Question au Gouvernement n° 2449 :
avenir de l'industrie française

15e Législature

Question de : Mme Émilie Bonnivard
Savoie (3e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 27 novembre 2019


AVENIR DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE

M. le président. La parole est à Mme Émilie Bonnivard.

Mme Émilie Bonnivard. Monsieur le ministre de l'économie et des finances, l'échec de la reprise de l'entreprise Whirlpool d'Amiens n'est pas un cas isolé. Nous constatons actuellement, dans nombre de territoires industriels, une baisse d'activité, notamment dans la métallurgie, la production de silicium et d'aluminium.

M. Maxime Minot. À part ça, tout va bien !

Mme Émilie Bonnivard. Pourquoi ? Le marché mondial de l'automobile ralentit, l'Europe échoue à protéger son marché de l'industrie asiatique, les droits de douane américains explosent, le Brexit paralyse l'activité. Ces facteurs, auxquels il faut ajouter, en France, un niveau d'imposition sur la production bien supérieur à celui de nos concurrents – question sur laquelle vous renoncez à travailler, malgré les propositions des députés du groupe Les Républicains –, fragilisent considérablement les industries françaises. Exposées à un marché mondial extrêmement concurrentiel, elles ne se sentent ni protégées ni accompagnées à la mesure de leurs besoins.

Nous sommes inquiets, monsieur le ministre. Je pense par exemple à l'entreprise FerroPem qui compte sept sites industriels en France, dont deux en Savoie, et 1 100 salariés. Elle produit du silicium et traverse une période de crise, avec 300 personnes en chômage partiel.

Qu'entendez-vous faire pour aider cette entreprise et les autres, pour les protéger d'une concurrence profondément déséquilibrée ? Par exemple, le taux du droit antidumping européen appliqué au silicium chinois est de 16,8 %. Pensez-vous que ce soit suffisant, quand on sait que la taxation appliquée sur ces produits aux États-Unis est de 139 %, et que l'empreinte carbone des productions chinoises, issues du charbon, est bien plus élevée que la nôtre ?

M. Damien Abad. Très bien !

Mme Émilie Bonnivard. Comment entendez-vous assurer que le prix de l'énergie reste compétitif pour les industries concernées ? Nous sommes à mi-mandat, monsieur le ministre. Quand nous présenterez-vous enfin une politique industrielle concrète, ambitieuse et claire, à la hauteur de ce qu'attendent et méritent nos industries ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

M. Éric Straumann. Bravo !

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie et des finances.

M. Fabien Di Filippo. Fossoyeur des entreprises !

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. Madame la députée, vous pourriez aussi souligner les succès de la métallurgie française et vous réjouir en constatant que l'aciérie Ascoval, qui devait disparaître il y a deux ans, a été sauvée par la majorité et le Gouvernement actuels, par les élus locaux et le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe MODEM.)

M. Pierre Cordier. Sauvée pour combien de temps ?

M. Bruno Le Maire, ministre . Les Français ont aussi besoin qu'on leur montre ce qu'ils sont capables de faire, comment une usine comme Ascoval, avec ses 260 salariés, a été capable de se réinventer en produisant un acier de qualité. Grâce à la détermination du Gouvernement, Ascoval a désormais pour perspective de doubler sa charge industrielle, en 2021, avec la commande de 140 000 tonnes d'acier destiné à la SNCF et à ses rails.

M. Éric Straumann. Vous ne répondez pas à la question, monsieur le ministre.

M. Bruno Le Maire, ministre. Je réponds exactement la question, monsieur le député.

Mme Émilie Bonnivard. La question concerne les droits de douane !

M. Bruno Le Maire, ministre. Vous voulez systématiquement voir ce qui va mal dans notre pays et occulter les succès de la politique industrielle du Gouvernement. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)

M. Pierre Cordier. Méthode Coué !

M. Éric Straumann. Pourquoi laisse-t-on entrer les produits chinois ?

M. Bruno Le Maire, ministre. Notre politique industrielle dépendra aussi de notre capacité à investir des milliards d'euros dans l'innovation. Si vous nous aviez soutenus dans la cession d'actifs de l'État et la privatisation de certaines entreprises pour alimenter le fonds pour l'innovation et l'industrie, qui finance l'innovation de rupture, vous auriez contribué à injecter des milliards d'euros pour l'industrie et les nouvelles technologies.

M. Fabien Di Filippo. Qui paie ?

M. Jean-Paul Lecoq. C'est scandaleux !

M. Bruno Le Maire, ministre. Si vous nous aviez aidés en votant les baisses d'impôts que nous avons décidées, vous seriez également comptables devant les Français de la diminution des impôts de production que nous avons engagée.

Madame Bonnivard, il me semble qu'il vaut mieux se rassembler autour des décisions concrètes…

M. Patrick Hetzel. Deux minutes sans répondre à la question !

M. Bruno Le Maire, ministre. …que nous avons prises, avec le Premier ministre et l'ensemble de la majorité, pour soutenir la politique industrielle du Gouvernement, plutôt que de systématiquement pointer du doigt ce qui ne marche pas dans notre pays. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LR.)

M. Pierre Cordier. Et sinon, pour la question sur le silicium ?

Données clés

Auteur : Mme Émilie Bonnivard

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : Économie et finances

Ministère répondant : Économie et finances

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 novembre 2019

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