Question au Gouvernement n° 2706 :
Dossiers en cours au ministère des solidarités et de la santé

15e Législature

Question de : M. Michel Herbillon
Val-de-Marne (8e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 19 février 2020


DOSSIERS EN COURS AU MINISTÈRE DES SOLIDARITÉS ET DE LA SANTÉ

M. le président. La parole est à M. Michel Herbillon.

M. Michel Herbillon. Monsieur le Premier ministre, il y a quatre jours, votre ministre des solidarités et de la santé déclarait qu'elle ne serait pas candidate à Paris en raison d'un « agenda très chargé » et de « nombreuses réformes dans [son] ministère ». Quarante-huit heures plus tard, la voici qui démissionne pour mener la campagne du parti présidentiel dans la capitale.

M. Rémy Rebeyrotte. Rachida, sors de ce corps !

M. Michel Herbillon. Comment peut-on revenir à ce point sur sa parole en quarante-huit heures à peine ?

M. Pierre Cordier. Il a raison !

M. Michel Herbillon. En quoi les dossiers du ministère de la santé seraient-ils devenus soudainement si secondaires ? Cette candidature improvisée, imposée par le Président de la République, en dit long sur le sens des priorités et des responsabilités du Gouvernement.

Comment peut-on abandonner son poste alors que l’hôpital public connaît une crise sans précédent, alors que la grève des hospitaliers dure depuis plus d’un an, alors que plus de 1 200 chefs de service vous ont appelés à l’aide et que les démissions se multiplient, alors que la situation des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes est si préoccupante ?

Comment peut-on abandonner son poste, alors qu'il est urgent que le Gouvernement présente enfin son plan sur le chantier absolument crucial de la dépendance ?

Comment peut-on abandonner son poste en pleine crise du coronavirus, alors que le ministère de la santé joue un rôle central dans la lutte contre l’épidémie ?

M. Pierre Cordier. C'est vrai que ça fait désordre !

M. Éric Straumann. Mais elle va nous sauver la Gare de l'Est !

M. Michel Herbillon. Enfin, comment la ministre chargée de la réforme des retraites peut-elle déserter au moment même où le débat s’ouvre dans l’hémicycle ?

Monsieur le Premier ministre, le départ de votre ministre nous alerte, dans une telle situation de désordre politique et social. Comment le serviteur de l’État que vous êtes peut-il choisir de faire passer les intérêts de son parti avant ceux du pays ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR et parmi les députés non inscrits.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Je vous remercie de votre question, monsieur Herbillon. Elle me donne l'occasion de dire publiquement qu'Agnès Buzyn était une remarquable ministre des solidarités et de la santé… (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM)

M. Pierre Cordier. C'est pour cela qu'elle est partie !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. …et qu'elle sera une exceptionnelle maire de Paris ! (Applaudissements redoublés sur les mêmes bancs. - Protestations vives et prolongées sur les bancs des groupes SOC, FI et GDR ainsi que sur plusieurs bancs du groupe LR.)

M. Pierre Cordier. Prétentieux !

M. Fabien Di Filippo. Vous disiez la même chose de Griveaux !

M. Jean-Paul Dufrègne. C'est incroyable !

M. Édouard Philippe, Premier ministre . C'est en tout cas le combat électoral dans lequel elle s'est engagée.

M. le président. Un peu de calme, s'il vous plaît ! Laissez le Premier ministre répondre librement à une question librement posée ! Vous seul avez la parole, monsieur le Premier ministre.

M. Édouard Philippe, Premier ministre . Pourquoi vous mettez-vous dans cet état, monsieur Jacob ? (Nouvelles protestations.)

M. le président. Monsieur Peu, s'il vous plaît !

M. Édouard Philippe, Premier ministre . Vous avez choisi vous-mêmes d'évoquer la candidature de Mme Buzyn à Paris. Je réponds à la question posée par M. Herbillon. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, MODEM et UDI-Agir.) Ne vous mettez pas dans cet état, monsieur Jacob !

Si Agnès Buzyn était là, elle vous dirait que c'est très mauvais pour la santé ! (M. Christian Jacob proteste vivement. Protestations sur les bancs du groupe LR.) Vraiment mauvais, je vous assure !

M. Herbillon a posé une question – j'essaye d'y répondre complètement. (Mêmes mouvements.)

M. le président. Je vous rappelle que les questions sont libres, comme les réponses !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Puisque vous m'interrogez, je vous réponds ! Mme Buzyn était une ministre remarquable ; elle s'est engagée dans un combat électoral : je souhaite qu'elle le gagne. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. – Mme Émilie Bonnivard proteste. – Vives protestations et claquements de pupitres sur les bancs du groupe GDR.) Je dis là l'évidence ! D'ailleurs, vous souhaitez qu'elle le perde – vous l'avez dit aussi ! Allons ! ne jouons pas les vierges effarouchées, n'ayons pas les pudeurs de gazelle déjà évoquées sur certains bancs… (Sourires et applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Fabien Roussel. C'est incroyable ! Ce n'est pas le Premier ministre qui répond mais un candidat en campagne !

M. Édouard Philippe, Premier ministre . Un mot sur le fond, monsieur Herbillon : je sais que c'est cela qui vous intéresse, et non la mise en cause de tel ou tel. (Protestations sur les bancs du groupe LR.)

M. Éric Straumann. Que fait-on de la gare de l'Est ?

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Après la démission de Mme Buzyn, j'ai proposé au Président de la République que M. Olivier Véran soit nommé ministre des solidarités et de la santé. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe MODEM.) Il est médecin hospitalier ;…

M. Jérôme Lambert. Et socialiste !

M. Édouard Philippe, Premier ministre . …en tant que rapporteur général de la commission des finances, il connaît parfaitement la question des retraites, puisqu'il était en charge du dossier à l'Assemblée nationale. Si vous en doutez encore, vous pourrez constater à mesure de l'avancement des travaux qu'il accomplira sa tâche de façon remarquable, précise et engagée – il a évidemment toute ma confiance. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Pierre Cordier. Griveaux aussi était le meilleur !

M. Fabien Roussel. Ça n'est pas la réponse d'un premier ministre ! C'est une honte !

M. le président. La parole est à M. Michel Herbillon.

M. Michel Herbillon. Je remarque que vous avez demandé à Mme Buzyn de démissionner, alors que vous n'avez appliqué cette règle ni à M. Darmanin, ni à vous-même. Ce manque de cohérence est un peu étrange ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LR, SOC, GDR, FI et parmi les députés non inscrits.)

Données clés

Auteur : M. Michel Herbillon

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Ministères et secrétariats d'état

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 19 février 2020

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