Question au Gouvernement n° 3420 :
Assassinat de Samuel Paty

15e Législature

Question de : M. Jean-Luc Mélenchon
Bouches-du-Rhône (4e circonscription) - La France insoumise

Question posée en séance, et publiée le 21 octobre 2020


ASSASSINAT DE SAMUEL PATY

M. le président. La parole est à M. Jean-Luc Mélenchon.

M. Jean-Luc Mélenchon. Une nouvelle fois notre pays est mis à l'épreuve par un assassin se réclamant de l'Islam. À l'horreur politique que le groupe La France insoumise tient à stigmatiser, à la compassion affligée que nous exprimons à la famille de M. Samuel Paty, à ses élèves et à ses collègues, s'ajoute cette pensée que chacun d'entre nous conserve pour les proches qui ont marqué sa vie.

Nos enseignants ne font pas seulement un métier : ils portent la lumière républicaine que le savoir répand quand il se transmet. Et voilà bien ce que craignent les obscurantistes. Car il n'y a pas de liberté réelle pour l'ignorant, pas d'égalité ni de fraternité sans partage des savoirs.

Le meurtrier fait horreur, et il fait honte aussi à sa religion ! Mais ses buts politiques nous sont connus car l'islamisme politique et le terrorisme partout où celui-ci a tué, en France, en Tunisie, en Algérie, au Maroc et ailleurs dans le monde, ont eu les mêmes objectifs : faire peur et par là même commencer déjà à imposer leur loi.

M. Meyer Habib. C'est vous qui manifestez avec les islamistes !

M. le président. Laissez M. Mélenchon s'exprimer !

M. Jean-Luc Mélenchon. Ils visent à diviser la société et à désorganiser l'État de droit en affolant les pouvoirs publics.

Chacun d'entre nous doit se sentir personnellement responsable pour mettre en échec ces deux objectifs en réservant ses coups à l'ennemi !

M. Meyer Habib. C'est honteux !

M. Jean-Luc Mélenchon. Car la paix civile est en jeu et chacun d'entre nous doit être le rempart contre la haine. La France insoumise prendra sa part au maintien de l'unité nationale,…

M. Meyer Habib. Tartuffe !

M. Jean-Luc Mélenchon. …sans la confondre avec la fin de son positionnement politique. Nous respecterons la durée du deuil national dans la façon de nous exprimer.

Ici et maintenant, nous, monsieur le Premier ministre, vos opposants, nous disons à vos côtés…

M. Meyer Habib. Pas vous !

M. Jean-Luc Mélenchon. …aux ennemis de la patrie républicaine : nous n'avons pas peur et vous ne nous faites pas peur, vous ne nous diviserez pas, nous sommes la France ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI ainsi que sur quelques bancs des groupes GDR et SOC.)

Mme Agnès Thill. C'est une honte ! Comment ose-t-il ?

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. J'entends votre appel à l'unité et au soutien de l'action du Gouvernement.

M. Francis Chouat. Dans la clarté !

M. Jean Castex, Premier ministre . « Pas de liberté réelle pour l'ignorant », avez-vous dit, et donc pour le manipulé. Il est vrai que l'islamisme radical a fait de l'ignorant et du manipulé sa cible principale. Et on voit bien que ces attaques transitent par des associations et par les réseaux sociaux, et que c'est ainsi que l'on fait naître des vocations de tueur.

C'est précisément notre objectif que de nous attaquer aux manipulateurs, aux transmetteurs, et à tous ceux qui atteignent ainsi leurs cibles pour les pousser vers le crime et l'abomination. Tel est bien l'un des objectifs que nous poursuivons. Nos services de renseignement, qui sont en première ligne sur ce sujet, ont été – j'insiste sur ce point – confortés et réorganisés comme jamais ils ne le furent auparavant.

Nous allons passer la vitesse supérieure en accordant, à nouveau, des moyens supplémentaires au ministre de l'intérieur. (Murmures sur les bancs du groupe LR.) À ceux qui nous critiquent, nous pourrions rappeler comment les effectifs des forces de sécurité ont évolué durant les années précédentes ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem. – Vives protestations sur les bancs du groupe LR.)

M. Pierre Cordier. Vous avez été conseiller de Nicolas Sarkozy ! Vous avez travaillé pour lui !

M. Jean Castex, Premier ministre. Il ne s'agit pas seulement du droit : il s'agit surtout des moyens qu'on consacre à le faire appliquer. Nous avons pris nos responsabilités opérationnelles et nous continuerons, dans le cadre de l'union nationale, à les exercer ! (Nouveaux applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem.)

Données clés

Auteur : M. Jean-Luc Mélenchon

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Terrorisme

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 21 octobre 2020

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