Lutte contre le racisme
Question de :
M. Serge Letchimy
Martinique (3e circonscription) - Socialistes et apparentés
Question posée en séance, et publiée le 17 juin 2020
LUTTE CONTRE LE RACISME
M. le président. La parole est à M. Serge Letchimy.
M. Serge Letchimy. Monsieur le Premier ministre, la mort de George Floyd a soulevé l'indignation de milliers de personnes dans le monde entier. Elle met en relief le racisme vertébral des États-Unis, première puissance mondiale dont les germes proviennent principalement de l'esclavage des Noirs. Les nations d'Occident se sont elles aussi enrichies sur ces fondations qui ont créé et maintenu vivace dans le monde contemporain un racisme que l'action politique ne saurait tolérer. Oui, contre toutes les violences raciales, la République se doit d'être exemplaire, notamment concernant l'exigence de justice et de vérité face aux drames humains répétés comme celui qu'a vécu Adama Traoré.
Mais le racisme peut aussi s'exprimer de manière obscure et larvée, par la présence inacceptable de certains monuments symboles de la période coloniale, ici à l'Assemblée nationale – je pense à la statue de Colbert, le père du code noir – ou par la parole de celui qui, à longueur de tribunes et d'antennes, distille impunément la peste qui lui sert d'activité mentale : Éric Zemmour. Tout cela fait persister un esprit colonial érigé en système, source d'inégalités et d'injustices de génération en génération, et qui attise des révoltes qu'il faut entendre et qui exigent des mesures exceptionnelles.
M. Pierre Cordier. C'est excessif, très excessif !
M. Serge Letchimy. L'Outre-mer est au cœur de ce drame post-colonial. L'injustice au quotidien asphyxie : dans la dépendance structurelle, à la tête des administrations, dans l'économie, dans les niveaux d'équipements de santé, d'éducation ou de culture, dans le traitement de scandales comme ceux de la chlordécone, et j'en passe.
La vague planétaire qu'a suscitée l'assassinat de George Floyd montre que la dépréciation d'une minorité humaine ne sera plus acceptée. Monsieur le Premier ministre, il est encore temps de donner un sens à ce principe majeur de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » C'est en mettant fin au racisme que nous pourrons dépasser les blessures de l'histoire, réparer les fractures du présent et regarder l'avenir avec confiance. Quand accepterez-vous enfin d'oxygéner ce pays ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et GDR. M. M'jid El Guerrab applaudit aussi.)
M. Patrick Hetzel. Le ministre est démonétisé !
M. Damien Abad. Plus personne ne l'écoute !
M. Pierre Cordier. La moutarde de Dijon lui est montée au nez !
M. Fabien Di Filippo et M. Patrick Hetzel . Ce qu'il dit n'imprime plus !
Auteur : M. Serge Letchimy
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Discriminations
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 juin 2020