XVIIe législature
Session ordinaire de 2024-2025

Séance du mercredi 09 octobre 2024

Sommaire détaillé
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Séance du mercredi 09 octobre 2024

Présidence de Mme Yaël Braun-Pivet

Mme la présidente

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à quatorze heures.)

    1. Questions au Gouvernement

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle les questions au Gouvernement.

    Précarité des seniors

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Élise Leboucher.

    Mme Élise Leboucher

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    Monsieur le Premier ministre, qui a dit : « Chez moi il fait froid, mais avec le prix du chauffage, je mets deux gros pulls et ça va. Je préfère manger que me chauffer » ? Non, ce n’est pas Bruno Le Maire et ses cols roulés en cachemire,…

    M. Erwan Balanant

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    C’est très bien, les cols roulés !

    Mme Élise Leboucher

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    …mais Jeanne, dans la Sarthe, retraitée de chez Moulinex où elle a fait la totalité de sa carrière.
    Même discours chez nombre de retraités à qui vous prévoyez de faire les poches en imposant, on le sait déjà, le budget le plus violent de l’histoire de la Ve République. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Monsieur le Premier ministre, je vous suspecte d’avoir été trop attentif aux propositions de M. Attal, dont le ministre de l’économie prévoyait déjà une sous-indexation des retraites dans le secret des couloirs de Bercy.

    M. Hadrien Clouet

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    C’est honteux !

    Mme Élise Leboucher

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    Souffrez donc que nous vous disions ce que nous en pensons. Refuser d’indexer les retraites sur l’inflation durant les mois d’hiver est ignoble. (Mêmes mouvements.) Plutôt que de rétablir une dose de justice fiscale, vous faites le choix de matraquer une catégorie de la population qui n’a fait que s’appauvrir ces cinq dernières années.
    Ce n’est pas une découverte : la précarité des seniors s’accentue à mesure que les services publics reculent. Qui assure les services auprès des personnes âgées ? Les services à l’autonomie ? Les Ehpad publics ? Le portage des repas ? L’accompagnement administratif ? Ce sont les collectivités locales, précisément celles que vous voulez mettre au régime alors qu’elles sont déjà à l’os. (Mêmes mouvements.)

    M. Andy Kerbrat

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    Eh oui !

    Mme Élise Leboucher

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    Mes chers collègues, vous êtes des élus de territoire, vous connaissez la détresse de nos anciens, vous savez où nous conduisent ces politiques, alors n’en soyez pas les complices !
    Personne ne devrait se sentir suffisamment légitime pour toucher à l’indexation des retraites, encore moins un Premier ministre issu d’un parti qui, depuis quinze ans, a perdu toutes les élections dans ce pays !
    Monsieur le Premier ministre, le peuple français, souverain, n’a pas voulu de vous. Alors, au nom de quoi lui imposez-vous des mesures aussi dégradantes pour la République et la dignité ? (Les députés du groupe LFI-NFP et quelques députés du groupe EcoS se lèvent et applaudissent.)

    M. Hadrien Clouet

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    Même l’inflation fait plus que vous aux élections !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre du travail et de l’emploi.

    Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du travail et de l’emploi

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    Le Gouvernement a effectivement décidé de retarder de six mois la revalorisation des pensions de retraite, hors minima sociaux, pour qu’elle soit effective en juillet 2025, et non plus en janvier.

    M. Nicolas Sansu

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    Et M. Attal est d’accord !

    Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre

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    Le principe de l’indexation des retraites sur l’inflation est donc sauvegardé. Seule la date est décalée (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP) pour prendre en considération le contexte exceptionnel des finances publiques et de l’évolution positive des prix. Ce mécanisme de décalage est d’ailleurs similaire à celui qui a été mis en œuvre en 2014.
    Le Gouvernement vise à prendre en considération l’évolution favorable de l’inflation au cours des derniers mois, afin de demander aux retraités dont le pouvoir d’achat a été préservé une contribution à l’effort collectif. (Mêmes mouvements.) Les pensions ont été revalorisées de 5,3 % en janvier, compte tenu du très fort niveau d’inflation en janvier 2023. Entre-temps, celle-ci a diminué…

    M. Jean-François Coulomme

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    Non, l’augmentation a ralenti !

    Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre

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    …au-delà des anticipations des économistes, tombant à un rythme annuel de 1,2 %. Par ailleurs, le Gouvernement a tenu à préserver les retraités les plus modestes : les minima sociaux, qui ne sont pas concernés, seront donc revalorisés.
    En complément des 600 000 personnes qui avaient bénéficié d’une revalorisation de leur pension en septembre 2023, les petites retraites d’environ 850 000 personnes ont également été revalorisées au 1er octobre, conformément aux engagements pris lors de la dernière réforme défendue par Élisabeth Borne et Olivier Dussopt.
    Nous comprenons parfaitement que ce décalage puisse être une source d’inquiétude (Mêmes mouvements), mais comme l’a dit le Premier ministre, il s’agit d’un effort général. Nous restons ouverts aux discussions avec les parlementaires.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Élise Leboucher.

    Mme Élise Leboucher

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    On compte aujourd’hui 2 millions de seniors vivant sous le seuil de pauvreté. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Une grande majorité d’entre eux sont des femmes, dont les pensions de retraite sont de 40 % moins élevées que celles des hommes. Vos mesures vont jeter ces 2 millions de personnes dans une précarité encore plus grande ! (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent.)

    Situation à la Martinique

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Béatrice Bellay.

    Mme Béatrice Bellay

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    Monsieur le ministre des outre-mer, dans nos pays des océans règnent pauvreté, chômage de masse, empoisonnement environnemental, importations alimentaires par tonnes incommensurables, non-recours au droit, difficultés d’accès aux soins – et j’en passe. Quelle vie nous menons ! Vous le voyez, elle n’a rien à voir avec les bienfaits de la colonisation vantés par votre collègue ministre de l’intérieur. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    Comme l’a précisé mon collègue Jiovanny William, les citoyens ont décidé de se mobiliser afin d’obtenir de la grande distribution une baisse immédiate des prix alimentaires, car ils sont las de payer un pack de bouteilles d’eau plus de 10 euros, las de devoir se priver d’une alimentation saine et équilibrée, las de subir cette captivité commerciale et institutionnelle.
    Si depuis le mois d’août les mobilisations ont été plutôt pacifiques, certaines nuits ont été émaillées de détériorations graves de l’espace public, de pillages de magasins – notamment dans le quartier Sainte-Thérèse de Fort-de-France, qui paie le plus lourd tribut à cette colère populaire.
    Des négociations ont été entamées, mais votre représentant à la table, le préfet, n’a rien pu dire. Rien, si ce n’est qu’il chercherait des réponses auprès de vous, monsieur le ministre. Peu de temps après, nous avons vu arriver des centaines de gendarmes ainsi que la compagnie républicaine de sécurité no 8 – la CRS 8, connue pour sa réputation délétère. Est-ce là votre seule réponse à la colère sociale, sourde et bruyante de la Martinique ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et GDR.)
    Pire, face à la dégradation de toutes les sécurités, vous avez fait le choix de présenter un budget d’austérité, qui prévoit, d’après ce que nous en avons lu, la réduction de 275 millions d’euros dans la mission Outre-mer du projet de loi de finances.

    M. Sylvain Maillard

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    C’est faux !

    Mme Béatrice Bellay

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    Alors que les ultramarins réclament l’engagement de l’État pour assurer le blocage des prix, la continuité territoriale, l’accès aux soins, le développement économique, l’emploi et l’augmentation des salaires, vous rabotez encore et toujours sur ceux qui n’ont déjà rien.

    M. Sylvain Maillard

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    C’est faux !

    Mme Béatrice Bellay

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    Monsieur le ministre, quand prendrez-vous conscience qu’il faut adopter une vision décoloniale de nos territoires et de leurs habitants ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et LFI-NFP.) Quand mettrez-vous en place des mesures d’égalité réelle ? Quelles sont vos réponses aux questions que votre propre préfet… (Mme la présidente coupe le micro de l’oratrice, dont le temps de parole est écoulé. – Les députés des groupes SOC et LFI-NFP se lèvent et applaudissent. – Les députés des groupes GDR et EcoS applaudissent également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre des outre-mer.

    M. François-Noël Buffet, ministre des outre-mer

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    Dans cette période difficile que traverse la Martinique, et plus généralement les outre-mer, la mesure du propos me paraît essentielle. La façon dont vous avez terminé votre intervention, je ne la partage pas – ni sur le fond ni sur la forme. (Exclamations sur les bancs du groupe SOC.)

    M. Jérôme Guedj

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    On n’est pas à l’école !

    M. François-Noël Buffet, ministre

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    Certes, les choses sont provisoirement rentrées dans l’ordre, mais je reste convaincu qu’au vu des événements en Martinique, il faut d’abord appeler à ce que le calme se maintienne. Je remercie M. le ministre de l’intérieur, qui a permis la présence des forces de l’ordre sur le territoire, alors que des tirs d’armes à feu ont encore eu lieu l’avant-dernière nuit.
    Le préfet est au travail et l’État est mobilisé pour apporter une réponse…

    Mme Clémence Guetté

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    C’est n’importe quoi !

    M. François-Noël Buffet, ministre

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    …à la situation ponctuelle de la Martinique.

    M. Louis Boyard

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    Ponctuelle !

    M. François-Noël Buffet, ministre

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    Pourriez-vous avoir la courtoisie de me laisser répondre ?
    Le Gouvernement est mobilisé pour répondre rapidement à la situation. Nous savons qu’une importante réunion est prévue jeudi en Martinique ; elle réunira autour du préfet un grand nombre de participants. Nous savons aussi que la problématique de fond est parfaitement identifiée et qu’elle est multifactorielle. Il faudra par la suite s’engager dans un travail beaucoup plus approfondi de réforme. C’est l’une des missions que j’assumerai dans les jours prochains.
    Seuls la mesure et le travail en concertation permettront d’aboutir à une solution durable pour les Antilles, si ce n’est pour l’ensemble des outre-mer. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.)

    M. Louis Boyard

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    C’est honteux !

    Violence des jeunes

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Alexandra Martin.

    Mme Alexandra Martin

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    Monsieur le ministre de la justice, la recrudescence des actes de délinquance commis par des mineurs de plus en plus jeunes et violents constitue aujourd’hui une menace, non seulement pour la sécurité publique, mais aussi pour l’avenir de nos jeunes. Elle traduit un véritable effondrement de l’autorité. La loi du clan prend le dessus sur la loi de la France.
    À Marseille, nous avons appris avec stupeur l’interpellation de ce jeune garçon de 14 ans après qu’il a froidement abattu un chauffeur de VTC, véhicule de transport avec chauffeur. Que risque ce criminel ? À 14 ans, l’excuse de minorité ne pourra pas être levée et sa peine sera atténuée comme le prévoit l’article 122-8 du code pénal.
    Dans ce cas, comme malheureusement dans de nombreux autres, nous ne pouvons que déplorer un décalage entre le code de la justice pénale des mineurs et cette violence, voire cette ultraviolence, des jeunes.
    Dès 2022, j’ai déposé plusieurs propositions de loi – dont encore une récemment – envisageant des évolutions pénales concrètes pour lutter efficacement contre cette nouvelle délinquance. J’ai notamment proposé qu’à partir de 13 ans, le bénéfice de réduction de peine, la fameuse excuse de minorité, ne soit plus automatique, mais devienne l’exception, soumise à la décision motivée du magistrat.

    M. Erwan Balanant

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    Mais non !

    Mme Alexandra Martin

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    J’ai également suggéré le renforcement de la responsabilité pénale des parents ou le développement de centres éducatifs fermés appropriés. Or ces propositions, pourtant urgentes et soutenues par de nombreux élus et citoyens, ont été systématiquement balayées et moquées par les gouvernements précédents.
    Le Premier ministre et le ministre de l’intérieur ont récemment exprimé leur volonté de faire de la lutte contre cette forme de délinquance une priorité. Monsieur le ministre, comment comptez-vous garantir la mise en œuvre des réformes nécessaires pour restaurer l’autorité et la sécurité de nos concitoyens, mais aussi pour trouver des solutions pour encadrer ces jeunes ? (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement.

    Mme Maud Bregeon, ministre déléguée auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement

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    Le Gouvernement partage votre colère face à ce que vit votre ville, et ce depuis trop longtemps. Vous avez raison : nous devons être lucides sur la situation. Cela exige d’abord de nommer les choses : on assiste à une hausse du nombre d’actes de violence, une violence inacceptable et commise par des jeunes toujours plus jeunes. Nous le constatons depuis plusieurs années et il faut y apporter des réponses en faisant évoluer notre arsenal législatif.
    Le Premier ministre, avec le garde des sceaux, a souhaité que l’excuse de minorité soit réexaminée…

    Mme Andrée Taurinya

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    Scandaleux !

    Mme Maud Bregeon, ministre déléguée

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    …afin de l’atténuer et de répondre plus efficacement et fermement à la violence des mineurs, laquelle empêche la vie dans nombre de quartiers, non seulement à Marseille, mais aussi dans bon nombre de circonscriptions de France. (Mme Justine Gruet applaudit.)

    M. Jean-Paul Lecoq

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    Il faut des éducateurs ! Des moyens pour l’éducation !

    Crise agricole

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Benoît Biteau.

    M. Benoît Biteau

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    Madame la ministre de l’agriculture, au début de l’année, la détresse des agriculteurs a ému l’ensemble des Français. La mobilisation à laquelle nous avons assisté était motivée par une sévère crise du revenu, que les mesurettes prises par le gouvernement précédent n’ont pas réglée.
    Ce qui menace désormais la productivité de l’agriculture, la souveraineté alimentaire et le revenu des agriculteurs,…

    M. Nicolas Meizonnet

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    C’est vous !

    M. Benoît Biteau

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    …c’est le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

    M. Jordan Guitton

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    C’est faux !

    M. Benoît Biteau

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    La crise est structurelle et exige une réorientation profonde des politiques publiques afin de soutenir la bifurcation des pratiques vers des modèles plus résilients. Les agriculteurs méritent mieux que des mesures qui ne sont qu’un pansement sur une jambe de bois ! (Mêmes mouvements.)
    Les épisodes météorologiques et sanitaires de cet été confirment cette analyse.

    M. Nicolas Meizonnet

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    Vous détestez les agriculteurs !

    M. Benoît Biteau

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    Ils plongent les agriculteurs dans une crise encore plus profonde et renforcent le caractère d’urgence des mesures à prendre avec audace et courage.
    Quand mobiliserez-vous la réserve de crise agricole de l’Union européenne, outil de solidarité mutuelle des agriculteurs, pour indemniser non seulement les pertes liées à la fièvre catarrhale, à la maladie hémorragique, aux salmonelloses, à la grippe aviaire et à l’ensemble des souches pathogènes, mais aussi les pertes de revenus induites par des phénomènes annexes tels que la stérilité ou l’avortement, comme le réclamaient la semaine dernière les éleveurs au sommet de l’élevage de Cournon ?
    En pleine réflexion sur la politique agricole commune (PAC), allez-vous enfin réinventer les modalités de soutien à l’agriculture pour être au rendez-vous de l’histoire en matière de climat et de biodiversité, mais aussi pour que les deniers publics rémunèrent les pratiques vertueuses et sécurisent des revenus agricoles devenus trop aléatoires dans cette économie mondialisée ?
    Sans ces décisions fondamentales et urgentes, l’agriculture, la souveraineté alimentaire, les paysans et leurs revenus seront les premières et principales victimes de la dette environnementale évoquée par M. le Premier ministre. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt

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    Votre question embrasse un grand nombre de sujets. Vous avez évoqué tous les maux qui fondent en ce moment sur le monde agricole et sur les agriculteurs ; vous avez évoqué la crise de revenu, qui a provoqué des manifestations et des mobilisations il y a un an. Vous avez évoqué la nécessité de travailler à une meilleure souveraineté alimentaire – c’est fondamental.

    M. Jean-François Coulomme

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    Exactement !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    Vous avez évoqué la crise climatique, la crise sanitaire… bref, tous les sujets que je suis amenée à traiter dans l’urgence au ministère, avec l’aide de l’ensemble de ses fonctionnaires et des membres de mon cabinet. Nous sommes pleinement mobilisés !
    Permettez-moi de revenir sur quelques points. D’abord, il faut apporter des réponses, car le monde agricole traverse une véritable crise, celle de la perte de sens qui naît lorsque les agriculteurs ne se sentent pas soutenus par la nation, lorsqu’ils sont accusés de tous les maux et lorsque les problèmes auxquels ils sont confrontés ne sont pas réglés. Prenons l’exemple de la crise sanitaire : elle est majeure, elle est profonde, elle est grave ; elle touche tout notre territoire national et prend diverses formes, celle de la fièvre catarrhale ovine de sérotype 8 (FCO 8), celle de la FCO 3 ou celle de la maladie hémorragique épizootique (MHE) – mais vous savez tout cela par cœur.
    Lors du sommet de l’élevage qui s’est tenu à Cournon, le Premier ministre a annoncé un plan d’action et de soutien massif à la filière ovine, qui est probablement, de toutes les filières d’élevage, celle qui souffre le plus. Ce plan comprend un fonds d’urgence de 75 millions d’euros, l’extension de la vaccination gratuite et volontaire pour l’ensemble des filières ovine et bovine contre la FCO 3, ainsi que la mobilisation du fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) pour aider les éleveurs confrontés à la FCO 10 et à la MHE.
    Nous faisons toutefois face à un véritable problème de sécurité et de souveraineté sanitaire, car nous ne disposons pas de suffisamment de vaccins. Je veux toutefois vous assurer de la pleine mobilisation de mon ministère sur ces sujets. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et DR.)

    Contrat de présence postale territoriale

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Laurent Croizier.

    M. Laurent Croizier

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    La Poste occupe une place à part dans le cœur des Français.

    M. Sylvain Maillard

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    C’est vrai !

    M. Laurent Croizier

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    Si La Poste bénéficie d’un fort capital de sympathie, c’est que nos concitoyens sont attachés à ses missions de service public : elle incarne un service de proximité, utile au quotidien, au travers des missions que l’État lui a confiées. Le groupe Les Démocrates est attaché à l’égalité d’accès aux services publics ; il est attaché à leur présence, au plus près de nos concitoyens, particulièrement dans les territoires ruraux. J’y veille moi-même – je le faisais encore lundi à Quingey – et chacun y veille dans sa circonscription.
    Nous avons exprimé, comme de nombreux élus locaux, notre très vive inquiétude à l’annonce d’un possible gel de 50 millions d’euros initialement alloués au contrat de présence territoriale de La Poste. Lorsque l’un de nos villages perd un service public, lorsqu’il perd son bureau de poste, lorsqu’il perd son école, on porte atteinte à sa vitalité, on crée des inégalités territoriales.

    M. Sylvain Maillard

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    Il a raison !

    M. Laurent Croizier

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    Monsieur le Premier ministre, le groupe Les Démocrates partage avec vous l’impératif de maîtrise des dépenses publiques et de réduction du déficit. La responsabilité budgétaire ne peut toutefois s’opérer aux dépens du maintien des services publics dans les territoires ruraux. Vous avez annoncé vendredi dans le journal Le Monde que cette piste ne serait finalement pas suivie et que le contrat de présence territoriale serait préservé : pouvez-vous, devant la représentation nationale, confirmer cet engagement ?
    Le maintien du budget initial ne règle cependant pas une question plus structurelle. La Poste fait face depuis plusieurs années à l’évolution des usages et à une concurrence accrue : la baisse continue du volume de courrier réduit de fait sa rentabilité, l’obligeant à s’adapter et à trouver de nouvelles activités. Comment l’État compte-t-il accompagner ce groupe dans cette évolution, en gardant toujours à l’esprit l’objectif d’un niveau suffisant de présence territoriale ? (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR.)

    M. Sylvain Maillard

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie.

    M. Sylvain Maillard

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    Et de La Poste !

    M. Antoine Armand, ministre de l’économie, des finances et de l’industrie

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    Merci pour votre interpellation, qui me permet d’apporter à la représentation nationale une clarification. Ma réponse sera très directe : le projet de budget que nous vous présenterons ne changera pas une virgule au montant que l’État verse à La Poste pour sa mission de distribution du courrier et de service universel postal. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR.)
    C’est un choix qui nous semble tout à fait légitime, car La Poste assume une mission de service public essentielle, qui permet à plus de 97 % des habitants de trouver un point de contact avec La Poste à moins de 5 kilomètres de chez eux et contribue à l’ensemble des services publics de proximité, auquel je vous sais très attaché, ainsi que votre groupe. C’est pourquoi je veux redire ici que le Gouvernement ne sera pas à l’origine d’une réduction de l’accès à ces services publics de proximité et certainement pas aux services que vous avez mentionnés.
    Le Premier ministre lui-même a déjà eu l’occasion de rappeler son attachement aux maisons France Services, développées ces dernières années par les ministres de la fonction publique et des territoires. Il y va de la cohésion nationale.
    Je sais enfin votre attachement, monsieur le député, aux services publics, et l’attachement des Français aux 17 000 points de présence postale. En tant qu’élu d’un territoire rural et montagnard, j’y suis moi-même viscéralement attaché : vous pouvez donc compter à la fois sur l’engagement du Gouvernement et sur mon engagement personnel. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR.)

    Statut de la Corse

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Michel Castellani.

    M. Michel Castellani

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    Le 11 mars dernier a été signé Place Beauvau un accord relatif à un projet d’écriture constitutionnelle, dessinant l’armature d’un statut d’autonomie pour la Corse. La dissolution a suspendu la transmission du projet à l’Assemblée nationale et au Sénat, ainsi que l’organisation du Congrès prévu à la fin de l’année.
    Conformément au vœu exprimé encore récemment par l’Assemblée de Corse, il conviendrait que le Président de la République, sur proposition du Premier ministre, saisisse le Parlement du projet de révision constitutionnelle, sur le fondement des écritures du 11 mars. En toute hypothèse, madame la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation de France, il est de votre compétence de renouer le dialogue pour apporter de réelles solutions à la question corse.
    Je vous demande donc selon quel calendrier et selon quelles procédures vous comptez donner suite au projet de réforme, comme je voudrais demander respectueusement au Président de la République d’appliquer l’article 89 de la Constitution. (Applaudissements sur les bancs du groupe LIOT et sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation.

    Mme Catherine Vautrin, ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation

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    Vous m’interrogez sur la poursuite du processus dit de Beauvau et je tiens à rappeler que le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, a affirmé sa volonté de poursuivre les échanges et de prolonger les discussions qui ont déjà eu lieu au sujet de ce processus.
    Comme vous le savez, c’est la commission des lois du Sénat, présidée jusqu’à récemment par mon collègue François-Noël Buffet, qui travaille sur les écritures constitutionnelles. Il est prévu que son rapport nous parvienne dès la fin du mois d’octobre et ses travaux seront, sitôt leur parution, transmis à la commission des lois de l’Assemblée nationale, dans l’objectif de poursuivre les échanges sur leur base initiale, avec les forces politiques et les forces vives de l’île.
    Je vous assure de la disponibilité du Gouvernement et de la mienne. La méthode à laquelle vous faisiez allusion prévoit, après ce travail préparatoire, de rédiger le projet de loi constitutionnelle, de le transmettre au Conseil d’État puis de programmer sa discussion devant le Parlement en 2025. Selon ce calendrier, le Congrès pourrait être réuni avant la fin de l’année 2025.
    Par ailleurs, je vous rappelle la volonté du Gouvernement et de ses ministres de se tenir aux côtés des élus locaux, pour répondre à différentes attentes. Ainsi, je recevrai dès demain le président de l’exécutif corse, et mardi prochain les parlementaires de l’île. Enfin, je me rendrai en Corse avant la fin du mois d’octobre.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Michel Castellani.

    M. Michel Castellani

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    Merci pour votre réponse. Permettez-moi de souligner que la question corse est particulière et qu’elle est grave. Sans la réforme que j’ai évoquée, on ne parviendra pas à l’assainissement d’une situation qui nous a portés aux désastres que sont l’acculturation, la spéculation galopante, les problèmes sociaux et la précarité. En Corse, nous sommes en train de tout perdre : notre terre, notre langue et même notre âme ! (M. Inaki Echaniz applaudit.)
    Je pense que la République sortirait grandie si elle prenait enfin en compte la question corse dans sa dimension humaine et dans sa profondeur historique. (Applaudissements sur les bancs du groupe LIOT et sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Très concrètement, le Gouvernement, conscient de l’importance de la Corse et de l’importance de l’autonomie de la Corse dans la République, entend bien continuer le dialogue.

    Difficultés de la filière viticole

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-François Portarrieu.

    M. Jean-François Portarrieu

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    Madame la ministre de l’agriculture, les vendanges sont terminées dans les vignobles français, mais elles n’ont pas rassuré le secteur viticole. Les difficultés s’accumulent depuis plusieurs années pour les vignerons : les aléas climatiques s’enchaînent et aux vagues de mildiou, de gel tardif et de grêle, s’ajoute désormais le problème de l’irrigation.
    La faiblesse des récoltes fait planer de grandes incertitudes sur la trésorerie de nombreuses exploitations. Un étalement des encours bancaires semble constituer une première mesure d’urgence pour une filière qui emploie 440 000 personnes et génère 6,5 milliards d’euros de recettes fiscales. Il faut y associer l’indispensable évolution du système d’assurance, actuellement basé sur la moyenne olympique : il est évident que cet indicateur ne correspond plus à la réalité de récoltes bouleversées par le réchauffement climatique. Quant au plan d’arrachage, il doit être bien calibré et appréhendé terroir par terroir, afin de tenir compte de la diversité de nos vignobles.
    Bien que la situation soit vraiment préoccupante pour la filière, la grande majorité des vignerons ne se résigne pas pour autant. Heureusement, puisque leur passion de la vigne et du vin contribue à notre économie à hauteur de 92 milliards d’euros. Leur engagement pèse encore près de 16 milliards d’euros sur la balance commerciale, malgré de nombreux freins à l’export, comme les menaces de surtaxe.
    Nos vignerons ont donc besoin d’être encouragés et de bénéficier d’un meilleur accompagnement. Malgré la lourdeur des normes, leur activité vitalise notre ruralité, valorise nos paysages, enrichit nos destinations touristiques, dynamise l’économie et forge l’identité de nos régions. C’est pourquoi, madame la ministre, avec tous les élus de l’Association nationale des élus de la vigne et du vin (Anev), je souhaite connaître vos orientations et, surtout, les mesures concrètes et durables que vous comptez prendre pour soutenir nos vignerons. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt

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    Vous évoquez les difficultés de la filière viticole : elles sont à la fois conjoncturelles – le changement climatique ou les mesures prises par la Chine contre la filière des cognacs et brandys – et structurelles, vous le savez. En effet, la filière souffre depuis des années de nombreux maux, en dépit de toutes les mesures prises pour y remédier.
    Ses positionnements de marché n’ont pas toujours été optimaux, ce qui fait que certains produits n’ont pas trouvé leurs débouchés. Ensuite, elle est confrontée à un phénomène sociétal de déconsommation – de vin rouge notamment – qui l’oblige à repenser sa stratégie. Les difficultés du système coopératif pèsent, elles aussi, lourdement sur la filière viticole.
    J’ai reçu il y a quelques jours les représentants de la filière, dans toute la diversité de ses produits et métiers. Ceux-ci m’ont fait part des inquiétudes dont vous vous faites l’écho aujourd’hui.
    Je tiens à vous dire que le plan d’arrachage définitif, qui n’est pas une proposition de l’État, mais de la filière elle-même, vient d’être validé par Bruxelles, ce qui est une bonne nouvelle. Et nous allons remonter au créneau, s’agissant du plan d’arrachage temporaire. Par ailleurs, nous allons créer des prêts bonifiés pour faire face au remboursement du prêt garanti par l’État (PGE), et certainement des prêts garantis pour pallier les problèmes de trésorerie.
    Il ne faudra pas s’en tenir à l’arrachage, qui est tout de même une forme d’échec, mais penser l’avenir. Or penser l’avenir, c’est prêter attention aux propositions de la filière, notamment au plan de consolidation. J’y suis particulièrement attentive et je travaillerai vigoureusement à ses côtés.

    Situation à la Martinique

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Marcellin Nadeau.

    M. Marcellin Nadeau

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    Ma question s’adresse à M. le Premier ministre. « Qui veut du pain aura du plomb au nom de la loi, au nom de la force, au nom de la France, au nom de la force de la loi qui vient de France. » Ces mots ne sont pas les miens. Ils sont extraits d’un discours prononcé par feu Georges Gratiant, maire communiste de la ville du Lamentin, à la Martinique, lors des funérailles d’une jeune ouvrière et de deux jeunes ouvriers tombés sous les balles des forces de police et de gendarmerie le 24 mars 1961, « des hommes, des femmes, qui ont commis la faute de ne pas être contents d’avoir été si longtemps trompés, abusés, exploités ».
    Ces mots, j’ai tenu à les prononcer ici pour montrer ou démontrer, s’il en était besoin, la persistance des éléments de colonialité dans les relations entre la France dite métropolitaine et ce que l’on appelle les outre-mer. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes GDR, LFI-NFP et SOC.) Aujourd’hui encore, la seule réponse du Gouvernement aux revendications légitimes des Martiniquaises et des Martiniquais, c’est la répression, c’est l’envoi de la compagnie républicaine de sécurité no 8 – la CRS 8, sans considération, d’ailleurs, pour les traces indélébiles laissées par les CRS dans notre mémoire collective. (Mêmes mouvements.)
    Et pourtant, le 20 septembre 2024, vous avez été destinataire d’un courrier du groupe GDR vous demandant notamment que l’État consente enfin à jouer son rôle face aux positions oligopolistiques des groupes de la grande distribution, qui font les prix dans nos pays. Compte tenu de la gravité de la situation et de l’urgence qu’il y a à trouver une solution au problème de la vie chère, le choix d’attendre le premier trimestre 2025 pour réunir le comité interministériel des outre-mer (Ciom) nous paraît surréaliste. Et les quatre députés de Martinique attendent de vous une réponse rapide à leur demande d’audience.
    À quand donc les réponses concrètes que nous sommes en droit d’attendre pour que, face à nos revendications légitimes, l’État n’ait pas, une fois de plus, la tentation du plomb et de la répression comme seule réponse ? À quand le départ de la Martinique de la compagnie républicaine de sécurité no 8, réclamé par de nombreux élus de notre pays ? La fameuse CRS 8, qui a encore sévi lundi dernier contre des manifestants pacifiques… (Les députés du groupe GDR se lèvent pour applaudir. – Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre des outre-mer.

    M. François-Noël Buffet, ministre des outre-mer

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    Si je comprends votre question sur le principe, je n’en partage pas le contenu, pas plus que les convictions que vous venez d’exprimer devant la représentation nationale.

    M. Jean-Paul Lecoq

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    Ce n’est pas ce qu’on vous demande ! Répondez plutôt à la question qu’on vous a posée !

    M. François-Noël Buffet, ministre

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    La République française est partout et travaille pour l’ensemble de ses compatriotes, sans exception aucune. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.)

    M. Thibault Bazin

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    Très bien ! La République est une et indivisible !

    M. Marcellin Nadeau

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    Je vous ai interrogé au sujet des oligopoles !

    M. François-Noël Buffet, ministre

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    Je rappelle que la police et les forces de l’ordre présentes en Martinique ont essuyé des tirs d’armes à feu et que plus d’une trentaine de gendarmes et de policiers ont été blessés. Force doit rester à la loi : c’est un principe qui s’applique dans tous les territoires de la République, sans exception.
    S’agissant du problème de fond que vous soulevez, celui de la vie chère, vous avez raison de dire qu’il faut l’examiner dans le détail. Mais je répète que, pour obtenir une baisse des prix dans le territoire antillais, il convient d’agir à plusieurs niveaux, et pas seulement sur le point précis que vous soulevez. L’État est, depuis longtemps, très engagé sur ces questions. Le bouclier qualité prix (BQP) fonctionne et nous instaurerons des contrôles pour veiller au respect des règles.
    Il importe de mobiliser l’ensemble des forces locales, y compris économiques. La réponse, je l’ai déjà dit, ne peut venir que d’un travail collectif. Celui que le préfet engagera demain avec l’ensemble des élus du territoire apportera déjà certaines réponses mais, sur le fond, je vous promets que nous examinerons l’ensemble de la situation de manière structurelle. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.)

    M. Thibault Bazin

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    Très bien !

    Fiscalité des entreprises

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Matthieu Bloch.

    M. Matthieu Bloch

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    Monsieur le Premier ministre, alors que nous sommes déjà les champions du monde des impôts et des charges, nous sommes devenus « en même temps » les bonnets d’âne européens des déficits budgétaires. Voilà le résultat de la politique du Mozart de la finance ! Face à cette situation gravissime, vous avez franchi la ligne rouge de l’augmentation des impôts, que votre propre parti avait pourtant fixée cet été.
    En annonçant une hausse de la fiscalité de 25 milliards d’euros, dont 8 sur les grandes entreprises, vous mettez en danger notre économie. Réduire les allégements de charges de 4 à 5 milliards va également augmenter le coût du travail. Les salariés et les ouvriers de nombreuses entreprises vont sûrement en pâtir.
    Monsieur le Premier ministre, les périodes où notre déficit public a été inférieur à 3 % du PIB correspondent aux périodes de croissance. C’est la croissance qui permet d’augmenter les bénéfices, les salaires et la consommation, donc les recettes fiscales. Alors que nous étions devenus le premier pays européen d’accueil des investisseurs étrangers,…

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Grâce à Emmanuel Macron !

    M. Matthieu Bloch

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    …le signal que vous envoyez est catastrophique. Le risque pour l’emploi, comme en 2012, n’est pas négligeable.
    Dans ma circonscription, les employés de l’usine Stellantis de Sochaux-Montbéliard regardent ce projet avec beaucoup d’inquiétude. Ils savent qu’une hausse de la fiscalité de leur entreprise ne sera pas sans conséquences sur la politique du groupe, détenu majoritairement par des actionnaires étrangers. Ils savent que cela ne sera pas non plus sans conséquences sur l’investissement et les salaires. Le site de Sochaux, notamment sa branche recherche et développement, basée à Belchamp, doit faire face à une concurrence acharnée au sein même d’un groupe désormais mondialisé.
    Ne craignez-vous pas, monsieur le Premier ministre, qu’une hausse de la fiscalité du côté français ne mette en danger le fragile équilibre qui maintient certains sites de production ou de recherche et développement dans notre territoire ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre du budget et des comptes publics.

    M. Laurent Saint-Martin, ministre du budget et des comptes publics

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    Il est effectivement essentiel de redresser nos comptes publics : je crois que tout le monde s’accorde là-dessus.

    M. Éric Ciotti

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    C’est à cause de vous !

    M. Laurent Saint-Martin, ministre

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    Il importe toutefois de rappeler que si nos comptes publics sont déficitaires, c’est parce que l’État français a protégé sa population, ses entreprises et ses territoires. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. Sylvain Maillard

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    Absolument !

    M. Éric Ciotti

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    C’est une fable !

    M. Laurent Saint-Martin, ministre

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    Je remarque d’ailleurs que nombre des députés de votre groupe avaient voté des deux mains le « quoi qu’il en coûte », ainsi que le plan de relance – et ce, à juste titre.
    C’est vrai, notre pays fait maintenant face à un déficit important, qu’il faut considérer avec gravité et lucidité. La décision de ce gouvernement est d’y répondre d’abord par une baisse de la dépense publique, réponse naturelle à la hausse de la dépense que nous avons connue au cours des dernières années. Vous avez raison : nous devons faire preuve d’une vigilance absolue, s’agissant du maintien de la politique de l’offre, c’est-à-dire de la croissance, donc de la capacité de nos entreprises à investir et à embaucher.
    Faut-il pour autant, monsieur le député, s’interdire un débat sur la fiscalité dans notre pays ? Je ne le crois pas. Faut-il pour autant s’interdire d’introduire plus de justice fiscale, sociale et écologique dans notre pays ? Je ne le crois pas. Le projet de loi de finances pour 2025, qui sera présenté demain, contiendra effectivement des propositions de contributions exceptionnelles, ciblées et temporaires, pour deux catégories de contribuables : d’une part, les entreprises de ce pays les plus grandes et les plus profitables,…

    M. Gérault Verny

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    Ce n’est pas vrai : les PME aussi !

    M. Laurent Saint-Martin, ministre

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    …d’autre part, les ménages les plus fortunés – j’ai déjà eu l’occasion de préciser que cela ne concernera que 0,3 % de nos ménages, représentés par les couples percevant un revenu de 500 000 euros.
    Vous comprendrez donc, monsieur le député, que la contribution exceptionnelle, temporaire et ciblée peut contribuer à l’effort de redressement des finances publiques, tout en préservant notre capacité de production et l’attractivité de nos entreprises.

    Crise agricole

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandra Delannoy.

    Mme Sandra Delannoy

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    Madame la ministre de l’agriculture, permettez-moi d’appeler votre attention sur les souffrances du monde agricole : mauvaises récoltes, viticulteurs en difficulté, réduction de la collecte de lait par Lactalis, fièvre catarrhale... Force est de constater que cette liste, non exhaustive, ne tinte à vos oreilles que comme un bruit de fond, alors qu’elle devrait y résonner comme un signal d’alarme.
    Non seulement vous restez sourds à la détresse des agriculteurs mais, pire, tels des fossoyeurs du secteur, vous continuez à négocier à Bruxelles le traité du Mercosur – le Marché commun du Sud –, dont vous avez refusé de discuter à l’Assemblée nationale le 31 octobre prochain ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.) Voilà la considération que vous avez pour ceux qui nourrissent les Français !

    M. Jean-Yves Bony

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    N’importe quoi !

    M. Jean-François Coulomme

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    Vos députés européens ont voté pour !

    Mme Sandra Delannoy

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    Visiblement, vous n’avez tiré aucune leçon de la crise agricole du début d’année.
    Revenons à la fièvre catarrhale. Cette maladie touche durement le Nord, provoquant de véritables hécatombes. J’ai une pensée particulière pour les agriculteurs de l’Avesnois, notamment pour ceux de Damousies, qui m’ont montré les ravages provoqués par la maladie. Les éleveurs comptent de nombreux cadavres, dont il faut financer l’équarrissage. Il n’est pas nécessaire d’être mathématicien pour constater qu’ils subissent une double peine : non seulement la manne financière attendue de la bête disparaît, mais les éleveurs doivent aussi s’acquitter de l’enlèvement du cadavre.
    Eu égard à la récurrence de la maladie, la période de vaccination aurait dû être anticipée car, je vous l’apprends peut-être, gouverner, c’est prévoir ! Que comptez-vous faire, madame la ministre ? Allez-vous accorder des aides financières aux éleveurs, comme à ceux dont les troupeaux souffrent de la maladie hémorragique épizootique (MHE) ? Allez-vous les soulager des coûts d’équarrissage ou des frais d’hygiène préventive ? Allez-vous enfin prévoir des vaccins pour tous les sérotypes de la maladie, sans distinction ?

    M. Thibault Bazin

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    Vous n’avez pas écouté les réponses de la ministre tout à l’heure !

    Mme Sandra Delannoy

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    J’ai bien noté que vous aviez déjà répondu à deux questions relatives à la crise agricole, mais c’était du blabla…

    M. Thibault Bazin

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    N’importe quoi, quel irrespect !

    Mme Sandra Delannoy

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    …et nous, nous demandons des actes, car l’agriculture se meurt ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Pierre Cordier

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    Quelle mauvaise foi !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt

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    Madame la députée, je vais vous répondre sur un autre ton que celui que vous avez employé, car je crois que la crise que connaissent les agriculteurs mérite autre chose qu’une petite instrumentalisation politique. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR. – Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    M. Pierre Cordier

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    Très bien !

    M. Jean-François Coulomme

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    Il fallait voter la motion de censure !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    Les réponses concrètes que vous appelez de vos vœux, nous les apportons. Et ce bruit de fond auquel vous nous accusez de ne pas répondre, nous l’avons bien sûr entendu. Nous l’avons démontré au sommet de l’élevage qui s’est tenu à Cournon, où des mesures très précises ont été annoncées.

    M. Jean-Yves Bony

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    Oui, très bien !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    La création d’un fonds d’urgence de 75 millions, le fait que la décapitalisation des cheptels ne donne pas lieu à réfaction des aides européennes, ou encore la réflexion autour de l’introduction d’un prêt garanti : voici quelques-unes des mesures très concrètes que nous allons mettre en œuvre.

    M. Fabien Di Filippo

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    La pédagogie, c’est l’art de la répétition !

    Mme Julie Lechanteux

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    Il faut de l’action !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    S’agissant du Mercosur (« Ah ! » sur les bancs du groupe RN), je voudrais tout de même rappeler que c’est grâce à la France, qui a fait adopter un protocole additionnel, que nous avons bloqué l’application de cet accord. Je vous l’apprends peut-être : il faut que vous le sachiez.

    M. Sylvain Maillard

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    Eh oui !

    M. Bruno Bilde

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    Un mensonge de plus !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    Et la famille politique à laquelle j’appartiens s’est toujours opposée à l’accord avec le Mercosur, tout simplement parce qu’il n’est pas équilibré (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR) et qu’il ne comporte pas de clauses miroirs, imposant aux pays du Mercosur les contraintes que l’on impose à nos propres agriculteurs.

    M. Fabien Di Filippo

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    C’est limpide !

    M. Thibault Bazin

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    N’importons pas dans nos assiettes ce que nous ne voulons pas dans nos champs !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    Sur ce sujet, comme sur tant d’autres, madame la députée, dans les questions comme dans les réponses, il faut être précis. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandra Delannoy.

    Mme Sandra Delannoy

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    Vous n’avez répondu à aucune de mes questions ! Nous attendons des actes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Crise agricole

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Luc Fugit.

    M. Jean-Luc Fugit

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    En matière agricole, les priorités du groupe EPR sont de poursuivre le travail sur le projet de loi d’orientation agricole et de tout faire pour assurer la compétitivité des exploitations confrontées aux aléas climatiques, économiques et sanitaires.
    Se pose aujourd’hui la question de l’accompagnement des filières d’élevage lors des crises sanitaires qui se succèdent à un rythme soutenu : influenza aviaire, maladie hémorragique épizootique (MHE), fièvre catarrhale ovine (FCO), ces épizooties provoquent des situations dramatiques dans tous les élevages qui en sont victimes, comme c’est le cas actuellement dans plusieurs régions de France touchées par la MHE et la FCO.
    Dans mon département du Rhône, dont je salue les éleveurs, la situation se dégrade de semaine en semaine depuis la mi-août, madame la ministre de l’agriculture. Fin août, votre prédécesseur avait pris des mesures, proposant notamment un dispositif de vaccination volontaire soutenu par l’État pour accompagner les éleveurs dans leur lutte contre la FCO et la MHE. Vendredi dernier, à l’occasion du sommet de l’élevage, vous avez annoncé le renforcement de la stratégie vaccinale et le Premier ministre a apporté des éléments supplémentaires relatifs à l’indemnisation des éleveurs. Nous saluons ces annonces qui étaient très attendues par les éleveurs. Pouvez-vous nous donner plus de détails à leur sujet ? Le monde agricole nous indique déjà que ces aides seront probablement insuffisantes pour couvrir les pertes directes et indirectes, et retrouver des capacités de production permettant aux éleveurs de s’en sortir.
    Dans le cadre du rapport de la mission Agriculture du projet de loi de finances pour 2025, en cours d’élaboration, j’ai conduit de nombreuses auditions avec des acteurs du secteur, lesquelles ont suscité deux questions complémentaires. Premièrement, ne faut-il pas mieux anticiper ce qui pourrait se produire dans les semaines, les mois et les années qui viennent, en élaborant une stratégie vaccinale renforcée et partagée au niveau européen ? L’arrivée de la FCO de sérotype 1 en Espagne, ces derniers jours, devrait nous y inciter. Deuxièmement, ne devrions-nous pas envisager une rénovation complète de la gouvernance et du financement de la sécurité sanitaire dans le domaine animal ? Je sais que vos services ont commencé à travailler sur le sujet : pouvez-vous nous en dire davantage ?

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt

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    Je me suis déjà amplement exprimée sur le sujet, mais je reviendrai sur quelques points, notamment sur mes annonces et celles du Premier ministre lors du sommet de l’élevage à Cournon. L’indemnisation des éleveurs sera assurée par le fonds d’urgence pour la FCO de sérotype 3 et par le fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) pour la FCO de sérotype 8 et la MHE. Nous avons également demandé la reconnaissance de la force majeure afin de leur permettre de déroger à certaines obligations liées à la PAC, la politique agricole commune ; une absence de réfaction du calcul des aides européennes en cas de perte de cheptel ; la généralisation de la vaccination pour la FCO 3.
    Nous avons cependant un problème, qui interroge l’autonomie sanitaire du pays : nous ne disposons pas de laboratoire capable de fournir les vaccins dont nous aurions besoin.

    M. Théo Bernhardt

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    Et voilà !

    M. Bruno Bilde

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    Quel aveu !

    M. Jean-François Coulomme

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    Il est où, le budget ?

    M. Jean-Yves Bony

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    Ça ne se fait pas en un jour !

    M. Thibault Bazin

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    C’est un défi de prophylaxie : nous devons monter en puissance.

    Mme Annie Genevard, ministre

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    Afin d’élargir la perspective avec des sujets dont je n’ai pas encore parlé, vous avez cent fois raison : nous devons mieux réfléchir à l’anticipation, à la prévention. Or cela ne peut se faire véritablement qu’au niveau européen. La FCO 3 nous vient en effet des pays du Nord, et la MHE des pays du Sud. En matière de recherche, de prévention, de stockage des vaccins, seule une stratégie européenne nous permettra de mieux anticiper. Gérer ce type de crises suppose une meilleure anticipation au niveau européen. C’est la raison pour laquelle nous formulerons des propositions en ce sens, de concert avec mon homologue espagnol, lors du prochain conseil des ministres européens de l’agriculture. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

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    Nous avons terminé les questions au Gouvernement.

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à quatorze heures cinquante, est reprise à quinze heures.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.

    2. Élection des juges à la Cour de justice de la République

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle l’élection par scrutin dans les salles voisines de la salle des séances des six juges titulaires et des six juges suppléants de la Cour de justice de la République. Le scrutin est secret et plurinominal, et des bulletins imprimés sont à votre disposition. Pour chaque siège, un suppléant est associé à un titulaire. En conséquence, si le nom d’un candidat titulaire ou si celui d’un candidat suppléant est rayé, le vote pour le siège en question sera déclaré nul. Durant le scrutin, nous poursuivrons nos travaux.
    Je suis saisie de six candidatures pour les postes de juges titulaires et de six candidatures pour les postes de juges suppléants. Il y a autant de candidats que de postes à pourvoir grâce à l’accord trouvé en conférence des présidents avec l’ensemble des présidents de groupe. Les binômes devraient représenter le plus justement possible les équilibres politiques de l’hémicycle.
    J’ouvre le scrutin, qui est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, pour une durée de quarante-cinq minutes. Il sera clos à quinze heures cinquante.

    3. Violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

    Discussion d’une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la discussion de la proposition de résolution de M. Erwan Balanant et plusieurs de ses collègues tendant à la création d’une commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité (nos 166, 308).

    Présentation

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Erwan Balanant, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l’éducation.

    M. Gérald Darmanin

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    Aucun membre du Gouvernement n’est présent ?

    Mme la présidente

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    Il s’agit d’une proposition de résolution, la présence du Gouvernement n’est pas nécessaire dans ce cas. Il vous manque tant que cela ? (Sourires.)

    M. Gérald Darmanin

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    Non, pas celui-là !

    Mme Dieynaba Diop

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    Ce n’est pas gentil !

    M. Erwan Balanant, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l’éducation

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    Nous sommes réunis pour franchir la dernière étape qui permettra – si vous en décidez ainsi dans votre grande sagesse – de créer à nouveau une commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. Pourquoi consacrer une nouvelle commission d’enquête à ce sujet ? Vous le savez, l’Assemblée nationale avait été conduite, il y a quelques mois à peine, à en créer une première, dont les travaux ont été brutalement interrompus, le 9 juin, par la dissolution. J’avais l’honneur de présider cette commission dont notre ancienne collègue Francesca Pasquini était rapporteure. Elle est présente dans les tribunes et vous me permettrez, en cet instant, d’avoir une pensée pour elle : l’abnégation avec laquelle elle a mené ce combat lors de la précédente législature mérite d’être saluée. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS. – Mme Dieynaba Diop applaudit également.)
    Elle s’est battue, avec bien d’autres, pour que la commission d’enquête soit créée, puis elle s’est investie de manière admirable dans ses fonctions de rapporteure. J’ai estimé qu’il était de ma responsabilité de demander à l’Assemblée nationale de créer sans délai une nouvelle commission d’enquête pour reprendre ces travaux. Car il est temps d’agir. Je tiens à vous remercier, madame la présidente, d’avoir insisté pour que cette proposition de résolution figure parmi les premiers textes inscrits à l’ordre du jour de la session ordinaire. Je remercie également la présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, Mme Fatiha Keloua Hachi, dont l’engagement en faveur des victimes est constant.
    Dans la mesure où la commission des affaires culturelles a jugé recevable la présente proposition de résolution, je n’aurai pas besoin de développer en détail l’analyse juridique, que vous trouverez dans mon rapport – je remercie sincèrement les administrateurs pour le travail réalisé. Je souhaite cependant éclaircir un point, qui concerne l’interdiction fixée au 1er alinéa de l’article 138 du règlement de l’Assemblée nationale, selon lequel « est irrecevable toute proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête ayant le même objet […] qu’une commission d’enquête antérieure, avant l’expiration d’un délai de douze mois à compter du terme de [ses] travaux ». Cette disposition découle de l’article 6 de l’ordonnance du 17 novembre 1958, qui dispose que les commissions d’enquête « ne peuvent être reconstituées avec le même objet avant l’expiration d’un délai de douze mois à compter de la fin de leur mission ». Or la résolution adoptée le 2 mai 2024 par l’Assemblée nationale avait exactement le même périmètre que la présente proposition de résolution. Alors, rencontrons-nous un problème pour reconstituer la commission d’enquête qui nous occupe cet après-midi ? Sans suspense, la réponse est non et je vais m’attacher à vous le démontrer.
    Deux éléments sont à prendre en considération. Le premier, qui ne vous aura pas échappé, est que nos travaux précédents n’ont pu être achevés. Le deuxième est que le cas particulier que constitue un changement de législature n’est mentionné dans aucun des deux textes régissant la création de commissions d’enquête. Or il s’agit là d’un élément décisif : les choix d’une nouvelle assemblée en matière de contrôle et d’évaluation ne sauraient être liés par ceux de l’assemblée précédente. En effet, aux termes du premier alinéa de l’article 3 de la Constitution, « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ». Le peuple s’étant exprimé à l’occasion des dernières élections législatives, il nous appartient, à nous députés nouvellement élus ou réélus, de décider quels travaux d’évaluation et de contrôle il convient de mener. Au demeurant, l’ordonnance de 1958 avait pour objet non pas d’entraver la capacité d’enquête du Parlement mais de l’encadrer pour éviter les dérives. Pour l’ensemble de ces raisons, il faut considérer que les dispositions précitées ne font pas obstacle à la création de cette commission d’enquête.
    Les motifs qui nous avaient conduits à la créer une première fois sont, quant à eux, connus ; je ne les rappellerai que brièvement. À la fin de l’année 2023, les révélations de Judith Godrèche – présente également dans les tribunes et que je salue – avaient provoqué une véritable onde de choc dans le monde de la culture. Auditionnée en mars 2024 par la délégation aux droits des enfants et par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, elle avait dénoncé la léthargie du monde du cinéma face à de multiples dérives qui ne cessent de se reproduire.
    Il n’y a depuis, hélas, rien de nouveau sous le soleil des projecteurs. Je pense à Maria Schneider, livrée à la brutalité de Marlon Brando et de Bernardo Bertolucci lors du tournage du Dernier Tango à Paris ; elle raconta son calvaire mais ne récolta que de l’indifférence. Je pense à Noémie Kocher, qui réussit à faire condamner pour agression sexuelle le réalisateur Jean-Claude Brisseau en 2006, sans pour autant que celui-ci cesse de tourner et de bénéficier de subventions du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Je pense évidemment à Adèle Haenel. Je pense à Aurélien Wiik, l’une des figures de proue du mouvement #MeTooGarçons. Je pense à Stéphane Gaillard, directeur de casting. Je pense à Flavie Flament, qui dénonça en 2016 le viol qu’elle avait subi, adolescente, de la part d’un photographe. Je pense aux victimes de Patrick Poivre d’Arvor. Je pense aux nombreuses accusations de violences sexistes et sexuelles qui se sont fait jour au sein des conservatoires, des orchestres, ou encore des chœurs d’enfants et d’adolescents.
    En effet, les agissements auxquels nous entendons mettre un terme ne se limitent pas au milieu du cinéma – d’où la pertinence d’inclure dans le champ de la commission d’enquête les secteurs de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. De même, il ne s’agit pas seulement de violences sexistes et sexuelles ; nous devons également nous interroger sur les ressorts des violences physiques, psychologiques et même économiques.
    Si les violences en tous genres ne se cantonnent pas au monde de la culture et des médias, tant s’en faut, les domaines visés par la présente proposition de résolution n’en constituent pas moins un terreau privilégié pour le développement de tels agissements, ce qui justifie que nous nous efforcions d’identifier les mécanismes facilitant leur apparition, voire les encourageant dans certains contextes précis. Comme le soulignait Francesca Pasquini, que je remercie pour ces mots, « l’art ne saurait être le paravent d’un système conduisant à des abus et à des violences ».
    Les premières auditions menées par la précédente commission d’enquête ont permis de mettre en évidence le caractère systématique de certaines dérives. Elles ont aussi poursuivi et amplifié le mouvement de libération de la parole en offrant aux victimes et à l’ensemble des personnes travaillant dans les secteurs visés un espace d’expression bienveillant. De premières pistes de solutions sont également apparues. Il est donc impératif que nous poursuivions ce travail afin de formuler des recommandations et des propositions d’évolutions législatives.
    Non seulement le constat qui imposait de conduire cette mission est toujours valable, mais de nouvelles pièces sont venues compléter le dossier. Je fais référence aux témoignages que nous avons récoltés dans le cadre des premières auditions de la commission d’enquête, qui n’ont fait que confirmer le diagnostic. Pendant trop longtemps nous n’avons pas su écouter les témoignages, prendre la mesure des violences, notamment sexistes et sexuelles, dont ces personnes étaient victimes. Nous avons beau jeu aujourd’hui de dénoncer l’omerta qui existe, notamment dans le monde du cinéma : nous en portons tous une part de responsabilité.
    Le temps est venu d’agir et de faire savoir à toutes les victimes de violences physiques, psychologiques, sexistes et sexuelles que nous les écoutons et que nous sommes prêts à travailler à offrir un monde plus sûr. Il y va de la protection des enfants, des acteurs, des techniciennes et des techniciens, des journalistes, des mannequins, des musiciens, contre toutes les formes d’abus.
    Au-delà des spécificités des secteurs visés par la commission d’enquête, le travail que nous entendons conduire aura une importance majeure pour l’ensemble de la société. En effet, ce qui se passe au cinéma, dans l’audiovisuel, le spectacle vivant, la mode et la publicité est le reflet de phénomènes qui traversent la société. Comment ne pas penser, à cet égard, aux 160 000 mineurs et aux 84 000 femmes qui, selon les estimations, sont victimes chaque année de violences sexuelles ? Nous devons engager un profond changement des mentalités. De ce point de vue aussi, le travail de la commission d’enquête sera capital, car les secteurs visés ont une particularité : s’ils sont le reflet de la société, ils participent à façonner les représentations. La culture, la création, l’art permettent d’agir sur la manière dont nous appréhendons le monde et les relations au sein de la société.
    À deux reprises, sous la précédente législature, la représentation nationale s’est prononcée à l’unanimité en faveur de la création de cette commission d’enquête. La semaine dernière, et encore à l’unanimité, nous avons fait de même en commission des affaires culturelles et de l’éducation. J’espère que nous serons aujourd’hui unanimes à voter cette proposition de résolution et à lancer ainsi les travaux de la commission d’enquête. Nous le devons aux victimes, afin de faire progresser notre société. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes Dem et SOC.)

    (À seize heures quinze, M. Roland Lescure remplace Mme Yaël Braun-Pivet au fauteuil de la présidence.)

    Présidence de M. Roland Lescure
    vice-président

    Discussion générale

    M. le président

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    La parole est à M. Frantz Gumbs.

    M. Frantz Gumbs

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    Avant la dissolution, nous avons été témoins, dans les médias, de révélations d’acteurs, mais surtout d’actrices, qui ont provoqué une onde de choc dans la société et dans le monde de la culture. Toutes et tous ont dénoncé la léthargie du milieu du cinéma face aux multiples dérives qui n’ont de cesse de se produire et de se reproduire.
    Il existe une véritable omerta dans le monde de la culture. En dépit d’années de révélations par de nombreuses personnalités du secteur – dans le cinéma, mais aussi la publicité, la mode ou encore la photographie –, aucune mesure concrète n’a été prise.
    En 2016, Flavie Flament dénonçait le viol, commis par un photographe, dont elle avait été victime alors qu’elle était adolescente. En 2019, Adèle Haenel a révélé avoir été victime, elle aussi à l’adolescence, d’agressions sexuelles commises par un réalisateur. En 2024, à la veille de la grand-messe du cinéma français, l’acteur Aurélien Wiik témoignait des abus que son agent, aujourd’hui condamné pour ces faits, lui avait fait subir à l’adolescence.
    Les années se suivent et se ressemblent. Leurs points communs : la jeunesse des victimes et la position dominante des agresseurs. Alors qu’il faut faire preuve d’un courage immense pour dénoncer son agresseur, nous ne pouvons pas faire partie de ceux qui n’écoutent pas, de ceux qui mettent la poussière sous le tapis. Nous ne pouvons pas faire partie de ceux qui, à leur niveau, ne protègent pas. Mais nous pouvons faire partie de ceux qui accompagnent ce mouvement et qui soutiennent les victimes.
    Albert Einstein ne disait-il pas que « le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » ? Je refuse que nous soyons de ceux qui laissent faire, et que notre inaction favorise l’émergence d’un monde trop dangereux pour nous tous, et surtout pour nos enfants. Alors réveillons-nous, agissons, disons à toutes les victimes de violences physiques, psychologiques, sexistes et sexuelles que nous les écoutons et que nous allons travailler à offrir un monde plus sûr.
    La proposition de résolution qui nous est présentée en est un moyen, et je sais l’engagement de mon collègue Erwan Balanant sur ces sujets. C’est un travail transpartisan qui nous a permis, dès la commission, de la faire adopter à l’unanimité. Je ne doute pas que nous trouverons, dans cet hémicycle, la même large adhésion. Sous la précédente législature, la commission d’enquête avait commencé ses travaux en mai, avant d’être interrompue par la dissolution en juin. Nous devons poursuivre cette si importante mission.
    Mes chers collègues, votons en responsabilité pour la création de cette commission d’enquête qui nous permettra de mettre au jour les défaillances, d’établir les responsabilités de chacun et de proposer un nouveau cadre, plus protecteur. Les députés Démocrates soutiennent avec force la création de cette commission d’enquête. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes Dem et SOC. – M. le rapporteur applaudit également.)

    (À quinze heures vingt, Mme Yaël Braun-Pivet remplace M. Roland Lescure au fauteuil de la présidence.)

    Présidence de Mme Yaël Braun-Pivet

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Frédérique Meunier.

    Mme Frédérique Meunier

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    Nous abordons une question cruciale, qui touche non seulement à l’intégrité de nos secteurs culturels, mais aussi à la société dans son ensemble : les violences dans l’industrie du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité.
    Je tenais à remercier toutes celles qui ont rompu la loi du silence, ces lanceuses d’alerte, ces victimes qui ont décidé de parler, qui ont eu le courage de dénoncer et de mettre en lumière des réalités abjectes souvent ignorées ou tues. C’est pour elles, et pour toutes celles qui n’osent pas parler, que nous nous devons d’agir.
    Dois-je rappeler ces chiffres qui font froid dans le dos ??Tous les ans, en France, 160 000 mineurs sont victimes de violences sexuelles. Près de 84 000 femmes ont subi de telles violences en 2023, sans compter toutes celles et tous ceux qui n’ont pas porté plainte.
    Nous le savons, le temps politique de ceux qui sont aux affaires n’est plus celui de la réflexion et de l’approfondissement qui conditionnent, pourtant, la réussite de nos politiques publiques. De même, il est de notre devoir de députés d’exercer une pression constante sur des administrations et des structures qui voudraient que l’on s’intéresse le moins possible à elles, qu’on n’y regarde pas de trop près, et surtout pas publiquement, qu’on les laisse s’autogérer et se réformer toutes seules. Elles nous jurent, le cœur sur la main, qu’elles font cela très bien !
    Pour ces raisons, nous devons nous battre contre un système qui protège les agresseurs, contre une culture du silence,…

    M. Thibault Bazin

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    Elle a raison, c’est essentiel !

    Mme Frédérique Meunier

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    …et contre une stigmatisation des victimes qui dissuade de nombreuses personnes de s’exprimer. Il faut aller au-delà de la simple dénonciation. Il faut garantir, pour tous, un environnement sain, et travailler à une culture où le respect et la sécurité sont au cœur de chaque projet.
    Nous devons prendre conscience des traces laissées par des décennies de déviance libertaire, par cette époque où la libération des mœurs correspondait à la banalisation de comportements infâmes de la part d’une élite narcissique jouissant d’une impunité évidente. Une époque, mais également un milieu, où la dignité humaine et le respect du corps et de l’esprit importaient peu, où personne ne s’offusquait de voir une jeune actrice de 14 ans en couple avec un réalisateur de 39 ans. Une époque où une cinquantaine d’intellectuels pouvaient signer une tribune réclamant le droit pour les jeunes de 13-14 ans de décider de leur vie sexuelle. Autant de comportements souvent dissimulés ou considérés avec une certaine complaisance par l’écosystème médiatique de l’époque. Mais qu’en est-il de la sécurité des plus vulnérables, de la protection des mineurs ?

    M. Thibault Bazin

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    Question fondamentale !

    Mme Frédérique Meunier

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    Nous ne pouvons plus permettre de voir banalisés la violence et les abus sous couvert de la liberté d’expression ou d’une certaine créativité.
    En soutenant la création de cette commission d’enquête, nous souhaitons qu’un cadre législatif soit donné pour que ne subsiste plus, dans certains milieux artistiques, une forme d’indulgence. Il ne s’agit pas simplement d’une démarche administrative mais d’un signal fort envoyé à toutes les victimes ainsi qu’aux agresseurs : la France doit garantir que l’art et la créativité s’expriment librement, loin des abus, notamment dans l’industrie du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité.
    Je me réjouis que, parmi les premiers actes de cette singulière législature,…

    M. Pierre Cordier

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    C’est joliment dit !

    Mme Frédérique Meunier

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    …figure la reconduction de cette commission d’enquête. Je ne doute pas, compte tenu de la nature de l’enjeu, que ses travaux ne se déroulent dans le climat constructif et sain qui fut le sien lorsque Francesca Pasquini, que je salue à mon tour, en était la rapporteure. À toutes celles et ceux qui se mobilisent pour faire bouger les lignes sur ces sujets cruciaux, je tiens à dire, au nom de mon groupe, notre profond respect et notre plus grande détermination à avancer, avec eux, dans la lutte contre les violences sexuelles, les comportements sexistes et les abus psychologiques de tout ordre qui brisent des existences et minent notre commun idéal social de fraternité.
    C’est pourquoi la Droite républicaine votera naturellement en faveur de la création de cette commission et espère qu’elle apportera des réponses efficaces et concrètes, à la hauteur de l’enjeu. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    M. Ian Boucard

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    Très bien !

    M. Pierre Cordier

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    L’efficacité, c’est ce qui compte !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.

    Mme Agnès Firmin Le Bodo

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    Le mouvement #MeToo a débuté il y a maintenant six ans et s’est traduit par une prise de conscience générale, dans un grand nombre de secteurs et dans une grande partie du monde. J’invite cependant chacun d’entre nous à mesurer tout le chemin qu’il reste à parcourir. Trop de pans entiers de la société restent encore dans l’ombre, à l’abri de la volonté des femmes et des hommes déterminés à en finir avec les violences sexuelles et sexistes.
    Cette libération de la parole a également permis l’émergence, en début d’année, du mouvement #MeTooGarçons qui a révélé des abus commis sur des acteurs adolescents dans le monde du cinéma – des faits qui, jusque-là, étaient restés dans l’ignorance, l’oubli, voire le déni. Mais les victimes, elles, n’oublient jamais.
    Dans un tel contexte, je suis heureuse de voir cette commission d’enquête renaître, après l’arrêt brutal de ses travaux du fait de la dissolution. Reconduire cette commission dès les premiers travaux de la XVIIe législature témoigne de la volonté unanime, dans cet hémicycle, de répondre rapidement et efficacement à l’appel lancé en février par Judith Godrèche – que je salue – lors de ses auditions par la délégation aux droits des femmes, puis par la délégation aux droits des enfants.
    Je souhaite remercier notre collègue et rapporteur Erwan Balanant d’avoir déposé cette proposition de résolution, soutenue par l’ensemble des groupes représentés. Je tiens également à saluer Francesca Pasquini qui avait été rapporteure de la même commission d’enquête lors de la précédente législature.
    Je tiens également à reconnaître le travail déjà réalisé au Parlement et par les gouvernements précédents. La loi du 21 avril 2021 visant à protéger les mineurs des crimes et des délits sexuels et de l’inceste a renforcé la protection des enfants en créant de nouvelles infractions dans le code pénal, telles que le crime de viol sur mineur de moins de 15 ans et le délit d’agression sexuelle sur mineur. En parallèle, le Gouvernement a lancé un plan 2023-2027 pour lutter contre les violences faites aux enfants, dans l’objectif principal de protéger ces derniers contre toutes les formes de violence, avec un ensemble de vingt-deux actions concrètes. On peut citer en particulier le renforcement des moyens financiers et humains par le recrutement d’écoutants supplémentaires pour les numéros d’urgence – le 119 pour Allô enfance en danger et le 3018 pour les jeunes victimes de harcèlement.
    Je forme le vœu que cette commission d’enquête soit l’occasion d’entendre ces secteurs culturels, sans tabou, et d’aboutir à des propositions concrètes pour le Gouvernement et le législateur, qui, je l’espère, s’en saisiront au plus vite.
    Il nous semble notamment indispensable de définir les dispositions contractuelles, psychologiques et humaines, les modes de prise en charge, les horaires de travail. Il est nécessaire de vérifier que les mineurs bénéficient de dispositions réglementaires adaptées, et que ces dernières soient respectées. Il nous semble essentiel d’examiner en profondeur la situation de tous les secteurs où les abus semblent être devenus, malheureusement, bien trop nombreux.
    Il est temps de faire de notre siècle celui de l’égalité entre les femmes et les hommes, et celui de la fin de la complaisance à l’égard des violences sexuelles et sexistes. La création de cette commission d’enquête contribue clairement à cet objectif. Le groupe Horizons & indépendants, soucieux que ce sujet ne soit pas largement éteint dans notre société à la suite de décennies d’aveuglement et de silence, touché par le témoignage de nombreuses femmes et certain qu’il faut agir vite et bien, soutient donc cette proposition de résolution. La commission d’enquête dont elle prévoit la création aura notamment la charge de formuler des propositions concrètes pour mieux lutter contre ce fléau. Nous espérons qu’elle pourra le faire dans des conditions à la hauteur de ce sujet grave et sensible. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR ainsi que sur quelques bancs des groupes EPR, SOC, Dem et LIOT.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Soumya Bourouaha.

    Mme Soumya Bourouaha

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    Selon l’enquête « Violences et rapport de genre » de l’Institut national d’études démographiques (Ined), 14,5 % des femmes et 3,9 % des hommes sont confrontés à des violences sexuelles au cours de leur vie.
    Le 15 octobre 2017, l’actrice américaine Alyssa Milano lançait un appel aux témoignages des victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles sur Twitter, devenu X. Bien au-delà du cinéma américain, le hashtag #MeToo est devenu un mouvement global de libération de la parole des victimes de violences sexistes et sexuelles.
    Mais le tabou demeure encore pour nombre de faits d’agressions sexuelles, de violences psychologiques et physiques. Ces actes sont plus difficiles à révéler quand ils sont subis durant l’enfance, car ils peuvent être à l’origine d’amnésies traumatiques et de troubles psychologiques pérennes qui entravent un peu plus la libération de la parole des victimes, et donc la condamnation des responsables.
    Si la famille reste la sphère de socialisation où se produisent le plus de violences durant l’enfance, celles-ci interviennent également dans les sphères professionnelles. De l’industrie de la mode au spectacle vivant, en passant par le cinéma, de nombreuses victimes ont récemment témoigné des violences sexuelles qu’elles ont subies lorsqu’elles étaient mineures.
    C’est le cas d’une dizaine d’ex-mannequins qui, lors d’une audition au Sénat en 2021, ont accusé des figures de la mode comme Gérald Marie ou Jean-Luc Brunel de les avoir violées dans les années 1980 et 1990.
    Après avoir déposé une plainte pour viol sur mineurs contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, l’actrice et réalisatrice Judith Godrèche a elle aussi dénoncé l’écrasement de la parole et l’invisibilisation de la souffrance des enfants dans l’industrie du cinéma.
    Le 22 février, à la veille de la cérémonie des Césars, le directeur de casting Stéphane Gaillard publiait sur les réseaux sociaux un texte intitulé « Les garçons du cinéma parlent ». Cette initiative visait à mettre en lumière les violences subies par les hommes et a abouti au témoignage, souvent inédit, de 300 personnes sur des faits dont ils avaient été victimes au sein de ce milieu professionnel.
    Relations asymétriques entre réalisateurs et acteurs, entre mannequins et agents, rapport à l’image, au regard de l’autre et au corps déformé par une contrainte esthétique : les industries culturelles et le secteur de la publicité présentent des facteurs de risques de violences sexistes et sexuelles.
    Pourtant, la culture semble être particulièrement en retard dans la prise en compte des violences sexistes et sexuelles. Comme l’explique l’historienne du cinéma Delphine Chedaleux, certaines pratiques de prédation sont « euphémisées, voire applaudies comme des marques de transgression ». Cette logique de banalisation des violences dans les sphères culturelles amène à justifier les faits au nom de la grandeur de l’artiste – ainsi quand on déclare que Gérard Depardieu rend la France fière.
    Le 18 mai, comme suite aux recommandations de Judith Godrèche, la ministre de la culture a annoncé l’obligation, pour accéder aux aides du CNC, de la présence d’un responsable enfants sur chaque tournage employant des mineurs.
    S’il faut saluer ces avancées, des progrès sont encore possibles afin de prendre en compte de manière optimale les signalements et de sensibiliser davantage aux risques de violences. On pense notamment à l’intégration de la prévention du harcèlement et des violences sexistes et sexuelles dans le cursus d’enseignement supérieur, ou au renforcement des moyens humains et juridiques pour mener les enquêtes et accompagner les victimes.
    Plus généralement, il est indispensable de rompre avec l’omerta qui protège les agresseurs et isole leurs victimes. Nous devons attaquer les fondements mêmes d’une culture patriarcale qui entrave la libération de la parole. C’est seulement alors que les secteurs de la culture, de la mode et de la publicité pourront cesser d’être un refuge pour les agresseurs et une prison pour leurs victimes.
    La proposition de résolution que nous examinons, fruit de l’excellent travail de notre ancienne collègue Francesca Pasquini – que je salue –, est une étape fondamentale pour avancer dans la reconnaissance des victimes d’abus et de violences dans les secteurs culturel et publicitaire, ainsi que dans la construction de dispositifs protecteurs pour tous les mineurs et professionnels.
    C’est pourquoi le groupe de la Gauche démocrate et républicaine votera résolument en faveur de cette proposition de résolution. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, LFI-NFP, SOC et EcoS. – M. le rapporteur et Mme Frédérique Meunier applaudissent également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Laurent Panifous.

    M. Laurent Panifous

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    Il faut parler ! Ces dernières années, c’est ce que nous disons toutes et tous aux personnes victimes de violences sexuelles. Le mouvement #MeToo a été l’incarnation de ce que nous appelons désormais la libération de la parole. Il faut parler, raconter, dénoncer. C’est un préalable à la lutte contre ces violences.
    Parler, et puis quoi ? Que se passe-t-il une fois que les victimes ont publiquement parlé ? Une fois qu’elles ont porté plainte ? Les écoute-t-on ? Les croit-on ? Sont-elles seulement entendues, elles qui décident, quelquefois publiquement, de porter une parole qui n’entraînera que trop rarement une condamnation ou une réparation ?
    Cette parole n’aura parfois aucune conséquence, si ce n’est le risque qu’elles prennent d’exposer leur vie et leur souffrance aux yeux de tous, de voir les opportunités professionnelles, et les regards, se détourner.
    Il en faut du courage pour parler, pour accuser. Judith Godrèche n’en a pas manqué en nous exhortant à nous emparer de ce sujet. Sans elle, la commission d’enquête lancée par notre ancienne collègue Francesca Pasquini n’aurait sans doute pas vu le jour.
    Mais tout cela est vain si personne n’écoute ni ne recueille cette parole, et si la parole ne se transforme pas en actes. La libération d’une telle parole ne va pas sans responsabilisation de l’écoute. Et cette responsabilité, c’est d’abord la nôtre, celle des législateurs.
    C’est pourquoi il nous semble évident qu’il faut relancer cette commission d’enquête, pour recevoir cette parole, la prendre au sérieux et pour que l’écoute aboutisse enfin à des solutions.
    Car, malheureusement, le témoignage de Judith Godrèche n’est pas une exception. Au-delà du cinéma, de très nombreuses violences sexistes et sexuelles ont été dénoncées au sein des conservatoires, des orchestres, des chœurs d’enfants et d’adolescents ou dans le milieu de la mode. Les premières auditions menées par la précédente commission d’enquête, interrompues par la dissolution, ont d’ailleurs confirmé le caractère presque systématique de certaines dérives permettant les abus.
    Le monde de la culture et des médias semble constituer un terreau privilégié pour le développement de tels agissements, particulièrement contre les mineurs. Regardons les choses en face : son fonctionnement favorise des situations de vulnérabilité et de forte proximité. La plupart du temps, celui qui abuse n’est pas un inconnu pour l’enfant : c’est une personne de la famille, un professeur, un réalisateur, un directeur de casting. Ce sont des personnes à qui dire « non » paraît impossible car, souvent, ce sont des personnes de confiance ou qui incarnent une forme d’autorité – des personnes qui sont donc rarement dénoncées, par peur, par emprise, par déni.
    La vie entière des victimes, souvent mineures, s’en trouve bouleversée. Elles vivront pour toujours avec cette blessure, cette peur. Ne pas les entendre, ne pas tenter d’empêcher ces violences, c’est aggraver leurs souffrances. Nous devons protection aux mineurs, en premier lieu, mais aussi aux adultes, partout où ils évoluent et où ils ne se sentent pas en sécurité parce qu’une personne a décidé, en vertu de l’autorité ou de l’ascendant qu’elle exerce, d’abuser d’eux.
    Une commission d’enquête a déjà été menée sur les violences sexuelles dans le sport. Elle a abouti au vote d’une proposition de loi que nous avions tous soutenue. Gardons cette même ambition pour toutes celles et ceux qui sont en danger aujourd’hui, ou qui pourraient l’être demain.
    Mais mettre fin à l’omerta ne suffira pas. Mettre fin au tabou, à la culture du secret, mettre fin à cette culpabilité inversée est un préalable, mais il faut également mettre fin à la culture de l’impunité. Seules 40 % des victimes mènent leurs agresseurs jusqu’au procès, puis à une condamnation.
    Notre groupe soutiendra bien évidemment la relance de cette commission d’enquête. Mais il faut qu’elle aboutisse à des recommandations susceptibles de s’appliquer et qui ne restent pas lettre morte. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LIOT, Dem, SOC et EcoS. – M. le rapporteur et Mme Fatiha Keloua Hachi, présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, applaudissent également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Éric Michoux.

    M. Éric Michoux

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    Le 2 mai dernier, lors d’une séance empreinte de respect et d’unanimité, l’Assemblée nationale décidait de créer une commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. Cinq semaines plus tard, la dissolution de cette même assemblée par le Président de la République mettait un terme précoce à ses travaux.
    Il nous appartient de permettre à cette commission de poursuivre sa mission. Le groupe de l’Union des droites pour la République (UDR) votera naturellement la résolution de notre collègue Erwan Balanant, issue de la résolution de notre ancienne collègue Francesca Pasquini, que je salue – bravo, madame, pour votre travail – car nous considérons qu’elle est recevable et opportune.

    M. Pierre Cordier

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    On peut dire qu’ils sont dans la majorité, alors ?

    M. Éric Michoux

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    Elle est recevable car les travaux de cette commission venaient de débuter sous la précédente législature et la représentation nationale, renouvelée par le peuple français lors des élections législatives, a toute légitimité pour demander qu’ils se poursuivent.
    Elle est opportune car le monde culturel exerce une grande influence sur les comportements individuels et les mentalités : il doit donc s’astreindre à l’exemplarité. Or force est de constater qu’il a trop longuement été aussi prompt à donner des leçons de morale et de politique qu’à excuser les comportements inacceptables de certains de ses membres, parfois éminents.
    La représentation nationale a donc raison de se saisir du sujet, d’autant que le monde de la culture est massivement subventionné par l’État et que l’argent de la nation est indissociable d’une exigence redoublée d’exemplarité.
    Le vote du 2 mai l’illustre, le sujet est de ceux qui reçoivent, légitimement, l’appui unanime des forces politiques de notre assemblée. Cette unanimité transpartisane doit se traduire dans les travaux de la commission et dans ses conclusions.
    Nous formons le vœu que ces travaux permettront de poser des constats incontestables et de tracer le chemin de solutions utiles, traduites en initiatives législatives visant à lutter contre les violences sexuelles, non seulement dans le monde de la culture, mais dans tous les secteurs de notre société.
    Fidèle à l’esprit d’unanimité qui a présidé au premier vote de cette résolution, et déterminés à participer à la lutte contre le fléau des violences sexuelles, le groupe de l’Union des droites pour la République est fier d’apporter son vote en appui de cette révolution…

    M. Erwan Balanant, rapporteur

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    C’est la droite révolutionnaire !

    M. Éric Michoux

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    …pardon, de cette résolution, qui sera aussi une révolution. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)

    Mme Frédérique Meunier

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    Les deux, en effet !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Caroline Parmentier.

    Mme Caroline Parmentier

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    Le 14 mars, la délégation aux droits des enfants, dont je suis vice-présidente, auditionnait l’actrice Judith Godrèche, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour viols sur mineure – elle avait 14 ans au moment des faits ; eux respectivement 40 et 45 ans.
    Judith Godrèche a été directement victime de la familia grande du cinéma – et bien au-delà du cinéma – qui s’est protégée et continue de se protéger. Avec les réalisateurs qu’elle a dénoncés, elle a probablement vécu la pire époque, celle issue du libertarisme post-soixante-huitard, celle qui ne souffrait aucune barrière ni interdit, très bien décrite dans le livre de Camille Kouchner La Familia grande.
    Ce sont les mêmes qui pétitionnaient dans les années 1970 en une de Libération pour défendre des pédophiles poursuivis par la justice ou dans Le Monde, en 1977, pour défendre les relations sexuelles entre adultes et enfants.
    C’est un extrait du documentaire très complaisant réalisé sur Benoît Jacquot par Gérard Miller – depuis mis en cause par des dizaines de femmes pour violences sexuelles – qui a décidé Mme Godrèche à prendre la parole. Il y détaillait par le menu les relations intimes entretenues avec trois actrices alors mineures : elle-même, Virginie Ledoyen et Isild Le Besco.

    M. Ian Boucard

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    Quelle honte !

    M. Pierre Cordier

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    Oui, c’est scandaleux !

    Mme Caroline Parmentier

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    Le cinéma français devra-t-il déboulonner ses films culte, ses monuments, ses psys fétiches ?
    Lors de son audition, Judith Godrèche nous a clairement alertés sur les risques toujours courus par les mineurs au sein de l’industrie du cinéma – à la fois dans le cadre des castings, mais aussi sur les plateaux lors des tournages. Selon elle, aucune protection, aucun garde-fou ne protège les enfants ou les mineurs qui se présentent pour un rôle, et qui peuvent devenir les jouets d’un véritable système de prédation. Devant notre délégation, elle a évoqué des abus physiques et psychiques : lorsque l’on demande à une future actrice ou à un acteur en herbe de raconter sa vie sexuelle, de livrer son intimité à un jury d’observateurs, c’est déjà un abus caractérisé. La protection des enfants qui évoluent dans le milieu artistique ne peut pas – ne doit pas – échapper à la loi.
    Les députés du groupe Rassemblement national sont favorables à la création de cette commission d’enquête ; j’avais moi-même déposé une proposition de résolution semblable sous la précédente législature.
    Monsieur le rapporteur Balanant, cette nouvelle législature – et plus encore le sujet de cette commission d’enquête – aurait dû nous permettre d’œuvrer pour l’intérêt général, collectivement et sans sectarisme.

    M. Erwan Balanant, rapporteur

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    Avec moi, jamais ! Avoir des valeurs, ce n’est pas être sectaire.

    Mme Caroline Parmentier

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    Nous avons été soigneusement écartés de la cosignature de votre proposition, alors que nous avons auditionné Judith Godrèche ensemble dans le cadre de la délégation aux droits des enfants et que les députés de notre groupe ont participé aux travaux de la précédente commission d’enquête.

    Plusieurs députés du groupe RN

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    La honte !

    M. Sébastien Chenu

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    Ils sont gênés !

    Mme Caroline Parmentier

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    Cette mesquinerie consistant à refuser d’associer à votre proposition le premier groupe d’opposition de l’Assemblée nationale, alors même que nous avions déposé une proposition de résolution similaire, relève de la basse politique (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP) et n’est pas à la hauteur du sujet qui nous occupe – vous n’êtes pas à la hauteur de ce que les victimes attendent de notre parlement. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Véronique Riotton.

    Mme Véronique Riotton

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    Je voudrais commencer par dire ma joie de voir le flambeau repris pour reconstituer cette commission d’enquête, laquelle avait été admirablement conduite, de façon transpartisane, par Francesca Pasquini et Erwan Balanant. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC. – M. Ian Boucard applaudit également.) Lors de la dissolution, j’ai eu une pensée pour toutes les victimes dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité ; elles ont vécu l’arrêt des travaux de la commission comme un déchirement. Malgré le retour de bâton sur les réseaux sociaux et la brutalité de la culture du viol qui renvoie les victimes à un silence assourdissant, elles ont eu le courage de dénoncer ces violences. Je pense à Judith Godrèche, à Guslagie Malanda, à Lucie Lucas, à Sophie Marceau, à Juliette Binoche, à Aurélien Wiik – la liste est longue. Merci à chacun et à chacune d’entre vous, lanceur et lanceuse d’alerte, victime ou témoin. Je souhaite à présent que les travaux reprennent au plus vite et, surtout, que nous prenions des décisions concrètes pour mettre un terme à la souffrance des victimes.
    Au nom de mon groupe, je veux affirmer ici et par-delà cet hémicycle que ce que vivent ces enfants et ces femmes ne peut se résumer à des comportements inappropriés ou à des blagues un peu lourdes ; qu’embrasser une actrice ou lui imposer des scènes de sexe sans la prévenir ne fait pas partie intégrante du métier.
    C’est le choix qui s’impose à nous – détourner le regard ou regarder en face ces violences et ceux qui les perpétuent, et proposer des solutions pour qu’elles s’arrêtent. Il est de notre responsabilité de parlementaire de tendre la main aux victimes et d’exiger des politiques publiques à la hauteur des enjeux. Chers collègues, votons à l’unanimité la reconstitution de cette commission d’enquête pour envoyer un message clair à ceux qui se croient tout-puissants : nous ne voulons et ne cautionnerons pas de violences sexistes et sexuelles dans l’industrie de la culture. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC. – M. Thibault Bazin et Mme Frédérique Meunier applaudissent également.)

    Mme la présidente

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    Je vous informe que la clôture du premier tour de scrutin pour l’élection des six juges titulaires et des six juges suppléants de la Cour de justice de la République est annoncée dans l’enceinte du palais. Le résultat du scrutin sera proclamé à l’issue du dépouillement.
    La parole est à Mme Sarah Legrain.

    Mme Sarah Legrain

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    Pas un jour sans que nous en ayons la démonstration : les violeurs sont partout.

    Un député du groupe RN

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    À LFI !

    Mme Sarah Legrain

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    Les violeurs sont tapis dans l’ombre des bois, mais surtout à l’ombre de nos toits, de nos draps. Ils sévissent sur nos lieux de travail, sur nos lieux de fêtes, dans nos familles, sur nos écrans ; dans les associations qui viennent au secours des plus précaires, dans les services de protection de l’enfance, dans les syndicats de défense des travailleurs et des jeunes en études, dans les organisations politiques – y compris féministes. Ils occupent des fauteuils de députés, de sénateurs. Ils reçoivent la légion d’honneur. Ce sont de célèbres acteurs, rappeurs, youtubeurs, présentateurs, réalisateurs. Ce sont aussi nos amis, nos voisins, nos frères, nos pères. Ce sont des bandes de jeunes, ce sont de vieux magistrats, ce sont de bons pères de famille.
    Tous ne sont certes pas des violeurs, mais les violeurs sont partout – c’est donc notre affaire à tous. Chacun et chacune d’entre nous, a fortiori parlementaire, a le devoir de se demander comment cela peut se produire, encore et toujours (L’oratrice, émue, s’interrompt quelques instants, suscitant les applaudissements des députés des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR, ainsi que de M. le rapporteur et de quelques députés du groupe EPR), et toujours de façon si massive.
    Comment ce système, cette culture du viol, se perpétue-t-il ? N’en déplaise à Caroline Fourest, qui fait le tri entre les bonnes et les mauvaises victimes et tente de discréditer celles qui en font trop à son goût ; n’en déplaise à l’extrême droite, qui fait le tri entre les bons et les mauvais agresseurs (Exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR) et ne dénonce les viols que lorsqu’ils lui permettent de s’en prendre aux migrants, à la gauche, à la liberté de mœurs et parfois à la liberté de genre (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR, ainsi que sur quelques bancs du groupe EPR) ; n’en déplaise à ces faux amis du féminisme et à ces complices du patriarcat,…

    Plusieurs députés du groupe RN

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    Ils sont chez vous !

    Mme Sarah Legrain

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    …les violences sexuelles sont systémiques – elles n’ont rien à voir avec la libération sexuelle et tout à voir avec la domination masculine. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.)
    C’est ce que nous révélait la déferlante #MeToo, il y a sept ans déjà, en 2017. À l’époque, un certain Emmanuel Macron décrétait les droits des femmes grande cause nationale. On l’a vu depuis disculper son ministre de l’intérieur Gérald Darmanin après une discussion d’« homme à homme », encenser Gérard Depardieu qui « fait la fierté de la France », évincer le juge Durand de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), bloquer une directive européenne sur le viol et le consentement, baisser le budget octroyé par femme victime de violences, refuser aux associations les 2,6 milliards qu’elles demandent, et même nommer un gouvernement d’usurpateurs où l’on ne trouve pas une personnalité militant pour les droits des femmes, mais une cohorte d’antichoix et de LGBTphobes. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR. – Mme Martine Froger applaudit également.)
    Il est donc plus que nécessaire de relancer cette commission d’enquête brutalement interrompue par la grenade dégoupillée par Emmanuel Macron. Certains se demanderont peut-être pourquoi la faire porter spécifiquement sur les violences dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité ;…

    M. Thibault Bazin

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    Il y a aussi le sport !

    Mme Sarah Legrain

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    …il faut bien commencer quelque part. Mais c’est aussi le lieu que les voix courageuses des victimes ont d’abord désigné, depuis le point de départ du mouvement #MeToo, l’affaire Weinstein – du nom d’un producteur américain accusé par des dizaines de femmes – jusqu’au récent cri d’alerte de Judith Godrèche, que je salue (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR, ainsi que sur quelques bancs du groupe EPR), en passant par Adèle Haenel, qui « se lève et se casse » dans l’indifférence générale, et par les victimes des différents #MeToo, dans le domaine du théâtre, de la musique, du stand-up, des médias et de la littérature. Elles parlent, parlent, parlent et aimeraient que nous leur répondions.
    Je vous renvoie aux auditions déjà menées par notre ancienne collègue Francesca Pasquini et par Erwan Balanant, lesquelles montrent comment cette prétendue grande famille de la culture fonctionne comme un miroir grossissant des violences qui traversent la famille et la société ; c’est un lieu de concentration, de reproduction et de légitimation des dominations de genre, économique et symbolique.
    On y trouve tous les ingrédients qui favorisent la perpétuation des violences : l’impunité des agresseurs, l’aveuglement complice des témoins et la silenciation des victimes. On y trouve des enjeux économiques considérables, ainsi qu’une forte précarité. On y trouve un certain entre-soi, de tout petits mondes où l’on se connaît tous et où l’on dépend tous les uns des autres. Et on y trouve évidemment une forte domination symbolique – des phénomènes d’emprise liés à l’aura de l’art et de la gloire. Ce sont des domaines où des intermittentes précaires, des étudiantes ou des stagiaires en quête de carrière, mineures parfois, sont confrontées à la puissance incontestée de prétendus génies créateurs ou de bêtes de télévision, qui sont intouchables, qui se croient tout permis et à qui l’on permet tout.
    Tout cela doit être analysé et questionné, et donner lieu à des propositions concrètes. Il est temps qu’advienne le changement – que la honte change de camp, comme le demandent Gisèle Pelicot et toutes les victimes derrière elle ; que l’art ne puisse plus servir de couverture au crime ; que la culture soit purgée de la culture du viol, pour tous nous en délivrer. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR, dont les députés se lèvent. – M. le rapporteur, M. Olivier Falorni et Mme Sophie Mette applaudissent également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez.

    Mme Céline Thiébault-Martinez

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    « C’est forcément une transgression… […] On n’a pas le droit, en principe. […] Une fille comme elle, comme cette Judith, qui avait en effet 15 ans… et moi 40 ans, j’avais pas le droit. […] Mais ça alors j’en avais rien à foutre, et même elle, ça l’excitait beaucoup […]. […] faire du cinéma est une sorte de couverture […] au sens de […] couverture pour des mœurs de ce type-là. » Ces mots, tirés du documentaire Les Ruses du désir, sont ceux du cinéaste Benoît Jacquot, évoquant la relation qu’il a entretenue avec l’actrice et réalisatrice Judith Godrèche après leur rencontre en 1986 sur le tournage du film Les Mendiants.
    Ces mots, Judith Godrèche les a récemment découverts avec horreur, comprenant que son désir lui avait été dérobé, et que la jouissance d’un monstre était banalisée en toute impunité. Sept ans après le début du mouvement #MeToo, son témoignage a suscité une onde de choc dans le monde du cinéma français. D’autres actrices, telles que Sarah Grappin, Isild Le Besco ou Anna Mouglalis, se sont jointes à son appel, et ont mis en lumière le système d’abus et d’exploitation des jeunes actrices.
    Malheureusement, depuis trop longtemps, le prix à payer pour la libération de la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles a été l’exclusion, l’ostracisme. Dans le milieu artistique, ces actes ont souvent été tolérés et romantisés ; la distinction entre l’homme et l’artiste est même invoquée pour minimiser ou excuser de telles violences. La tribune signée par cinquante personnalités dans Le Figaro, appelant à « ne pas effacer Gérard Depardieu », accusé de viol et d’agression sexuelle par au moins seize femmes, s’appuie sur cette distinction, affirmant que « lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque ». Les victimes se retrouvent sexualisées et réduites au silence.
    En dépeignant les agressions sexuelles comme érotiques, le cinéma contribue à la persistance d’une culture du viol dans notre société. Cette banalisation des violences sexuelles est alarmante, d’autant que seule une plainte sur six pour viol ou agression sexuelle sur mineur aboutit – une plainte sur dix en cas d’inceste. Chaque année, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles. Ces chiffres sont ahurissants. Ces abus, commis sur des victimes âgées de 8 ans et demi en moyenne, ont des répercussions profondes sur leur vie – problèmes émotionnels, symptômes de stress post-traumatique, difficultés scolaires – qui sont bien établies.
    Ces violences ne sont malheureusement pas cantonnées à la seule industrie du cinéma ; elles ont cours dans d’autres secteurs liés au monde de la culture, comme le théâtre ou la mode. La position de l’enfant, sa relation à l’image et à son corps, ainsi que les interactions entre l’enfant et les adultes, que ce soit sur les lieux de tournage ou d’expression scénique ou à l’extérieur, sont des traits communs à toutes ces industries.
    Cette proposition de résolution vise à rétablir la commission d’enquête créée à l’initiative du groupe Écologiste et dont les travaux menés par notre ancienne collègue Francesca Pasquini se sont brutalement interrompus en juin dernier. Avec ce rétablissement, il s’agira d’apporter une réponse politique à toutes les victimes d’abus qui ont trop souvent eu à faire face au mur de l’indifférence érigé par notre société. Il sera aussi question d’instaurer durablement des règles qui n’autoriseront plus la commission de telles violences.
    Pour sa pleine réussite, la commission d’enquête devra recueillir la parole des victimes, lesquelles ne devront pas craindre de s’exprimer, et le monde du cinéma devra accompagner ces témoignages sans ambiguïté, sans jugement et sans conséquences pour ceux qui parlent : ce sont les victimes qui doivent être protégées, pas les agresseurs.
    La commission d’enquête devra dresser un état des lieux exhaustif des violences commises, sachant que, si les préconisations qui en ressortaient n’étaient pas mises en œuvre, suivies et évaluées, tous ces travaux resteraient vains, et les corps continueraient d’être marchandisés, sexualisés et exploités.
    Les exigences que nous posons, nous les devons aux victimes et à la société. Pour qu’enfin les violences sexuelles cessent dans le milieu du cinéma et ailleurs, fortement investis dans les travaux de l’ancienne commission et déterminés à poursuivre cet engagement, nous, députés Socialistes, soutenons avec force la proposition de résolution. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, LFI-NFP, EcoS et GDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau.

    Mme Sandrine Rousseau

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    « Qui nous écoute vraiment ? » En mai 2024, plus de cent personnalités du monde de la culture signaient une tribune dénonçant le manque d’écoute de notre société à propos des violences sexistes et sexuelles. Cinq mois après leur mobilisation, il est temps que la représentation nationale leur réponde. Nous, nous vous entendons ; nous, nous allons agir.
    Quand la parole se libère, notre responsabilité est d’écouter, de réfléchir et de trouver les voies et moyens pour protéger les enfants, les femmes, toutes les victimes. Face à une parole qui se libère, il est temps de faire une chose : libérer notre écoute, respecter les témoignages et légiférer pour apporter des réponses.
    Cela fera bientôt vingt ans que Tarana Burke a utilisé, pour la première fois, le terme MeToo pour dénoncer, en 2007, les violences sexuelles commises sur les petites filles noires. Qu’avons-nous fait depuis ?
    Grâce à un hashtag, des centaines de milliers, des millions de femmes – des hommes, aussi – de tous profils, partout dans le monde, ont mis au jour un système de prédation. Ils ou elles ont souvent bravé, avec courage, tous les risques pour leur réputation, leur santé ou leur carrière. Et nous, qu’avons-nous fait ?
    En France, celles et ceux qui se sont mobilisés pour mettre un terme aux violences dans le monde de la culture sont nombreux. Isild Le Besco, Charlotte Arnould, Lucie Lucas, Aurélien Wiik, Anna Mouglalis, Adèle Haenel, Francis Renaud, Marie Coquille-Chambel, Florence Mendez, Nadège Beausson-Diagne, Hélène Devynck, Flavie Flament, Sarah Grappin, Vanessa Springora, etc., etc., etc.
    Et, bien sûr, Judith Godrèche ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP, SOC et GDR. – M. Ian Boucard applaudit également.) Judith Godrèche, qui a demandé avec force la tenue de cette commission d’enquête. Ma collègue Francesca Pasquini avait entendu son appel. Elles sont aujourd’hui toutes les deux dans les tribunes et je souhaite leur rendre hommage : merci à vous ! (Mêmes mouvements.) Notre responsabilité est de reprendre le flambeau et de poursuivre le travail entamé.
    Il est important de comprendre ce qui se joue derrière la relation artistique. D’un côté, un metteur en scène, un producteur, un acteur, un présentateur, peu importe, mais une vedette, une star ; une personne que tout le monde admire, que tout le monde vante ; un nom, un artiste, avec des prix, des médailles, des récompenses – il en a plein –, et tout un monde, tout un milieu qui l’admire, le soutient, l’encourage dans ce que l’on veut qualifier de transgression, alors qu’il ne s’agit en réalité que de crimes et de délits. Face à lui, un ou une enfant, une femme, un homme, souvent débutant et dont les rêves d’avenir se confondent avec son admiration pour la star et son désir de lui ressembler, pour briller, lui aussi. À moins qu’il ne s’agisse d’une maquilleuse, d’un technicien, d’une projectionniste, tous précaires ou à peu près.
    Mais voilà, quand la star se comporte mal, personne, ou quasiment, n’est jamais là pour lui dire stop. Il y a des enjeux économiques, des enjeux de pouvoir, et puis une culture, celle du viol, comme partout. Celle qui fait que, quand un film est réalisé sur Gauguin, on ment sur l’âge de sa femme, qui avait 13 ans et qui, dans le film, en a 17 – cela fait une différence ! Ce qui fait aussi que tout le monde appelle chefs-d’œuvre les visages déstructurés des compagnes de Picasso, feignant d’ignorer les violences qu’il leur infligeait.
    Attribuer le prix du meilleur réalisateur à Roman Polanski, dire de Gérard Depardieu qu’il fait honneur à la France, soutenir Dominique Boutonnat, laisser des jeunes filles sur les plateaux avec PPDA ou Gérard Miller, inviter Gabriel Matzneff dans les salons littéraires, permettre à Benoît Jacquot de raconter dans une vidéo sa relation avec une enfant de 15 ans, ou laisser Jean-Marc Morandini à l’antenne… (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP, SOC et GDR.) Il est là, le pouvoir ; elle est là, la culture du viol ; elle est là, la violence systémique ! (Mêmes mouvements.)
    Nous, représentation nationale, pouvons aujourd’hui, avec cette commission d’enquête, après la fragilisation de la Ciivise, après le témoignage de Camille Kouchner, lever une partie du voile, faire reculer un peu l’omerta, regarder, écouter et enquêter sur ce qui se passe dans un monde où les strass, les projecteurs et les paillettes nous aveuglent trop souvent. Elle est simplement là, notre responsabilité de législateur : prendre au sérieux les paroles prononcées, et leur offrir un espace rassurant d’écoute et de respect.
    Neige Sinno, dans son magnifique livre Triste Tigre, pose cette question : pourquoi le font-ils ? Et y répond de la manière la plus simple qui soit : parce qu’ils le peuvent.
    Puisse cette commission d’enquête faire en sorte que cela ne soit plus possible, qu’ils ne puissent plus et que partout, tout le temps, la honte change de camp. (Les députés des groupes EcoS et LFI-NFP se lèvent et applaudissent. – Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    La discussion générale est close.
    Sur l’article unique de la proposition de résolution, je suis saisie par les groupes Ensemble pour la République, La France insoumise-Nouveau Front populaire et Les Démocrates d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Erwan Balanant, rapporteur

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    Je tenais à remercier les orateurs des groupes, qui ont témoigné de l’unanimité suscitée par ce texte. S’agissant du premier texte de cette législature si particulière à être voté, j’y vois comme un symbole et le signe que, sur certains sujets, nous sommes capables de travailler ensemble. C’est un premier exemple, et j’espère qu’il y en aura d’autres.

    M. Pierre Cordier

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    Ça ne dépend que de vous !

    M. Erwan Balanant, rapporteur

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    Je tenais également à répondre à Mme Parmentier. Le 9 août, j’ai déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale ce texte inspiré par Francesca Pasquini et cosigné par de nombreux députés. De nombreux groupes parlementaires ont pris attache avec moi pour me dire qu’ils étaient prêts à continuer le travail, mais je n’ai reçu aucun message de la part de votre groupe. J’espère, néanmoins, madame Parmentier, que vous saurez ne pas faire preuve de sectarisme et que, cette fois-ci, vous assisterez aux auditions conduites par la commission d’enquête.

    Discussion des articles

    Mme la présidente

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    J’appelle maintenant, dans le texte de la commission, l’article unique de la proposition de résolution.

    Article unique

    Vote sur l’article unique

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article unique de la proposition de résolution.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        226
            Nombre de suffrages exprimés                226
            Majorité absolue                        114
                    Pour l’adoption                226
                    Contre                0

    (L’article unique est adopté, ainsi que l’ensemble de la proposition de résolution.)
    (Mmes et M. les députés se lèvent et applaudissent longuement en direction de la tribune où se tiennent Mme Francesca Pasquini et Mme Judith Godrèche.)

    Mme la présidente

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    J’espère à mon tour que ce vote est de bon augure en ce début de législature.

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à seize heures dix, est reprise à seize heures vingt.)

    Mme la présidente