Question au Gouvernement n° 1742 :
grève scolaire mondiale pour le climat

15e Législature

Question de : Mme Delphine Batho
Deux-Sèvres (2e circonscription) - Non inscrit

Question posée en séance, et publiée le 13 mars 2019


GRÈVE SCOLAIRE MONDIALE POUR LE CLIMAT

M. le président. La parole est à Mme Delphine Batho.

Mme Delphine Batho. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, vous avez fait toute votre carrière dans l'enseignement, mais peut-être auriez-vous besoin de revisiter votre approche de la relation entre maîtres et élèves. (Mouvements divers.) En effet, vendredi 15 mars, c'est la grève scolaire mondiale pour le climat à l'appel de Greta Thunberg et vous avez, de manière assez surprenante, annoncé hier, au pied levé, des débats sur le climat dans les lycées le même vendredi, de seize heures à dix-huit heures comme si, plutôt que d'écouter la jeunesse, votre priorité était de la retenir dans les établissements.

Les proviseurs dénoncent une initiative improvisée, de l'écologie cosmétique. Les lycéens surtout ne sont pas dupes, car la leçon d'écologie, ce sont eux qui la donnent. Elle s'adresse à tous ici, et en voici la teneur : « Le monde se meurt et nous les jeunes, vos enfants, nous ne voulons pas récupérer une planète minée par les générations précédentes. Fin 2018, des scientifiques du monde entier ont publié le rapport du GIEC, exhortant à l'action. Mais rien n'a changé ! Nous polluons toujours plus au nom d'un système économique absurde et la température ne cesse d'augmenter. La planète court à la catastrophe : le climat se dérègle, les océans montent et la biodiversité, elle, s'effondre et ça va s'accélérer. Et pourtant rien ne change. Alors nous les jeunes, nous avons décidé d'agir nous-mêmes pour notre avenir. Ici en France, nous faisons déjà la grève chaque vendredi depuis quatre semaines. On nous traitera de mauvais élèves, mais ceux qui n'ont pas fait leurs devoirs, ce sont les gouvernements et les entreprises qui nous volent notre futur. »

M. Fabien Di Filippo. Vous y apparteniez !

Mme Delphine Batho. Monsieur le ministre, au lieu d'avoir peur et de chercher à enfermer les lycéens dans des salles pour leur enseigner une vérité gouvernementale, n'est-ce pas plutôt vous et l'ensemble du Gouvernement qui devriez vous asseoir sur un banc et écouter la jeunesse qui demande des mesures immédiates et radicales pour le climat ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, FI et GDR. – Mme Michèle de Vaucouleurs applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Le sujet que vous avez abordé, madame la députée, est peut-être le plus important qui soit et il devrait nous réunir. C'est pourquoi je retiendrai de votre question les éléments de notre convergence.

M. David Habib. Arrêtez ! Vous faites toujours dans la manipulation !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Le 15 mars est une journée très importante à l'échelle mondiale pour la défense de l'environnement et il est tout à fait normal que l'éducation nationale prenne toute sa part dans cette mobilisation. Cela n'a rien d'improvisé puisque nous le faisons depuis près de deux ans maintenant, dans la continuité d'ailleurs des gouvernements précédents. Car les programmes de l'éducation nationale, y compris tel qu'ils viennent d'évoluer, développent aujourd'hui l'importance du développement durable, non seulement dans la discipline des sciences de la vie et de la terre mais aussi en éducation morale et civique.

M. Olivier Faure. Ce n'est pas la question !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Nous avons seulement décidé, pour vendredi, de faire un pas de plus puisque, de seize heures à dix-huit heures, tous les lycéens de France pourront débattre des sujets liés à l'environnement dans leur établissement, de manière organisée et surtout constructive. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.) Cela va évidemment dans le sens de la mobilisation du 15 mars puisqu'une réunion du comité national de la vie lycéenne est prévue le 15 avril suivant pour faire des propositions à l'échelle de notre pays, dans le contexte du grand débat, ce qui permettra de faire avancer des sujets qui, en principe, vous sont chers.

Vous devriez vous en réjouir, d'autant plus que je serais tout de même un curieux ministre de l'éducation nationale si j'incitais les élèves à sortir des lycées aux heures de cours. Il est tout à fait normal que je reprenne un thème très légitime en demandant de faire un pas de plus que de manifester, c'est-à-dire de construire des propositions. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe MODEM.) Il me semble que je suis ainsi dans mon rôle en tant que ministre de la République, en tant que ministre de l'éducation nationale, de façon constructive et dans le sens que vous appelez de vos vœux.

Je voudrais pour conclure indiquer que j'étais à Tours ce matin même avec des jeunes, des élèves d'une école de la deuxième chance, dans le cadre du grand débat, et que nous avons parlé environnement pendant une heure. Ce n'était pas improvisé, mais préparé depuis longtemps par la députée Fabienne Colboc. Et c'est fantastique de voir le degré de préparation et la faculté de proposition que les jeunes peuvent avoir. Je suis donc très optimiste sur ce que va donner la journée de vendredi. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM et plusieurs bancs du groupe MODEM.)

Données clés

Auteur : Mme Delphine Batho

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Climat

Ministère interrogé : Éducation nationale et jeunesse

Ministère répondant : Éducation nationale et jeunesse

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 mars 2019

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