Question au Gouvernement n° 1711 :
politique industrielle

15e Législature

Question de : M. Raphaël Schellenberger
Haut-Rhin (4e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 6 mars 2019


POLITIQUE INDUSTRIELLE

Mme la présidente. La parole est à M. Raphaël Schellenberger, pour le groupe Les Républicains.

M. Raphaël Schellenberger. Monsieur le ministre de l'économie, ce matin, le Président de la République a décidé d'être lui-même candidat aux élections européennes. Oubliant qu'il est le chef d'État le moins bien accepté d'Europe, (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.), oubliant que toutes ses tentatives de négociations européennes ont été mises en échec, oubliant qu'il a bradé les intérêts stratégiques de la France, notamment en matière agricole, le voilà qui fait la leçon à l'Europe entière.

Mais les Français ne sont pas dupes. Vous ne cherchez qu'à cacher votre renoncement à toute ambition économique et industrielle pour la France. On ne compte plus les dossiers stratégiques sur lesquels vous avez été incapables d'écouter les acteurs de notre industrie. Alcatel-Lucent, ou l'abandon du marché des télécoms : 400 emplois ; Ford, qui a vu son projet de reprise de l'usine de Blanquefort rejeté  : 850 emplois ; Ascoval ou l'abandon du marché des matières premières : 300 emplois ; Arjowiggins, ou l'abandon de notre souveraineté pour les documents sécurisés : 250 emplois ; Alstom ou l'abandon du secteur stratégique du nucléaire et du transport ferroviaire ; Safran qui a renoncé à ouvrir deux usines en France face aux contraintes administratives : 600 emplois.

Qu'on ne s'y trompe pas, ces échecs, ce sont ceux de la logique de développement de l'économie par les seules fusions et acquisitions imposées par Emmanuel Macron depuis qu'il a été banquier puis secrétaire général adjoint de l'Élysée sous François Hollande. Cette stratégie démantèle tout ce que l'excellence industrielle française a su faire de mieux. Vous abandonnez nos territoires au bénéfice de profits boursiers immédiats.

Mais le pire est devant nous ! Monsieur le ministre, l'humiliation que vous avez subie la semaine dernière avec la montée de l'État néerlandais au capital d'Air-France KLM à hauteur de 14 % doit vous ouvrir les yeux ! Même nos partenaires européens les plus libéraux n'en peuvent plus de votre gestion de l'industrie à la petite semaine !

Quand allez-vous enfin entendre la volonté des Français de conserver une vraie industrie dans nos territoires ? Quand comprendrez-vous enfin que nous apporterons des réponses à ce défi en écoutant nos partenaires européens plutôt qu'en leur donnant des leçons ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre de l'économie et des finances.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. Vous avez la mémoire sélective, monsieur le député.

M. Laurent Furst. Vous aussi, monsieur le ministre !

M. Bruno Le Maire, ministre. Vous avez oublié qu'en 2017 la France a été la première terre d'investissement industriel en Europe. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

Vous avez oublié que, pour la première fois depuis dix ans, alors qu'en dix ans un million d'emplois industriels ont été détruits et cent entreprises industrielles ont fermé par an, nous recréons depuis 2017 des emplois industriels dans notre pays. (Mêmes mouvements.)

Mme Marietta Karamanli et Mme Sylvie Tolmont . Merci Hollande !

M. Bruno Le Maire, ministre . Vous avez oublié, monsieur le député, que pas loin de votre région, Daimler investit 500 millions d'euros dans l'usine Smart. Toyota investit 400 millions à Valenciennes ; General Mills investit 15 millions à Arras.

Vous avez oublié les succès de nos industries, parce que dans le fond vous avez le pessimisme triste et que vous souhaitez notre échec et l'échec de la France, alors que nous voulons la réussite de l'industrie française, des ouvriers et de notre nation. (Mêmes mouvements.)

Vous avez oublié que, grâce à Dassault systèmes, nous sommes les leaders de la réalité augmentée. Vous avez oublié que nous allons créer la première filière de nanoélectronique le 15 mars prochain, avec 700 millions d'investissements publics qui déclencheront des milliards d'investissements privés. Vous avez oublié que nous avons créé la filière de batteries électriques avec l'Allemagne pour être les maîtres d'une technologie essentielle pour la voiture de demain. (Mêmes mouvements.)

Vous avez oublié que nous allons faire passer 10 000 PME françaises dans l'accélérateur de la BPI pour qu'elles soient robotisées, digitalisées et que tout notre tissu industriel soit revitalisé.

Je comprends que vous puissiez avoir la passion triste de l'échec industriel français. Nous nous battons, nous, pour que l'industrie française ait un avenir, qu'elle crée de l'emploi, que les usines ne ferment pas. Que cela vous plaise ou non, nous allons dans la bonne direction et nous allons réussir. (Mêmes mouvements.)

Données clés

Auteur : M. Raphaël Schellenberger

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : Économie et finances

Ministère répondant : Économie et finances

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 mars 2019

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