Héritage du Général de Gaulle
Question de :
M. Marc Le Fur
Côtes-d'Armor (3e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 11 novembre 2020
HÉRITAGE DU GÉNÉRAL DE GAULLE
M. le président. La parole est à M. Marc Le Fur.
M. Marc Le Fur. Monsieur le Premier ministre, il y a cinquante ans, disparaissait le général de Gaulle. Le Président de la République, vous-même, le Président de l'Assemblée : chacun, à sa manière, a rendu hommage à l'homme – celui qui sauva l'honneur en 1940 ; celui qui, dans les années soixante, rétablit notre économie et nos comptes publics ; celui qui dota notre pays d'institutions solides, mais aussi respectueuses des libertés. Lorsqu'il lui fallut prendre des mesures d'exception limitant les libertés publiques, il veilla notamment à ce qu'elles s'appliquent le moins longtemps possible.
Au-delà de la personne du général de Gaulle, il y a un héritage de valeurs. La première de ces valeurs, c'est la souveraineté. La crise liée au covid-19 a révélé la défaillance totale de notre souveraineté sanitaire, comme la pénurie de masques et de médicaments en a témoigné. La souveraineté n'est-elle pas entamée, lorsque nous empruntons massivement à l'étranger ?
La souveraineté, c'est aussi notre indépendance alimentaire. Le général de Gaulle y tenait : il avait imposé la politique agricole commune. Envisagez-vous toujours de nous imposer la ratification du CETA – accord économique et commercial global entre la France et le Canada –, qui est le préalable à la fin de cette souveraineté ?
Au cœur de la souveraineté se trouve également la frontière, si essentielle en cette période de grande migration. Vous êtes-vous donné les moyens de tenir cette frontière ? En avez-vous la volonté ?
Le gaullisme, c'est aussi la capacité à fixer un cap : c'est précisément en pleine crise, alors que chacun pense à l'immédiat, qu'il nous faut un cap pour le long terme. Quel cap proposez-vous ?
Le gaullisme, enfin, c'est la capacité à faire partager cette ambition collective à tous, petits et grands. Jamais de Gaulle n'aurait parlé des « gens qui ne sont rien ». (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LR.) Il savait au contraire que c'étaient les plus modestes qui l'avaient rejoint et il n'avait pas oublié que c'étaient les pêcheurs de l'île de Sein qui, les premiers, avaient été à ses côtés en juin 1940.
Alors, monsieur le Premier ministre, vous donnez-vous les moyens d'être fidèle à ce bel héritage, qui nous est commun à tous ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – M. Nicolas Dupont-Aignan applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de la culture. (« Ah » ! sur plusieurs bancs du groupe LR.)
M. Raphaël Schellenberger. Elle n'était pas au courant ! (Sourires.)
M. Pierre Cordier. Ça flotte, au Gouvernement !
Mme Roselyne Bachelot, ministre de la culture. Je suis extrêmement honorée…
M. Raphaël Schellenberger. Et surprise !
Mme Roselyne Bachelot, ministre . …qu'on me confie la tâche de répondre à cette question. Fille de deux résistants, gaulliste depuis toujours, cet honneur m'étreint.
M. Patrick Hetzel. Le baratin, vous savez faire !
Mme Roselyne Bachelot, ministre . « Tout le monde a été, est ou sera gaulliste », comme l'a dit André Malraux, dont j'ai l'honneur d'occuper le bureau aujourd'hui, dans une sorte de filiation qui, là aussi, m'honore. (M. Erwan Balanant applaudit.)
Je crois qu'il ne convient pas, dans cette période de recueillement, de faire parler le général de Gaulle.
M. Pierre Cordier. Quelle modestie !
Mme Roselyne Bachelot, ministre . Qu'aurait-il fait, comment aurait-il réagi dans un contexte totalement inédit ? Nous ne devons nous souvenir que d'une chose, que vous avez esquissée : les leçons qu'il nous a laissées – les leçons de dévouement, d'éthique de responsabilité, d'ascèse dans l'exercice du pouvoir. C'est la seule chose dont nous devons nous souvenir.
Nous ne pouvons, finalement, à la suite du général de Gaulle, que nous reconnaître dans cette phrase qu'il adressait à la France : « mère, tels que nous sommes, nous voici pour vous servir ». C'est ce qui nous réunit tous. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem et sur de nombreux bancs des groupes SOC et GDR.)
Auteur : M. Marc Le Fur
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Culture
Ministère répondant : Culture
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 11 novembre 2020