- Texte visé : Texte de la commission sur la proposition de loi, adoptée par le Sénat, visant à protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive (n°1816)., n° 1934-A0
- Stade de lecture : 1ère lecture (2ème assemblée saisie)
- Examiné par : Assemblée nationale (séance publique)
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L’écriture inclusive sert un projet politique : l’égalité, inscrite au fronton de notre République. La droite et l'extrême-droite qui proposent ce projet de loi se cachent derrière l’inclusion des personnes qui ont des difficultés à apprendre à lire mais ne font nullement la promotion d'une simplification massive de notre orthographe que recommandent de nombreux linguistes.
Les auteurs et autrices de cette proposition entretiennent une confusion entre égalité et uniformité. Leur combat contre l’écriture inclusive s’inscrit dans une entreprise de confusion au service d'un projet politique inégalitaire et anti-républicain.
Parce qu’elle vient bousculer notre imaginaire collectif emprunt de domination masculine depuis des siècles ; parce qu’elle permet de diversifier nos représentations ; parce qu’elle redonne du pouvoir à celles dont on nie une part d’existence depuis si longtemps ; parce que la langue est puissante lorsqu’elle permet à chacun et chacune de se sentir exister à travers les mots, l'écriture inclusive vit et vivra, se développe et se développera dans le sens de l’histoire.
Le langage est le reflet des évolutions de notre société : oui désormais les femmes sont présentes partout, les reconnaître par la langue est une aspiration à l’égalité. Vouloir figer la langue en dehors du réel langagier de notre époque et en dehors du champ social et politique relève d’une ignorance profonde, ou d’une visée réactionnaire.
Défenseuses de l’écriture égalitaire, nous rendons un femmage ici à la langue française en souhaitant participer à son développement dans tous nos espaces de vie. En réfléchissant à ses avancées techniques, à la façon dont elle évolue, pourquoi ne pas la questionner parfois d’ailleurs ? L’analyse passionnée des linguistes est si précieuse et essentielle à nos débats, alors puisons dans des termes oubliés du passé puisqu’ils existent et que nous les utilisions jusqu'au 17ème siècle. Notre matrimoine en regorge : autrice, médecine, archière, ferrone, mairesse, chevaleresse, chirurgienne, doctoresse et j’en passe.
Faisons évoluer la langue comme elle l’y aspire : non pas en interdisant le point médian qui cristallise tant de crispations et qui fait couler tant d’encre, mais en rendant cette abréviation genrée plus juste. Enrichir notre langue, la magnifier, pour tendre vers l’égalité voilà quelle devrait être notre aspiration collective. Alors réjouissons nous de voir un mouvement pour se la réapproprier, la penser et la discuter. La langue appartient à toutes et tous, vive l’écriture égalitaire !