médecine psychiatrique
Question de :
M. Guillaume Vuilletet
Val-d'Oise (2e circonscription) - La République en Marche
Question posée en séance, et publiée le 24 janvier 2019
MÉDECINE PSYCHIATRIQUE
M. le président. La parole est à M. Guillaume Vuilletet.
M. Guillaume Vuilletet. Madame la ministre des solidarités et de la santé, la question que je souhaite vous poser concerne les failles de diagnostic et les retards de dépistage des maladies mentales et des troubles psychiques et de développement. Je voudrais y associer ma collègue Martine Wonner, rapporteure de la mission flash sur le financement de la psychiatrie, décidée par la commission des affaires sociales.
En France, une personne sur cinq est en souffrance psychique à un moment ou un autre de sa vie. Qu'il s'agisse de dépression, d'autisme, de troubles bipolaires ou alimentaires – pour ne citer que ceux-là –, la prévention et le suivi psychiatrique sont deux aspects du sujet qui nous concernent tous, de près ou de loin.
Ces dernières années a été constatée une augmentation importante des demandes de prise en charge. Notre société est sans doute plus sensible au mal-être, à l'identification des risques psychosociaux et des traumatismes. Pourtant, les maladies mentales et les troubles psychiques et de développement restent encore trop souvent méconnus, sous-estimés et stigmatisés.
Au trop fréquent manque d'information de l'entourage sur la question s'ajoute le déficit de sensibilisation des professionnels de santé de premier rang, comme les généralistes, et de la communauté éducative. Cela concerne tout particulièrement les jeunes autistes et les victimes de troubles du comportement alimentaire, dont, en janvier 2018, il y a juste un an, la Cour des comptes soulignait dans un rapport les failles persistantes de la prise en charge. Seuls 15 % des enfants bénéficient aujourd'hui d'un diagnostic et d'une intervention précoces ; le diagnostic est réalisé en moyenne à cinq ans et demi alors que la Haute Autorité de santé recommande qu'il ait lieu à trois ans. Ce retard pénalise la prise en charge, alors que celle-ci est d'autant plus efficace qu'elle intervient dans les premières années de la maladie. Toutes ces difficultés ont d'ailleurs été indiquées à M. le Premier ministre lors de sa visite, il y a quelque temps, à Villaines-sous-Bois, dans ma circonscription.
Certes, 50 millions d'euros ont été débloqués en faveur de la psychiatrie, mais il y a quelque chose de plus profond à envisager. Madame la ministre, ma question est simple : qu'allez-vous répondre à ces professionnels de la psychiatrie qui vous alertent ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre des solidarités et de la santé.
Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Merci, monsieur le député, d'apporter un éclairage sur ce secteur de la santé qui a été trop longtemps délaissé.
Comme vous le savez, j'ai souhaité, dès mon arrivée au ministère en 2017, faire de la psychiatrie une priorité. J'ai présenté en juin 2018 une feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie comprenant trente-sept mesures, dont je rendrai compte demain devant le Comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie ainsi que devant le congrès de l'encéphale. Ces trente-sept mesures visent à mieux sensibiliser la population en général sur les troubles de la santé mentale, qui touchent dès à présent un de nos concitoyens sur cinq et qui toucheront probablement bientôt une personne sur quatre dans les pays développés – c'est une tendance qui ne concerne pas que notre pays.
Parmi ces mesures, certaines visent à mieux sensibiliser les professionnels du premier recours. Nous avons ainsi instauré un stage obligatoire en santé mentale ou en psychiatrie pour les internes en médecine générale et, au cours du deuxième semestre de l'externat, pour tous les étudiants en médecine, de façon qu'ils connaissent mieux et puissent mieux repérer et prendre en charge ces troubles. Nous avons aussi récemment reçu des recommandations de la part de la Haute Autorité de santé et des instances sanitaires en vue d'améliorer le repérage des troubles « dys », recommandations qui devraient déboucher sur une restructuration de notre offre de soins, avec des centres de recours pour l'évaluation de ces troubles et leur prise en charge.
Vous avez évoqué la question budgétaire. Si la réforme ne se réduit bien évidemment pas à cela, j'ai souhaité, dès mon arrivée, sanctuariser les budgets de la psychiatrie. Ce fut le cas en 2018 et cela le sera encore en 2019. Il y aura en outre une réforme de la tarification de la psychiatrie en vue de la rendre plus attractive. Nous avons accru le nombre de jeunes médecins en formation en pédopsychiatrie pour qu'il y ait une offre supplémentaire, vu que tous les territoires ne sont pas couverts. Enfin, nous avons annoncé une enveloppe de 50 millions d'euros dès cette année pour la psychiatrie ainsi que la création d'un fonds d'innovation en psychiatrie de 10 millions d'euros pour l'année 2019. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe MODEM.)
Auteur : M. Guillaume Vuilletet
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Professions de santé
Ministère interrogé : Solidarités et santé
Ministère répondant : Solidarités et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 24 janvier 2019