Question au Gouvernement n° 994 :
recrutement des enseignants

15e Législature

Question de : Mme Géraldine Bannier
Mayenne (2e circonscription) - Mouvement Démocrate et apparentés

Question posée en séance, et publiée le 14 juin 2018


RECRUTEMENT DES ENSEIGNANTS

M. le président. La parole est à Mme Géraldine Bannier, pour le groupe du Mouvement démocrate et apparentés.

Mme Géraldine Bannier. Merci, monsieur le président. D'abord un mot pour la commune mayennaise du Genest-Saint-Isle, dont l'école a été récemment ravagée du fait des intempéries.

Monsieur le ministre de l'éducation nationale, la pénurie d'enseignants se confirme à l'heure des admissibilités aux concours. Cette année encore, le nombre d'admissibles laisse d'ores et déjà prévoir un nouveau déficit d'enseignants. Ainsi, dans le primaire, on manquera encore d'enseignants dans certaines académies comme Créteil et Versailles. (M. Jean Lassalle applaudit.)

Pour le secondaire, la situation n'est pas meilleure : on compte 1 770 admissibles au CAPES de mathématiques pour 1 183 postes, 1 390 admissibles en lettres modernes pour 1 040 postes, 105 admissibles en lettres classiques pour 183 postes. Au total, plus de 10 000 postes n'ont pas été pourvus dans le secondaire entre 2008 et 2015. (M. Jean Lassalle applaudit.)

La Cour des comptes, dans son référé du 4 juin, recommande de changer la place du concours de recrutement, avec des épreuves d'admissibilité en fin de licence et des épreuves d'admission fondées sur des enseignements de professionnalisation en cours de première année de master. Vous y avez répondu favorablement, indiquant l'ouverture d'un chantier spécifique de réflexion sur le prérecrutement. Mais cela suffira-t-il ?

Il faut impérativement que la société entière se saisisse du problème et qu'à nouveau, chacun accorde sa confiance au monde enseignant. Je n'ai vu, dans l'immense majorité des cas, tout au long de ma carrière, que des enseignants consciencieux (Applaudissements sur les bancs du groupe MODEM et sur plusieurs bancs des groupes LaREM et FI), déplacés souvent jeunes loin de leur région d'origine, très volontaires et conscients de leur responsabilité face à des publics à qui ils donnent tout ce qu'ils peuvent.

Comment dès lors améliorer leurs conditions d'exercice ? Comment améliorer l'attractivité de la profession, pour que ce métier, certes exigeant, redevienne aux yeux des futurs étudiants ce qu'il n'a finalement jamais cessé d'être : le plus beau métier du monde ? (Applaudissements sur les bancs des groupes MODEM et LaREM, ainsi que sur plusieurs bancs du groupe LR.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale. Madame la députée, la question que vous soulevez est très importante. C'est une question française. C'est aussi une question mondiale. Tous les systèmes scolaires du monde ou presque souffrent d'un manque de candidats aux concours ou aux postes d'enseignants.

C'est évidemment un diagnostic que nous devons partager, mais nous devons surtout formuler des préconisations concrètes, au lendemain d'un rapport, dont vous avez souligné l'existence, de l'Organisation de coopération et de développement économiques – OCDE.

Sur le constat, ce que vous avez dit est évidemment juste et la situation est à peu près stagnante depuis plusieurs années. Chaque année, un peu plus de 12 000 personnes réussissent les concours du premier degré. La question du premier degré est d'ailleurs moins inquiétante que celle du second degré, parce que nous parvenons à pourvoir presque tous les postes par concours, malgré quelques difficultés dans les académies de Créteil et de Versailles. Nous sommes capables d'ouvrir des concours externes qui nous permettent de répondre aux besoins.

S'agissant du second degré, le problème se pose tout particulièrement dans certaines disciplines, en France comme dans d'autres pays du monde, particulièrement pour les mathématiques et les sciences. C'est donc une stratégie de court terme, de moyen terme et de long terme que nous devons avoir pour recréer l'attractivité du métier d'enseignant.

Cette stratégie passe par la plupart des mesures que j'ai eu l'occasion de vous exposer ici, mais elle passera d'abord et avant tout par l'évolution du recrutement et de la carrière des enseignants en France. C'est un chantier que nous sommes en train d'ouvrir et sur lequel je réinterviendrai tout au long de l'année.

Elle passera notamment, en ligne avec les préconisations de l'OCDE, par un renforcement du prérecrutement, une capacité à accompagner dès après le baccalauréat, et en tout cas après la licence, les futurs professeurs…

Mme Huguette Bello. Payez-les mieux !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . …de façon à ce que les vocations soient encouragées. Il y a aussi une dimension qui engage toute la société française, donc vous toutes et vous tous, c'est l'esprit de confiance que nous manifestons vis-à-vis des professeurs, comme l'a montré votre question. Notre société doit remettre le professeur en son centre. Ce sera un signe de grande santé. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

Données clés

Auteur : Mme Géraldine Bannier

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : Éducation nationale

Ministère répondant : Éducation nationale

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 juin 2018

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