociétés sur elles-mêmes. Oui, nous faisons face à une crise mondiale du futur, à une peur de l'avenir, à une désespérance de peuples fragilisés par des crises économiques mondiales à répétition. Dès lors, des millions de personnes deviennent otages de quelques leaders autocratiques.
Certes, nous devons prendre acte des choix démocratiques de ces peuples, mais nous ne pouvons, sous quelque prétexte que ce soit, donner le sentiment que la France, pays des droits de l'homme, ne prend pas la pleine mesure de la gravité de la situation. C'est pourquoi la France doit condamner fermement tous les actes de barbarie, comme l'horrible assassinat du journaliste Jamal Khashoggi (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs des groupes LaREM et GDR) et rappeler partout et à tout instant que les valeurs universelles liées aux droits humains sont des principes inaliénables et imprescriptibles. (Mme Valérie Rabault applaudit.)
Monsieur le Premier ministre, quelles initiatives internationales comptez-vous prendre pour faire face à cette grave réalité mondiale ? Comment entendez-vous orienter les politiques publiques nationales pour nous préserver de ces poussées populistes et nationalistes qui balaient nos espérances ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC, sur plusieurs bancs du groupe GDR et sur quelques bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement.
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Vous l'avez dit, monsieur Letchimy, dimanche, le peuple brésilien a choisi un nouveau président en la personne de Jair Bolsonaro, qui a été élu avec 55,1 % des suffrages exprimés. C'est le choix souverain et démocratique du peuple brésilien, et il faut le respecter. Le parti de M. Bolsonaro constitue aujourd'hui la deuxième force politique du Congrès brésilien, derrière le Parti des travailleurs, dont le candidat, M. Haddad, a été défait dimanche, au second tour de l'élection présidentielle. L'investiture aura lieu le 1er janvier 2019 : il est donc encore trop tôt pour préjuger des véritables orientations du gouvernement que nommera M. Jair Bolsonaro. Mais je vous assure que nous suivrons avec une extrême vigilance l'organisation de ce nouveau gouvernement, la composition des équipes ministérielles et la constitution d'une majorité au Congrès.
M. Ludovic Pajot. Vous choisirez les ministres, tant que vous y êtes ?
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État . Je veux rappeler que la France et le Brésil entretiennent un partenariat stratégique qui repose notamment sur des valeurs communes de respect et de promotion des principes démocratiques. C'est dans le respect de ces valeurs que la France souhaite poursuivre sa coopération avec le Brésil pour relever les grands défis de la planète – vous en avez énuméré quelques-uns –, dans les domaines de la paix, des droits de l'homme, de la sécurité, mais aussi de la lutte contre le changement climatique, qui passe, je le dis très clairement, par la préservation de l'accord de Paris.
Enfin, la France continuera d'être attentive face à la montée des extrêmes, partout dans le monde, quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent. Nous placerons encore et toujours le respect de l'État de droit, du pluralisme et de la liberté d'information au cœur de nos valeurs. C'est l'engagement du Président de la République et du Gouvernement, qui se tient à ses côtés. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LaREM, MODEM, UDI-Agir et LT.)
Auteur : M. Serge Letchimy
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Porte-parole du Gouvernement
Ministère répondant : Porte-parole du Gouvernement
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 31 octobre 2018