politique sociale
Question de :
M. Pierre Dharréville
Bouches-du-Rhône (13e circonscription) - Gauche démocrate et républicaine
Question posée en séance, et publiée le 20 mars 2019
POLITIQUE SOCIALE
M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville.
M. Pierre Dharréville. Monsieur le Premier ministre, je vais vous donner l'occasion de nous en dire plus sur ce sujet. La France se cabre devant votre politique. Dans tout le pays, a lieu une grande journée d'action, de mobilisation et de grèves, à l'appel d'organisations syndicales. Les Français manifestent en nombre pour l'augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux, l'égalité entre femmes et hommes, un véritable droit à l'éducation et à la formation, le renforcement de notre protection sociale et de notre système solidaire de retraites, une réponse aux enjeux climatiques et environnementaux.
Et pour faire contre-feu, comme une provocation, c'est aujourd'hui que le MEDEF a rendu publiques ses propositions dans le cadre du grand débat, cette grande mêlée de laquelle vous cherchez à faire ressortir le ballon que vous y avez vous-même glissé. Mais au moins, les options sont sur la table.
Et dans ce moment de tension et d'incertitude, mais aussi de mobilisation sociale et de formidables aspirations à vivre en grand, vous avez visiblement décidé d'en remettre une louche. Quand on vous parle de progrès social, vous répondez journée de travail gratuit, allongement de la durée de travail et remise en cause du droit à la retraite, comme si vous n'en aviez pas déjà assez fait sur le sujet.
Même le Haut-commissaire à la réforme des retraites a semblé surpris par votre accélération. Le signal que vous envoyez est limpide : vous voulez poursuivre, coûte que coûte, faire taire les aspirations populaires. Vous préparez le terrain à de nouvelles régressions et vous chargez la balance pour qu'elle penche de votre côté, celui du camp antisocial. Monsieur le Premier ministre, que ne comprenez-vous pas dans les mots « justice sociale » ? Est-ce là votre réponse à la journée d'action ?
Voulez-vous allonger la durée de travail, qui garantit un vrai droit à la retraite, ou s'agissait-il, charitablement, de fournir une raison supplémentaire de se mobiliser ? (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, SOC et FI.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre des solidarités et de la santé.
Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Pas de faux procès, monsieur Dharréville. Je veux être très claire sur les propos que j'ai tenus ce dimanche. Aucune modification de l'âge minimal de départ à la retraite n'est envisagée, ni sur la table des négociations que pilote le Haut-commissaire à la réforme des retraites.
M. Sébastien Jumel. Darmanin est plus courageux !
Mme Agnès Buzyn, ministre. Ce n'est pas non plus le sens des propos que j'ai tenus dimanche et dont les diverses interprétations sont à l'origine d'une polémique.
La priorité du Gouvernement – et c'est tout le sens de la réforme – est de créer un système universel de retraite plus lisible, plus équitable et plus juste, qui donne, pour un même euro cotisé, les mêmes droits à chacun. C'est la condition pour que notre système de retraite, aujourd'hui trop complexe, s'adapte à l'évolution et à la diversité des carrières pour continuer à protéger nos concitoyens à l'âge de la retraite.
M. Michel Herbillon. Vous lisez une fiche rédigée par l'Élysée ?
Mme Agnès Buzyn, ministre . Pour que ce système soit parfaitement juste, nous devons permettre à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent de pouvoir continuer à travailler après l'âge minimal de départ à la retraite et d'en tirer un avantage financier.
M. Fabien Di Filippo. Laborieuse lecture !
Mme Agnès Buzyn, ministre. Les pistes d'incitation sur lesquelles travaille le Haut-commissaire visent à accompagner un phénomène de société – l'allongement de la durée de vie – qui est un défi d'avenir pour notre pays comme pour nos voisins européens que nous devons relever collectivement. Je n'ai rien dit d'autre.
Laissons donc cette réforme structurante dans la construction de l'État social du XXIe siècle se préparer dans des conditions sereines. J'ai toute confiance dans l'engagement du Haut-commissaire, Jean-Paul Delevoye…
M. Christian Jacob. Ça va mieux en le disant !
Mme Agnès Buzyn, ministre. …et je sais qu'il maintiendra un dialogue constant avec les partenaires sociaux pour mener à bien ses travaux. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
Auteur : M. Pierre Dharréville
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique sociale
Ministère interrogé : Solidarités et santé
Ministère répondant : Solidarités et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 mars 2019