Question au Gouvernement n° 1485 :
Pacte de Marrakech

15e Législature

Question de : M. Ludovic Pajot
Pas-de-Calais (10e circonscription) - Non inscrit

Question posée en séance, et publiée le 12 décembre 2018


PACTE DE MARRAKECH

M. le président. La parole est à M. Ludovic Pajot.

M. Ludovic Pajot. Monsieur le Premier ministre, avez-vous bien compris ce qui se passe dans le pays ? Derrière la révolte du peuple, il y a bien sûr un cri de colère et d'exaspération. Il y a surtout une grande souffrance qui s'exprime face à des conditions de vie déplorables, un racket fiscal devenu confiscatoire, un mépris – notamment, un mépris de classe – dans lequel La République en marche se vautre depuis dix-huit mois avec une malsaine délectation et un réel abandon de la France rurale.

Plus largement, il y a, en effet, la révolte du peuple contre la mondialisation sauvage, contre la déréglementation généralisée, contre l'injustice fiscale à l'endroit des plus vulnérables, contre l'impunité fiscale pour les plus puissants, contre la concurrence déloyale qui désavantage ceux qui travaillent honnêtement.

À cela, vous avez opposé une stratégie de la confrontation, de la diabolisation, de la diffamation. Hier, le Président a cru pouvoir apaiser la colère par de fausses concessions emballées dans ce qui s'apparente à une évidente manipulation : de prétendues consultations préalables avec un aréopage de corps intermédiaires vendues le matin et, le soir, une annonce en trompe-l'œil d'augmentation du SMIC.

Comment voulez-vous rétablir la confiance ? Comment ne pas voir aussi comme une indécente provocation l'annonce, par le Président, de la tenue d'un débat sur l'immigration le jour même où il envoie en catimini un secrétaire d'État approuver à Marrakech un pacte de submersion migratoire de la France ? (Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

En démocratie, quelle est la légitimité d'un Gouvernement déloyal et manipulateur, qui gouverne avec une arrière-pensée aujourd'hui à peine dissimulée : la liquidation du pays ? Revenez sur cette approbation indigne car le peuple ne pardonnera pas aux « traîtres de Marrakech » !

Le peuple vous conspue, alors vous voulez le changer, mais je pense qu'il vous aura changé avant ! Ma question est simple : combien de temps croyez-vous encore pouvoir tenir avec de tels procédés ? (Mme Emmanuelle Ménard, M. Gilbert Collard, M. Sébastien Chenu et M. Bruno Bilde applaudissent).

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'action et des comptes publics.

M. Olivier Dussopt, secrétaire d'État auprès du ministre de l'action et des comptes publics. Monsieur le député, je vais répondre à votre dernière question concernant le temps que nous allons tenir : le temps qu'il faudra pour réformer le pays ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

Combien de temps allons-nous tenir ? Le temps qu'il faudra pour briser les assignations à résidence ! (Mêmes mouvements.)

Combien de temps allons-nous tenir ? Le temps qu'il faudra pour rendre aux Français la fierté de leur travail ! (Mêmes mouvements.) Nous sommes fiers des propos qu'a tenus hier le Président de la République, fiers des annonces qu'il a faites, fiers de pouvoir augmenter de cent euros, demain, celles et ceux qui sont payés au SMIC…

M. Pierre Cordier. Vous disiez le contraire il y a un mois !

M. Olivier Dussopt, secrétaire d'État. …fiers de permettre à des retraités qui gagnent moins de 2 000 euros d'accroître leur pouvoir d'achat, fiers d'accompagner les entreprises qui verseront des primes à leurs travailleurs, fiers de mettre en place tout ce qui favorise les accords d'intéressement pour que le partage de la richesse soit effectif, fiers, aussi, de travailler avec l'ensemble des collègues du Gouvernement pour faciliter l'accès aux soins, pour dédoubler le nombre d'élèves par classe et, ainsi, améliorer les conditions de l'éducation ! Nous sommes fiers de notre action et nous sommes fiers d'agir avec une majorité unie et un Gouvernement au travail ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Michel Herbillon. Les Français, eux, ne sont pas fiers de vous !

M. Olivier Dussopt, secrétaire d'État. Monsieur le député, votre question déborde de contre-vérités ! Évidemment, vous revenez sur votre thème favori, celui de l'immigration, en mentant sur le pacte de Marrakech, en faisant en sorte d'attiser les peurs, comme à votre habitude ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Votre discours, en effet, ne prospère que sur elles, que sur les inquiétudes, que sur la désespérance !

Enfin, monsieur le député, permettez-moi de vous dire les choses aussi simplement que je les pense : vous en appelez à la démocratie, alors que vous appartenez à une formation politique qui appelle au désordre ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Vous en appelez à la démocratie, alors que vous appartenez à une formation politique que l'on dirige par héritage et non par talent ! (Mmes et MM. les députés des groupes LaREM et MODEM se lèvent et applaudissent).

Données clés

Auteur : M. Ludovic Pajot

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Immigration

Ministère interrogé : Action et comptes publics (M. le SE auprès du ministre)

Ministère répondant : Action et comptes publics (M. le SE auprès du ministre)

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 12 décembre 2018

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