Question au Gouvernement n° 3920 :
Situation du secteur culturel

15e Législature

Question de : Mme Martine Wonner
Bas-Rhin (4e circonscription) - Libertés et Territoires

Question posée en séance, et publiée le 31 mars 2021


SITUATION DU SECTEUR CULTUREL

M. le président. La parole est à Mme Martine Wonner.

Mme Martine Wonner. Monsieur le Premier ministre, mes premières pensées vont naturellement à Mme Roselyne Bachelot, ministre de la culture, à qui j'aurais souhaité poser cette question. Je commencerai par cette phrase prononcée par Camus en 1951 : « Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. »

Mes chers collègues, depuis des mois, malgré toutes ses déclarations, le Gouvernement, par ses actions et par ses choix, a sacrifié la culture. Celle-ci n'entre pas dans la logique économico-macronienne et constitue, dès lors, un bouc émissaire.

La culture permet à la population de rêver, de s'échapper, de faire ce qui la distingue des autres espèces de la Terre, de faire humanité. La culture permet à la population de s'éveiller,…

M. Patrick Hetzel. Elle a été élue sous quel label ?

Mme Martine Wonner. …de s'émouvoir, de se poser des questions – toutes les questions, même celles qui dérangent.

Ne nous leurrons pas : nous sommes à l'aube de mesures encore plus strictes, qui seront validées par celui qui, en début de mandat, prétendait, en se référant à Paul Ricœur, tant aimer la philosophie et la culture. Nos théâtres, cinémas, salles de concert, musées, opéras et espaces culturels resteront fermés encore et encore.

Pendant ce temps, les Français, coupés de tout lien social, se nourrissent d'une soupe appelée Netflix ou Spotify. Le rouleau compresseur de la gafamisation est bel et bien en marche. Pourtant, la culture est un puissant remède. La culture soigne. La culture est vitale. La culture est l'un des piliers essentiels de notre démocratie.

Les Français se souviendront longtemps de l'épisode de la fermeture des librairies, de la privation de ces nourritures de l'esprit. Jusqu'à quand comptez-vous, monsieur le Premier ministre, laisser toutes ces lumières éteintes ? (M. Jean Lassalle applaudit.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement.

M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Madame la députée, vous me permettrez à mon tour d'avoir une pensée affectueuse pour ma collègue Roselyne Bachelot, qui se bat contre le virus avec la force et la ténacité que nous lui connaissons, et avec la même mobilisation que toujours pour défendre le secteur culturel. (Applaudissements sur tous les bancs.)

Il y a quelques semaines d'ailleurs, ici même, Roselyne Bachelot rappelait que 85 % des citoyens européens sont actuellement privés de leurs lieux de culture, ce qui est un crève-cœur pour tout le monde. Les quelques gouvernements qui ont maintenu leurs lieux de culture ouverts l'on fait soit parce que le virus circule très peu dans leur pays, et tant mieux pour eux, soit parce qu'ils n'ont pas assez d'argent pour indemniser les professionnels de la culture comme nous le faisons en France. En effet, peu de pays au monde indemnisent autant que nous les professionnels de la culture et les artistes (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM. – M. Jimmy Pahun applaudit également), avec 9 milliards d'euros depuis le début de cette crise, l'année blanche pour les intermittents du spectacle et la compensation des pertes de billetterie.

Il y a encore quelques jours, j'assistais, en compagnie du Premier ministre et de Roselyne Bachelot, à une réunion avec les représentants du secteur de la culture : nous avons débloqué 20 millions d'euros supplémentaires pour l'emploi artistique et fait progresser la protection maladie et les droits en matière de maternité pour les intermittents du spectacle.

Tout cela est très concret, madame Wonner, mais je sais que je ne vous convaincrai pas car, pour vous, soutenir le cinéma, c'est participer aux pires films complotistes. Pour vous, soutenir le spectacle vivant, c'est participer à des happenings, comme vous l'avez fait encore samedi dernier pour revendiquer le non-port du masque et l'absence de gestes barrières. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs du groupe Dem.) Pour vous, soutenir la littérature, c'est relayer de fausses études scientifiques pour embourber les Français et semer la confusion. Voilà la réalité madame la députée. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

M. Florian Bachelier et M. Erwan Balanant . Très bien !

M. Gabriel Attal, secrétaire d'État . Nous soutenons les artistes et le secteur de la culture, et nous allons continuer à le faire avec la même vigueur et le même engagement car, s'il est un point sur lequel je me reconnais dans votre question, c'est bien que nous avons besoin de la culture, qui fait le sel de notre nation. Nous allons continuer à la défendre mais, malheureusement, sur ce point comme sur les autres, nous n'aurons pas votre soutien. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, Dem et Agir ens.)

Données clés

Auteur : Mme Martine Wonner

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Culture

Ministère interrogé : Porte-parole du Gouvernement

Ministère répondant : Porte-parole du Gouvernement

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 31 mars 2021

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