Campagne de vaccination contre la grippe saisonnière
Question de :
M. Bernard Bouley
Essonne (2e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 5 novembre 2020
CAMPAGNE DE VACCINATION CONTRE LA GRIPPE SAISONNIÈRE
M. le président. La parole est à M. Bernard Bouley, qui a succédé au mois d'août à M. Franck Marlin et que je suis heureux d'accueillir. (Applaudissements sur de nombreux bancs.)
M. Bernard Bouley. Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, par un communiqué publié le mardi 13 octobre 2020, votre ministère a donné le coup d'envoi à la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière. Vous vous engagiez à fournir les pharmacies tout au long de la campagne, grâce à un approvisionnement continu auprès des laboratoires pharmaceutiques. Vous avez ensuite communiqué en grande pompe autour de cette campagne de vaccination.
Les Français vous ont entendu : ils ne demandent qu'à se faire vacciner contre la grippe saisonnière.
M. Jérôme Lambert. Mais il n'y a pas de vaccins !
M. Bernard Bouley. Mais ils n'y parviennent pas. La vérité, c'est que les stocks de vaccins sont très insuffisants ; même les soignants, pourtant en contact avec des personnes fragiles, ne peuvent souvent pas se faire vacciner.
M. Damien Abad. C'est vrai, nous avons des témoignages !
M. Bernard Bouley. Dix jours après le lancement de la campagne de vaccination contre la grippe, 70 % à 80 % des pharmacies étaient en rupture de stock, en particulier dans les grandes villes.
Après la pénurie des masques suivie de la pénurie des tests pendant la crise sanitaire, voici, hélas, la pénurie de vaccins contre la grippe ! Ce manque d'anticipation, décidément chronique, se répète malheureusement encore une fois ! Les Français ont été désignés par vous comme responsables de la seconde vague de la covid-19 pour ne pas avoir suffisamment appliqué les gestes barrières… Il est vrai que c'était plus facile que de reconnaître l'échec du déconfinement et votre incapacité à augmenter le nombre de lits de réanimation ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LR et parmi les députés non inscrits.)
Lorsque la tâche des soignants sera encore aggravée par l'afflux de malades de la grippe saisonnière, reprochera-t-on à ces derniers de ne pas s'être fait vacciner ?
Si les soignants sont cloués au lit par la grippe, la lutte contre le coronavirus sera encore plus compliquée.
Tout cela laisse présager le pire lorsque sera enfin venu le temps de lancer une campagne de vaccination contre la covid-19. Les Français sont en droit de savoir combien de temps cette pénurie inconcevable durera. Je vous le demande, monsieur le ministre : quand cette incurie cessera-t-elle ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR et parmi les députés non inscrits.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le député, permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter la bienvenue à l'Assemblée nationale, en constatant que vous êtes parfaitement intégré dans votre groupe parlementaire, et ce dès votre première question. (Sourires et applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem.)
Je vais vous répondre par des chiffres puisque je suis sûr que vous êtes attaché aux données chiffrées : à la date d'hier soir, 5,9 millions de doses de vaccin antigrippal avaient été vendues par les pharmacies de notre pays,…
M. Damien Abad. Il en manque !
M. Olivier Véran, ministre . …qui en ont au total commandé 13 millions,…
M. Pierre Cordier. Non, 12 millions !
M. Olivier Véran, ministre . …et une simple soustraction vous permet de constater qu'il en reste plus de la moitié, sachant que ce ne sont pas 80 % des officines qui sont en pénurie mais, selon le Conseil de l'ordre des pharmaciens, 19 %. Je tiens toutes ces données à votre disposition. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LR.)
M. Pierre Cordier. C'est totalement faux !
M. le président. Monsieur Cordier ! Arrêtez !
M. Olivier Véran, ministre. Ce n'est pas au Gouvernement que vous vous en prenez en protestant, monsieur le député, mais aux pharmaciens, eux qui gèrent leur propre stock d'une année sur l'autre. Respectez les pharmaciens !
Je continue mon récapitulatif chiffré : 1,3 million de doses de vaccin antigrippal ont été réallouées aux pharmacies la semaine dernière, 1,2 million de doses le seront cette semaine. Il en ira de même la semaine prochaine et la suivante. Et puis, monsieur Bouley, comme nous avions anticipé, presque 3 millions de doses de vaccins ont été commandées en plus des commandes passées par les pharmaciens, ce qui veut dire qu'il y aura au total près de 16 millions de doses à répartir sur le territoire jusqu'au mois de décembre.
Mme Frédérique Meunier. Même dans ma circonscription, il n'y en a plus !
M. Olivier Véran, ministre . Il n'y a pas péril en la demeure, d'autant qu'il reste du temps avant que la grippe arrive dans notre pays, et moins de 6 millions de doses ont été utilisées sur un total de 16 millions. Et encore dois-je préciser que ne sont pas inclus dans ce dernier chiffre les doses de vaccin déjà fournies aux soignants dans les hôpitaux et dans les EHPAD.
Permettez-moi de profiter de votre question pour inviter les personnes vulnérables – elles ont d'ailleurs reçu à cet effet un bon de l'assurance maladie – ainsi que les médecins, l'ensemble des soignants et les aides à domicile à se faire vacciner contre la grippe. Je le répète : il y aura tout le mois de novembre et le mois de décembre pour se faire vacciner, les doses étant réallouées en conséquence aux pharmacies, semaine après semaine, progressivement, comme chaque année. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M. Damien Abad. Ce n'est pas vrai ! Il n'y en a plus !
Auteur : M. Bernard Bouley
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Pharmacie et médicaments
Ministère interrogé : Solidarités et santé
Ministère répondant : Solidarités et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 5 novembre 2020