Réforme du baccalauréat
Question de :
M. Frédéric Reiss
Bas-Rhin (8e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 26 février 2020
RÉFORME DU BACCALAURÉAT
M. le président. La parole est à M. Frédéric Reiss.
M. Frédéric Reiss. En l'absence du ministre de l'éducation nationale, j'adresse ma question à M. le Premier ministre. Les épreuves communes de contrôle continu – E3C – ont cristallisé un malaise profond dans l'éducation nationale. M. le ministre a d'ailleurs répondu tout à l'heure à une question sur les failles des E3C.
De fait, c’est toute la réforme du baccalauréat qui inquiète les élèves, les familles et les enseignants. Les attendus peu explicites de l'enseignement supérieur, le grand oral et de nouvelles inégalités sont autant de facteurs d’inquiétude de cette réforme stressante. Des élèves cèdent à des crises d'angoisse ; l’abandon d’une spécialité en terminale provoque des choix cornéliens chez les élèves et représente un réel casse-tête pour les chefs d’établissement.
Dans le cadre d'une mission flash menée avec ma collègue Géraldine Bannier, nous avons relevé que la carte des spécialités demeure peu accessible aux élèves et à leurs parents, car tous les établissements ne proposent pas les onze spécialités. Nous proposons de rendre possible le maintien de trois spécialités en terminale et d’intégrer des mathématiques dans le tronc commun. L’option mathématiques complémentaires, financée par les lycées sur leur dotation propre, comme toutes les options, n’est pas la solution.
Je crains fort qu’il y ait de mauvaises surprises en terminale, avec peu de moyens pour une deuxième option et un coup fatal porté aux langues anciennes, aux langues régionales ou encore aux sciences de l’ingénieur. Monsieur le Premier ministre, la réforme bénéficiera-t-elle d’ajustements suite aux difficultés constatées ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. Thibault Bazin. Surtout pour les sciences de l'ingénieur, c'est important !
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le député, permettez-moi d'excuser Jean-Michel Blanquer, qui est actuellement avec le Président de la République pour une réunion de travail avec des associations nationales de l'éducation populaire.
Vous interrogez le ministère de l'éducation nationale sur la réforme du baccalauréat. Avant de vous répondre, je voudrais rappeler ce qui a guidé les transformations que nous avons menées conjointement, Jean-Michel Blanquer et moi : permettre aux élèves de construire un projet qui leur ressemble, lutter contre l'échec en licence grâce à Parcoursup et à la réforme du lycée, lutter résolument contre l'autocensure et accompagner toute notre jeunesse dans ses choix et dans la construction de son projet de formation.
Dans cette perspective, un bac couperet, un bac bachotage n'avait pas de sens. C'est pourquoi le contrôle continu a été introduit parmi les épreuves, et je pense que c'est très important. De même, le grand oral permettra à chacun des futurs bacheliers d'être capable de prendre la parole en public, ce qui est une capacité essentielle.
Les séries d'épreuves communes de contrôle continu ont eu lieu. Elles ont parfois été perturbées là où certains avaient décidé de mettre le désordre, mais elles sont aujourd'hui quasiment terminées – seules 5 % des épreuves n'ont pas encore été passées.
Est-ce à dire qu'il n'y a pas d'inquiétudes légitimes ? Bien sûr que non. C'est pourquoi Jean-Michel Blanquer a proposé un comité de suivi de la réforme pour proposer des évolutions ; il se réunira dans le courant du mois de mars. Notre objectif est de faire travailler et réussir les élèves dans leur formation. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M. le président. La parole est à M. Frédéric Reiss.
M. Frédéric Reiss. Madame la ministre, la réforme s’applique dans la douleur. Un enseignant de mon département, qui pense sérieusement quitter l'éducation nationale, déclare : « Du fait des dernières réformes aux paramètres très flous, je ressens une totale perte de sens, je suis usé. Certains s'effondrent, moi j’abdique. »
M. André Chassaigne. C'est une réalité !
M. Frédéric Reiss. Madame la ministre, il est temps de redonner le moral à ces enseignants qui se dévouent corps et âme pour notre jeunesse. Et la réforme des retraites ne contribue pas à les rassurer ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – M. André Chassaigne applaudit également.)
Auteur : M. Frédéric Reiss
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement secondaire
Ministère interrogé : Enseignement supérieur, recherche et innovation
Ministère répondant : Enseignement supérieur, recherche et innovation
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 février 2020