Question au Gouvernement n° 1573 :
concentration des richesses

15e Législature

Question de : M. Serge Letchimy
Martinique (3e circonscription) - Socialistes et apparentés

Question posée en séance, et publiée le 24 janvier 2019


CONCENTRATION DES RICHESSES

M. le président. La parole est à M. Serge Letchimy.

M. Serge Letchimy. Une voix ougandaise, celle de Winnie Byanyima, directrice d'Oxfam International, vient de rappeler avec force ce que nous savions déjà : que les disparités des ressources ne cessent de s'amplifier au sein de la population mondiale mais aussi de la population française.

Alors que des dizaines de milliers de personnes meurent quotidiennement dans le monde faute d'accès aux soins les plus élémentaires, les revenus des milliardaires ont augmenté en 2018 de 2,5 milliards de dollars par jour ! Alors que les services publics s'effondrent, que les inégalités se creusent, les gouvernements exonèrent les plus fortunés !

L'année qui vient de s'achever a vu les 1 % les plus riches accaparer 45 % des richesses produites dans le monde. En France, les 1 % les plus riches possèdent à eux seuls 22 % des richesses en 2017, contre 17 % en 2007. Trente-deux milliardaires français possèdent désormais autant que les 40 % les plus pauvres de la population française !

Vous me direz que c'est un signe de prospérité. Je n'y vois que l'augure d'une défaite, celle d'une idée de l'homme sous le dogme d'un capitalisme financier tout-puissant. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.) Il ne s'agit pas seulement d'une misère matérielle, mais aussi d'une misère politique et d'une misère morale et culturelle.

Laurence Sterne a écrit : « Si la cause est bonne, c'est de la persévérance. Si la cause est mauvaise, c'est de l'obstination ». Vous vous obstinez ! La fameuse stratégie du ruissellement, comme celle de l'austérité budgétaire généralisée, n'est qu'un leurre n'assurant ni développement durable ni bien-vivre. La colère des peuples gronde et les dérives populistes qui s'amorcent sont très préoccupantes.

Il nous faut une autre politique de développement économique. Vous pouvez commencer par un acte symbolique fort, condition pour que les ressentiments populaires nourrissant le populisme s'apaisent. Ainsi, vous ouvrirez, pour vous comme pour nous, les chemins de l'espoir.

Monsieur le Premier ministre, ma question est très simple : quand allez-vous restituer l'ISF à la soif de justice, de liberté, de fraternité et de solidarité du peuple ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs du groupe FI.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. L'interpellation de l'Oxfam mettant en évidence l'accroissement des inégalités et le renforcement de la mondialisation inégale est forte et elle nous concerne tous.

C'est pour cette raison, monsieur le député, que devant l'Assemblée générale des Nations unies, le Président de la République a annoncé que l'objectif principal de la présidence française du G7 sera la lutte contre les inégalités mondiales. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

M. Sébastien Jumel. Nous voilà rassurés !

M. Jean-Yves Le Drian, ministre . Vous relevez avec justesse que la lutte contre les inégalités mondiales passera par la définition d'un cadre international visant à les combattre que nous voulons faire aboutir d'ici la fin de l'année, notamment au sommet de Biarritz.

M. Olivier Faure et M. Boris Vallaud . Et la France ?

M. Jean-Yves Le Drian, ministre . C'est dans ce cadre que nous proposerons de prendre des mesures contre le dumping social, contre le dumping fiscal et contre les inégalités sanitaires et éducatives. Tel est l'enjeu principal de cette présidence française du G7 (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM) que nous avons l'intention de mener à bien.

Le rapport de l'Oxfam ne fait que hâter notre action et renforcer notre détermination à aboutir à des résultats concrets et partagés. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs du groupe MODEM.)

M. Fabien Roussel. Il faut un ISF mondial !

Données clés

Auteur : M. Serge Letchimy

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 24 janvier 2019

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