Politique de maintien de l'ordre
Question de :
M. Pierre-Yves Bournazel
Paris (18e circonscription) - Agir ensemble
Question posée en séance, et publiée le 17 juin 2020
POLITIQUE DE MAINTIEN DE L'ORDRE
M. le président. La parole est à M. Pierre-Yves Bournazel.
M. Pierre-Yves Bournazel. Ces derniers jours, un vent mauvais souffle dans notre pays. D’un côté, ceux qui affichent un nationalisme obsidional, à la recherche perpétuelle de boucs émissaires – mais le nationalisme, c’est la ségrégation et la division de notre société, c’est-à-dire le contraire du sentiment national et de la République.
De l’autre, ceux qui prônent le séparatisme, qui attisent les haines au sein de la société et qui n’hésitent pas à véhiculer l’antisémitisme. Oh vent mauvais !
M. Olivier Becht. Exactement !
M. Pierre-Yves Bournazel. Comme l’a rappelé le Président de la République dimanche, la République est forte parce qu’elle parle à toutes les femmes et à tous les hommes, sans distinction d’origine et de condition sociale. La République, c’est l’État de droit, l’égalité des chances et des droits, un appel à la justice. C’est la liberté, la dignité de la personne humaine.
Oui, il y a du racisme dans notre société. Oui, il y a de l’antisémitisme. Oui, la haine de l’autre parce qu'il est ce qu'il est est un poison.
Citoyen et élu du 18e arrondissement de Paris, je mesure l’indignation et la colère que tout cela peut engendrer, mais je sais que c’est là, dans les quartiers populaires, que le besoin de sécurité est le plus prégnant.
La police républicaine assure des missions difficiles. Elle doit retisser le lien de confiance avec chaque citoyen. Les policiers sont des héros du quotidien…
M. Damien Abad. Très bien !
M. Pierre-Yves Bournazel. …et nous devons les soutenir en améliorant sans cesse leurs conditions de travail. Ne cédons jamais à la division. Notre pays a été trop fracturé dans le passé. La République nous unit : elle nous permet de faire société et nation. Le Gouvernement œuvre pour abattre les cloisons : jeunesse, école, logement, formation, emploi, culture ;…
M. Christian Hutin. Formidable !
M. Pierre-Yves Bournazel. …partout, il faut continuer à investir pour que les valeurs de la République se traduisent en actes.
Ma question s'adresse à tous les ministres ; celui qui le souhaite répondra : quelles nouvelles initiatives le Gouvernement envisage-t-il de prendre pour faire vivre l’amour et le service de la République ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Agir ens et sur plusieurs bancs du groupe LaREM. - M. Jimmy Pahun applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Je vous remercie, monsieur Bournazel, pour les mots que vous venez de prononcer et pour votre défense de ce qui fait la République, de ce qui fait notre commun, de ce qui nous appartient à tous. Nous avons besoin des forces de sécurité intérieure pour défendre ce commun.
Le commun, c'est ce qui nous rassemble, c'est ce qui nous pousse à nous regrouper et à défendre tous ensemble la liberté, l'égalité et la fraternité. Comme vous venez de le dire, il est hors de question de laisser le débat s'enferrer entre ceux qui haïssent la police et ceux qui dévoient des luttes légitimes et trahissent la République. Nous avons besoin d'un ordre : d'un ordre juste.
M. Christian Hutin. Ségolène !
M. Christophe Castaner, ministre. Or cet ordre juste est incarné par nos forces de sécurité intérieure. Ceux qui manifestent contre le racisme doivent comprendre qu'ils les trouveront chaque jour et chaque nuit à leurs côtés. Elles répondent présentes à chaque seconde, dès qu'elles sont appelées. Elles sont mobilisées pour appliquer les lois votées par le Parlement, parmi lesquelles la récente loi adoptée par l'Assemblée qui permet de signaler les actes et les propos antisémites, racistes et homophobes, et d'intervenir encore plus vite. Là encore, ce sont les policiers et les gendarmes qui sont en première ligne.
Chacun le sait, notre police est toujours mobilisée, toujours en action. Mais nous devons aujourd'hui aller plus loin et défendre tous ensemble le pacte républicain, en l'incarnant dans le lien entre les citoyens et les forces de l'ordre. Je n'ai pas attendu les débats actuels pour m'y employer. Dès le mois de janvier, j'ai réuni une convention citoyenne qui a permis à une centaine de personnes de tous les quartiers de France, pendant deux week-ends de deux jours,…
M. Pierre Cordier. En général, c'est la durée des week-ends !
M. Christophe Castaner, ministre . …de travailler avec les forces de sécurité intérieure pour renforcer le lien entre les citoyens et les forces de l'ordre, lien essentiel, quelquefois abîmé par des campagnes médiatiques ou des propos excessifs comme on peut en entendre dans cet hémicycle.
C'est la raison pour laquelle je vous remercie, monsieur Bournazel, d'avoir été à la hauteur du débat et de n'avoir pas cherché à le caricaturer. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs des groupes MODEM et Agir ens.)
Auteur : M. Pierre-Yves Bournazel
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 juin 2020