Question au Gouvernement n° 3088 :
Relations entre la police et les citoyens

15e Législature

Question de : Mme Anne-Laurence Petel
Bouches-du-Rhône (14e circonscription) - La République en Marche

Question posée en séance, et publiée le 10 juin 2020


RELATIONS ENTRE LA POLICE ET LES CITOYENS

M. le président. La parole est à Mme Anne-Laurence Petel.

Mme Anne-Laurence Petel. Monsieur le ministre de l'intérieur, huit minutes et quarante-six secondes : c'est le temps qu'il a fallu pour que l'interpellation de George Floyd se transforme en homicide, à Minneapolis, le 25 mai dernier. Cet événement a indigné le monde entier et a réveillé une colère qui s'étend à tous les continents.

La France n'échappe pas à cette colère ni à ses vieux démons. Les faits racistes et xénophobes ont augmenté de 130 % en 2019.

M. Laurent Furst. M. Castaner est innocent !

Mme Anne-Laurence Petel. Cette réalité insupportable touche toute la société ; elle n'épargne pas la police. Vous l'avez dit hier et encore ce matin : le racisme n'a pas sa place dans notre société, et encore moins dans la police républicaine. Au demeurant, si les actes de quelques-uns salissent l'honneur de la police, ils ne doivent pas faire oublier que chaque jour, des femmes et des hommes en uniforme veillent sur nous et nous protègent, et qu'ils risquent leur vie pour cela.

Non, notre police n'est pas raciste, mais il y a des racistes en son sein. Non, il n'y a pas de violence institutionnalisée, mais il y a des comportements violents à bannir. Pouvons-nous tolérer qu'un enfant de quatorze ans sorte d'une garde à vue avec le visage tuméfié ? Non. Pouvons-nous tolérer qu'un gendarme soit roué de coups lors d'une manifestation ? Non plus.

Quand les oppositions jouent les pyromanes en imposant aux Français de choisir un camp, quand la polémique précède l'information, comment lutter contre les discriminations et mener en même temps la réconciliation ? C'est votre mission, et elle est ardue. Vous portez l'ambition d'une police du XXIe siècle. Cette réforme, vous l'avez commencée avec la police de sécurité du quotidien et avec les conférences citoyennes organisées pour rédiger le Livre blanc de la sécurité intérieure.

Hier, vous avez annoncé la réforme des inspections, la fin de l'enseignement de techniques dangereuses et l'extension de la formation continue pour les forces de l'ordre. Le chemin que vous montrez est celui de l'exigence d'exemplarité, de la compréhension mutuelle et du respect des lois et des règles par tous. La confiance ne se décrète pas, elle se construit petit à petit ; tel est le sens de votre engagement. Quelles mesures complémentaires comptez-vous prendre pour réussir cette police de la confiance ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Madame Petel, le racisme constitue un mal qui gangrène notre société et, comme vient de le dire Laurent Nunez, nous comptons bien éradiquer cette tumeur maligne qui n'a pas sa place parmi les forces de police. Vous l'avez rappelé, après Laurent Nunez, il n'y a pas de police violente, il n'y a pas de police raciste, mais il peut y avoir des hommes et des femmes racistes, qui se comportent ainsi et commettent des fautes. Sur ce sujet, notre réponse doit être exemplaire.

Comme vous venez de le faire, les choses doivent être dites clairement, avec fermeté mais sans amalgame : je n'accepterai jamais les insultes, les amalgames, les mises en cause, les déclarations à l'emporte-pièce contre nos forces de sécurité intérieure. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) Je les défendrai comme je l'ai toujours fait, avec la même énergie et la même exigence,…

M. Pierre Cordier. Il était temps de rectifier !

M. Christophe Castaner, ministre . …car les soutenir contribue à les tirer vers le haut, à les accompagner vers l'exemplarité, l'éthique et la déontologie. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)

M. Pierre Cordier. Vous vous rattrapez !

M. Christophe Castaner, ministre . Il n'est pas question que quelques brebis galeuses – c'est le mot que j'ai employé hier – nuisent à la force de nos policiers et de nos gendarmes, et au respect que nous leur devons. Il est utile de regarder la réalité en face. J'ai annoncé hier une série de mesures relatives au rapport de confiance entre la police et la population, qui, nous le savons, s'est dégradé ces derniers temps. Ce plan d'action, que nous devons construire au plus près du terrain, avec les femmes et les hommes qui, chaque jour et chaque nuit, protègent les Français et font l'honneur de la police et de la gendarmerie, nous permettra de combattre le racisme, ce mot qui, depuis trente ans, met régulièrement en cause la police et qui, trop souvent, a été balayé sous le tapis ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et Agir ens.)

Données clés

Auteur : Mme Anne-Laurence Petel

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Police

Ministère interrogé : Intérieur

Ministère répondant : Intérieur

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 10 juin 2020

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