Attaque Djihadiste au Burkina Faso
Question de :
Mme Carole Bureau-Bonnard
Oise (6e circonscription) - La République en Marche
Question posée en séance, et publiée le 9 juin 2021
ATTAQUE DJIHADISTE AU BURKINA FASO
M. le président. La parole est à Mme Carole Bureau-Bonnard.
Mme Carole Bureau-Bonnard. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères ; j'y associe mes collègues Sira Sylla, Huguette Tiegna et Jacques Maire. Ces dernières années, de nombreuses attaques attribuées à des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique sont à déplorer dans les pays du G5 Sahel.
Dans la nuit du 4 au 5 juin, le Burkina Faso a connu une attaque particulièrement meurtrière. Un groupe de terroristes est entré dans la ville de Solhan, a visé un poste de volontaires pour la défense de la patrie et s'en est ensuite pris aux maisons avant d'exécuter des habitants. On déplore plus de 160 morts, dont une vingtaine d'enfants. Un deuil national de trois jours a été décrété en hommage aux victimes, et le Président de la République burkinabée a appelé ses compatriotes à rester unis et soudés contre les forces obscurantistes. Je souhaite m'associer à la douleur des familles et exprimer au nom de mes collègues parlementaires – et plus particulièrement des membres du groupe d'amitié France-Burkina Faso – l'effroi ressenti face à cette attaque ignoble et barbare.
Consciente des situations précaires et difficiles dans les nombreuses zones où les groupes terroristes prospèrent, la France s'est engagée, à la demande des pays du G5 Sahel, notamment avec l'opération Barkhane depuis 2014. Cette opération, qui mobilise plus de 5 000 militaires français et 3 000 militaires européens, appuyés par les troupes locales, a pour mission de lutter contre le terrorisme. Elle participe également à la consolidation des États et à l'accentuation des actions de développement des territoires menées par l'Agence française de développement, comme l'a rappelé le rapport de nos collègues Sereine Mauborgne et Nathalie Serre en conclusion des travaux de la mission d'information sur l'opération Barkhane.
Sachant ce pays longtemps réticent à demander l'appui de l'opération Barkhane sur son territoire, pourriez-vous nous renseigner sur la capacité des forces armées du Burkina Faso à combattre le terrorisme ? Quelles actions militaires, humanitaires et politiques la France envisage-t-elle de déployer ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Christian Hutin. Ah ! Le Monde diplomatique !
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Le drame qui s'est déroulé au Burkina Faso dans la nuit du 4 au 5 juin a entraîné un carnage innommable. Avec une sauvagerie inouïe, 160 habitants de ce village situé à proximité du Niger – des femmes, des jeunes et des enfants – ont été assassinés,…
M. Christian Hutin. Ça, tout le monde le sait ! (« Oh ! » sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M. Jean-Yves Le Drian, ministre . …après l'attaque du poste de volontaires pour la défense de la patrie installé pour les protéger. Dimanche dernier, j'ai adressé au président Kaboré les condoléances de la France, en l'assurant de notre pleine solidarité avec le peuple burkinabé. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI et sur quelques bancs du groupe LaREM. – M. Philippe Berta applaudit également.) Ces villageois innocents ont été victimes de la lâcheté de terroristes qui n'ont pas encore été identifiés. Je vais me rendre à Ouagadougou cette semaine pour faire part au président Kaboré de l'empathie et du soutien du président Macron et du peuple français, et de celui de votre groupe d'amitié et, plus largement, de l'ensemble du Parlement français.
M. Jean-Luc Mélenchon. Exactement !
M. Jean-Yves Le Drian, ministre . Je rappellerai que les élections au Burkina Faso se sont déroulées récemment, au mois de novembre, dans les meilleures conditions démocratiques – c'est important de le souligner. Le Burkina Faso fait partie de la force conjointe du G5 Sahel ; en ce moment même, nous poursuivons les opérations militaires dans la zone des trois frontières en étroite coordination avec les armées partenaires, avec la force conjointe du G5 Sahel et évidemment avec la force Barkhane. Mais cet événement dramatique nous montre que les actions militaires ne suffiront pas…
M. Jean-Luc Mélenchon. Eh non !
M. Christian Hutin. C'est terminé !
M. Jean-Yves Le Drian, ministre . …si les États ne reconquièrent pas leur propre territoire. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LaREM et Dem.)
Auteur : Mme Carole Bureau-Bonnard
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Terrorisme
Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères
Ministère répondant : Europe et affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 9 juin 2021