XVIIe législature
Session ordinaire de 2025-2026

Deuxième séance du jeudi 06 novembre 2025

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Deuxième séance du jeudi 06 novembre 2025

Présidence de Mme Nadège Abomangoli
vice-présidente

Mme la présidente

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à quinze heures.)

    1. Démission d’une députée

    Mme la présidente

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    La présidente de l’Assemblée nationale a reçu de Mme Christelle Petex, députée de la troisième circonscription de la Haute-Savoie, une lettre l’informant qu’elle se démettait de son mandat de députée à compter d’aujourd’hui. Acte est donné de cette démission qui sera notifiée au premier ministre.

    2. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (nos 1907 et 1999, 2057, 2049).

    Deuxième partie (suite)

    Mme la présidente

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    Ce matin, l’Assemblée nationale a poursuivi l’examen des articles de la deuxième partie du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 1904 portant additionnel après l’article 8.

    Après l’article 8 (suite)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Olivier Fayssat, pour soutenir l’amendement no 1904.

    M. Olivier Fayssat

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    Aujourd’hui, il faut avoir détenu un bien immobilier durant trente ans pour être exonéré de prélèvements sociaux sur la plus-value immobilière. Nous proposons de ramener cette durée à dix ans, afin de fluidifier le marché immobilier, d’augmenter le nombre de ventes et, donc, le nombre de biens sur le marché, ce qui fera baisser les prix. L’exonération consisterait en un abattement de 20 % par an à compter de la sixième année de détention.
    Nous ne relancerons les secteurs du bâtiment et du logement que si nous cessons de martyriser les investisseurs et que nous supprimons des taxes et des normes. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR et sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales, pour donner l’avis de la commission.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales

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    Nous devons effectivement demeurer attentifs au secteur du logement et apporter des réponses à la crise qu’il traverse. Cependant, je doute que votre amendement apporte une réponse structurelle. À mon sens, elle résidera davantage dans le statut du bailleur privé et dans le rendement cohérent et attractif qui lui sera associé –⁠ cela sera examiné dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) pour 2026. La réponse résidera également dans un dispositif de soutien à l’accession à la propriété, que nous évoquerons un peu plus tard avec les amendements de Mme Rossi et de M. Causse.
    En outre, le présent amendement conduirait à des pertes de recettes significatives tant pour la sécurité sociale que pour l’État. Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a recommandé de réformer entièrement –⁠ plutôt que d’aménager – le mécanisme de l’abattement fiscal selon la durée de détention d’un bien. Cela requiert toutefois un travail approfondi qu’il n’est pas possible de conduire par voie d’amendement. Je vous invite à retirer le vôtre, sans quoi mon avis sera défavorable –⁠ la commission l’a rejeté.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre du travail et des solidarités, pour donner l’avis du gouvernement.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités

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    L’amendement vise à fixer l’abattement, relatif à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux, à 20 % par an au-delà de la cinquième année de détention d’un bien immobilier. J’insiste sur la nécessaire stabilité fiscale en la matière : c’est ce dont le marché immobilier a avant tout besoin. Le système actuel d’imposition des plus-values immobilières semble bien connu des acteurs et globalement équilibré.
    Les abattements applicables selon la durée de détention du bien tempèrent la spéculation foncière à laquelle pourraient s’adonner les contribuables qui ne détiennent pas ce bien en tant que résidence principale. Ils permettent également, en les exonérant à terme, d’assurer une égalité de traitement avec les contribuables qui cèdent leur résidence principale.
    La proposition ne paraît pas opportune dans le contexte budgétaire que nous connaissons, tant pour l’État que pour la sécurité sociale. Elle reviendrait à diminuer les recettes budgétaires, non seulement sur l’imposition des plus-values immobilières mais aussi sur la taxe sur les plus-values immobilières élevées –⁠ l’assiette de cette dernière étant alignée sur celle des plus-values immobilières.
    Enfin, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026, l’amendement no 377 tendant à réduire de vingt-deux à dix-sept ans la durée de détention d’un bien ouvrant droit à une exonération totale d’imposition sur la plus-value immobilière, applicable aux biens immobiliers non affectés à l’habitation principale, a été adopté en séance publique le 3 novembre. Par conséquent, l’objectif visé par l’amendement est déjà partiellement atteint. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Marine Le Pen.

    Mme Marine Le Pen

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    Sur le principe, l’amendement déposé par le collègue Ciotti va dans le bon sens. Je suis en complet désaccord avec les arguments qui viennent d’être développés. La stabilité dans l’enfer, nul n’est tenu de la conserver. On diminuerait le délai ouvrant droit à exonération que l’ensemble des propriétaires et des professionnels de l’immobilier s’en réjouiraient. Cela créerait un appel d’air favorable aux transactions, qui n’existe pas aujourd’hui parce que les règles en vigueur contribuent à geler les comportements.
    Nous devons aussi tenir compte du fait que les gens deviennent propriétaires de plus en plus tard. (Mme Ségolène Amiot s’exclame.) Dans cette perspective, trente ans devient une durée d’attente considérable, bien plus que par le passé. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Le groupe La France insoumise votera contre cet amendement, qui profitera essentiellement aux 3,5 % de ménages qui détiennent la moitié des logements en location. Vous voulez faire un chèque à des multipropriétaires, voilà la réalité de votre redistribution ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Vous dites : si on fluidifie le marché, il y aura davantage de biens en vente. Or c’est faux : ce n’est pas parce qu’on fluidifie le marché que les maisons poussent sur le sol –⁠ cela requiert du temps et du travail pour la construire ! En revanche, cela diminuera l’offre de locations puisque vous aurez étendu la durée durant laquelle les propriétaires peuvent tenter de vendre, favorisant les transactions entre propriétaires. Champions les artistes !
    Au demeurant, la situation présente résulte des dispositions voulues en 2011 par M. Fillon –⁠ j’espère que le groupe Droite républicaine ne votera pas cet amendement, ce serait désavouer leur ami ! Enfin, cet amendement ferait perdre 3 milliards d’euros de recettes, une somme qu’il serait très utile d’investir dans le logement public social pour toutes et tous. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    (L’amendement no 1904 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’action et des comptes publics.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics

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    Dans le cadre de l’examen du PLF, l’amendement no 377 de M. Le Fur a été adopté, qui réduit en effet de vingt-deux à dix-sept ans la durée au terme de laquelle s’obtient une exonération totale de l’imposition sur la plus-value de cession immobilière, pour les résidences qui ne sont pas des résidences principales.

    M. Philippe Brun

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    Eh oui !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    S’agissant du volet fiscal, le PLF pour 2026 favorise donc déjà une accélération des transactions. Nous avons eu un long débat à ce sujet dans le cadre de l’examen du PLF –⁠ je crois que vous y étiez présente, madame Le Pen. Nous y avons pris conscience qu’une réforme intéressante consisterait à diminuer les effets de seuil. Cependant, cela réclamerait d’instituer une période de transition pour ne pas pénaliser les personnes qui attendent la vingt-troisième –⁠ désormais la dix-huitième – année pour vendre. Le PLF a toutefois permis de lancer cette réforme de structure.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Stéphane Delautrette, pour soutenir l’amendement no 121 rectifié.

    M. Stéphane Delautrette

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    Cet amendement a été déposé par notre collègue Inaki Echaniz, qui se trouve actuellement en commission des finances pour débattre de la deuxième partie du PLF pour 2026. Il vise à modifier la taxe sur la plus-value perçue lors de la cession d’un bien immobilier ou d’un droit relatif à un immeuble, hors résidence principale, afin d’instaurer une taxe à 30 %, stable dans le temps.
    Le but est de décourager le fait de conserver un bien sur une longue durée –⁠ surtout lorsqu’on approche de l’exonération totale – sans que le propriétaire l’entretienne, ce qui favorise un habitat dégradé alors que ce bien pourrait être mis en vente ou en location.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    La commission a rejeté cet amendement, qui introduirait un bouleversement considérable du régime fiscal applicable aux cessions de bien immobilier. L’incidence financière d’une telle mesure n’est pas documentée dans l’exposé sommaire. Sur la forme, cet amendement opère une coordination avec un amendement à la première partie du PLF, qui a été rejeté. Je vous demande de retirer, par cohérence, cet amendement qui ne trouve plus son complément dans le projet de loi de finances ; à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Je salue l’engagement de M. Echaniz et de Mme Annaïg Le Meur en faveur du logement. Cette question m’intéresse d’autant plus qu’elle est liée à celle de l’emploi et du travail.
    L’amendement vise à aligner le régime social sur le régime fiscal en ce qui concerne l’abattement sur les plus-values de cession immobilière en fonction de la durée de détention. J’entrevois plusieurs difficultés. D’abord, l’amendement évoqué dans l’exposé sommaire n’a pas été adopté dans le cadre de l’examen du PLF, au contraire de l’amendement no 377 déjà mentionné. Dès lors, cet amendement créerait une disjonction entre le régime social et le régime fiscal qui serait source d’une complexité indésirable pour les personnes concernées. Je vous propose donc de retirer votre amendement ; à défaut, avis défavorable.

    (L’amendement no 121 rectifié n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj, pour soutenir l’amendement no 220.

    M. Jérôme Guedj

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    D’abord, un rapide point de méthode. Nous examinons les amendements portant article additionnel après l’article 8 et l’objectif que nous nous sommes fixé –⁠ après avoir épargné les titres-restaurant et les chèques-vacances – est de dégager des ressources afin de compenser les 960 millions d’euros désormais manquants pour le financement de la sécurité sociale. Plus de 160 amendements sont à examiner après l’article 8, qui portent soit sur des niches sociales, soit sur des exonérations de cotisations sociales, soit sur des taxes supplémentaires. Je ne sais comment nous parviendrons à les aborder de façon coordonnée ; cependant, gardons en tête à chaque fois qu’on examine un amendement qu’il aura un effet sur le rendement des autres.
    Le présent amendement a été adopté par notre assemblée l’année dernière. Il se trouve que les allégements généraux de cotisations sociales étant calculés sur la base du smic, certaines branches versent des minima conventionnels inférieurs au salaire minimum. Afin d’inciter ces branches à rehausser le bas de leur échelle de rémunérations au niveau du smic et afin d’obtenir un rendement satisfaisant, nous proposons que ces allégements soient calculés sur la base du minima conventionnel et non plus sur celle du smic. J’espère avoir été clair. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Monsieur Guedj, vous défendez cette cause depuis plusieurs années ; nous avons déjà eu ce débat lors des projets de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) précédents. Vous avez d’ailleurs, avec le député Marc Ferracci, déposé en septembre 2023 un rapport d’information très intéressant à ce sujet, en conclusion des travaux de la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (Mecss).
    Je vois plusieurs inconvénients à cet amendement. D’abord, cela risque de pénaliser, au sein d’une branche, les entreprises vertueuses pour quelque chose dont elles ne sont pas responsables.

    M. Jérôme Guedj

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    Oui, je connais l’argument !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Cela instituerait une forme de culpabilité du fait d’autrui dont il n’est pas certain qu’elle serait admise par le Conseil constitutionnel, qui pourrait y voir un manquement au principe d’individualisation des sanctions ayant le caractère de punition.
    Une telle mesure pourrait également poser des difficultés d’ordre opérationnel. Une entreprise, notamment quand elle est divisée en établissements, peut relever de différentes branches. Certaines branches, de plus, sont régies par plusieurs conventions collectives.
    Du point de vue formel, vous pourriez opportunément réécrire votre amendement dans la perspective des prochains PLFSS. Dans sa rédaction actuelle, en effet, vous l’appliquez à plusieurs mesures d’exonération ou d’exemption d’assiette qui ne sont pas calculées sur le smic et qui ne devraient donc pas être concernées.
    Je vous demande donc, à titre personnel, de retirer votre amendement, dont la proposition me paraît techniquement inenvisageable et juridiquement fragile ; je lui donnerai sinon, à titre personnel, un avis défavorable. Il a toutefois été adopté par la commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous annoncez chercher des recettes, monsieur le député Guedj ; mais vous proposez là plutôt une forme d’incitation comportementale. Personne ne souhaite voir les salaires rester sous les minima de branche ; nous recherchons tous, au contraire, à ce qu’ils passent au-dessus. Si une telle incitation devait être votée, nous souhaiterions donc tous les deux qu’elle ne rapporte aucune recette, toutes les branches finissant par passer au-dessus du salaire minimum.

    M. Jérôme Guedj

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    En effet !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Si cette mesure avait été adoptée il y a dix-huit ou vingt-quatre mois –⁠ en mettant de côté toutes les précautions légistiques du rapporteur général, que je fais miennes, et en supposant que les branches n’auraient pas renégocié – elle aurait eu un certain rendement. À l’heure actuelle, cependant, seules deux des 171 branches de plus de 5 000 salariés ont encore des minima inférieurs au smic –⁠ et je crois qu’elles ont engagé des négociations.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    C’est le cas !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous pénaliseriez, de plus, les entreprises qui ont choisi de se démarquer de leur branche qui n’aurait pas tenu de négociations collectives. Marc Ferracci, qui est de retour sur ces bancs, est très attaché à ce que la négociation ait lieu au niveau de l’entreprise. Votre dispositif aurait beaucoup de sens dans le cas où celui qui paye la taxe dispose effectivement des leviers pour s’en libérer ; à défaut, il risque de se révéler déresponsabilisant, les entreprises ayant bien négocié se retrouvant affectées aussi bien que celles qui se seront laissées porter par la dynamique de branche.
    Il faudrait peut-être ressusciter la loi du 3 décembre 2008 en faveur des revenus du travail –⁠ une loi encore en vigueur mais qui n’est pas tout à fait appliquée. Elle dispose que les allégements généraux doivent être limités en l’absence de négociations annuelles. Si nous cherchons des recettes, nous poursuivons aussi tous ce même objectif : que les salaires augmentent par la négociation et le jeu des forces sociales.
    Je vous propose donc de retirer votre amendement, du fait de ses défauts méthodologiques et parce qu’il ne tend finalement à générer aucune recette. Nous serions plutôt attachés, avec le ministre Farandou, à faire revivre la loi de 2008 –⁠ qui pourrait également engendrer des recettes.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Tout à fait !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj.

    M. Jérôme Guedj

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    J’ai entendu vos explications et conscient que nous devons gagner du temps, je vais retirer mon amendement. Mais je vous le demande : sanctionnez effectivement les entreprises qui ne respectent pas la NAO –⁠ la négociation annuelle obligatoire – en les privant du bénéfice des allégements de charge. Continuons à creuser la question.

    (L’amendement no 220 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. François Gernigon, pour soutenir l’amendement no 1210.

    M. François Gernigon

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    L’article L. 731-10-1 du code rural et de la pêche maritime consacre un principe d’annualité des cotisations sociales des chefs d’exploitation et d’entreprise agricoles. Ce principe implique que les cotisations sont dues pour l’année entière, indépendamment de la date d’installation ou de cessation d’activité –⁠ sauf en cas de décès de l’exploitant, où un prorata est appliqué.
    L’instauration, à la place, d’un calcul prorata temporis des cotisations –⁠ sur une base mensuelle ou trimestrielle – présenterait plusieurs avantages. Les exploitants jouiraient d’une plus grande flexibilité : les transmissions et cessations d’activité pourraient intervenir à tout moment de l’année, au gré des réalités économiques. Les départs à la retraite seraient facilités, le système actuel incitant les exploitants à cesser leur activité uniquement au 1er janvier pour éviter le paiement d’une année pleine de cotisations. Le prorata, au contraire, permettrait des départs fluides tout au long de l’année –⁠ notamment au début d’un trimestre.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Votre exposé des motifs m’a permis de mieux comprendre la visée de l’amendement –⁠ mais aussi ce qui lui fait obstacle : son adoption risquerait d’être défavorable aux jeunes agriculteurs. Le droit en vigueur présente l’avantage d’exonérer de cotisations les exploitants en début d’activité, puisque ne sont pas redevables de cotisations, pour l’année en cours, ceux qui se sont installés après le 1er janvier, tout en bénéficiant du versement des prestations sociales. Je comprends pourquoi vous appelez de vos vœux un système au prorata ; il risque néanmoins de se faire au détriment des jeunes agriculteurs, que je préférerais ne pas pénaliser au moment où ils font face à des investissements importants.
    Je vous propose de retirer votre amendement, auquel je donnerai sinon un avis défavorable –⁠ à titre personnel, la commission ne l’ayant pas examiné.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Mes arguments seront les mêmes. Le dispositif en vigueur doit être compris comme une aide à l’installation, l’appel à cotisation ne commençant que l’année pleine suivante. Par symétrie, après la cessation, les cotisations sont dues pour l’année commencée. Ce mécanisme favorise donc, comme nous le souhaitons tous, l’installation des jeunes agriculteurs. Demande de retrait ; avis défavorable sinon.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. François Gernigon.

    M. François Gernigon

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    J’ai présenté cet amendement dans un esprit d’équité avec les activités industrielles et commerciales ; je me rends néanmoins aux arguments de la ministre et du rapporteur général en le retirant.

    (L’amendement no 1210 est retiré.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs amendements identiques, nos 617, 1275, 1379, 1505, 1914 et 1940.
    L’amendement no 617 de M. Julien Dive est défendu.
    La parole est à M. Eric Liégeon, pour soutenir l’amendement no 1275.

    M. Eric Liégeon

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    La gestion des crises fait partie intégrante de la vie de l’entreprise agricole. Confrontés à des aléas à répétition et à la forte variabilité de leurs revenus, les agriculteurs doivent pouvoir cotiser au plus près de la réalité de leurs revenus annuels.
    C’est ce à quoi tend cet amendement, qui permettrait d’adapter les cotisations à la réalité économique des exploitations agricoles et de sécuriser leur trésorerie, tout en garantissant le financement de la protection sociale agricole.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier, pour soutenir l’amendement no 1379.

    M. Philippe Vigier

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    Nous pensons également que les crises climatiques, la fluctuation des prix et les difficultés énergétiques nous invitent à travailler à un système annualisé. Il existe actuellement deux options : un calcul sur la moyenne des revenus des trois dernières années, ou bien sur l’année n -⁠ 1. Les agriculteurs accueilleraient favorablement un calcul sur l’année en cours.
    Une telle mesure n’ayant vocation qu’à être appliquée à partir de 2027, elle n’aurait par ailleurs, monsieur le rapporteur général, aucune incidence financière sur l’année 2026.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Lionel Vuibert, pour soutenir l’amendement no 1505.

    M. Lionel Vuibert

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    Il s’agit d’éviter que les agriculteurs, du fait des aléas auxquels ils sont confrontés d’une année sur l’autre, aient à payer des cotisations trop élevées. Il y aurait là un bon outil de gestion pour l’avenir.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. David Taupiac, pour soutenir l’amendement no 1914.

    M. David Taupiac

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    Il vise à permettre aux agriculteurs de pouvoir opter pour une assiette basée sur les revenus de l’année en cours. Elle serait réputée révoquée par l’effet de la loi en cas de cessation d’activité, pour éviter que les résultats fiscaux de cette cessation n’aboutissent, l’année suivante, à un appel de cotisations sociales trop important, pénalisant ainsi les transmissions.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Dominique Potier, pour soutenir l’amendement no 1940.

    M. Dominique Potier

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    Je ne vais pas revenir sur les aspects techniques de l’amendement, pour en dire plutôt la philosophie. Il ne s’agit en aucun cas de nous priver de cotisations sociales ou fiscales –⁠ ce n’est pas la position du groupe socialiste, qui tient à maintenir ce régime de cotisation. Il importe, toutefois, que ce régime soit juste. Je défendrai ainsi tout à l’heure une mesure tendant à étendre la cotisation à des dirigeants n’ayant plus le statut d’exploitant, dans une perspective de lutte contre l’optimisation fiscale et sociale. Nous devons, en revanche, défendre cet outil de travail qu’est l’exploitation agricole, outil soumis à des aléas climatiques indépendants de la volonté de l’exploitant et qu’il se retrouve pourtant à devoir assumer. Or les outils actuels –⁠ moyenne triennale ou à n -⁠ 1 – ne sont pas pertinents.
    Cette proposition doit nous rassembler : elle constitue un outil d’optimisation économique et conserve le caractère de solidarité nationale auquel nous sommes attachés. Je défends également cet amendement au nom de Mme Thomin et en accord avec Mme Allemand, qui connaît très bien ces sujets.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Après cette série d’amendements identiques viendra une autre série d’identiques, elle-même suivie d’une autre série d’amendements en discussion commune ; or cette dernière série reviendra sur le problème qui nous occupe à présent. Dans la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) de l’année en cours –⁠ adoptée fin février – une disposition, introduite par le Sénat, donne au gouvernement la faculté –⁠ et rien d’autre – de mener une expérimentation rendant possible de cotiser sur une assiette forfaitaire représentative de l’année en cours. Le décret d’application, qui aurait dû l’être avant le 1er octobre, n’a pas été pris. Les échanges avec la caisse centrale de la MSA –⁠ la Mutualité sociale agricole – ont fait apparaître que le périmètre de l’expérimentation prévue par cette disposition n’était pas adéquat : elle ne concernait que trois régions quand il serait plus facile à la caisse centrale, sur le plan informatique, de la déployer à l’échelle nationale.
    Les présents amendements soulèvent plusieurs difficultés. Ils ne visent pas, tout d’abord, à mettre en œuvre une expérimentation mais un dispositif pérenne. Vous en prévoyez, ensuite, l’entrée en vigueur au 1er janvier 2026, ce qui sera impossible pour la caisse centrale de la MSA. Vous supprimez, de plus, la possibilité pour les exploitants d’opter pour l’assiette sur l’année n –⁠ 1, ne leur laissant plus d’autre choix que l’assiette calculée sur l’année en cours. Chers collègues, vous connaissez bien ces questions ; mais il me semble tout de même préférable de leur conserver la possibilité de choisir.
    Pour toutes ces raisons, je vous demande de retirer vos amendements, au bénéfice des amendements en discussion commune à venir, dont le no 2290. Il sera alors possible de déployer une expérimentation avec un calendrier et un périmètre différents. Ce périmètre, conforme aux capacités informatiques de la MSA, assurera son effectivité. L’expérimentation se déroulera entre le 1er octobre 2026 et la fin de l’année 2028. La date du 1er octobre 2026 laisse suffisamment de temps pour son déploiement, sans aller toutefois jusqu’à 2027, puisque le Conseil constitutionnel serait amené à censurer toute mesure qui ne porterait pas sur l’année 2026.
    Je vous invite donc à rejoindre le compromis élaboré en commission. Nicolas Turquois souhaitait s’assurer que les exploitants devraient bien, en tout état de cause, avoir cotisé : je peux le rassurer sur ce point, ils devront bien avoir cotisé sur les assiettes minimales.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Le rapporteur général l’a dit avec la justesse dont il est coutumier : une expérimentation est en cours pour que la MSA ouvre cette possibilité d’un calcul des cotisations sur l’assiette de l’année en cours. Le Sénat, dans le cadre de la navette parlementaire, s’attachera à réécrire et à améliorer le cadre juridique de cette expérimentation.
    Les agriculteurs ont aujourd’hui un choix entre plusieurs méthodes de calcul dont il ne faudrait pas les priver.
    En outre, cette expérimentation est prévue pour trois ans afin que les agriculteurs puissent savoir si c’est une bonne ou une mauvaise solution, ou une option à conserver.
    Il est préférable que nous nous en tenions à ce qui a été voté à l’article 21 de la LFSS pour 2025. Dans le cadre de la navette, avec l’aide des services, nous pourrions réécrire les quelques dispositions techniques nécessaires. Mais ne créons pas un nouveau dispositif sur un mécanisme pour lequel, l’année dernière, vous aviez collectivement atteint une forme de consensus.
    Si vous votez ces amendements, cela créera plus de confusion que de soutien pour la MSA et les agriculteurs. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Nous faisons confiance au rapporteur général et à la ministre ; l’objectif sera atteint grâce aux amendements suivants.

    (L’amendement no 1940 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Lionel Vuibert.

    M. Lionel Vuibert

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    Monsieur le rapporteur général, quand vous parlez d’une expérimentation sur un périmètre élargi, cela concerne-t-il l’ensemble du territoire français ?

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je ne suis pas toujours sur la même ligne que le gouvernement –⁠ j’ai une certaine liberté en tant que rapporteur général.
    Plusieurs groupes ont déposé des amendements similaires. Mon amendement –⁠ que nous allons bientôt examiner – découle d’échanges avec la Caisse centrale de la MSA (CCMSA). Il porte sur la France entière car leur système d’information n’est pas adapté à une expérimentation ciblée sur trois régions, comme c’était initialement prévu.

    (L’amendement no 1505 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier.

    M. Philippe Vigier

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    Le rapporteur général nous ayant apporté des précisions sur le périmètre et la temporalité, je retire l’amendement no 1379.

    (L’amendement no 1379 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Eric Liégeon.

    M. Eric Liégeon

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    Je fais également confiance au rapporteur général.

    (Les amendements identiques nos 1275, 617 et 1914 sont retirés.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de quatre amendements identiques, nos 75, 1108, 1509 rectifié et 1930.
    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 75.

    Mme Josiane Corneloup

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    La LFSS pour 2025 a apporté quelques corrections à l’assiette de la contribution sociale généralisée (CSG) des exploitants agricoles : elle inclut de nouveau les activités commerciales et non commerciales exercées par les chefs d’exploitation et d’entreprises agricoles.
    Toutefois, pour ces mêmes activités, le texte relatif à l’assiette des cotisations sociales continue, par erreur, de faire référence aux règles d’assiette applicables aux travailleurs indépendants, dont les modalités diffèrent de celles du régime social agricole.
    Afin de corriger cette erreur rédactionnelle du législateur, il est proposé de supprimer, à l’article L. 731-14 du code rural, la référence aux règles d’assiette des indépendants non agricoles visés à l’article L. 136-3 du code de la sécurité sociale.

    Mme la présidente

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    Les amendements identiques nos 1108 de Mme Valérie Bazin-Malgras, 1509 rectifié de M. Lionel Vuibert et 1930 de M. David Taupiac sont défendus.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    C’est amusant, vous avez tenté deux approches : les amendements dont nous débattons, puis les mêmes, déposés un peu plus loin, mais sur un autre code. (Sourires.)
    Vous avez raison, on peut parler de malfaçon légistique dans la définition de l’assiette des cotisations des non-salariés agricoles, issue de la réforme des modalités de calcul des cotisations sociales des travailleurs indépendants.
    Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais cette réforme était arrivée par un amendement gouvernemental que nous n’avions pas pu analyser lors de l’examen budgétaire.
    Je comprends votre intention : vous voulez vous assurer que les seuls bénéfices industriels et commerciaux (BIC) et bénéfices non commerciaux (BNC) intégrés à l’assiette agricole sont ceux tirés d’une activité relevant effectivement du champ d’affiliation au régime des non-salariés agricoles.
    Mais il me semble plus judicieux de modifier un autre article du code de la sécurité sociale, celui qui définit l’assiette agricole générale sur laquelle porte la CSG, plutôt que l’article L.731-14 du code rural qui, lui, ne concerne que les cotisations.
    Je vous demande le retrait de ces amendements, au profit de l’amendement no 76 rectifié et des amendements identiques, que nous examinerons plus tard, et sur lesquels j’ai déposé un sous-amendement de précision.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je serai favorable à l’amendement n° 76 rectifié, sous-amendé par le rapporteur, puisqu’il permettra de résoudre, de manière performante et simple à la fois, le problème que vous avez tous soulevé.

    (Les amendements identiques nos 75, 1108, 1509 rectifié et 1930 sont retirés.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de huit amendements, nos 13 rectifié, 311 rectifié, 667 rectifié, 2067 rectifié, 2165 rectifié, 2290, 2453 rectifié et 542 rectifié, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 13 rectifié, 311 rectifié, 667 rectifié, 2067 rectifié et 2165 rectifié sont identiques.
    La parole est à Mme Sylvie Bonnet, pour soutenir l’amendement no 13 rectifié.

    Mme Sylvie Bonnet

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    En l’état du droit, les cotisations sociales des exploitants agricoles affiliés à la MSA sont calculées sur la base des revenus des années précédentes –⁠ soit sur ceux de l’année n –⁠ 1, soit sur une moyenne triennale.
    Ce décalage peut entraîner des difficultés de trésorerie, notamment en cas de fluctuation importante des revenus d’une année sur l’autre. Les exploitants peuvent alors être amenés à payer des cotisations élevées alors que leurs revenus récents sont en baisse, ce qui accentue leur fragilité économique.
    Nous proposons d’adapter le calcul des cotisations à la réalité économique des agriculteurs et de sécuriser leur trésorerie, tout en garantissant le financement de la protection sociale agricole.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Vincent Descoeur, pour soutenir l’amendement no 311 rectifié.

    M. Vincent Descoeur

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    Deux mots sur cet amendement de notre collègue Fabrice Brun, qui aborde également la question du décalage entre l’année de référence et l’année de cotisation. Comme d’autres, nous souhaitions prendre l’année n comme base de calcul.
    J’ai entendu, monsieur le rapporteur général, votre préférence pour un autre amendement. Pourriez-vous nous en préciser le périmètre et la date ? Je retirerai l’amendement dès lors que j’aurai compris ce que vous proposez.

    Mme la présidente

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    Sur les amendement no 13 rectifié et identique, je suis saisie de demandes de scrutin public par les groupes Libertés, indépendants, outre-mer et territoires et Union des droites pour la République.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Éric Michoux, pour soutenir l’amendement no 667 rectifié.

    M. Éric Michoux

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    Les cotisations des agriculteurs à la MSA sont calculées sur la base des revenus de l’année n –⁠ 1 ou sur une moyenne triennale. Ce mode de calcul peut poser des problèmes de trésorerie, en particulier lorsque l’activité varie fortement d’une année à l’autre. L’amendement vise à se caler sur l’année en cours, ce qui permettrait d’ajuster les cotisations à la réalité économique de l’activité. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé, pour soutenir l’amendement no 2067 rectifié.

    Mme Nathalie Colin-Oesterlé

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    Cet amendement a été adopté en commission des affaires sociales. Il vise les cotisations sociales des exploitants agricoles affiliés à la MSA, lesquelles sont actuellement calculées sur la base des revenus de l’année précédente ou d’une moyenne triennale. Ce mode de calcul peut poser des problèmes de trésorerie, notamment en cas de fluctuation importante des revenus d’une année sur l’autre.
    Nous proposons d’adapter le système en prévoyant un calcul sur les revenus de l’année en cours, afin d’ajuster immédiatement les contributions sociales à la réalité économique des agriculteurs. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 2165 rectifié de M. Charles de Courson est défendu.
    La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 2290.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je vais profiter de la défense de mon amendement pour clarifier les choses et répondre à Vincent Descoeur. Pourquoi vais-je demander le retrait de ces amendements au profit de mon amendement no 2290 ? Parce que ce dernier prévoit une expérimentation, alors que vos amendements visent un déploiement immédiat.
    J’ai échangé avec la MSA, qui insiste sur l’importance de l’expérimentation, avec un calendrier compatible avec les autres réformes dont elle a la charge.
    Pourquoi est-ce compliqué pour la MSA ? On lui demande d’appliquer la loi du 13 février 2023 visant à calculer la retraite de base des non-salariés agricoles en fonction des vingt-cinq années d’assurance les plus avantageuses dès le 1er janvier 2026 –⁠ notre collègue Julien Dive l’a évoqué hier. C’est une réforme très importante. À la même date, elle doit déployer la réforme très complexe de l’assiette de la CSG et des cotisations sociales dues par les travailleurs non salariés, prévue par le décret du 25 juillet 2025.
    Des amendements sont d’ailleurs proposés pour corriger certains points –⁠ cette réforme concerne l’assiette des contributions et cotisations des indépendants, mais elle a des conséquences sur celle des agriculteurs.
    Je vous invite donc à considérer l’ensemble de ces éléments. En commission, nous n’avons pas souhaité pérenniser la mesure immédiatement. Afin de s’assurer de la pertinence de cette nouvelle option et de l’absence d’effets négatifs, je plaide pour une expérimentation sur trois ans, notamment dans les secteurs qui peuvent connaître des difficultés ponctuelles, tout en conservant les deux autres options –⁠ année n –1 ou moyenne triennale.
    Demande de retrait des amendements de la discussion commune, au profit de l’amendement no 2290.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Nicolas Turquois, pour soutenir l’amendement no 2453 rectifié.

    M. Nicolas Turquois

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    Pourquoi mon amendement est-il indiqué comme rectifié ?

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Il a été rectifié pour corriger une petite coquille rédactionnelle.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Nicolas Turquois.

    M. Nicolas Turquois

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    Étant agriculteur moi-même, j’ai abordé ce sujet à de nombreuses reprises avec Charles de Courson. J’ai longtemps été plutôt opposé à un calcul sur l’année n. Pourquoi ? Nos revenus sont variables –⁠ certaines années sont bonnes, d’autres moins. La moyenne triennale m’a longtemps semblé le système idéal pour lisser les revenus. Quant aux calculs à partir de l’année n –⁠ 1, ils nous permettent aussi de savoir à peu près ce que nous allons payer en prenant nos résultats comptables.
    Mais sur l’année n, par définition, il y aura un décalage. Par ailleurs, lorsque l’année est très bonne, on a tendance à vouloir investir massivement pour défiscaliser –⁠ c’est une constante du monde agricole. En conséquence, si, dans les bonnes années, on paie moins d’impôts et moins de charges sociales, et que, dans les mauvaises années, on ne cotise pas non plus, au final, on ne se crée pas de droits.
    C’est pourquoi je plaide également pour l’expérimentation. Le dispositif est peut-être pertinent dans certaines situations, mais il faut rester vigilant sur les effets pervers : quand on ne cotise pas, on ne crée pas de droits et l’on n’a donc pas de pension de retraite. Ce défaut de cotisation les années où l’on aurait pu cotiser explique l’importance des petites retraites agricoles.

    (L’amendement no 13 rectifié est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement no 542 rectifié.

    Mme Justine Gruet

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    Il s’agit d’un amendement similaire. Les cotisations sociales des exploitants agricoles sont calculées sur la base des revenus de l’année précédente ou sur une moyenne triennale. En période de baisse d’activité, cela peut conduire à payer des cotisations calculées sur des revenus élevés, ce qui aggrave les difficultés économiques des agriculteurs.
    Je tenais à vous faire part de mon incompréhension : j’ai déposé un amendement portant sur le même sujet, mais il a été jugé irrecevable au titre de l’article 40 de la Constitution car considéré comme cavalier social.
    Alors que le sujet est identique, c’est une forme d’injustice car je ne peux défendre cet amendement dans l’hémicycle. Mais je suis ravie d’avoir pu défendre celui de mon collègue, M. Di Filippo !

    Mme la présidente

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    Monsieur le rapporteur général, vous avez déjà donné l’avis de la commission ; vous souhaitez ajouter quelque chose ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Madame Gruet, notre collègue Di Filippo est le seul à avoir repris exactement l’amendement travaillé en commission. Si je l’ai modifié –⁠ je vous dois cette explication –, c’est parce que laisser la date du 1er janvier 2027 nous exposerait à la censure du Conseil constitutionnel dans la mesure où l’amendement ne se rapporterait pas au périmètre de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2026.

    M. Vincent Descoeur

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    C’est terrible !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Pour l’amendement no 2290, dont la rédaction garde l’idée d’une expérimentation, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée. On pourra le retravailler au Sénat mais l’écriture proposée est intéressante. Elle permettrait à la MSA d’organiser efficacement cette expérimentation, dans tout le pays ou dans les territoires où elle voudra la déployer, en informant de façon adaptée les personnes intéressées.
    Je propose aux auteurs des autres amendements de se replier, comme on dit, sur l’amendement no 2290 et de retirer les leurs, à défaut de quoi j’y serai défavorable. La proposition du rapporteur général est une excellente solution de compromis, applicable…

    M. Dominique Potier

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    Et prudente !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …et prudente. Elle permet de tester la disposition avant de la pérenniser éventuellement ou de rendre l’option de la déclaration en année n possible pour ceux qui le souhaitent. Les arguments qu’on a entendus montrent que ce n’est pas évident.
    Pour résumer, demande de retrait ou avis défavorable sur tous les amendements sauf le no 2290, pour lequel je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée –⁠ tout en restant, vous l’aurez compris, très ouverte à cette proposition.

    (L’amendement no 311 rectifié est retiré.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 667 rectifié, 2067 rectifié et 2165 rectifié.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        229
            Nombre de suffrages exprimés                206
            Majorité absolue                        104
                    Pour l’adoption                96
                    Contre                110

    (Les amendements identiques nos 667 rectifié, 2067 rectifié et 2165 rectifié ne sont pas adoptés.)

    (L’amendement no 2290 est adopté ; en conséquence, les amendements nos 2453 rectifié et 542 rectifié tombent.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 213, je suis saisie par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Dominique Potier, pour soutenir l’amendement.

    M. Dominique Potier

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    Je me réjouis que Mme la ministre et M. le rapporteur général soient attentifs aux recommandations de la MSA. L’amendement que je vais défendre est le fruit des observations de ce même organisme.
    Certains exploitants, par un jeu de montages juridiques, se livrent à une optimisation sociale dont le coût, pour la MSA, atteint 200 à 300 millions d’euros –⁠ vous excuserez l’imprécision mais il est difficile d’estimer l’optimisation à l’euro près – et augmente à un rythme de près de 20 % par an. Des exploitants deviennent ainsi dirigeants d’une SA (société anonyme) ou d’une SAS (société par actions simplifiée) et s’aménagent par ce biais un statut qui échappe largement aux cotisations sociales. Il s’agit d’un mouvement d’optimisation massif qui n’est pas organisé par des multinationales mais par le monde agricole lui-même –⁠ je m’étonne d’ailleurs qu’il ne soit pas couramment dénoncé.
    Il convient de corriger la situation en alignant le statut des dirigeants de SA et de SAS agricoles avec celui des exploitants agricoles afin que ceux qui optent pour le premier paient leurs cotisations de façon juste et équilibrée. (Mme Dominique Voynet applaudit.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Cher Dominique Potier, collègue lorrain et voisin de circonscription, vous connaissez mon naturel prudent et ma volonté de m’en tenir au fond. La MSA avait en effet mentionné la mesure proposée parmi ses suggestions. L’amendement a cependant été rejeté par la commission car il va bien au-delà du régime de la MSA et son adoption aurait également des conséquences sur le régime général ; de fait, il aurait un impact sur l’ensemble des prélèvements sociaux applicables aux gérants de SARL (société à responsabilité limitée) et d’EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée). On ne parle donc pas uniquement des exploitants agricoles qui se livrent à l’optimisation sociale ; tous les gérants de telles structures sont concernés.
    Cela introduirait une brèche dans la distinction entre revenus d’activité, soumis à cotisations, et dividendes qui, s’ils sont soumis aux prélèvements sociaux sur les revenus du capital, ne permettent pas de constituer de droits tels que les droits à la retraite. Je ne suis pas sûr qu’il faille remettre en cause la règle selon laquelle les cotisations sont assises sur les revenus du travail –⁠ un principe fondamental depuis la création de la sécurité sociale.
    Je comprends votre idée mais l’amendement va beaucoup trop loin ; il faut donc le retravailler. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que la MSA avait conscience de l’effet que cette mesure aurait sur le régime général. Je rappelle enfin que les dividendes sont soumis à la CSG, à la contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) et aux prélèvements de solidarité.
    Je vous invite à retirer l’amendement ; à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Votre proposition entraînerait une évolution qui, M. le rapporteur général l’a dit, oblige à une expertise approfondie sur ses conséquences juridiques et techniques en matière de définition des revenus, des droits sociaux et des modalités de recouvrement. Une telle évolution ne peut être engagée qu’à l’issue d’une concertation avec les acteurs concernés et d’une évaluation préalable de son impact économique. La position de prudence, revendiquée par M. le rapporteur général, est donc de mise.
    Comme vous le savez, un dispositif d’assujettissement des revenus distribués existe déjà pour les travailleurs indépendants, au-delà de 10 % du capital, afin d’éviter les effets d’optimisation que vous avez mentionnés. Votre amendement va bien au-delà et c’est ce qui nous préoccupe, puisqu’il étend cette logique aux dirigeants assimilés salariés : la totalité de leur revenu, actuellement traitée comme du capital, serait considérée comme de la rémunération. Une telle mesure brouillerait la frontière entre travail et capital, et créerait un risque de double prélèvement sans garantie d’efficacité, alors même que les assimilés salariés concernés sont dans une situation objectivement différente des salariés.
    Pour ces raisons, je vous propose de retirer l’amendement, faute de quoi j’émettrai un avis défavorable, étant entendu qu’il faut poursuivre la réflexion sur une meilleure convergence du traitement social des dividendes entre différentes formes d’exercice professionnel.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    La mesure proposée s’inscrit dans une démarche générale : nous nous sommes battus pour la requalification des indépendants ubérisés en salariés –⁠ ce combat n’est pas terminé ; la lutte contre l’optimisation fiscale est la grande bataille du XXIe siècle, qui doit conduire à une meilleure adéquation entre la réalité économique et les bases fiscales –⁠ aujourd’hui largement artificielles. L’amendement renvoie à un cas pratique : certains agriculteurs, notamment âgés, gardent le statut de dirigeant –⁠ empêchant par là le renouvellement des générations en agriculture et l’installation des jeunes agriculteurs – en se constituant en SA ; contrairement à leurs voisins, ils ne paient pas de cotisations. En conséquence, le budget de la MSA souffre d’un déséquilibre et nous sommes obligés de le compléter. Les Français le font volontiers pour soutenir l’agriculture ; mais pas pour soutenir le vol de cotisations sociales ! Il s’agit d’une baisse des droits sociaux pour le monde paysan, qui en aurait sacrément besoin pour accompagner les retraités, les jeunes paysans, les familles d’agriculteurs en milieu rural.
    L’enjeu est réel et devrait être traité dans le cadre de la navette parlementaire. L’optimisation fait perdre 200 à 300 millions par an à la MSA –⁠ une injustice majeure. On peut corriger le tir dans la suite des débats, mais votons cet amendement ! C’est une mesure de justice et d’équilibre, garante de la solidarité nationale et de la solidarité professionnelle au sein du monde paysan. Votons-le et améliorons-le lors de la navette ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 213.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        231
            Nombre de suffrages exprimés                231
            Majorité absolue                        116
                    Pour l’adoption                81
                    Contre                150

    (L’amendement no 213 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 852 rectifié.

    M. Hadrien Clouet

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    Il cherche à appeler l’attention de l’Assemblée nationale sur la niche fiscale relative aux véhicules de fonction. On parle d’une flotte de 1,2 million de véhicules mis à disposition de salariés par un employeur, qui peuvent être utilisés tant pour les déplacements sur le lieu de travail que pour des usages privés. Cette pratique s’apparente à un complément de salaire indirect, en nature. En échange, l’employeur bénéficie d’une remise sur sa contribution et le salarié, d’une réduction d’impôt.
    D’une part, il s’agit d’une manière de contourner les relations salariales puisqu’on paie les salariés en nature plutôt que sous une forme monétaire. D’autre part, la flotte en question est composée à 92 % de véhicules hybrides ou thermiques ; elle se situe donc, sur l’échelle de la qualité écologique, en dessous de la moyenne de notre pays, ce qui pose un problème de santé publique et de pollution.
    Nous souhaitons que cette niche soit réservée aux véhicules à faible émission. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Vous voulez moduler l’assujettissement aux cotisations et contributions sociales des avantages en nature liés à la mise à disposition d’un véhicule, pour favoriser le recours à des véhicules moins polluants. Vous n’avez pas vraiment développé cet aspect mais je connais votre fibre écologiste ! La commission a rejeté l’amendement.

    Mme Ségolène Amiot

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    D’un rien !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Il suffit d’une voix ! L’utilisation privée et personnelle d’un véhicule mis à disposition à des fins professionnelles constitue un avantage en nature. Vous ne le savez peut-être pas mais depuis le 1er février dernier, le barème applicable aux véhicules de fonction a été réformé dans le sens d’une très forte augmentation –⁠ je m’en étais ému auprès du cabinet de la ministre des comptes publics. Par ailleurs, la modulation que vous proposez n’est pas adaptée : elle pèserait sur les contributions dues par le salarié et non par l’employeur, alors que le salarié n’est pas toujours en situation de choisir le véhicule que l’employeur souhaite mettre à sa disposition. Je ne pense pas que vous vouliez pénaliser les salariés –⁠ j’ai cru comprendre que vous les défendiez. Enfin, le régime social des avantages en nature prend déjà en considération certains enjeux liés aux caractéristiques écologiques, notamment la mise à disposition d’une borne de recharge électrique.
    Avis défavorable donc, tant de la commission que du rapporteur général, à titre personnel.

    (L’amendement no 852 rectifié, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul Midy, pour soutenir l’amendement no 2289.

    M. Paul Midy

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    Il concerne le partage de la valeur et vise à clarifier le régime des « management packages », qui permettent d’aligner les ambitions de l’entreprise et de son management. Afin d’éviter de pénaliser les entreprises, l’amendement propose de pérenniser le volet social du dispositif existant.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Vous êtes bien plus expert en la matière que moi. Le régime en question a été créé par la loi de finances pour 2025 ; il s’agit donc presque d’un amendement de coordination. L’amendement n’a pas été examiné par la commission mais à titre personnel, j’y suis favorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Un travail de clarification a, en effet, été mené l’année dernière ; vous le confirmez par cet amendement en contrôlant cette niche fiscale –⁠ on peut présenter la mesure ainsi. Tout cela va dans le bon sens. Avis favorable.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 2289.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        220
            Nombre de suffrages exprimés                150
            Majorité absolue                        76
                    Pour l’adoption                79
                    Contre                71

    (L’amendement no 2289, modifié par la suppression du gage, est adopté.)
    (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur quelques bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Luc Fugit, pour soutenir l’amendement no 986.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Il concerne également les véhicules de fonction. Le crédit mobilité, utilisé par des entreprises volontaires, permet aux salariés qui renoncent à leur véhicule de fonction de convertir sa valeur locative en une enveloppe budgétaire dédiée aux transports partagés, aux abonnements de transport en commun ou encore à la location de vélos ou d’engins de déplacement motorisés. Cette initiative, bien que vertueuse, n’est toujours pas reconnue fiscalement, puisque les sommes allouées à ces mobilités sont soumises à l’impôt sur le revenu et aux charges sociales, contrairement à l’avantage en nature que constitue l’attribution d’un véhicule de fonction.
    Cette inégalité freine l’adoption de solutions moins polluantes, qu’il s’agisse des émissions de CO2 ou de la pollution de proximité. Pour y remédier, je propose d’aligner le traitement fiscal du crédit mobilité sur celui des véhicules de fonction. Ce dispositif, neutre pour les finances publiques, permettrait de réallouer des ressources existantes vers des mobilités plus sobres, tout en garantissant une utilisation conforme des fonds pour les salariés. Je compte sur vous pour adopter cet amendement.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je connais votre engagement en la matière, monsieur le député. Des mesures existent pour favoriser le recours à des moyens de transport autres que la voiture : la prise en charge obligatoire de 50 % du coût des titres d’abonnement aux transports publics ou à un service public de location de vélo, le forfait mobilités durables ou encore la prime de transport.
    Vous parlez d’injustice, mais votre amendement pourrait en créer une autre puisque le dispositif proposé ne bénéficierait qu’aux salariés à qui l’employeur met à disposition un véhicule. Je ne suis pas certain qu’il soit équitable de donner à ces salariés un avantage social ou fiscal spécifique.
    Je suis à titre personnel défavorable à cet amendement, sur lequel la commission a aussi émis un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Le ministre du travail que je suis ne peut être favorable à une telle exonération de cotisations. Et ce, d’autant plus que le PLF pour 2026 contient des mesures de verdissement des flottes d’entreprise. Il ne faut pas opposer transition écologique et transition démographique. Donnons à la sécurité sociale tous les moyens pour qu’elle retrouve son équilibre !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Luc Fugit.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Sans vouloir être désobligeant, je ne suis pas certain que mon amendement ait bien été compris.

    M. Ian Boucard

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    Trop puissant !

    M. Jean-Luc Fugit

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    Il vise à inciter les employés qui renoncent au véhicule de fonction à se tourner vers des mobilités plus durables. Nous devrions montrer de l’enthousiasme pour ce dispositif qui s’inscrit dans la transition écologique et vient en sus du forfait mobilités durables, créé par la loi d’orientation des mobilités –⁠ dont j’ai été l’un des rapporteurs. En matière de transition écologique et de lutte contre la pollution de proximité, il ne faut surtout pas opposer les solutions, mais les additionner.
    Comme les dépenses liées aux conséquences sanitaires de la mauvaise qualité de l’air baisseront, une telle mesure viendrait renforcer financièrement la sécurité sociale. Il n’est pas logique de rejeter cet amendement. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    (L’amendement no 986 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements, nos 135 et 878, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à M. Corentin Le Fur, pour soutenir l’amendement no 135.

    M. Corentin Le Fur

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    Nous voulons récompenser la France qui travaille, en exonérant les heures supplémentaires de CSG et de CRDS.
    Les plafonds de défiscalisation des heures supplémentaires ont déjà été supprimés dans le cadre du PLF pour 2026, et je remercie ceux qui ont permis cette avancée notable. Il faut faire un pas de plus dans ce PLFSS. C’est une mesure de pouvoir d’achat, notamment pour les ouvriers qui, grâce aux heures supplémentaires, peuvent percevoir le petit complément de revenu qui leur permettra de vivre plus dignement. Soutenons le pouvoir d’achat de tous ceux qui travaillent ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 878, je suis saisie par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement no 878.

    Mme Justine Gruet

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    La droite défend cette mesure forte de valorisation du travail qu’est l’exonération des heures supplémentaires. François Hollande l’avait supprimée, et même si elle a été réintroduite en 2018, des obstacles injustes subsistent.
    Cet amendement va plus loin que ce qui avait été fait en 2007, puisqu’il est prévu d’exonérer les salariés de la CSG et de la CRDS sur les heures supplémentaires. Nous défendrons ultérieurement un amendement qui concerne les charges patronales. L’idée est de rendre le travail plus attractif et de récompenser les Français qui travaillent. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    M. Ian Boucard

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Monsieur Le Fur, je vous invite à retirer votre amendement : son adoption entraînerait malencontreusement l’abrogation des articles du code de la sécurité sociale qui prévoient les exonérations de cotisations salariales et patronales applicables aux heures supplémentaires… Je ne pense pas que ce soit là votre volonté.
    Le groupe de la Droite républicaine livre un combat légitime, que je partage, pour la valorisation du travail. Cependant, je vous demanderai aussi, madame Gruet, de retirer votre amendement. J’ai analysé cette mesure et il s’avère qu’elle n’est pas neutre –⁠ son coût s’élèverait à 2 milliards d’euros. En tant que rapporteur général, je tente de conjuguer le redressement de nos comptes sociaux et la valorisation du travail, tout en évitant les irritants.
    Il faudrait retrouver le dispositif qui avait fait ses preuves sous la présidence de Nicolas Sarkozy, sans aller aussi loin que ce que vous proposez ici. Votre autre amendement prévoit une déduction forfaitaire patronale dans les entreprises de plus de 250 salariés. Cette mesure permettrait d’inciter aux heures supplémentaires les structures de cette taille et elle aurait un coût plus acceptable pour notre trajectoire –⁠ 150 millions d’euros.
    Je tiens aussi à préciser que les exemptions d’assiette, à la différence des exonérations de cotisations sociales, ont pour effet de réduire le revenu brut sur lequel certains droits contributifs sont calculés.
    Sous la présidence de François Hollande, cette mesure avait été supprimée.

    M. Ian Boucard

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    Quelle erreur !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous avons par la suite rétabli l’exonération des cotisations salariales, lors de la crise des gilets jaunes, une nuit de décembre 2018. Après les élections de 2022, une majorité s’est dégagée pour adopter des mesures de pouvoir d’achat, parmi lesquelles le rétablissement de la déduction forfaitaire, mais seulement pour les entreprises de moins de 250 salariés. Le jalon manquant, pour retrouver le dispositif en place du temps de Nicolas Sarkozy, c’est d’ouvrir cette déduction aux entreprises de plus de 250 salariés. C’est le sens de l’amendement que vous défendrez ultérieurement, au profit duquel je vous invite à retirer le présent amendement.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Le gouvernement a bien conscience que les heures supplémentaires augmentent le pouvoir d’achat, un sujet majeur pour les travailleurs de ce pays. Toutefois, nous ne pouvons pas nous permettre une exonération aussi massive –⁠ pour un coût de 2 milliards – dans ce contexte contraint. Les fondamentaux du financement de notre sécurité sociale en seraient ébranlés.

    Mme Sandrine Runel

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    Non, on ne peut pas.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Je rejoins le rapporteur général : le gouvernement examinera avec intérêt les amendements nos 879 et 2283.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Élisa Martin.

    Mme Élisa Martin

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    Le groupe de La France insoumise s’opposera à cet amendement qui vise à augmenter encore les exonérations de cotisations. Il a été précisé que le manque à gagner, pour la sécurité sociale, serait de 2 milliards, coût auquel il convient d’ajouter les 800 millions d’euros de perte pour les finances publiques –⁠ ce qui ferait plutôt 3 milliards.
    De surcroît, nous ne pensons pas que déséquilibrer encore davantage les comptes de la sécurité sociale soit une façon de considérer les travailleurs. Pour aller dans le sens des salariés, nous pourrions privilégier d’autres mesures, comme le partage du travail et l’augmentation des salaires.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Christophe Bentz.

    M. Christophe Bentz

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    Notre groupe a voté plusieurs fois en faveur de la défiscalisation des heures supplémentaires, pour libérer le travail et donner davantage de pouvoir d’achat aux Français. En revanche, chers collègues de la Droite républicaine, nous ne pouvons pas vous suivre sur cet amendement : vous proposez de désocialiser les heures supplémentaires.

    M. Ian Boucard

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    Vous, vous préférez augmenter les taxes !

    M. Christophe Bentz

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    Cela créerait un trou financier pour notre système de sécurité sociale, qui repose sur les contributions et les cotisations sociales. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    (L’amendement no 135 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 878.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        239
            Nombre de suffrages exprimés                170
            Majorité absolue                        86
                    Pour l’adoption                25
                    Contre                145

    (L’amendement no 878 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Monsieur le député Bentz, il me semble que, ce matin, vous avez voté un amendement qui retire à la sécurité sociale 5 milliards d’euros de financement.

    Mme Dieynaba Diop

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    Exactement !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je suis donc très contente –⁠ je le dis sans malice – de vous entendre dire qu’il nous faut des recettes, et qu’il ne faut pas creuser de nouveaux trous.

    M. Christophe Bentz

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    Bien sûr !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    L’amendement a été adopté grâce à vos voix.

    M. Stéphane Rambaud

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    C’est important, les entreprises !

    M. Ian Boucard

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    Rassurez-vous, ils vont voter des taxes !

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur l’amendement no 1232, par le groupe Horizons & indépendants ; sur les amendements no 212 et identiques par les groupes Droite républicaine et Écologiste et social.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement no 331.

    Mme Justine Gruet

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    Cet amendement me permet d’apporter tout mon soutien aux agriculteurs touchés par la DNC (dermatose nodulaire contagieuse des bovins). Il vise à sécuriser juridiquement l’exclusion des indemnités perçues au titre de l’abattage d’animaux reproducteurs d’un cheptel de l’assiette des contributions sociales.
    Les exploitations confrontées à la DNC subissent des pertes économiques considérables, les abattages imposés par les autorités sanitaires pouvant compromettre la pérennité même du cheptel.
    Les indemnités versées par l’État dans ce cadre ne sont pas assimilables à des revenus d’activité, elles constituent une compensation, destinée à réparer la perte d’un actif productif. Elles ne remplacent ni un revenu ni un bénéfice professionnel, elles dédommagent un préjudice économique direct. En conséquence, ces sommes ne sauraient être soumises à la CSG ou aux autres contributions sociales. Le cadre juridique actuel repose toutefois sur une interprétation administrative : il faut le sécuriser et garantir l’égalité de traitement des éleveurs touchés. Merci pour eux.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous sommes tous sensibles à la situation des éleveurs contraints de faire abattre leurs animaux. Leur indemnisation constitue une question fondamentale.
    Votre amendement tend à introduire dans le code de la sécurité sociale des dispositions formulées moins précisément que le droit existant, qui prévoit déjà l’exonération sociale de ces indemnités. En outre, les amendements no 137 et identiques prévoient d’étendre cette exonération pour qu’elle porte à la fois sur la valeur du cheptel en stock et sur celle du cheptel immobilisé.
    Je vous propose de retirer votre amendement, sinon mon avis sera défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    On sait à quel point les abattages massifs sur injonction administrative survenus dans nos territoires à la suite des différentes crises sanitaires ont provoqué une grande souffrance chez les éleveurs. Nous connaissons tous l’engagement de la ministre Annie Genevard sur ce sujet. Il s’agit de circonscrire au mieux l’épizootie de DNC –⁠ chaque semaine, les questions au gouvernement nous rappellent l’importance de ce combat qui nous mobilise tous.
    L’article 10 du PLF pour 2026, dont nous débattrons bientôt, ajuste le régime fiscal des indemnités d’abattage afin qu’elles soient exonérées dans leur totalité. Aujourd’hui, l’exonération est déterminée en fonction de la valeur de remplacement des animaux, laquelle varie selon l’âge et la nécessité de recréer un cheptel. Pour mieux accompagner économiquement les éleveurs, nous proposons une exonération fiscale étendue, dès lors que les animaux ont été abattus sur l’ordre de l’administration. Cette disposition me semble bien calibrée.
    L’exonération sociale que vous défendez n’a pas été prévue dans ce PLFSS. Je vous invite à retirer votre amendement et à soutenir les dispositions fiscales prévues par l’article 10 du PLF.

    (L’amendement no 331 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé, pour soutenir l’amendement no 1232.

    Mme Nathalie Colin-Oesterlé

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    Il s’agit de valoriser le travail et l’engagement des salariés, tout en renforçant la compétitivité de notre économie et l’équilibre de nos finances publiques.
    L’amendement prévoit d’exonérer de CSG les rémunérations, majorations et éléments de rémunérations dans la limite de 3 500 euros par an. Cette mesure soutiendrait le pouvoir d’achat des salariés qui effectuent des heures supplémentaires, renforcerait l’attractivité de l’activité professionnelle et encouragerait le retour à l’emploi.
    D’autre part, il tend à porter la durée hebdomadaire du travail à 36 heures. La France se caractérise par une durée annuelle effective de travail inférieure à celle de nombreux pays comparables : elle atteint 1 673 heures, contre 1 790 heures en Allemagne et 1 740 heures au Royaume-Uni. Augmenter d’une heure la durée hebdomadaire du travail représenterait un volume de travail supplémentaire de 2,5 % par an. Cela permettrait de soutenir la croissance économique et le budget de l’État sans recourir à d’autres hausses d’impôts. Le rendement de cette mesure pourrait dépasser 2 milliards d’euros.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Votre amendement ne me surprend pas ! Il diffère légèrement de celui déposé par le groupe DR car vous plafonnez l’exonération des heures supplémentaires à 3 500 euros par an. Si ce plafonnement fait baisser le coût de la mesure, celui-ci n’est tout de même pas négligeable.
    Pour le compenser, vous proposez de passer à 36 heures de travail par semaine. C’est un sujet, madame la députée, qui s’éloigne de la question des heures supplémentaires et qui constituerait un irritant supplémentaire si nous devions le traiter dans le cadre de ce PLFSS… Par ailleurs, il faudrait apprécier la mesure dans sa globalité : augmenter le temps de travail pourrait entraîner une diminution du nombre d’heures supplémentaires et, partant, le pouvoir d’achat des salariés.
    Enfin, les exemptions d’assiette, à la différence des exonérations de cotisations sociales, ont pour effet de réduire le revenu brut sur lequel certains droits contributifs sont calculés.
    Je vous invite à retirer cet amendement. Nous pourrons débattre de la durée du temps de travail dans le cadre d’une présidentielle. (Sourires.)

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous vous y préparez ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Non !

    M. Sylvain Maillard

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    Ne soyez pas si catégorique !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Cet amendement n’est pas tout à fait semblable à ceux débattus précédemment et aborde un sujet qui excède le cadre de nos travaux de cet après-midi. Comme le rapporteur général, je vous propose de retirer cet amendement et de soutenir les amendements identiques nos 879 et 2283.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Cet amendement est un cours accéléré d’exploitation capitaliste. Lisez bien son alinéa 3 : sous couvert d’exonérer de CSG les heures supplémentaires, il vise à faire passer la durée légale du travail hebdomadaire de 35 à 36 heures.
    Qu’est-ce que ça veut dire ? Que les gens travailleront plus ? Pas du tout, ils ont déjà le droit de travailler 36 heures ! Sachant que la rémunération de toute heure travaillée au-delà de la trente-cinquième est majorée de 25 %, augmenter d’une heure la durée légale du travail reviendrait à faire baisser le salaire de celles et ceux qui travaillent déjà plus de 35 heures. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP) L’heure supplémentaire effectuée par un salarié rémunéré 2 000 euros brut par mois est payée 16 euros au lieu de 13 euros. Si la durée légale hebdomadaire passe à 36 heures, le salarié perdra 3 euros par semaine –⁠ il travaillera gratuitement pour son employeur une heure par mois.
    Voilà la conséquence concrète de ce type de dispositions ! On avait déjà Le Capital en BD pour étudier le capitalisme ; on a désormais l’amendement Colin-Oesterlé. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé.

    Mme Nathalie Colin-Oesterlé

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    Il s’agirait bien de 36 heures payées 36…

    M. Hadrien Clouet

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    Encore heureux !

    Mme Nathalie Colin-Oesterlé

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    …et l’augmentation de la durée légale du travail rapporterait plus de 2 milliards d’euros par an, ce qui financerait entièrement la mesure d’exonération sociale des heures supplémentaires.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1232.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        237
            Nombre de suffrages exprimés                150
            Majorité absolue                        76
                    Pour l’adoption                20
                    Contre                130

    (L’amendement no 1232 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de trois amendements identiques, nos 212, 232 et 854.
    La parole est à M. Jérôme Guedj, pour soutenir l’amendement no 212.

    M. Jérôme Guedj

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    Je ne sais pas si c’est votre livre de chevet, mais j’ai là la liste des niches, exonérations et exemptions d’assiettes qui mitent le financement de la sécurité sociale. (L’orateur montre un exemplaire du projet de loi d’approbation des comptes de la sécurité sociale pour l’année 2024.) Parmi elles, on trouve l’abattement de 1,75 % sur l’assiette de la CSG-CRDS au titre des frais professionnels, héritage du principe d’égalité devant les charges publiques entre indépendants et salariés.
    Et quand on cherche des recettes, on s’intéresse aux 150 millions d’euros que pourrait rapporter une mesure. Celle-ci est préconisée par le rapport Vachey –⁠ un rapport publié par l’Inspection générale des finances (IGF) à l’issue de travaux sur le financement de la branche autonomie. Il s’agirait d’appliquer l’abattement de 1,75 % aux revenus dont le montant est inférieur à une fois le plafond annuel de la sécurité sociale et non plus à quatre fois le Pass –⁠ 165 000 euros pour 2020. Concrètement, cette mesure épargnerait les salariés dont la rémunération est inférieure à 3 800 euros brut –⁠ soit 87 % d’entre eux – et ne viserait que les très hautes rémunérations,… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour soutenir l’amendement no 232.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Cet amendement, commun à trois groupes, tend à limiter l’abattement au titre des frais professionnels afin qu’il ne joue plus pour les hautes rémunérations. Avec d’autres amendements –⁠ relatifs aux retraites chapeau ou à l’intéressement –, il vise à trouver de nouvelles recettes en modifiant des niches dont ne profitent que les hauts revenus. Je serais surprise que vous votiez contre, car il est inspiré par la justice fiscale et sociale que vous réclamez tous les jours.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 854.

    M. Hadrien Clouet

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    L’abattement au titre des frais professionnels est plafonné à 188 400 euros de revenus, si on prend pour référence le Pass pour 2025. Des ménages aux revenus très importants bénéficient donc d’un abattement dont ils n’ont pas forcément besoin. Comme l’ensemble de nos collègues de gauche, nous souhaitons le limiter pour améliorer la redistribution et lutter contre les niches fiscales –⁠ une cause derrière laquelle devraient se rassembler tous les députés.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Ces amendements, qui reconstituent le Nouveau Front populaire (Sourires), ont été rejetés par la commission.
    L’abattement au titre des frais professionnels a été imaginé pour assurer l’égalité devant les charges publiques entre salariés et indépendants –⁠ ces derniers pouvant déduire leurs frais professionnels de l’assiette sociale. Le plafond actuel paraît justifié, car certains revenus –⁠ stock-options, actions gratuites, épargne salariale et intéressement – sont déjà exclus du calcul. L’abattement d’assiette ne concerne que les salaires et les primes qui leur sont attachées, ainsi que les revenus d’artiste-auteur et les allocations chômage. Il faut permettre son application large, il y va de l’équité entre salariés et indépendants.
    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous lisez bien les rapports ! Je ne sais pas si nous avons tous le même livre de chevet, mais ce rapport nous invite à envisager une réforme pour améliorer la progressivité et gommer les effets de seuil de certaines exonérations, lesquelles s’appliquent à des revenus parfois très élevés.
    Nous pouvons travailler sur cette mesure limitant l’abattement à un Pass –⁠ ce n’est pas une impasse (Sourires) – et le faire collectivement, avec les sénateurs, dans le cadre de la navette. Cependant, il me semble indispensable que nous disposions d’une étude d’impact, pour éviter toute perte de pouvoir d’achat imprévue. Nous devons vérifier les effets de bord, les effets intergénérationnels et les effets sur les classes moyennes un peu supérieures –⁠ les personnes dont le revenu dépasse 3 400 euros.
    Je demande le retrait de ces amendements, sans quoi mon avis sera défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ségolène Amiot.

    Mme Ségolène Amiot

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    J’aimerais que nous fassions preuve de sérieux, madame la ministre. Vous et le rapporteur général nous rappelez régulièrement qu’il faut remplir les caisses. Un bon moyen d’atteindre cet objectif serait d’arrêter d’exonérer de cotisations et de taxes celles et ceux qui ne devraient pas l’être parce qu’ils gagnent plus –⁠ en l’occurrence, plus de 3 800 euros par mois. Vous pouvez toujours demander une étude d’impact pour vous assurer que la mesure ne créera pas de nouveaux travailleurs pauvres mais, au-delà de 3 800 euros par mois, il y a peu de chances que ce soit le cas. Nous vous proposons de supprimer une niche sociale dont profitent ceux qui ont un revenu pouvant aller jusqu’à 188 400 euros par an : c’est assez raisonnable et cela devrait être consensuel.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj.

    M. Jérôme Guedj

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    La ministre a eu la gentillesse de dire que je lisais bien les rapports. Or dans celui de Laurent Vachey figure déjà une étude d’impact qui, même si elle date un peu –⁠ le rapport a été remis en 2020 –, donne une indication : la perte induite par la mesure serait au maximum de 209 euros par an pour les salariés qui ont un revenu supérieur à un Pass. Les classes moyennes qui vous préoccupent ne seraient donc pas concernées –⁠ la mesure n’affecterait pas les salaires inférieurs à 3 428 euros brut par mois, soit 87 % des salariés. Quant aux 13 % de concernés –⁠ dont on peut imaginer que font partie ceux qui touchent quatre fois le Pass, soit 188 400 euros par an aujourd’hui –, ils perdraient tout au plus 209 euros. Vous vous dites disponible pour travailler sur la mesure, madame la ministre. Je vous propose de la voter et que nous l’affinions dans le cadre de la navette avec une étude d’impact actualisée.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Bartolomé Lenoir.

    M. Bartolomé Lenoir

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    Monsieur Guedj, 3 400 euros brut, cela équivaut à 2 900 euros net environ, donc je ne sais pas quelle est votre définition de « riche ». Car un tel montant, lorsqu’on paye un loyer –⁠ à Paris, par exemple, ils sont très élevés –, cela ne fait pas de vous quelqu’un de riche ! Vous êtes en train de taper sur la classe moyenne ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)

    M. Jérôme Guedj

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    Je n’ai pas parlé de riches !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 212, 232 et 854.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        244
            Nombre de suffrages exprimés                241
            Majorité absolue                        121
                    Pour l’adoption                82
                    Contre                159

    (Les amendements identiques nos 212, 232 et 854 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs amendements identiques, nos 76 rectifié, 1508 rectifié et 1926 rectifié, qui font l’objet d’un sous-amendement no 2633.
    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 76 rectifié.

    Mme Josiane Corneloup

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    La loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 a réformé l’assiette des cotisations sociales des travailleurs indépendants en simplifiant le calcul des cotisations sociales –⁠ sur la base d’une assiette unique – et en améliorant les droits à la retraite des exploitants agricoles. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 a quant à elle apporté quelques corrections à l’article L. 136-4 du code de la sécurité sociale, qui définit l’assiette de la CSG des travailleurs indépendants agricoles, en réintégrant dans cette dernière les contributions sociales des activités commerciales et non commerciales exercées par les exploitants agricoles. Toutefois, la rédaction actuelle de l’article L. 136-4 reste très large, visant à la fois les BIC et les BNC tirés de ces activités, et ce quel que soit le régime social dont elles relèvent. L’amendement tend à modifier l’article L. 136-4 afin d’y réintégrer les seules activités relevant du régime social agricole, comme c’était le cas auparavant.

    Mme la présidente

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    Les amendements identiques nos 1508 rectifié de M. Lionel Vuibert et 1926 rectifié de M. David Taupiac sont défendus.
    La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir le sous-amendement no 2633 et donner l’avis de la commission sur les amendements.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous avons déjà débattu de cette correction légistique. Elle est appropriée et j’y suis favorable, sous réserve de l’adoption de ce sous-amendement de précision et de coordination.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement sur les amendements et le sous-amendement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Favorable aux amendements, sous réserve de l’adoption du sous-amendement du rapporteur général. Nous avons déjà eu ce débat ; avançons.

    (Le sous-amendement no 2633 est adopté.)

    (Les amendements identiques nos 76 rectifié, 1508 rectifié et 1926 rectifié, sous-amendés, sont adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 137, 169, 282, 817 et 467, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 137, 169, 282 et 817 sont identiques.
    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 137.

    Mme Josiane Corneloup

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    L’article 10 du projet de loi de finances pour 2026 crée un dispositif d’exonération portant sur la différence entre l’indemnité perçue au titre de l’abattage des animaux affectés à la reproduction d’un cheptel et la valeur nette à l’actif de ces animaux à la date de leur abattage. Si cette exonération fiscale est tout à fait bienvenue compte tenu des nombreuses crises sanitaires qui frappent l’élevage –⁠ les cas récents de dermatose nodulaire contagieuse le prouvent –, il n’en demeure pas moins que le dispositif resterait incomplet s’il ne prévoyait pas également une exonération sociale de la somme concernée. Tel est l’objet du présent amendement.

    Mme la présidente

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    Les amendements identiques nos 169 de M. Corentin Le Fur, 282 de M. Jean-Pierre Vigier et 817 de Mme Hélène Laporte sont défendus, de même que l’amendement no 467 de Mme Josiane Corneloup.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous avons déjà évoqué ce sujet. L’amendement vise cette fois le bon article du code. Il est de coutume de privilégier le PLF –⁠ en l’occurrence, son article 10 – pour imaginer des dispositions susceptibles de remédier à des crises agricoles. Quoi qu’il en soit, ces amendements, qui visent à exclure de l’assiette de la CSG les indemnités d’abattage des animaux de reproduction touchés par une crise sanitaire, avaient été rejetés par la commission. Je comprends cependant leur intention : il est légitime de vouloir soutenir les éleveurs concernés. Au reste, cette disposition permettrait de compléter le droit existant, qui prévoit déjà une exonération de ce type, fondée sur la valeur du cheptel en stock ; elle permettrait en outre de tenir compte de la valeur du cheptel immobilisé. À titre personnel, je m’en remettrai à la sagesse de l’Assemblée concernant ces amendements.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je le répète, il faudrait privilégier l’article 10 du PLF, qui est très novateur, puisqu’il permet d’exonérer totalement d’impôt sur le revenu et d’impôt sur les sociétés l’intégralité de l’indemnité d’abattage. Auparavant, seule la partie correspondant à la valeur de remplacement des animaux abattus était concernée par l’exonération. Le dispositif de l’article 10 du PLF a été conçu précisément pour accompagner les éleveurs confrontés à l’épidémie de dermatose, mais il pourra s’appliquer dans d’autres cas ; il répond aux attentes des éleveurs. Il est toujours possible de faire davantage, mais la dépense fiscale décidée par le gouvernement à l’article 10 est conséquente et tout à fait inédite. Je vous demande donc de retirer vos amendements au profit de ce dispositif que nous aurons à examiner dans le cadre du PLF.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Je voudrais revenir sur l’amendement no 331 de Mme Justine Gruet qui a été présenté tout à l’heure avant d’être retiré, car il abordait dans son exposé sommaire un point qui mériterait peut-être d’être éclairci concernant le cadre juridique actuel de l’indemnisation en question, laquelle reposerait, selon Mme Gruet, sur une interprétation administrative pouvant varier d’une exploitation à l’autre. Afin d’éviter toute distorsion, peut-être pourriez-vous, madame la ministre, prendre une circulaire à l’intention des services concernés par cette problématique de l’abattage ? (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je ne peux pas parler au nom de ma collègue du ministère de l’agriculture Annie Genevard, mais il se trouve que nous travaillons très bien ensemble, sous l’instruction du premier ministre. Je prendrai attache avec vous pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce que vous venez d’exposer. Le cas échéant, il me paraîtrait naturel de rédiger une circulaire pour aider les éleveurs touchés par cette grande épidémie sanitaire. Néanmoins, j’en reviens à l’article 10 du PLF, car son objet est précisément de clarifier les choses et de nous éviter des débats parfois très fastidieux –⁠  a fortiori pour des éleveurs confrontés à une crise à la fois morale, personnelle et économique – quant au fait de savoir quelle est la part d’indemnité exonérée. Si l’article 10 ne se suffit pas à lui-même, nous n’aurons aucun problème, avec la ministre de l’agriculture, à publier une circulaire. Depuis ma prise de fonction, en décembre 2024, vous avez pu constater mon engagement afin que toutes les dispositions susceptibles d’aider les agriculteurs et les éleveurs à traverser les crises qu’ils rencontrent soient mises en œuvre, dans le respect des équilibres financiers. Nous avons su y parvenir jusqu’ici. Je vous remercie donc de retirer vos amendements au profit de l’article 10 du PLF.

    (Les amendements identiques nos 137, 169, 282 et 817 ne sont pas adoptés.)

    (L’amendement no 467 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur les amendements no 77 et identiques et no 216 et identique, par le groupe Droite républicaine ; sur l’amendement no 1606, par le groupe Écologiste et social.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Je suis saisie de trois amendements identiques, nos 77, 1507 et 1925.
    La parole est à Mme Sylvie Bonnet, pour soutenir l’amendement no 77.

    Mme Sylvie Bonnet

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    Il a été déposé par mon collègue Julien Dive. Nous proposons de continuer à faire bénéficier les exploitants relevant du régime micro-BA –⁠ bénéfices agricoles – et du forfait forestier de l’exclusion des plus-values professionnelles à court terme de leur assiette sociale. Je rappelle que lors de la réforme des cotisations sociales des travailleurs indépendants, le gouvernement s’était engagé à ne pas remettre en cause le bénéfice d’un certain nombre de dispositifs fiscaux.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Lionel Vuibert, pour soutenir l’amendement no 1507.

    M. Lionel Vuibert

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    Il faut absolument corriger cette erreur et sortir de l’assiette sociale les plus-values de cession à court terme.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 1925 de M. David Taupiac est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Ces amendements n’ont pas été examinés en commission, mais il me semble qu’ils permettent de corriger un oubli de la réforme de l’assiette sociale des travailleurs indépendants agricoles. À titre personnel, j’y suis donc favorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Favorable. La clarification est bienvenue, notamment dans le domaine forestier. Elle répond à des attentes légitimes, pour un coût limité –⁠ il s’agit davantage d’une mesure de simplification que d’une mesure budgétaire.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 77, 1507 et 1925.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        202
            Nombre de suffrages exprimés                179
            Majorité absolue                        90
                    Pour l’adoption                147
                    Contre                32

    (Les amendements identiques nos 77, 1507 et 1925, modifiés par la suppression du gage, sont adoptés.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour soutenir l’amendement no 1606.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Cet amendement vise à majorer la contribution sur les retraites chapeau. Lors de son examen en commission des affaires sociales, on nous a objecté que le taux proposé serait inconstitutionnel ; nous l’avons donc baissé. Rappelons qu’une retraite chapeau est une rente perçue par les cadres dirigeants d’une très grande entreprise après leur cessation d’activité. Cette rente contractualisée par l’entreprise constitue une forme de complément de retraite versé par l’entreprise dans le cadre d’une retraite par capitalisation.
    Les montants étant souvent très élevés, il est important que ces retraites chapeau, qui ne relèvent pas du droit commun –⁠ seuls quelques salariés y ont droit, en général les mieux rémunérés, autrement dit ceux qui ont déjà eu la possibilité d’épargner par eux-mêmes tout au long de leur vie professionnelle – soient taxées à leur juste mesure. Taxer les retraites chapeau plutôt que les tickets restaurant garantirait davantage de justice sociale.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Madame Rousseau, vous prévoyez une contribution additionnelle. Depuis 2019, les retraites chapeau sont soumises à une contribution patronale au taux de 29,7 % et le bénéficiaire paye une contribution spécifique au taux de 7 % ou de 14 %. Le taux total s’élève donc à 37 % ou à 44 % –⁠ l’assiette des deux contributions est la même. Vous voulez rajouter 40 %. Je rappelle que l’ordonnance du 3 juillet 2019, qui a permis de mieux encadrer ce régime social, a limité les droits acquis par ces salariés à 3 % de leur rémunération, afin de les rapprocher du régime applicable aux retraites supplémentaires –⁠ cela empêche d’accorder des retraites chapeau en fin de carrière, sans aucun rapport avec la durée de cotisation dans l’entreprise. Je ne crois pas qu’il soit opportun d’aller au-delà. En conséquence, je suis défavorable à cet amendement, qui n’avait pas été examiné par la commission.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Mais si !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    L’amendement soulève un problème de constitutionnalité. Si nous pouvons être d’accord sur le principe de justice sociale, il est malheureusement nécessaire de tenir compte des avis de droit constitutionnel. C’est l’argument principal qui justifie l’avis défavorable du gouvernement –⁠ je ne reviendrai pas sur les chiffres présentés par le rapporteur général.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Monsieur le rapporteur général, nous avons retravaillé cet amendement qui avait été déposé en commission.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Oui.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Nous l’avons redéposé pour l’examen en séance publique en retenant un taux inférieur pour éviter qu’il ne soit censuré par le Conseil constitutionnel. Cet amendement ne pose pas de problème d’inconstitutionnalité. Je le répète, les retraites chapeau concernent des cadres dirigeants qui disposent par ailleurs de tous les moyens de s’assurer une retraite par capitalisation par leur épargne propre. Il n’y a pas de raison qu’ils bénéficient d’un tel dispositif. Ce taux vise à dissuader le recours à un tel procédé, qui consiste à prévoir dès le début de la relation salariale la possibilité d’une retraite complémentaire indépendamment du nombre d’années de cotisations.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Madame Rousseau, vous avez en effet retravaillé l’amendement à la suite de mes remarques en commission –⁠ vous aviez initialement prévu d’augmenter un taux de 21 % qui n’existe plus en droit. Pour ma part, je ne vous ai pas opposé l’argument de l’inconstitutionnalité. J’ai évoqué l’inconstitutionnalité en commission, mais cette question est sujette à interprétation –⁠ à mon sens, le risque est réel.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Madame Rousseau, je vais essayer d’être la plus transparente possible sur la raison pour laquelle le gouvernement est défavorable à votre amendement. Si on additionne l’impôt sur le revenu, les prélèvements sociaux et la contribution salariale spécifique à un taux de 21 % pour la fraction des retraites chapeau excédant 24 000 euros, on arrive à un taux de 75,34 % –⁠ c’est ce cumul que le Conseil constitutionnel regardera.
    J’entends que c’est ce que vous voulez faire. Le problème, c’est que le Conseil constitutionnel considère que c’est un taux confiscatoire. Si la Constitution dit que ce n’est pas constitutionnel, vous pouvez toujours voter l’amendement, mais celui-ci viendra s’ajouter à la longue liste des amendements adoptés depuis le début des débats qui ne passeront pas l’étape du Conseil constitutionnel. Je préfère vous le dire plutôt que de laisser croire que des recettes en milliards vont arriver par miracle.
    Le taux marginal de la contribution spécifique s’élève aujourd’hui non pas à 21 %, mais à 14 %, précisément pour éviter que le Conseil constitutionnel considère, au vu du cumul, que le taux est confiscatoire.
    Autrement dit, nous sommes au taquet de ce que la Constitution permet sur la fiscalisation des retraites chapeau. Si vous voulez changer les choses, il faut modifier la Constitution. C’est possible, mais aujourd’hui, nous n’avons pas le pouvoir dans cet hémicycle. Je préfère vous donner un avis totalement transparent. Ensuite, si vous votez cet amendement, je l’ajouterai au dossier dans lequel je range les amendements que je ne peux pas chiffrer pour les inclure dans le tableau d’équilibre, parce que cela ne passera pas la barre du Conseil constitutionnel.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1606.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        218
            Nombre de suffrages exprimés                217
            Majorité absolue                        109
                    Pour l’adoption                71
                    Contre                146

    (L’amendement no 1606 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 216 et 1830.
    La parole est à M. Jérôme Guedj, pour soutenir l’amendement no 216.

    M. Jérôme Guedj

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    Il vise également à accroître le rendement de la taxation des retraites chapeau. J’anticipe les réponses de Mme la ministre au vu des observations qu’elle vient de faire au sujet du taux de 21 % qui n’existe plus. J’ai besoin d’un éclaircissement. Madame la ministre, vous estimez dans votre dernière intervention que vous êtes au taquet avec un taux marginal de 14 %. Je croyais que l’ordonnance de 2019 avait amplifié le cadre juridique préexistant –⁠ la loi de 2015, je pense –, qui prévoyait un taux de 21 %.
    J’attends vos éclairages sur un amendement qui n’est peut-être pas suffisamment documenté. Nous dites-vous aujourd’hui qu’il n’y a plus de marge de progression dans l’assujettissement à cotisation sociale des retraites chapeau ? Le rendement est très concentré : chaque année, quelque 5 000 personnes touchent plus de 300 000 euros de retraite chapeau –⁠ ce qu’on appelle pudiquement des retraites à prestations définies.

    Mme la présidente

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    Sur les amendements nos 217 et 227, je suis saisie par le groupe Droite républicaine de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 1830.

    Mme Ségolène Amiot

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    Comme notre collègue Guedj, je pense que nous avons besoin d’explications supplémentaires. Nos amendements identiques portent sur les retraites chapeau, soit des surcomplémentaires pour des gens qui ont déjà des retraites de droit commun et une retraite complémentaire.
    Nous proposons de porter le taux sur la part excédant 24 000 euros par mois de 21 % à 30 % –⁠ les collègues du Rassemblement national n’arriveront pas à nous faire pleurer sur la classe moyenne qui perçoit plus de 24 000 euros par mois, en plus du droit commun et de la retraite complémentaire.
    Selon vous, le taux de 21 % n’existe plus. Nous sommes fort curieux sur ce point. Comment pourrions-nous aller au-delà malgré tout ? Il y a une forme d’indécence à ne pas socialiser une partie de ces retraites. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Contrairement à Mme Rousseau qui a écouté mes remarques, ces amendements n’ont pas été modifiés depuis l’examen en commission. Nous avons un sujet. Je vous invite à consulter le site Légifrance –⁠ vous y avez accès sur vos tablettes. Vous verrez que certaines dispositions de l’article L.137-11-1 du code de la sécurité sociale, auxquels les amendements se réfèrent, ont été déclarées non conformes par le Conseil constitutionnel.
    C’est la fameuse loi de finances pour l’année 2013, qui avait été examinée après l’élection de François Hollande. Ce dernier avait prévu dans son programme un certain nombre de mesures ; la loi avait fixé ce taux de 21 % et le Conseil constitutionnel l’avait censuré dans sa décision du 29 décembre 2012. Aujourd’hui, vous voulez porter à 30 % un taux qui n’existe plus.
    Par ailleurs, ne laissons pas croire que les retraites chapeau ne sont pas soumises à des cotisations. Le taux de la contribution à la charge de l’employeur s’élève à 29,7 % et celui de la contribution du bénéficiaire à 7 % ou à 14 %. Monsieur Guedj, les taux vont même au-delà du fameux 30 % que vous visez. Certes, un abattement est prévu, mais les versements sont taxés à un taux de 29,7 % plus 7 ou 14 % –⁠ l’assiette est la même. Je tiens à être très clair. Avis défavorable car ces amendements ne sont pas opérants –⁠ vous voulez augmenter un taux qui n’existe plus.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 216 et 1830.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        229
            Nombre de suffrages exprimés                228
            Majorité absolue                        115
                    Pour l’adoption                78
                    Contre                150

    (Les amendements identiques nos 216 et 1830 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 217 de M. Jérôme Guedj est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 217.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        228
            Nombre de suffrages exprimés                227
            Majorité absolue                        114
                    Pour l’adoption                73
                    Contre                154

    (L’amendement no 217 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj, pour soutenir l’amendement no 227.

    M. Jérôme Guedj

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    Il porte sur un autre sujet, sur lequel nous aurons l’occasion de revenir tout à l’heure : les stock-options. Posons-nous la question : cet autre type de complément de salaire contribue-t-il justement au financement de la sécurité sociale ? Le Conseil des prélèvements obligatoires a estimé récemment que les distributions gratuites d’actions, qui s’inscrivent dans la même philosophie que les stock-options, et ces dernières représentaient environ 4,9 milliards de compléments de salaire, qui sont versés à un nombre très réduit de personnes.
    La fiscalité sur ces compléments de salaire n’étant pas complètement alignée sur la fiscalité normale des cotisations sociales, cela représente une perte de recettes. Nous défendrons tout à l’heure des amendements visant à porter de 30 % à 40 % le forfait social appliqué aux distributions gratuites d’actions, qui sont plus importantes que les stock-options.
    Le présent amendement vise à faire de même pour les stock-options, qui sont un dispositif spécifique. Là encore, étant donné que ce sont des compléments de salaire, ils doivent être soumis à cotisations sociales –⁠ il n’y a pas de raison qu’on leur applique un taux inférieur au taux normal de cotisation, qui s’élève à 45 ou 47 %.
    Rappelons quelques chiffres : 85 milliards de compléments de salaire sont versés. Le fait de ne pas y appliquer le taux normal de cotisation prive la sécurité sociale de 15 milliards d’euros. Vous aviez retenu les titres-restaurant et les chèques-vacances. Ne pensez-vous pas qu’il est prioritaire de s’attaquer aux stock-options et aux distributions gratuites d’actions ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Soyons bien clairs : vous voulez porter de 30 % à 40 % la contribution patronale.

    M. Jérôme Guedj

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    Oui.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Aujourd’hui, les stock-options sont soumises à une contribution patronale de 30 % et à une contribution salariale de 10 %, auxquelles il faut ajouter la CSG et la CRDS sur la plus-value d’acquisition et les prélèvements sociaux sur les revenus du capital. La somme des taux atteint 17,2 %, même plus avec l’amendement relatif à la CSG sur les revenus du capital que vous avez fait adopter hier contre mon avis –⁠ le taux ne sera plus de 17,2 % mais de 18,6 %.
    Il ne faut pas laisser croire que ces sommes sont exclues de l’assiette des cotisations sociales et exonérées de toute contribution : elles contribuent au financement de la protection sociale. On pourrait faire en sorte qu’elles le fassent davantage, mais on ne peut pas dire qu’elles ne le font pas.
    Il y a aussi un enjeu d’attractivité pour notre pays –⁠ je ne m’étendrai pas sur la question, car nous avons eu de longs débats dans le cadre de l’examen du PLF. Si on veut éviter l’exil fiscal d’un certain nombre de personnes talentueuses, il faut faire en sorte que la charge fiscale reste limitée.
    Enfin, si on augmente la fiscalité sur les stock-options, les entreprises se reporteront vers d’autres modes de rémunération de leurs cadres dirigeants.
    La vraie réponse à la multiplication des exemptions d’assiette consiste peut-être à réduire les prélèvements sur les revenus du travail pour que les employeurs n’aient plus besoin de recourir à ce type de complément. C’est un vaste débat, que nous n’épuiserons pas aujourd’hui.
    Avis défavorable à cet amendement, qui n’a pas été examiné en commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Je m’aligne sur l’avis du rapporteur général. Nous sommes sensibles à l’effet de la distribution de stock-options sur la motivation des personnels, qui sont ainsi incités à participer à la réussite de l’entreprise. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 227.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        218
            Nombre de suffrages exprimés                217
            Majorité absolue                        109
                    Pour l’adoption                71
                    Contre                146

    (L’amendement no 227 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Voici quelques éléments statistiques : il est 17 heures et nous avons examiné soixante amendements depuis le début de cette séance, soit trente par heure. Il reste 1 308 amendements. Si nous poursuivons sur le même rythme, le temps nécessaire à leur examen est donc de quarante-trois heures et trente minutes.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Il faut accélérer !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement no 342.

    Mme Justine Gruet

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    La gauche augmente les taxes, la droite les diminue lorsque cela valorise les salariés. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et SOC.)
    L’augmentation du taux de la contribution patronale applicable aux attributions gratuites d’actions, que la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 a porté de 20 % à 30 %, a entraîné un alourdissement significatif des charges sociales pesant sur les entreprises, en particulier pour les plans d’actionnariat salarié les plus répandus.
    En effet, le taux de 20 % fixé initialement avait permis un développement soutenu de l’actionnariat salarié. C’est un outil reconnu de fidélisation des salariés, de partage de la valeur et de motivation collective. Le rétablissement de ce taux au niveau raisonnable de 20 % permettrait de restaurer un cadre stable, lisible et incitatif.
    Je remercie les entreprises qui m’ont alertée sur ce sujet. Elles valorisent leurs salariés et contribuent ainsi au développement économique de nos territoires.

    Mme la présidente

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    Sur les amendements no 272 et identiques et sur l’amendement no 222, je suis saisie par le groupe Droite républicaine de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 342 ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Il n’est pas facile d’être rapporteur général, car je vous réponds avec le souci de redresser nos comptes sociaux tout en essayant d’éviter les irritants. Mais c’est toute la singularité de cette fonction !
    La baisse de taux que vous proposez représente une perte de recettes de 500 millions. Je vous invite donc à retirer votre amendement, même si j’en comprends l’objectif. À défaut, avis défavorable. Je rappelle que cet amendement a été rejeté par la commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un amendement que j’aurais aimé voir soumis au débat, mais comme je ne suis pas parlementaire,…

    M. Pierre Pribetich

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    Ça viendra !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …je ne dépose pas d’amendement.
    Madame Gruet, le sens de l’histoire n’est pas de baisser les taux. Je voudrais parler d’une idée qui a circulé dans certains milieux patronaux acquis au partage de la valeur, notamment celui des ETI –⁠ entreprises de taille intermédiaire – familiales. Il s’agirait d’encourager la distribution d’actions gratuites à tous les salariés et pas seulement aux membres du comité exécutif ou du comité de direction. Ces patrons sociaux suggèrent donc de maintenir le taux de 30 %, mais seulement quand la distribution concerne tous les salariés, et de le porter à 40 % quand elle ne concerne que les membres du comité exécutif ou du comité de direction.
    Une telle proposition, qui fait l’inverse de votre amendement, serait vue très favorablement par les entreprises engagées dans un partage de la valeur élargi à l’ensemble des salariés. Elle correspond en outre à ce que beaucoup d’entre vous défendent, à savoir favoriser le pouvoir d’achat assis sur la création de richesse –⁠ plutôt que la taxation. Enfin, en augmentant la taxation des actions distribuées aux salariés du top 5 ou top 10 de l’entreprise, comme on dit, on s’assurerait que ceux-ci contribuent davantage à la sécurité sociale.
    Cette voie de passage, soutenue par une partie du patronat social, est intéressante. De nombreuses entreprises, notamment familiales, se sont engagées dans la distribution d’actions gratuites à tous les salariés, mais je ne les citerai pas, car nous ne faisons pas de publicité. J’aurais aimé que nous puissions discuter de cette idée ici, mais ce n’est pas le cas. Vous pouvez toutefois en parler à vos collègues du Sénat.
    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Madame la ministre, plutôt que d’aller vers la solution que vous proposez comme alternative à la diminution du taux de cotisation sur les actions gratuites, qui sont aujourd’hui distribuées essentiellement aux cadres dirigeants, je vous invite plutôt à soutenir les coopératives, qui permettent réellement de partager la valeur.
    Nous voterons contre cet amendement, qui va à l’encontre de tout ce que nous prônons.
    Madame la ministre, dans votre avis sur mon amendement no 1606, vous avez affirmé qu’il était inconstitutionnel, mais vous avez basé vos calculs sur un taux de 45 % alors que l’amendement retient un taux de 40 %. Je maintiens que mon amendement est constitutionnel. Il vise à dissuader l’attribution de retraites chapeau, alors que nous comptons tous nos trimestres jusqu’à la retraite. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Justine Gruet.

    Mme Justine Gruet

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    Cela me fait plaisir que Mme Rousseau évoque les coopératives, car le Jura est une terre de coopératives.
    Madame la ministre, je vous rejoins, mais pourquoi ne pas baisser le taux à 20 % quand les actions gratuites sont distribuées à tous les salariés et 30 % quand cela n’est pas le cas ? Plus cette pratique sera encouragée, plus on récupérera de cotisations. Il est dommage que nous soyons revenus sur un dispositif qui avait facilité l’actionnariat salarié, mais je ne doute pas que la navette permettra de discuter de cette question.

    M. Jérôme Guedj

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    Les Républicains du Sénat votent à l’opposé de ceux de l’Assemblée nationale !

    (L’amendement no 342 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 272, 855, 1402 et 222, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 272, 855 et 1402 sont identiques.
    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 272.

    M. Yannick Monnet

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    Madame la ministre, j’espère que vous allez déposer quelque chose sur l’article 45  bis du PLFSS, car le compte n’y est pas.
    Monsieur le rapporteur général, une bonne sécurité sociale contribue à l’attractivité du pays. C’est important. Je voudrais dire à Mme Gruet et à mes collègues de droite qu’un monde sans cotisations ni impôts ni taxes est un monde sans sécurité sociale.

    M. Ian Boucard

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    On a ce qu’il faut !

    Mme Josiane Corneloup

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    Il y en a déjà trop !

    M. Yannick Monnet

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    La seule question à se poser est la suivante : les cotisations, les impôts et les taxes sont-ils justes ? Nous proposons d’y parvenir en faisant contribuer ceux qui ont les moyens de contribuer, notamment pour faire face au défi démographique, qui est celui du vieillissement de la population. Je rappelle que les 75-84 ans seront plus de 6 millions en 2030 et près de 7 millions en 2040. Pour augmenter les moyens de la branche autonomie, nous proposons de faire passer le taux de la contribution de solidarité pour l’autonomie (CSA), supportée par les employeurs, de 0,3 % à 0,6 %. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Louis Boyard, pour soutenir l’amendement no 855.

    M. Louis Boyard

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    Au cours des débats sur ce projet de loi de financement de la sécurité sociale, nous vous avons posé deux questions ; nous n’avons pas eu de réponses.
    Plusieurs propositions ont été faites pour créer davantage d’exonérations de cotisations sociales. Il y a aussi eu des propositions de baisse des dépenses. Or la sécurité sociale va devoir faire face à une augmentation structurelle des dépenses liée au grand âge et à l’hôpital en raison du vieillissement de la population.

    M. Philippe Vigier

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    Il vient de se réveiller !

    M. Louis Boyard

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    Je suis content que la ministre du budget soit présente au banc du gouvernement, car j’ai une question pour elle : pouvez-vous confirmer l’information selon laquelle, depuis 2003, 8 % des recettes de cotisations sociales auparavant financées par les cotisations patronales ont été remplacées par de la TVA ? Si cela se confirme, cela signifie que ces cadeaux faits aux patrons sont financés par la TVA. Cet amendement, qui propose d’augmenter les cotisations employeur, répond à un souci de justice car tout le monde, y compris les plus précaires, paye la TVA, quel que soit son niveau de revenu. Je rappelle que vous retirez des droits aux plus précaires en baissant les dépenses de la sécurité sociale.
    Je vous invite donc à adopter cet amendement de cohérence, de bon sens et de justice. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 1402.

    M. Hendrik Davi

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    La France comptait 45 000 centenaires en 2024. Elle devrait en compter le triple en 2050. Avec le vieillissement de la population, l’autonomie devient un enjeu civilisationnel, comme le changement climatique. On ne devrait parler que de cela.
    La CNSA –⁠ Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie – a été créée pour financer les aides à l’autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Elle demeure sous-dotée alors qu’elle doit faire face à des défis structurels très importants, notamment celui de la pénurie de personnel qualifié, qui rend indispensable une revalorisation des métiers du soin. En outre, les Ehpad connaissent des difficultés économiques inédites, la part des établissements déficitaires étant passée de 27 % à 66 %.
    Notre amendement est très simple : il propose de porter le taux de la contribution de solidarité pour l’autonomie de 0,3 % à 0,6 %. Si vous refusez toutes les recettes que nous vous proposons, il n’y aura pas de solution ! Je suis d’accord avec M. Monnet : sans impôts ni cotisations ni taxes, il n’y a ni hôpital ni école. C’est bien ça le problème ! Vous pouvez être contre la sécurité sociale, mais vous êtes peut-être quand même pour les hôpitaux et les écoles ? (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj, pour soutenir l’amendement no 222.

    M. Jérôme Guedj

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    Nous présentons des amendements sur la contribution de solidarité pour l’autonomie, une autre modalité de ressource pour financer la branche autonomie, depuis trois PLFSS. Je peux anticiper le sort qui sera réservé à cette série d’amendements ; il est pourtant nécessaire d’améliorer le financement de cette branche, notamment en augmentant le taux de la contribution employeur, qui est actuellement de 0,3 %. Je rappelle que les salariés y contribuent par la journée de solidarité, qui est une journée de travail gratuit.
    Si vous m’y autorisez, madame la présidente, je présenterai également les amendements nos 224 et 223. Ils proposent d’augmenter la contribution pour les rémunérations au-dessus de 3 smics. Je sais que de telles propositions n’ont pas vos faveurs. Je ne veux donc pas y passer plus de temps, car nous allons avoir de longs débats sur les allégements généraux de cotisations.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Messieurs Monnet, Davi et Boyard –⁠ je m’adresse d’abord à vous, car l’amendement de Jérôme Guedj est plus ciblé –, vous êtes force de proposition pour apporter davantage de recettes. Je ne peux pas le nier : vos propositions de cotisations et de taxes sont nombreuses. La branche autonomie a certes besoin de moyens, mais vos amendements –⁠ qui sont effectivement très simples, monsieur Davi, puisqu’ils proposent une augmentation mathématique du taux – représentent tout de même une augmentation de cotisations de 2,6 milliards.
    L’amendement de M. Guedj vise davantage les travailleurs très qualifiés. Nous en avions débattu à l’occasion de la présentation du rapport d’information qu’il avait réalisé avec Marc Ferracci : une telle mesure risque de pénaliser de nombreux secteurs innovants de notre industrie.
    Enfin, je partage l’argument développé par Yannick Monnet, à savoir que notre système de protection sociale repose sur un principe : on contribue selon ses moyens et on reçoit selon ses besoins.

    M. Hendrik Davi

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    Il va devenir socialiste ! (Sourires.)

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je suis gaulliste social ! Or les taux de cotisation sont déjà fortement progressifs selon le niveau de rémunération, notamment en raison de la dégressivité des allégements généraux de cotisations patronales. Nous agissons donc déjà dans cet esprit, et je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’aller au-delà, même si je reconnais volontiers votre inventivité en matière de taxation.
    Ces amendements ont été rejetés par la commission. À titre personnel, j’y suis également défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Ces amendements touchent aux liens étroits entre l’emploi, les cotisations et les entreprises. Il est donc essentiel de veiller à l’équilibre de ces relations. Je ne considère pas le développement de nos entreprises, de l’économie française ou de nos filières industrielles comme incompatible avec notre capacité à soutenir l’emploi et la formation. L’ensemble de ces éléments contribuent à un financement équilibré de la sécurité sociale : c’est ainsi que je conçois la dynamique de notre système de protection sociale.
    Dans ces conditions, et afin de ne pas alourdir le coût du travail, je ne peux être favorable au doublement de la contribution de solidarité pour l’autonomie à la charge des employeurs. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Monsieur Boyard, vous aimez beaucoup réaliser de petites capsules vidéo. Je vous propose d’en faire une moi-même, en réponse à la vôtre. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.) Si j’ai bien compris le pitch de votre intervention, nous avons baissé les cotisations sur le travail et nous avons volé les Français avec la TVA.

    M. Louis Boyard

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    Oui !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Comme je suis une femme assez basique, j’ai calculé grâce à mon ordinateur la part de TVA dans le PIB : en 2004, elle était de 7,1 % ; en 2020, de 7 % ; en 2024, de 7,1 %. En l’espace de vingt ans, monsieur Boyard, la part de TVA dans le PIB n’a pas bougé d’un pouième. Il s’agirait donc d’un vol que personne n’a vu et qui n’a volé personne ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR et HOR. –⁠ Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Ségolène Amiot

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    Vous ne répondez pas à ce qu’il a dit !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    De plus –⁠ et j’en aurai fini avec la capsule vidéo, qui sera dans la boîte ! –, la part de TVA dans le PIB en Europe est de 6,9 %. Non seulement elle n’a pas augmenté en France, mais notre pays est exactement dans la moyenne européenne. C’est dommage, mais votre démonstration ne fonctionne pas ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR et HOR. –⁠ M. Louis Boyard s’exclame.)

    M. Pierre-Yves Cadalen

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    Vous n’avez pas répondu sur le fond !

    M. Ian Boucard

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    On ne peut pas répondre sur le fond, il n’y avait pas de fond !

    M. Jean-Yves Bony

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    C’est lui qui touche le fond !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Annie Vidal. (Brouhaha.)

    Mme Annie Vidal

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    Je vous écoute depuis des heures et je vous remercie de me renvoyer l’ascenseur, si je puis m’exprimer ainsi. Nous constatons une fois de plus la créativité de certains pour augmenter les contributions, notamment afin de renforcer le financement de la branche autonomie. Cette dernière a effectivement besoin de ressources, et ses besoins continueront de croître –⁠ ce n’est pas moi qui vous dirai le contraire.
    Permettez-moi simplement un petit rappel historique. Depuis qu’elle a été créée en 2020 à notre initiative –⁠ d’autres en avaient eu le projet avant nous, mais n’étaient pas passés à l’acte –, les ressources de cette nouvelle branche ont augmenté d’un peu plus de 10 milliards.
    Les besoins de financement restent élevés, et ce n’est pas en votant des amendements visant à augmenter les cotisations que nous résoudrons le problème. La question du financement doit être examinée dans une perspective plus globale, en tenant compte de la transition démographique que nous connaissons. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Louis Boyard.

    M. Louis Boyard

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    Madame la ministre, je ne relèverai pas le ton paternaliste de votre intervention. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Si vous étiez abonnée à mes capsules vidéo, vous comprendriez la référence que je vais vous donner : « PLFSS 2025, annexe 3, page 16 ». (Mêmes mouvements.) Il est regrettable qu’un tiktokeur vous apprenne comment fonctionnent les comptes de la sécurité sociale. Si vous connaissiez réellement vos dossiers (Protestations sur plusieurs bancs des groupes RN, EPR, DR, Dem, LIOT et UDR. –⁠ Mme Prisca Thevenot et M. Philippe Vigier font signe à l’orateur de se taire), vous sauriez que depuis 2003, la part des cotisations sociales patronales a diminué de 8 %, avant d’augmenter de plus de 8 % cette année.
    Je ne sais pas si j’en ferai une capsule vidéo, car nous recherchons des compromis et des consensus. Mais maintenant que j’ai exposé mon argumentation, peut-être donnerez-vous un avis favorable à notre amendement ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Annie Vidal, pour un rappel au règlement.

    Mme Annie Vidal

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    Sur le fondement de l’article 100 de notre règlement, au titre de la bonne tenue de nos débats. Depuis le début de la semaine, les ministres répondent sans relâche à toutes nos questions, épaulés par un rapporteur général d’une grande précision. Nous ne pouvons tolérer une telle mise en cause. Je demande à M. Boyard de présenter ses excuses à Mme la ministre après ces propos inacceptables. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR ainsi que sur quelques bancs des groupes SOC et LIOT.)

    Après l’article 8 (suite)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 272, 855 et 1402.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        242
            Nombre de suffrages exprimés                239
            Majorité absolue                        120
                    Pour l’adoption                84
                    Contre                155

    (Les amendements identiques nos 272, 855 et 1402 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 222.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        232
            Nombre de suffrages exprimés                230
            Majorité absolue                        116
                    Pour l’adoption                79
                    Contre                151

    (L’amendement no 222 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public :  sur les amendements nos 224 et 223, par le groupe Droite républicaine ; sur l’amendement no 891, par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    M. Jérôme Guedj a soutenu l’amendement no 224 en même temps que le précédent.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 224.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        237
            Nombre de suffrages exprimés                234
            Majorité absolue                        118
                    Pour l’adoption                84
                    Contre                150

    (L’amendement no 224 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 223 de M. Jérôme Guedj a également été défendu tout à l’heure.

    (L’amendement no 223 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 891.

    Mme Ségolène Amiot

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    Un licenciement pour inaptitude recouvre plusieurs réalités. D’une part, l’employeur n’a pas su reclasser son salarié. D’autre part, ce dernier perd son emploi –⁠ et souvent son métier – et doit engager une reconversion professionnelle, lorsque sa santé le permet. Il devient de facto une charge pour la collectivité. Grâce à la solidarité nationale, il peut néanmoins continuer à vivre et mener à bien sa reconversion.
    Un taux de licenciement pour inaptitude anormalement élevé dans une entreprise révèle que l’employeur ne protège pas suffisamment ses employés, notamment au regard de ses obligations rappelées à l’article L. 4121-1 du code du travail. C’est pourquoi nous proposons d’instaurer un malus visant à surtaxer les employeurs dont le taux de licenciement pour inaptitude est anormalement élevé. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je comprends votre objectif, mais vous ne définissez pas ce qu’est un taux « anormalement élevé » : votre amendement pose donc un problème d’application.

    M. Loïc Prud’homme

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    Il suffit de prendre la moyenne !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Par ailleurs, nous disposons d’un régime protecteur en cas d’inaptitude d’origine professionnelle, avec un dispositif d’indemnisation renforcé, dont le ministre pourra confirmer l’existence. L’employeur est tenu de verser au salarié concerné deux indemnités spécifiques lorsque le licenciement intervient en raison de l’impossibilité de reclassement.
    C’est pourquoi je ne pense pas que l’outil fiscal soit le plus adapté pour atteindre l’objectif légitime qui doit tous nous rassembler, à savoir la protection des travailleurs au sein des entreprises. Ce qu’il faut avant tout, c’est appliquer le droit du travail.

    M. Loïc Prud’homme

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    Vous l’avez déglingué !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je n’ai rien déglingué du tout. Évitez de telles accusations et soyez respectueux !

    M. Ian Boucard

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    Ils n’en sont pas capables !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Cet amendement a été rejeté par la commission. À titre personnel, j’y suis également défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Le gouvernement partage l’objectif de réduire le nombre des licenciements pour inaptitude, qui représentent souvent des échecs collectifs et des situations humaines difficiles. Le dispositif proposé n’est cependant pas la voie que nous privilégions. Notre priorité, dans la continuité de la loi du 2 août 2021, est de renforcer la prévention en santé au travail et de mettre l’accent sur la prévention de la désinsertion professionnelle, afin d’agir le plus en amont possible.
    Plus qu’une logique de sanction a posteriori, que traduirait la création d’une nouvelle contribution, nous privilégions une logique d’accompagnement et de détection précoce. C’est tout le sens du déploiement des cellules de prévention de la désinsertion professionnelle au sein des services de prévention et de santé au travail.
    Ainsi, plusieurs outils à la main des acteurs de la prévention en entreprise existent déjà pour favoriser le maintien en emploi des salariés. Le médecin du travail peut par exemple préconiser des aménagements de poste, un temps partiel thérapeutique, des adaptations ergonomiques ou, à défaut, un reclassement interne du salarié.
    L’introduction d’une sanction financière supposerait d’ailleurs, comme l’a dit le rapporteur général, de définir la notion de taux « anormalement élevé » et poserait des difficultés techniques. Pour toutes ces raisons, je suis défavorable à votre amendement.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ségolène Amiot.

    Mme Ségolène Amiot

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    Je pense que les services du ministère seront tout à fait capables de définir ce qu’est un taux anormalement élevé.
    Par ailleurs, la contribution que nous proposons de créer n’a pas forcément vocation à punir, mais à rétablir un équilibre, une forme de justice fiscale et sociale. En effet, les salariés licenciés pour inaptitude, que celle-ci soit ou non d’origine professionnelle, bénéficient à juste titre de la solidarité nationale.
    Mais lorsque des employeurs manquent à leurs obligations de prévention et ne protègent pas leurs salariés, il est légitime que ce soit eux, et non la solidarité nationale, qui assument le coût de ces situations où des salariés perdent leur emploi, leur métier et leur santé et doivent se reconvertir.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 891.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        223
            Nombre de suffrages exprimés                220
            Majorité absolue                        111
                    Pour l’adoption                76
                    Contre                144

    (L’amendement no 891 n’est pas adopté.)

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à dix-sept heures trente, est reprise à dix-sept heures quarante-cinq.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.
    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 226.

    M. Yannick Monnet

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    Il vise à rétablir l’intégralité des cotisations correspondant au périmètre de l’ancien crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et dont l’exonération a coûté 37 milliards à la sécurité sociale en 2025.
    Plus largement, je souhaite ouvrir un débat relatif aux exonérations de cotisations. De nombreux rapports ont montré qu’elles étaient inefficaces. Pour ma part, j’y suis opposé par principe, parce que je les considère comme de l’argent magique et parce qu’elles reviennent à faire payer les gens deux fois. Je préférerais que nous supprimions les exonérations de cotisations au profit d’aides directes conditionnées. En effet, la plupart des exonérations sont compensées par le budget de l’État, dont l’essentiel des ressources provient de la TVA et qui aurait pu investir plutôt cette somme dans les services publics. C’est la raison pour laquelle je considère que les salariés paient deux fois. Par ailleurs, il est bien normal que le travail ait un coût. À force de vouloir réduire le coût du travail, vous en réduisez aussi la valeur. (M. Jacques Oberti applaudit.) Quand on emploie quelqu’un, il est naturel de lui verser un salaire. Il est essentiel de reconnaître la valeur du travail ; or si le travail n’a pas de coût, c’est qu’il n’a pas de valeur. Pour notre part, nous défendons et son coût, et sa valeur ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR. –⁠ M. Jacques Oberti applaudit également.)

    M. Stéphane Peu

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    Implacable !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Par cet amendement, vous nous appelez à une réflexion d’ensemble sur les objectifs assignés à notre système de protection sociale. Son objectif premier était la protection, mais nous avons fait évoluer certains dispositifs pour favoriser également l’emploi, la compétitivité ou encore le pouvoir d’achat. Or il est clair que le système n’avait pas été conçu pour cela. Nous tournons autour de la question depuis plusieurs dizaines d’années. Si nous revenions à l’essence de la sécurité sociale, fondée sur l’idée que le travail permet de se constituer des droits –⁠ c’est d’ailleurs le principe même de la retraite –, nous n’aurions plus de problème pour financer la protection et les retraites. La solution du problème des retraites réside dans la mise en regard de la démographie et de l’emploi.
    Vous avez décrit la petite manipulation budgétaire du CICE –⁠ pour compenser 6 points du bandeau maladie, on affecte des recettes de la TVA auparavant inscrites au budget de l’État –, mais c’est une question de tuyauterie comptable. Nous pourrions débattre éternellement du mécanisme de chaque compensation d’exonération de charge, à moins de revenir à l’essence même de la sécurité sociale. Une telle démarche dépasserait le cadre de votre amendement. Je comprends votre appel, je rêverais de mener un tel débat avec vous ; en attendant, je vous propose de retirer l’amendement, sans quoi je serai au regret de donner un avis défavorable. La commission, quant à elle, a rejeté l’amendement.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    L’amendement vise à soumettre à cotisations maladie une vaste panoplie de revenus dont la majorité sont des revenus de remplacement. Il en résulterait un choc fiscal inédit. Vous proposez de rétablir des cotisations salariales maladie supprimées en 2018, au moment où la CGT –⁠ pardon, la CSG – avait été augmentée. (Sourires et applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SOC, EcoS et GDR.) Vous voyez que j’ai le dialogue social chevillé au corps !
    Je rappelle que la transformation du CICE en allégements de cotisations s’est traduite par le versement d’une compensation équivalente à la sécurité sociale, en particulier à la branche maladie. En outre, il serait déraisonnable de penser que le choc que vous proposez n’aurait aucun effet sur la compétitivité, sur l’emploi et par conséquent sur les cotisations encaissées par la sécurité sociale. Tous ces facteurs influent les uns sur les autres ! Pour qu’il y ait des cotisations, il faut préserver l’activité professionnelle et ne pas prélever un tribut exagéré sur le travail. C’est la raison pour laquelle je suis défavorable à l’amendement.

    M. Stéphane Peu

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    Pourtant, la CGT était pour ! (Sourires.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Je commencerai par une remarque sémantique : quand j’entends parler d’exonération de charges, ça me rend un peu dingue. Ce ne sont pas des charges, mais des cotisations sociales. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. Stéphane Peu applaudit également.) Les cotisations produisent de la valeur ! Lorsqu’on socialise un bout de salaire, c’est pour soigner des gens, pour investir dans la personne, pour prévenir des accidents du travail, pour indemniser les périodes pendant lesquelles l’activité est impossible, pour permettre à des retraités de s’engager au service du collectif, et ainsi de suite. Ce type d’investissement correspond à une cotisation, non à une charge.
    Par ailleurs, je note qu’il s’agit d’un amendement d’appel. Quand M. Sitzenstuhl dépose un amendement d’appel, tout le monde est content, mais quand c’est M. Monnet, personne ne le soutient ! C’est pourtant une bonne idée. Nous n’avons qu’à le voter, nous verrons bien ce que donne l’appel.
    L’amendement vise à récupérer la moitié des cotisations sociales soumises à exonération. Cette moitié-là a été exonérée par François Hollande. Le CICE est une de ses pires décisions, et pourtant, il y avait match ! (Mme Élisa Martin applaudit.) Il s’agit de récupérer 37 milliards d’euros qui ne servent à rien. Cet argent est distribué aux entreprises sans aucune condition. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) On croirait une fontaine aux vœux ! On met de l’argent dedans et un type à Bercy, avec son moulin à prières, espère que ça va créer de l’emploi. Cela ne veut rien dire, les effets de ces exonérations sont nuls. Si nous voulons obtenir un effet quelconque, il faut y mettre des conditions en matière d’emploi, de qualification ou de bifurcation écologique. Tout le reste, c’est du flan. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Je suis d’accord avec M. Monnet sur un point : les exonérations de charges (« De cotisations ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP) ne créent pas d’emplois. Par contre, elles permettent d’en maintenir. Je pense par exemple à la filière des métiers du nettoyage, dont les marges sont extrêmement faibles –⁠ M. le ministre Farandou ne me contredira certainement pas, puisque la SNCF est un gros client dans ce secteur. Si nous supprimons ces exonérations partielles de charges,…

    M. Hadrien Clouet

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    De cotisations !

    M. Hervé de Lépinau

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    …des milliers d’emplois seront perdus, car de telles filières ne parviendront plus à tenir le choc eu égard aux prix pratiqués. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RN et sur les bancs du groupe UDR.)

    M. Bartolomé Lenoir

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    Exactement ! Bravo !

    M. Hervé de Lépinau

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    Les exonérations constituent une mesure d’accompagnement social des salariés les plus modestes.

    M. Yannick Monnet

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    Elles ne profitent pas aux salariés !

    M. Hervé de Lépinau

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    Nous pouvons réfléchir à un autre mécanisme de valorisation du travail, mais si nous votons votre amendement en l’état, des milliers de personnes iront pointer à Pôle emploi. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 226.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        158
            Nombre de suffrages exprimés                157
            Majorité absolue                        79
                    Pour l’adoption                68
                    Contre                89

    (L’amendement no 226 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 856, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Élisa Martin, pour soutenir cet amendement.

    Mme Élisa Martin

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    Le burn-out est un épuisement professionnel, un sentiment d’échec, une perte de sens, qui affecte considérablement la personne concernée. Il touche 31 % des salariés. Pas moins de 45 % des salariés déclarent être en détresse psychologique ; pour 70 % d’entre eux, cette détresse est liée à leur environnement de travail. Les syndromes d’épuisement professionnel –⁠ c’est le terme français pour désigner le burn-out – ont doublé entre 2020 et 2022. Les jeunes, les femmes et les employés sont particulièrement touchés.
    Loin d’être une fatalité, le burn-out est le plus souvent lié aux conditions de travail et d’encadrement. Pour contraindre les entreprises à combattre résolument ce phénomène, nous voulons imposer à celles qui dépassent un seuil d’alerte en la matière l’obligation d’analyser leur fonctionnement et de prendre des mesures adéquates. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Vous voulez majorer le taux des cotisations à la branche AT-MP –⁠ accidents du travail et maladies professionnelles – des entreprises de plus de cinquante salariés dont l’indice de sinistralité dépasse un certain niveau. Vous serez peut-être surprise d’apprendre que votre demande est déjà partiellement satisfaite. La réforme de la tarification des accidents du travail, progressivement mise en place entre 2010 et 2014, a donné plus de place à l’individualisation des cotisations, tout en simplifiant le dispositif. En outre, la branche AT-MP a été renforcée par l’instauration d’un dispositif de bonus-malus. Enfin, une convention d’objectifs et de gestion (COG) signée en juillet 2024 prévoit d’attribuer 150 millions d’euros au fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle (Fipu). Il existe donc déjà des dispositifs pour pénaliser les entreprises qui ne jouent pas le jeu et un fonds pour récompenser celles qui investissent dans la prévention. Je vous invite d’ailleurs à faire la publicité du Fipu dans vos circonscriptions, car ce fonds mérite d’être utilisé. Avis défavorable. La commission a rejeté l’amendement.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    La question de la santé mentale est majeure et préoccupante, en entreprise comme dans le pays. Je l’ai prise très au sérieux quand je dirigeais la SNCF et je compte faire de même en tant que ministre du travail et des solidarités.
    Cela étant, les règles de calcul de la cotisation AT-MP permettent déjà d’inciter à la prévention des risques professionnels. Or la prévention est la priorité en la matière, y compris s’agissant des affections psychiques.

    Mme Élise Leboucher

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    Il faut revoir les conditions de travail !

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Celles-ci sont de plus en plus reconnues comme sinistres professionnels, tant sous la forme d’accident du travail que sous celle de maladie professionnelle. C’est le principe même de la cotisation AT-MP que de responsabiliser l’employeur, puisqu’elle est calculée en fonction de la sinistralité propre de l’entreprise dès lors que cette dernière compte plus de 150 salariés. Pour les entreprises de moins de 20 salariés, elle est calculée en fonction de la sinistralité du secteur ; pour celles qui comptent entre 20 et 150 salariés, le système est mixte. Par ailleurs, toute entreprise peut se voir appliquer une majoration si, malgré une injonction de la caisse d’assurance retraite et de santé au travail (Carsat), elle n’a pas pris les mesures nécessaires pour réduire le risque professionnel. Par conséquent, je suis défavorable à l’amendement.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet.

    M. Yannick Monnet

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    Je suis pour l’amendement. J’en profite pour dire au Rassemblement national que les exonérations de cotisations ne profitent pas aux salariés.

    M. Hervé de Lépinau

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    Je n’ai pas dit cela !

    M. Yannick Monnet

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    Entre 2013 et 2017, 90 milliards d’euros ont été ainsi donnés aux entreprises, pour seulement 50 000 créations d’emplois. Je ne savais pas que vous défendiez le CICE ; c’est une position pour le moins intéressante. Pour rappel, la Cour des comptes, dans un rapport de mai 2025, estime que « l’accumulation de mesures d’allégements généraux de cotisations sociales non compensées ou compensées partiellement alimente les déficits de la sécurité sociale et l’augmentation de la dette sociale ». Voilà le résultat de cette politique d’exonération !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 856.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        198
            Nombre de suffrages exprimés                195
            Majorité absolue                        98
                    Pour l’adoption                71
                    Contre                124

    (L’amendement no 856 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de trois amendements identiques, nos 247, 297 et 368.
    La parole est à Mme Sandrine Runel, pour soutenir l’amendement no 247.

    Mme Sandrine Runel

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    Il vise à relever le taux de cotisation AT-MP des entreprises présentant un taux de sinistralité anormalement élevé. En somme, il s’agit d’appliquer un malus aux entreprises qui ne prennent pas soin de leurs salariés. Un ancien premier ministre a dit ici : « Tu casses, tu répares » ; nous disons : « Vous cassez les travailleurs, vous les réparez en payant plus. » Cette mesure incitera les entreprises à être plus attentives envers leurs employés et augmentera surtout les fonds destinés à prendre soin des malades.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Stéphane Peu, pour soutenir l’amendement no 297.

    M. Stéphane Peu

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    La France détient le triste record européen du pays qui connaît le plus d’accidents du travail : trois morts au travail par jour, plus d’un million de Français victimes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles. Ces chiffres sont sans doute encore inférieurs à la réalité, étant donné la sous-déclaration ou la non-déclaration de certains accidents ou maladies, ce qui a mené un chercheur à parler d’hécatombe invisible.
    Comme partout ailleurs dans la société, il existe des acteurs vertueux –⁠ des entreprises qui prennent des mesures de prévention – et d’autres qui ne le sont pas du tout : des entreprises qui s’en foutent, qui exposent leurs salariés à des accidents. Par cet amendement, nous proposons d’instaurer un malus, en l’espèce une majoration de la cotisation AT-MP, pour les entreprises dont le taux de sinistralité est bien trop élevé par rapport à la moyenne de la branche. Cela nous paraît juste.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour soutenir l’amendement no 368.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Il tend à conditionner les exonérations de cotisations sociales à l’égalité entre les hommes et les femmes. Je rappelle que la différence de salaire entre les hommes et les femmes est encore de 28 % et que 80 % des travailleurs pauvres sont des femmes. Faire en sorte que les entreprises soient véritablement mobilisées pour augmenter les salaires des femmes afin qu’elles ne subissent pas de discrimination est donc un enjeu social très profond. L’index de l’égalité professionnelle et les conditions associées ne sont manifestement pas suffisants, puisque le taux de résorption de cette différence n’est pas assez rapide. Nous vous proposons donc, à l’initiative de ma collègue Marie-Charlotte Garin, d’instaurer un processus incitatif avec un plancher à 85 points de l’index de l’égalité professionnelle. Si les entreprises ne le respectent pas, elles ne bénéficieront pas d’exonérations.

    Mme la présidente

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    Sur les amendements identiques nos 247, 297 et 368, je suis saisie par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Il me semble, madame Rousseau, que vous avez défendu par avance un autre amendement –⁠ je le précise pour la clarté de nos débats. En effet, l’amendement no 368 est strictement identique aux amendements nos 247 et 297.
    Je suis très sensible aux chiffres que vous avez rappelés, monsieur Peu, et je pense que nous avons encore énormément de progrès à faire. Ces chiffres varient énormément selon les secteurs et les entreprises elles-mêmes. Tous ceux qui visitent des entreprises dans les territoires ont remarqué que certaines ont installé un compteur indiquant depuis combien de jours elles n’ont plus d’accidents du travail. Nous savons tous qu’il faut aller encore plus loin.
    Ces amendements identiques tendent à instaurer un malus pour les employeurs n’ayant pas pris les mesures nécessaires pour éliminer un risque avéré de maladie professionnelle. M. le ministre et moi-même avons évoqué le système du taux brut calculé en fonction du nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles sur la période triennale. Un dispositif supplémentaire a été instauré le 1er janvier 2024 : le mécanisme « prime-signal », qui majore dans la limite de 10 % les cotisations pour les entreprises où l’on constate des accidents du travail récurrents. En face de ce malus, il y a un bonus pour les entreprises adoptant une démarche positive en matière de prévention.
    Monsieur le ministre, je me permets de me tourner vers vous : il serait intéressant que la commission des affaires sociales, si son président en est d’accord, dispose d’un retour sur le dispositif « prime-signal », de manière à examiner ses effets et à envisager son évaluation avec le concours de tous les députés intéressés. Nous souhaiterions que vous nous communiquiez les chiffres, au moins pour l’année 2024.
    Les amendements identiques nos 247, 297 et 368 ont été rejetés par la commission. À titre personnel, j’émets également un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Il faut aborder le fond de ce sujet difficile. Là encore, je peux parler avec mon expérience toute fraîche de président de grande entreprise. Nous avons été confrontés à des sujets parfois graves en matière d’accidents du travail ; nous avons connu des événements tragiques et je peux vous dire que nous avons réagi avec beaucoup de sérieux et de détermination.
    Certes, l’actualité fait que nous sommes occupés à bâtir le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la sécurité sociale, mais quand je réfléchis aux priorités que je souhaite donner à mon ministère, les accidents du travail sont au premier plan. Comme vous, je ne me résous pas à l’idée que les salariés puissent se blesser –⁠ ou pire – pendant qu’ils travaillent. Je sais d’expérience ce que cela veut dire, et je ne peux me résigner à ce que la France fasse partie des mauvais élèves de l’Europe. La réponse de fond doit être sérieuse : elle requiert du dialogue social, implique des organisations syndicales et patronales, car tout cela se passe en entreprise.
    Comment progresser et structurer la prévention pour que le nombre des accidents baisse ? Je préfère mettre l’accent sur une démarche de prévention collective plutôt que de sanction. Le rapporteur général l’a dit, un système de sanctions existe, mais ce n’est pas forcément en le durcissant que nous avancerons. C’est plutôt en conduisant tous les acteurs, toutes les parties prenantes à identifier les méthodes et les processus qui peuvent être déployés pour réduire effectivement le nombre d’accidents du travail dans notre pays.
    L’avis du gouvernement sur les amendements identiques est défavorable, mais il n’est pas défavorable à la cause que vous défendez. Cette cause est juste ; comptez sur mon engagement pour la faire progresser.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Aurélien Pradié.

    M. Aurélien Pradié

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    Le sujet que soulèvent nos collègues à travers leurs amendements est important. D’abord, on ne peut pas respecter l’effort et le travail sans porter une attention toute particulière à la santé au travail. La vérité, c’est que depuis plusieurs heures, nous mettons des pansements sur une jambe de bois. Permettez-moi de donner un exemple pour compléter les arguments que vous avez invoqués, mes chers collègues. L’an dernier, les arrêts maladie, les pensions d’invalidité et les périodes de chômage de longue durée ont augmenté de manière très significative, notamment dans une population : celle des travailleurs qui ont commencé à travailler avant l’âge de 20 ans. La même année, nous avons voté ici le recul de l’âge légal de départ à la retraite.

    Plusieurs députés du groupe LFI-NFP

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    Non, nous ne l’avons pas voté !

    M. Aurélien Pradié

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    Vous avez raison, nous ne l’avons pas voté : il a été imposé. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) La conséquence directe de ce recul est que les travailleurs qui ont commencé tôt, qui sont souvent ceux pour lesquels les conditions de travail sont physiquement les plus difficiles, ne pèsent pas sur les caisses de retraite mais sur celles de l’assurance maladie. Là est au fond tout le malentendu. On prétend augmenter la richesse de notre système de solidarité, notamment de retraites, en reculant l’âge légal de départ à la retraite, mais on le fait fictivement, puisqu’on fait peser sur une autre caisse, celle de l’assurance maladie, le coût de cet allongement.

    M. Manuel Bompard et M. Yannick Monnet

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    Oui !

    M. Aurélien Pradié

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    C’est cette hypocrisie, que démontrent ces chiffres précis, que nous devrions avoir en tête à chaque fois que nous avons à prendre une décision nouvelle. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 247, 297 et 368.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        216
            Nombre de suffrages exprimés                214
            Majorité absolue                        108
                    Pour l’adoption                75
                    Contre                139

    (Les amendements identiques nos 247, 297 et 368 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement n° 1599, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Sophia Chikirou, pour le soutenir.

    Mme Sophia Chikirou

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    Il s’inscrit dans la continuité des précédents, puisqu’il s’agit de proposer un malus AT-MP automatique sur les cotisations dues au titre des accidents du travail et des maladies professionnelles pour les entreprises concernées par un taux d’accidentalité et de sinistralité plus important que les autres. Par exemple, lorsqu’une personne est morte au travail dans une entreprise, nous proposons que la cotisation AT-MP payée par celle-ci soit majorée de 10 % pendant trois ans et que cette majoration soit portée à 20 % si la faute est inexcusable. Nous prévoyons aussi une majoration de 5 % par accident supplémentaire pour les entreprises où ont été constatés des accidents graves à répétition, c’est-à-dire pour les très mauvais élèves, les entreprises qui ne jouent ni le jeu de la prévention ni celui de l’attention.
    Nous appliquerions ainsi le principe pollueur-payeur aux employeurs négligents pour qu’ils paient plus, afin que ce coût ne pèse pas sur ceux qui sont plus respectueux des règles. Il s’agit d’une mesure de justice sociale pleine de bon sens : si vous visez la tolérance zéro au sujet des accidents du travail et des morts au travail, si vous voulez réellement infléchir le destin français qui fait de nous les mauvais élèves de l’Europe, il faut agir vite et fort et non faire mine de découvrir le problème, monsieur le ministre, car cela fait huit ans que vous êtes au pouvoir et huit ans que la situation ne fait que s’aggraver.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Cet amendement n’a pas été examiné en commission.
    Vous proposez d’instaurer une majoration de cotisation AT-MP en cas de décès d’un salarié. M. Peu a évoqué ce sujet, qui est effectivement important. Rien qu’en 2022, 1 227 personnes sont décédées d’un accident du travail –⁠ 738 cas – ou d’une maladie professionnelle. Devant cette réalité qui ne peut nous laisser insensibles, nous devons agir.
    Vous avez raison, la prévention ne suffit pas ; il faut aussi que nous puissions sanctionner ceux qui ne jouent pas le jeu. Il s’agit de vies humaines.

    M. Manuel Bompard

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    Avis favorable, alors ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Attendez. Prenons-nous en considération ce problème ? Lorsque des accidents mortels ont lieu dans un secteur, une branche ou une entreprise, ses cotisations AT-MP sont-elles modulées ? Oui, et c’est important : la cotisation AT-MP est déjà utilisée pour prévenir les accidents mortels, car le nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles ayant entraîné le décès de la victime ou donné lieu à une notification d’un taux d’incapacité permanente est pris en compte…

    M. Manuel Bompard

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    Pas suffisamment !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    …dans la détermination du taux de cotisation applicable à un employeur au titre de la tarification individuelle.
    Votre amendement est donc satisfait.
    J’en profite pour saluer l’action des services de prévention des caisses régionales de sécurité sociale, où exercent des ingénieurs-conseils et des contrôleurs de sécurité dotés de pouvoirs de contrôle. Ces services peuvent enjoindre à une entreprise de mettre en œuvre toute mesure justifiée de prévention et assortir cette injonction d’une majoration de cotisation. Nous avons aussi renforcé les obligations des employeurs en cas d’accident entraînant la mort : ils sont tenus d’informer l’inspecteur du travail dans un délai de douze heures sous peine d’une sanction pénale –⁠ cela permet de s’assurer qu’il y ait une enquête administrative. Il y a donc un certain nombre d’outils qui répondent à l’enjeu que vous soulevez, mais tout n’entrera pas dans le cadre du PLFSS. Pour que les pouvoirs de contrôle donnés par le Parlement à ces services soient effectifs, il faut que ceux-ci soient déployés pour exercer la prévention et la répression.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Nous revenons sur le sujet grave des accidents du travail et, pire, des accidents mortels. M. le rapporteur général m’a invité à venir présenter des éléments d’évaluation devant la commission, et je pense que c’est ainsi qu’il faut aborder le problème. Il faut prendre le problème en grand, comprendre les causes profondes, bâtir des plans d’action, faire du dialogue social à tous les niveaux : au niveau national, à celui des branches et des entreprises, car c’est là que nous trouverons les solutions.

    Mme Mathilde Panot

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    Ça fait huit ans que vous êtes au pouvoir, monsieur le ministre !

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    L’arsenal de cadrage existe –⁠ le rapporteur général l’a rappelé. Je veux mettre l’accent sur la prise de conscience et les actes –⁠ laissez-moi un peu le temps de le faire. Je n’ai pas huit ans derrière moi comme ministre du travail ; je ne le suis que depuis quelques jours. Je le répète, c’est une priorité pour moi et je prends l’engagement, comme je l’ai déjà dit aux partenaires sociaux, de travailler vraiment sur ces sujets.
    L’avis du gouvernement sur l’amendement est défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ségolène Amiot.

    Mme Ségolène Amiot

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    Monsieur le ministre, je vous rappellerai un petit détail : cela fait huit ans que la Macronie est au pouvoir. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Avant cela, les ordonnances Macron ont cassé le code du travail. Elles ont détruit les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et tout ce qui faisait, en France, le maillage d’alerte et de remontée d’information sur les conditions de travail des salariés.
    Il est un peu facile de nous dire, à deux ans de la fin, que vous allez vous en inquiéter et que nous pouvons être rassurés. Nous sommes effectivement les champions d’Europe des morts au travail ; le tableau des maladies professionnelles n’est toujours pas mis à jour, si bien qu’il ne correspond plus du tout à la réalité vécue dans les entreprises et que les salariés ont un mal fou à faire reconnaître comme telle leur maladie professionnelle ; il existe encore des situations pour lesquelles on ne peut pas alerter sur le caractère professionnel des accidents mortels du travail.
    Il est grand temps de taxer enfin les employeurs qui ne font pas le boulot de protéger leurs salariés. Manifestement, le dispositif actuel ne suffit pas : il y a encore trois morts au travail chaque jour. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Joëlle Mélin.

    Mme Joëlle Mélin

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    Il me semble –⁠ et je crois que le rapporteur général vient de le confirmer – que toutes les dispositions consistant à imposer des malus et des sanctions éventuelles aux employeurs qui n’auraient pas fait tout ce qu’ils pouvaient faire pour protéger leurs employés ont déjà été prises. Ensuite, on peut toujours les alourdir.
    Je tiens à rappeler que les accidents du travail ont le plus souvent lieu durant la première ou la deuxième semaine de travail. C’est sans doute là qu’il y a de la prévention à faire. Ces accidents surviennent souvent dans le cadre de sociétés d’intérim, ou bien ils concernent des travailleurs détachés, des personnes souvent peu qualifiées qui travaillent dans des conditions marquées par la précipitation et l’absence de préparation. Il me semble que c’est surtout cette situation qu’il faut améliorer, plutôt que de s’en prendre systématiquement aux patrons, qui ont déjà droit à un malus. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme Sophia Chikirou

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    C’est cela, donnons un malus aux salariés !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1599.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        224
            Nombre de suffrages exprimés                223
            Majorité absolue                        112
                    Pour l’adoption                78
                    Contre                145

    (L’amendement no 1599 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir l’amendement no 1355.

    M. Paul-André Colombani

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    Il vise à supprimer la réduction de 1,8 point du taux de cotisations d’allocations familiales pour les rémunérations comprises entre 2,5 et 3,5 smic.
    Pour rappel, la réduction de cotisations familiales a été conduite en deux temps : elle a d’abord été instaurée pour les salaires inférieurs à 1,6 smic, puis elle a été étendue aux salaires inférieurs à 3,5 smic. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 a prévu une remise à plat des dispositifs d’allégements généraux de cotisations patronales au sein d’un seul et même dispositif à partir de 2026, avec un point de sortie pour le bandeau famille à 3,3 smic.
    L’amendement propose de le ramener à 2,5 smic. En effet, le rapport Bozio-Wasmer a confirmé les conclusions de la Mecss et de l’étude menée par nos collègues Ferracci et Guedj : la réduction de cotisations sociales sur les rémunérations au-delà de 2,5 Smic est sans effet significatif sur l’emploi ou la compétitivité. En revanche, elle représente un coût important pour l’État, de l’ordre de 1,6 milliard d’euros en 2022.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Vous voulez réduire le point de sortie du bandeau famille, mais celui-ci disparaîtra au 1er janvier. Par conséquent, votre amendement est sans objet. Je vous invite à le retirer. Il avait été rejeté par la commission.

    (L’amendement no 1355, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de dix amendements, nos 238, 305, 857, 302, 858, 2494, 250 rectifié, 303 rectifié, 248 rectifié et 249 rectifié, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 305 et 857 sont identiques, ainsi que les amendements nos 302, 858 et 2494, et les amendements nos 250 rectifié et 303 rectifié.
    La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour soutenir l’amendement no 238.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Le PLFSS prévoit de geler toutes les allocations pour un an, une année blanche. Nous, nous vous proposons de geler les exonérations, c’est-à-dire de continuer à calculer leur niveau sur la base du smic de 2024. Ce double gel serait assez neutre pour les entreprises, puisqu’il s’agit du même niveau d’exonération que l’année dernière, et il apporterait 4 milliards de recettes supplémentaires.
    Cet amendement nous a été suggéré par l’économiste Michaël Zemmour. Il serait très intéressant de l’appliquer. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur les amendements nos 238 et 302, par le groupe Écologiste et social ; sur l’amendement no 250, par les groupes Droite républicaine et Écologiste et social ; sur l’amendement no 249, par le groupe Droite républicaine.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 305.

    M. Hendrik Davi

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    Nous avons besoin de recettes supplémentaires pour la sécurité sociale. Il faut des moyens pour financer un grand plan d’investissement pour l’hôpital public, développer des centres de santé publique sur tout le territoire et abroger la réforme des retraites. Ce sont trois enjeux majeurs. Or, depuis des décennies, tous les gouvernements ont multiplié les exonérations de cotisations sociales. Celles-ci, qui coûtent entre 75 et 80 milliards d’euros en 2025, sont toutes justifiées par un argument : la compétitivité des entreprises françaises.
    Cette politique est un échec. Nous sommes les champions du déficit commercial –⁠ 81 milliards d’euros en 2025. C’est un échec pour les exportations, mentionné à la page 120 du rapport Bozio-Wasmer. Vous pouvez aller vérifier, madame la ministre.
    C’est aussi un échec pour l’emploi industriel, passé de 22,7 % des emplois en 1990, quand ces politiques ont été initiées, à 11 % en 2024. Parmi toutes ces exonérations, celles sur les revenus supérieurs à deux smics, soit 2 700 euros net, sont absolument injustifiées. Leur suppression permettrait de rapporter 7 milliards d’euros.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 857.

    M. Hadrien Clouet

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    Il s’agit de récupérer les 80 milliards d’euros de cotisations sociales qui sont dilapidés sans aucune conditionnalité ni aucun contrôle. Pour ce faire, l’amendement propose de plafonner les exonérations à deux smics, soit 3 600 euros brut. Il n’y a pas de raison qu’on subventionne des employeurs pour embaucher à ce niveau. Ce cadeau sans contreparties n’a aucun sens.
    D’autant que ces exonérations sont payées quatre fois. D’abord, par le contribuable, qui compense, à travers la TVA, ce que l’employeur n’a pas payé : quand vous achetez des poires et des pommes de terre, vous payez pour l’employeur. Ensuite, par l’assuré, qui les paye en nature, quand il n’y a plus de lit à l’hôpital, plus de soignants, plus d’argent ou quand les urgences ne fonctionnent plus, comme à Toulouse. Les salariés les payent une troisième fois, puisque l’employeur est subventionné pour les embaucher à un bas salaire –⁠ et donc, pour les maintenir à ce niveau. Enfin, vous payez une quatrième fois ces exonérations, parce qu’elles n’ont aucun effet sur l’emploi et créent du chômage. C’est gaspiller de l’argent utile pour les politiques publiques. Pour toutes ces raisons, nous appelons à mettre un terme à ces exonérations. C’est ce que propose cet amendement, de manière pacifique et tranquille, dans la limite de deux smics. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 302.

    M. Hendrik Davi

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    Je pense que vous avez compris notre raisonnement sur les exonérations de cotisations sociales. Je profite donc de cet amendement pour faire un point sur la position du groupe Écologiste et social sur les recettes de la sécurité sociale et cette deuxième partie.
    La situation de notre système de santé est dramatique. Nous voterons contre tout budget qui l’aggraverait. Vous aviez prévu 3 milliards de recettes supplémentaires, prélevées sur les plus pauvres et les retraités. Notre assemblée a rejeté une grande partie de ces propositions. Vous aviez prévu 3 milliards d’économies supplémentaires, en faisant appel aux efforts des malades et des soignants. Notre assemblée rejettera sans doute ces propositions, comme elle l’a fait en commission.
    Vous aviez prévu une augmentation de l’Ondam –⁠ l’objectif national de dépenses d’assurance maladie – de 1,6 %. C’est largement insuffisant. Nous vous proposons une augmentation réaliste de 3,5 % –⁠ c’est précisément l’augmentation attendue par la Cour des comptes si nous renonçons à vos économies. Il manque donc 5 milliards d’euros pour l’Ondam, 6 milliards d’euros dans votre budget et, au total, 10 milliards. Soit nous trouvons 10 milliards de recettes, soit nous votons contre ce texte. Vous êtes prévenus !

    Quelques députés du groupe RN

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    Oh là là !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Damien Maudet, pour soutenir l’amendement no 858.

    M. Damien Maudet

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    C’est le même amendement que celui de mon collègue Davi. Les exonérations de cotisations sociales, qui coûtent 80 milliards d’euros par an, visent à préserver la compétitivité des entreprises –⁠ leur efficacité reste à prouver.
    Par qui sont-elles payées ? Pas par les entreprises, évidemment, mais au travers de la TVA : les Français qui vont faire les courses payent pour avoir le droit de travailler. La TVA, qui est le plus gros impôt de notre pays, pourrait être utilisée pour faire fonctionner les services publics. Ce n’est pas possible, puisqu’une partie est utilisée pour financer les baisses de cotisations sociales que vous avez promises aux entreprises.
    Pourtant, non seulement ces baisses n’ont pas d’effet mais, en plus, elles profitent surtout aux plus grandes entreprises : 270 entreprises récupèrent 30 % des allégements. Elles n’ont pas d’effet non plus au-dessus de 1,6 Smic. C’est pourquoi nous proposons de les supprimer au-dessus de deux smics. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Soumya Bourouaha, pour soutenir l’amendement no 2494.

    Mme Soumya Bourouaha

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    La réduction des cotisations familiales et salariales bénéficie surtout aux grandes entreprises : 270 d’entre elles concentrent près de 30 % de l’allégement sur les rémunérations comprises entre 2,5 et 3,5 smics. C’est pourquoi il faut réformer en profondeur ces régimes d’exonérations massives et les appréhender pour ce qu’ils sont finalement : « un soutien aux entreprises qui en bénéficient », selon les termes d’Antoine Bozio. Tel est le sens de cet amendement.
    En vingt ans, le montant des allégements a été multiplié par cinq. En trente ans, nous sommes passés d’un dispositif centré sur les bas salaires à un dispositif qui touche plus de 75 % des salariés. Cette masse d’exonérations est octroyée sans aucune contrepartie, ni sociale ni environnementale.
    Au regard des objectifs assignés à ces exonérations –⁠ emploi et compétitivité –, les résultats ne sont pas concluants. Par exemple, le bandeau famille a été étendu aux rémunérations les plus élevées, à la suite des préconisations du rapport Gallois, dans le but d’augmenter la compétitivité : cela n’a eu aucun effet sur l’emploi ou l’industrie.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ayda Hadizadeh, pour soutenir l’amendement no 250 rectifié.

    Mme Ayda Hadizadeh

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    Nous proposons de baisser le plafond d’exonération des cotisations de 3 smics à 2,2 smics, soit des salaires qui correspondent à un peu plus de 3 000 euros net. Au-delà de ce seuil, il n’y a pas d’effets sur l’emploi. Cela revient à chauffer une pièce dont les fenêtres sont grandes ouvertes, ou même à chauffer la rue.
    Cela nous coûte cher : 2 milliards d’euros par an, soit l’équivalent de l’ensemble du budget que nous consacrons à nos urgences ou de 40 000 postes d’infirmiers et d’infirmières. Cet argent, il faut le mettre ailleurs. Il faut mettre un terme à ces politiques coûteuses. Il faut financer nos politiques sociales, notre hôpital et nos Ehpad. En ces temps d’urgence sociale, revenons à la raison et à la décence. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 303 rectifié.

    M. Hendrik Davi

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    Cet amendement de repli du groupe Écologiste et social, travaillé avec les députés socialistes et apparentés, vise à supprimer les réductions de cotisations patronales sur les salaires dépassant 2,2 smics. Vous ne pourrez pas dire que nous n’essayons pas de trouver des compromis !
    Les réductions de cotisations patronales sur les salaires bénéficient surtout aux grandes entreprises. Ces exonérations n’ont aucun effet sur l’emploi. À ce niveau de rémunération, ce n’est pas cela qui détermine la décision de l’employeur. Quand vous recrutez un ingénieur, vous ne pensez pas aux exonérations, mais à ses qualifications. Tous les économistes le disent.

    Quelques députés du groupe EPR

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    C’est faux !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Runel, pour soutenir l’amendement no 248 rectifié.

    Mme Sandrine Runel

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    Les exonérations au-delà de 2,5 smic sont totalement inefficaces. Cela fait huit ans que nous vous le répétons et que nous disons que la politique de l’offre macroniste ne fonctionne pas.
    Nous sommes là pour trouver de nouvelles recettes. Nous vous proposons donc de récupérer 2,25 milliards d’euros, en plafonnant les exonérations à 2,4 smics. Tous les rapports le recommandent. Tenez-en compte, s’il vous plaît. Nous avons besoin d’argent pour la santé des Français.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj, pour soutenir l’amendement no 249 rectifié.

    M. Jérôme Guedj

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    Nous sommes à un moment crucial pour le budget de la sécurité sociale. Différents points de sortie ont été proposés pour modifier le niveau des allégements de cotisations sociales. L’objectif, nous l’avons dit, est de dégager des recettes pour la sécurité sociale.
    Cet amendement de repli tend à fixer le point de sortie à 2,5 smics. C’est le seuil qui est recommandé dans le rapport Bozio-Wasmer, qui fait suite au travail que nous avions mené avec mon collègue Marc Ferracci, que je salue. Si nous ne réformons pas les seuils d’exonération de cotisation, cela nuira au consensus que nous pourrions trouver sur la partie relative aux recettes de la sécurité sociale.
    Madame la ministre, je sais que vous avez déjà prévu une augmentation des cotisations sociales de 1,5 milliard. Ce n’est pas une mesure législative, mais une mesure réglementaire.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Tout à fait !

    M. Jérôme Guedj

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    Il faut vraiment que vous montriez votre volonté de poursuivre dans cette direction, comme vous l’avez fait hier sur d’autres sujets. Sans cela, je ne vois pas comment nous pourrons dégager des marges de manœuvre suffisantes pour financer les mesures d’économies proposées –⁠ nous savons déjà que celles-ci ne seront pas votées dans cet hémicycle, au vu des équilibres politiques.

    Mme la présidente

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    Le président Valletoux m’indique que je peux ouvrir la discussion à l’ensemble des groupes qui souhaitent s’inscrire. Avant cela, le président Vallaud demande une suspension de séance de cinq minutes. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    M. Erwan Balanant

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    Ça s’appelle la démocratie parlementaire !

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à dix-huit heures trente, est reprise à dix-huit heures trente-cinq.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.
    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    M. Guedj a parlé d’un moment crucial : j’ai l’impression que nous multiplions les moments cruciaux ! J’ai lu avec beaucoup d’attention l’exposé des motifs de ces amendements ; sans avoir assisté, à Blois, à l’université d’été du Parti socialiste (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR. –⁠ Exclamations sur quelques bancs du groupe RN), j’ai calculé qu’ils représenteraient au total 26,9 milliards d’euros de cotisations nouvelles –⁠ M. Davi évoquant, de son côté 22,1 milliards.
    In fine, le budget de la sécurité sociale qui sortira de l’Assemblée ne sera celui d’aucun groupe. Il faut que nous œuvrions au redressement de nos comptes sociaux tout en évitant un certain nombre d’irritants. Peut-être des concessions seront-elles faites aux différents groupes, mais le programme d’un groupe ne saurait dicter le texte !
    S’agissant des allégements généraux, vous partez du rapport Bozio-Wasmer, qui date un peu, si bien que vos estimations ne sont plus tout à fait exactes ; les choses ont été réformées de manière considérable par la LFSS pour 2025. En 2026 sont prévues la suppression des bandeaux famille et maladie, la transformation des allégements généraux en réduction générale dégressive, avec un point de sortie qui passe de 3,5 smics à 3 smics –⁠ je pensais que cela vous réjouirait. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)
    Concrètement, pour les entreprises, les charges ont augmenté de 1,6 milliard d’euros en 2025. En 2026, elles devaient en faire autant, suivant les dispositions budgétaires que nous avons adoptées en février ; mais les effets de l’année blanche venant s’ajouter à cette nouvelle augmentation de 1,6 milliard, les entreprises, l’an prochain, verront en réalité leurs charges alourdies de 3,1 milliards. Vous demandez que le coût des allégements généraux diminue : c’est acté, prévu, en cours, l’évolution de ce coût va dans le sens que vous souhaitez.
    En revanche, j’ai étudié l’incidence financière des mesures que vous préconisez. Mme Rousseau, dont les ambitions sont modestes, se contenterait d’un gel du montant maximal et du point de sortie de la réduction générale des cotisations patronales : c’est son amendement qui coûterait le moins cher –⁠ cela m’a étonné –,…

    Mme Sandrine Rousseau

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    Merci de l’avoir noté !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    …soit, quand même, 4 milliards supplémentaires de charges pour les entreprises, à ajouter aux 3,1 milliards déjà mentionnés. Ensuite viennent les amendements soutenus par nos collègues Davi, Maudet, Monnet, Clouet, Bourouaha, qui visent à supprimer les allégements généraux dès deux smics : 19 milliards, toujours en plus des 3,1 milliards. Enfin les nuances exposées par Jérôme Guedj, Mme Hadizadeh et Mme Runel : point de sortie des exonérations à 2,2 smics, soit 15 milliards ; 2,4 smics, soit 11 milliards ; 2,5 smic, soit 9 milliards.
    Je ne sais pas si vous mesurez l’augmentation des coûts que cela représente. Savez-vous ce qui est écrit dans ce même rapport Bozio-Wasmer que vous invoquez si souvent ? Que « s’il est possible de diminuer de quelques milliards le montant des exonérations, cette hausse de prélèvements obligatoires sur les salaires doit rester limitée et il vaut mieux chercher des recettes sur d’autres bases fiscales » ! Imaginez : 1,6 milliard en 2025, 3,1 milliards en 2026, cela fait déjà 4,7 milliards de charges supplémentaires pour les entreprises.

    M. Jérôme Guedj

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    En deux années !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Vous avez raison, mais cela reste une réalité, cela s’accumule. Dans ces conditions, on ne peut dire qu’une modification aussi importante que celles que vous souhaitez ne constitue pas un risque pour l’emploi. Encore une fois, mesurez-vous, en termes d’emploi, de compétitivité, le choc pour les entreprises, en particulier dans les secteurs industriels ? J’ai la chance d’avoir des usines dans ma circonscription ; l’adoption de l’une de vos propositions leur serait très clairement préjudiciable. Pour toutes ces raisons, avis défavorable à l’ensemble des amendements, d’ailleurs rejetés en commission. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR et HOR.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous parlons du coût du travail des salariés du privé, avec des incidences évidentes pour les agents publics, les indépendants ; bref, cet important débat concerne la trentaine de millions de Français actifs dans notre pays. Il n’est pas budgétaire mais économique et concerne d’abord notre compétitivité, notre industrie, notre modèle productif ; je préfère rappeler tout cela en guise de préambule, sans quoi nous aurons l’impression d’une espèce de tambouille comptable, alors que nous parlons d’enjeux très ancrés dans la réalité.
    Dans la continuité de la LFSS pour 2025, ce texte, contrairement à la dynamique naturelle des allégements généraux, prévoit 1,5 milliard d’économies : je n’étais pas en votre compagnie l’an dernier, mais ce sujet s’est alors trouvé au cœur de vos débats –⁠ j’allais dire de vos batailles, certes saines et légitimes.
    Le problème principiel de vos amendements, c’est que vous cherchez des recettes en vue d’équilibrer le budget de la sécurité sociale et que certaines économies prévues n’étant pas adoptées, vous voulez, en gens responsables, d’autres recettes. Jusque-là, votre logique se conçoit, bien qu’elle ne soit pas celle du gouvernement. Seulement, même votre amendement de repli sur repli, monsieur Guedj, celui qui placerait le point de sortie à 2,5 smics, coûterait près de 18 milliards d’euros.

    M. Jérôme Guedj

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    Vous ne citez pas les mêmes chiffres que le rapporteur général. Mettez-vous d’accord !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Pour 2,4 smics, les équipes qui m’entourent évaluent ce coût à 20 milliards environ.

    M. Boris Vallaud

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    Vos équipes vous ont dit ça ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Le problème de fond, le problème de compréhension, réside dans le fait que nous avons des courbes linéaires, afin d’éviter des effets falaise. Je me tourne vers les députés ultramarins, qui connaissent bien la question : en raison de l’effet de seuil, l’exonération de cotisations patronales Lodeom prévues par la loi pour le développement économique des outre-mer –⁠ pour garder l’exemple des 2,4 smics, vous bénéficiez jusqu’à ce point d’allégements, que vous perdez entièrement dès l’instant où vous passez à 2,41 smics – est devenue une trappe à bas salaires car vous imaginez bien qu’en pareil cas plus personne dans les entreprises n’est payé au-delà du seuil.

    Mme Justine Gruet

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    S’il n’y a plus de travail, il n’y a plus de sécurité sociale !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    En tant que ministres, ni Jean-Pierre Farandou ni moi n’allons inventer un tel système ! C’est pourquoi nos courbes aboutissent bien aux chiffres que j’ai cités et aucune exonération ne se situe dans les tranches de recettes que vous-mêmes voulez aller chercher : aucun des amendements ne représente 1 milliard, 2 milliards, 3 milliards d’euros, conformément à ce que me semblaient être vos intentions initiales. Votre approche n’est donc pas viable ; cela ne fonctionnerait pas. (M. Paul Midy applaudit.)
    Si le fait d’économiser 1,5 milliard ne figure pas dans le PLFSS, c’est parce que le gouvernement a prévu que le reparamétrage des courbes d’allégements généraux aurait lieu par décret, puisque l’an dernier, en adoptant la réforme de cette année, vous lui avez donné pouvoir d’agir de la sorte.
    Ce que nous proposons, c’est ce que le rapport Bozio-Wasmer nous appelait à réaliser : faire en sorte que la courbe des allégements de charges cesse de présenter des marches, des bosses, autrement dit des effets de seuil, contraires à la linéarité.
    Les amendements présentés au cours de cette discussion commune n’offrent pas de solution. D’autres amendements viendront ensuite, notamment celui de M. Turquois, mais je ne peux pas être favorable à des amendements qui prétendent proposer de fines tranches de salami mais qui ne sont en réalité ni comestibles ni digestes pour notre économie.
    Je vous invite à faire preuve de responsabilité collective. Nous ne pouvons pas voter une hausse du coût du travail de 18 milliards d’euros par un simple amendement. (Applaudissements sur les bancs des groupes DR et HOR.)

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue, à la demande du groupe EPR.

    (La séance, suspendue à dix-huit heures quarante-cinq, est reprise à dix-huit heures cinquante.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.
    La parole est à M. Sylvain Maillard.

    M. Sylvain Maillard

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    Nous voterons contre ces dix amendements pour une raison assez simple. Au sein du groupe Ensemble pour la République, nous soutenons les industries. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Ces dix amendements attaquent directement le coût du travail et les industries.

    Mme Ayda Hadizadeh

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    Ce n’est pas vrai !

    M. Sylvain Maillard

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    Nous avons besoin d’accompagner nos industries et de leur rendre de la compétitivité. Je rappelle que le coût du travail dans notre pays est supérieur de seize points à celui des Allemands. La France n’est pas une île ! On a besoin de maintenir notre compétitivité. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et DR.)
    Ces amendements constituent une trappe à salaires, Mme la ministre l’a dit. Les salaires de techniciens ou d’ingénieurs par exemple, dont nous avons besoin, vont non seulement être bloqués mais aussi, à terme, baisser. En votant pour ces amendements, vous serez les fossoyeurs d’une industrie qu’on essaye tous de relancer et qui irrigue tous vos territoires.
    Nous voterons contre l’ensemble de ces amendements. Nous proposons d’autres solutions, parmi lesquelles la réforme de l’assurance chômage. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    La définition du compromis version Maillard : la relance de la réforme de l’assurance chômage !

    M. Sylvain Maillard

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    On a besoin d’augmenter notre taux d’emploi, de trouver des ressources ; nous proposons donc des réformes courageuses. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Nicolas Turquois.

    M. Nicolas Turquois

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    Je suis très sensible à la question du manque de cotisations. Pour autant, si le seuil d’exonération passe de 3 à 2,4 smics, les entreprises vont subir un choc. Il y a là un véritable enjeu de compétitivité.
    C’est pourquoi j’ai déposé l’amendement no 2465, que je vous présenterai juste après cette discussion commune.
    Actuellement, les seuils d’exonération de cotisations sont proportionnels à la valeur du smic de l’année en cours. Après la période d’inflation liée à la situation en Ukraine, il y a eu une forte progression, ou du moins une progression du smic –⁠ je fais attention aux mots que j’emploie, parce que pour les salariés qui sont au smic, ce n’est pas une forte progression ; c’est toujours trop peu. Il y a donc eu une forte progression des exonérations, puisqu’elle était proportionnelle à la hausse du smic. Avec mon amendement, je propose de déterminer les seuils de calcul d’exonérations en fonction du smic de l’année 2025. L’effet de l’inflation viendra progressivement éroder la masse d’exonérations. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR.)
    Cela concilie la productivité des entreprises, à laquelle je suis très attentif, et la résorption progressive de ces exonérations que les gens ne comprennent pas. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Gaëtan Dussausaye.

    M. Gaëtan Dussausaye

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    Ces amendements reprennent une vieille lubie de la gauche qui consiste, lorsqu’on cherche de nouvelles recettes, à augmenter systématiquement les cotisations pesant sur ceux qui travaillent ou sur ceux qui leur permettent de travailler.
    Évidemment, nous nous y opposerons par tous les moyens possibles, d’autant plus que ces amendements ne sont pas des plus sérieux. (Exclamations sur les bancs du groupe SOC.) M. le rapporteur général les estime à 26 milliards d’euros, la ministre à 20 milliards d’euros, les socialistes qui les ont déposés à 8 milliards d’euros… Bref, on voit que personne n’est d’accord sur les calculs. Ces augmentations de cotisation ne sont pas sérieuses.
    Mais ce qui m’inquiète, c’est qu’il y a eu deux suspensions de séance avant de reprendre la discussion commune. Après ces dix jours de débat, on se demande forcément quelle magouille est en train de se préparer entre les macronistes et les socialistes. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN. –⁠ Exclamations sur les bancs du groupe SOC.)

    Mme Ayda Hadizadeh

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    Ridicule !

    M. Gaëtan Dussausaye

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    Ce n’est pas simplement un problème de montant : toute augmentation du coût du travail est un coup de poignard dans le dos de nos acteurs économiques ! Il faut évidemment rejeter ces amendements mais aussi ceux qui suivront et qui participeront de l’augmentation du coût de travail. Macronistes, on vous regarde ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Si vous étiez sincères dans votre volonté d’aller chercher des nouvelles recettes, alors vous voteriez l’amendement que j’ai déposé. Il est, comme l’a dit le rapporteur, plus modeste que les autres et acceptable pour tout le monde.
    Par ailleurs, l’idée du double gel est à la fois de geler les exonérations en montant, c’est-à-dire de ne pas les indexer sur le smic mais de les geler sur le smic de l’année dernière, et de maintenir le même montant d’exonération, avec le même point de sortie, chaque année, afin d’éviter l’effet falaise, dont la ministre parlait tout à l’heure.
    Cet amendement peut-être amélioré, je n’en doute pas. Dans ce cas, adoptez-le, et nous en reparlerons au cours de la navette parlementaire. Mais c’est lui qui peut véritablement permettre de récupérer des recettes sans nuire ni aux entreprises ni aux salariés. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, SOC et GDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj.

    M. Jérôme Guedj

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    N’en déplaise au Rassemblement national, ce que nous faisons là n’est pas de la magouille mais du parlementarisme ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et GDR et sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.) Je sais que vous avez du mal avec le parlementarisme (Exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR) qui veut que des amendements soient déposés par des parlementaires, que le gouvernement explique ce qu’il pense de ces amendements et que nous en discutions.
    Je vais le dire de manière très claire à Mme de Montchalin : l’intention des amendements que nous avons déposés n’est pas de baisser les allégements de cotisations de 12, 14 ou 18 milliards d’euros. J’entends l’expertise que vous fournissez ; nous ne l’avons pas à ce niveau de granularité.
    Les allégements généraux de cotisations sociales représentent un montant de 72 milliards d’euros. L’objectif de nos amendements est de les réduire de 3 milliards supplémentaires par rapport à la trajectoire que vous-même aviez envisagée.
    Madame la ministre, si j’ose m’exprimer en bon jargon, ça ne vole pas, nous dites-vous au sujet de nos amendements tels qu’ils sont rédigés. Vous précisez immédiatement que, depuis l’année dernière, le pouvoir réglementaire –⁠ c’est-à-dire vous, en tant que ministre – a la possibilité par décret de traiter la convexité de la courbe.
    Vous engagez-vous à chercher environ 3 milliards d’euros d’allégements de cotisations ? Cela dégagerait de la ressource pour boucler ce PLFSS. Ces 3 milliards d’euros supplémentaires par rapport au montant de 1,5 milliard que vous aviez déjà prévu sont une condition… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. –⁠ Les députés du groupe SOC applaudissent ce dernier.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Aurélien Pradié.

    M. Aurélien Pradié

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    Il y a un éléphant au milieu de la pièce. Cet éléphant, ce n’est pas le financement du budget de la sécurité sociale,…

    M. Louis Boyard

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    C’est François Hollande !

    M. Aurélien Pradié

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    …ce n’est pas l’équilibre des comptes publics ; non, cet éléphant, c’est le deal passé entre le parti socialiste et le gouvernement.
    Monsieur Guedj, il faut éclaircir le propos que vous tenez depuis tout à l’heure.
    À aucun moment ces amendements n’ont vocation à lever des recettes nouvelles pour la sécurité sociale. Il faut aller au bout de votre logique : vous défendez cette idée lumineuse qui consiste à prélever brutalement jusqu’à 18 milliards d’euros sur des emplois existants. (Exclamations sur quelques bancs du groupe SOC.) Tout cela pour financer une petite suspension de la réforme des retraites qui exclura les carrières longues et ceux qui ont travaillé le plus !
    Madame la ministre, vous affirmiez au début de cette journée que vous étiez –⁠ c’est votre fonction – la garante des comptes publics. Je crains qu’à mesure que le temps passe vous deveniez surtout, que vous le vouliez ou non, la garante d’un deal politique. Plus nous avancerons dans les débats, plus nous nous rendrons compte qu’il y a, au fond de toute cette négociation de couloir, autre chose que du parlementarisme : une impasse politique et budgétaire.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Nous voici dans la séquence « Touchez pas au grisbi » : les 80 milliards doivent absolument être conservés dans les caisses de certains ! Rappelons, au risque de déranger, quelques vérités s’agissant de ces exonérations de cotisations sociales. D’abord, l’argent correspondant aux exonérations ne disparaît pas : c’est autant d’argent qui n’est plus versé dans les caisses de la sécurité sociale et qui, par conséquent, ne crée plus d’emplois, par exemple dans les hôpitaux ou dans l’ensemble des régimes de la sécurité sociale. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Cet argent est utilisé à tort !
    Ensuite, il faut déplorer le délire général qui préside à cette question. Quand les premiers allégements de cotisations sociales ont été institués, en 1993, on les étendait jusqu’à 1,2 smic ; deux ans plus tard, ils ont été relevés jusqu’à 1,3 smic, puis jusqu’à 1,6 smic en 2006 et enfin, en 2013, jusqu’à 2,5 smics. Si bien qu’aujourd’hui, les trois quarts des salariés français sont concernés ! Quel est le rapport avec la compétition entre entreprises ? Tout le monde reçoit vos chèques, ils ne servent donc plus à rien !
    Nous avons entendu le début du concert des larmoyantes et des larmoyants sur les bancs d’en face : nous méconnaîtrions la compétition internationale ! Or les deux secteurs qui bénéficient le plus de ces exonérations sont celui du BTP –⁠ bâtiment et travaux publics – et celui de la restauration. Qui ici se rend dans une brasserie au Japon pour son repas de midi ? Qui fait construire sa maison à l’étranger ? (Mêmes mouvements.) Comme vous refusez l’impôt universel, on ne sait jamais mais, globalement, ce n’est pas le cas des Françaises et des Français !
    Nous ne ferons donc pas partie de ceux qui s’excusent de vouloir récupérer 2 milliards d’euros –⁠ nous voulons en récupérer 80 ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet.

    M. Yannick Monnet

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    Je suis plutôt satisfait du débat que nous avons ; c’est un vrai débat de fond. Nous divergeons indéniablement dans la manière d’apprécier la relation entre coût du travail, compétitivité et emploi.

    M. Jean Terlier

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    C’est sûr !

    M. Yannick Monnet

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    Je ne pense pas, à l’inverse de ce que vous affirmez, que le coût du travail empêche d’être compétitif. (Exclamations sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. Sylvain Maillard

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    Alors là !

    M. Yannick Monnet

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    Nous ne sommes pas d’accord, ce n’est pas grave !

    M. Sylvain Maillard

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    Si, c’est grave !

    M. Yannick Monnet

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    En revanche, je ne peux laisser dire que l’allégement des cotisations sociales ou leur suppression –⁠ pour reprendre le mot du Rassemblement national ou de M. Pradié – repose sur l’emploi. Ce n’est pas vrai ! La cotisation ne repose pas sur l’emploi, mais sur la création de richesse.

    Mme Marine Le Pen

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    Ça n’a rien à voir !

    M. Yannick Monnet

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    Désolé, madame Le Pen, ce que vous dites est faux ! Une activité industrielle crée de la richesse : la question est de savoir ce qu’on en fait. La cotisation est prise sur une partie de cette valeur ajoutée et ne repose absolument pas sur l’emploi ; elle pose la question de la répartition des richesses. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe GDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Ian Boucard.

    M. Ian Boucard

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    Le collègue Monnet a raison, ce débat est intéressant. Mais il montre aussi pourquoi nous n’avons plus d’industries en France, ou en tout cas beaucoup moins qu’ailleurs. (« Eh oui ! » sur plusieurs bancs du groupe DR.) M. Clouet a tenu des propos éloquents : il a mentionné le BTP et la restauration, or nous sommes très fiers d’avoir de belles entreprises dans ces secteurs ! Pourtant, c’est à force de raisonnements comme les siens que l’industrie française s’est délocalisée.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Ce n’est pas ça le problème, vous le savez très bien !

    M. Ian Boucard

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    À force de se dire que l’industrie, ce n’est pas très important, la France qui figurait parmi les premières nations industrielles européennes a été reléguée aux dernières positions. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.) C’est pourtant l’industrie qui garantit une partie de notre souveraineté. (Exclamations sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.)

    M. Pierre Pribetich

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    Vous étiez aux responsabilités pendant la désindustrialisation de notre pays !

    M. Ian Boucard

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    Vous agissez comme si le coût du travail en France ne représentait rien ! Or il est déjà très conséquent. La vraie bataille est de rapprocher le salaire net du salaire brut pour faire en sorte que ceux que vous prétendez défendre aient un salaire et un pouvoir d’achat bien supérieurs. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    Mme Mathilde Panot

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    C’est parce que vous êtes pour la retraite à 67 ans !

    M. Ian Boucard

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    Je vois quelques collègues du Parti socialiste, qui sont venus chez moi, à Belfort, rencontrer les ouvriers d’Alstom et de General Electric ; ils leur ont expliqué qu’ils allaient se battre pour l’industrie. Or quand vous souscrivez à ce type de raisonnement, vous conduisez l’industrie française –⁠ donc belfortaine – à la faillite. Je ne vous remercie pas ; ne venez plus ! (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur plusieurs bancs des groupes EPR et HOR.)

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Vous voulez qu’on travaille au même coût que les Bulgares ?

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Éric Michoux.

    M. Éric Michoux

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    Lors de la discussion générale, j’avais rapporté un propos que Talleyrand aurait adressé à Bonaparte : donnez-moi de bons cuisiniers, je vous ferai de bons traités. Je peux vous dire que la tambouille à laquelle nous assistons ne produira à aucun moment de bons résultats : elle est proprement infecte ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR. –⁠ Exclamations sur plusieurs bancs des groupes EPR et SOC.)
    Je vous donne un chiffre pour fixer les idées : vous évoquez 26 milliards d’euros d’impôts supplémentaires, directs ou indirects. Or en retirant 1 euro à une entreprise, vous soutirez en réalité 1 euro aux travailleurs.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Ce n’est pas vrai !

    M. Éric Michoux

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    Admettons qu’il y ait 26 millions de travailleurs : votre décision coûtera donc 1 000 euros à chaque salarié ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR. –⁠ Exclamations sur plusieurs bancs des groupes SOC et EcoS.) Vous êtes en train d’asphyxier et d’abattre nos entreprises ; vous êtes coupables de cela ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Affligeant !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    En février, nous avons voté une réforme des allégements généraux de cotisations patronales de sécurité sociale. Elle prévoyait une réduction de ces allégements de 1,6 milliard d’euros en 2026 –⁠ soit un alourdissement équivalent de la charge pesant sur les entreprises –, sachant qu’ils s’élèvent à environ 72 milliards d’euros. Le gouvernement a, depuis, souhaité l’instauration d’une année blanche, ce qui porterait la réduction de ces allégements à 3,1 milliards d’euros.
    Normalement, la perte pour la sécurité sociale due aux allégements généraux est compensée par l’affectation d’une fraction de la TVA. Je vous fais une proposition : que la sécurité sociale conserve le gain qu’engendrera la réduction de ces allégements généraux, en l’occurrence les 3,1 milliards d’euros supplémentaires dont les entreprises devront s’acquitter. J’ai déposé des amendements en ce sens à la fois sur le PLFSS et sur le PLF –⁠ car il s’agit d’un jeu de tuyauterie entre ces deux textes, même si c’est le déficit global induit par ces deux budgets que le gouvernement considère.
    Ces amendements n’ont pas encore été examinés, mais la mécanique est simple : si les allégements généraux augmentent, la fraction de TVA qui les compensent augmente aussi ; en revanche, si ces allégements diminuent, la part de TVA transférée à la sécurité sociale diminue. Je propose que, à la suite de la diminution des allégements généraux, la fraction de TVA destinée à les compenser ne soit pas diminuée. Cela permettra au budget de la sécurité sociale de conserver ces 3,1 milliards d’euros. L’effort consenti par les entreprises sera ainsi au seul bénéfice de la sécurité sociale. Si ma proposition était retenue par la représentation nationale, on verrait nécessairement les différents amendements en discussion commune d’un autre œil.
    Si vous souhaitiez cependant, monsieur Guedj, dégager de la réduction des allégements généraux 3 milliards d’euros supplémentaires –⁠ qui s’ajouteraient aux 3,1 milliards que je viens d’évoquer, pour atteindre plus de 6 milliards d’euros –, cela risquerait de faire beaucoup : cela induirait un choc sur l’emploi. Je pense notamment aux employeurs de travailleurs qualifiés que Ian Boucard a mentionnés : une telle réduction des allégements généraux viendrait contrecarrer le développement de ce type d’emplois et la hausse des salaires censée en découler, en dissuadant de les augmenter en en confortant ainsi une trappe à bas salaires.

    M. Ian Boucard

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    Évidemment !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je suis très sensible aux secteurs qui seront davantage touchés par cette charge supplémentaire de 3,1 milliards d’euros –⁠ M. Maillard a bien expliqué que cette charge n’aurait pas un effet uniforme sur les différents secteurs d’activité – et c’est pourquoi l’augmenter encore ne me paraît pas raisonnable ; elle risquerait de diminuer l’emploi dans ces secteurs.
    J’essaie d’être force de proposition ; celle-ci permettrait, à mon avis, de sortir par le haut de cette difficulté. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    M. Sylvain Maillard

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Pour ceux qui s’interrogent sur ce que nous avons fait durant la suspension de séance, je tiens à la disposition de tous les députés une courbe (Mme la ministre brandit une feuille de papier sur laquelle une courbe est tracée à la main) qui a permis à chacun de comprendre ce que sont les effets de seuil –⁠ appelés aussi effets falaise.

    Mme Sophia Chikirou

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    Qui a dessiné cette courbe ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Cela permet de comprendre pourquoi les amendements examinés se chiffrent en dizaines de milliards plutôt qu’en milliards et pourquoi les courbes que certains imaginent sont impossibles à réaliser. Nous avons fait ce travail avec le ministre Farandou et l’avons offert à tous ceux qui souhaitaient s’y intéresser. Il n’y a donc eu aucune tambouille. Je crois d’ailleurs avoir été claire : j’ai donné un avis défavorable sur tous ces amendements en discussion commune et je ne le changerai pas.
    Je tiens à présent à éclairer les débats s’agissant de la proposition du rapporteur général. En février, vous avez conféré un immense pouvoir au gouvernement…

    M. Jérôme Guedj

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    Immense !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …en l’autorisant à déterminer par décret l’intégralité des paramètres de la courbe des allégements généraux, qui relevaient auparavant de la loi. Un amendement à venir de M. Turquois nous permettra d’y revenir, puisqu’il tend à ce que certains paramètres soient de nouveau fixés par la loi. En fixant ces paramètres, le gouvernement a tenu compte des pressions industrielles et de ce qui paraissait économiquement acceptable, pour aboutir à ces fameux 1,5 milliard d’euros d’effort supplémentaire demandé aux entreprises.
    Le rapporteur général propose un jeu de tuyauterie : affecter les 3,1 milliards d’euros qui seront récoltés –⁠ et qui représentent un accroissement du coût du travail – aux caisses de la sécurité sociale plutôt qu’à celles de l’État. Certes, on pourrait se dire que, ce faisant, on obtient une solution pour réduire le déficit de la sécurité sociale. Cependant, ce qu’il importe de réduire à la fin des fins, c’est le déficit de la nation : faut-il le limiter à 4,7 % du PIB, comme le propose le gouvernement ? ou le tenir au moins au-dessous de 5 % du PIB, comme s’y est résolu le premier ministre dans un esprit de compromis ? ou bien encore le maintenir à 5,4 % du PIB, comme cette année ?

    Mme Justine Gruet

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    Arrêtez de remplir un panier percé !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Il s’agit d’une question cruciale, en particulier pour le financement de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss). En effet, cette dernière se finance à court terme, dans les limites d’un plafond –⁠ quand l’État, lui, se finance à plus long terme. Les arbitrages de tuyauterie relèvent certes de la responsabilité de l’État mais, s’il les prend, c’est un peu à la façon dont on compte les bouses à la fin de la foire. Sur le fond, savoir si ces 3,1 milliards iront d’un côté –⁠ à la sécurité sociale – ou de l’autre –⁠ à l’État – ne résout pas grand-chose ni au coût du travail, ni à la compétitivité des entreprises, ni aux économies générales à réaliser. Chacun mesure, je pense, que déplacer ces 3,1 milliards ne résoudra rien au déficit public. Mais c’est le rôle du rapporteur général de la commission des affaires sociales que d’appeler à établir ce partage de telle sorte que la pression sur l’Acoss soit réduite.
    Pour ce qui est des engagements du gouvernement, je rappelle la spécificité de la situation : en l’absence de 49.3, vous votez ; le gouvernement, quant à lui, doit gérer l’économie du pays. Je ne prendrai pas ici, vous l’imaginez bien, l’engagement de modifier nous-mêmes, sur le champ et par décret, les paramètres des allégements généraux. Cependant, cela reste de la compétence du gouvernement et donc l’échange sur ce point peut avoir lieu à tout moment de l’année. C’est un élément de bouclage budgétaire. Mais nous devons garder à l’esprit qu’il engendre des effets économiques, sur l’industrie et la compétitivité.

    Mme Mathilde Panot

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    Ah, c’est ça le deal !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je suis prête à ce que l’ensemble des députés qui veulent comprendre comment la courbe a été définie par le gouvernement afin de récolter ces 1,5 milliard d’euros supplémentaires puissent le faire. Cela permettra de faire le lien avec la discussion suivante relative au point de sortie ou au gel de la réduction de cotisations. Dans tous les cas, ces 1,5 milliard d’euros de réduction supplémentaire des allégements généraux figurent bien dans la copie du gouvernement.

    Mme la présidente

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    Le rapporteur et le gouvernement ont donc donné un avis défavorable sur tous les amendements en discussion commune.
    Je mets aux voix l’amendement no 238.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        288
            Nombre de suffrages exprimés                258
            Majorité absolue                        130
                    Pour l’adoption                63
                    Contre                195

    (L’amendement no 238 n’est pas adopté.)

    (Les amendements identiques nos 305 et 857 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 302, 858 et 2494.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        283
            Nombre de suffrages exprimés                283
            Majorité absolue                        142
                    Pour l’adoption                91
                    Contre                192

    (Les amendements identiques nos 302, 858 et 2494 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 250 rectifié et 303 rectifié.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        285
            Nombre de suffrages exprimés                285
            Majorité absolue                        143
                    Pour l’adoption                89
                    Contre                196

    (Les amendements identiques nos 250 rectifié et 303 rectifié ne sont pas adoptés.)

    (L’amendement no 248 rectifié n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 249 rectifié.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        283
            Nombre de suffrages exprimés                283
            Majorité absolue                        142
                    Pour l’adoption                91
                    Contre                192

    (L’amendement no 249 rectifié n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 2465 deuxième rectification, je suis saisie d’une demande de scrutin public par le groupe Les Démocrates.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour un rappel au règlement.

    M. Hadrien Clouet

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    Sur le fondement de l’article 100, sur la bonne tenue de nos débats.
    Mme la ministre a affirmé tout à l’heure que le gouvernement a agi en tenant compte de « pressions industrielles ». Pourrait-on savoir qui fait pression ? Quelles industries, quelles entreprises ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Cela pourrait contribuer à éclairer le débat ! (M. Ian Boucard s’exclame.)

    Mme la présidente

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    Ce n’était pas un rappel au règlement, monsieur le député.
    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Laissez-moi en effet vous parler des pressions industrielles –⁠ vous parler de la Chine, par exemple. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR et Dem.) J’étais à Roissy, ce matin, avec mon collègue Serge Papin. En vingt-quatre heures, ce ne sont pas moins de 200 000 colis qui y sont arrivés : du textile, de l’équipement électroménager, des grille-pain, des cosmétiques –⁠ autant de biens que nous produisons ou produisions en France.

    M. Ian Boucard

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    Eh oui !

    Mme Mathilde Panot

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    Et la CMP sur la loi anti-fast fashion, c’est pour quand ?

    Mme Danièle Obono

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    Et que vous faites-vous ? Vous laissez faire !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Alors, oui, je vais vous parler des pressions industrielles ! Je vais vous parler des États-Unis, qui ont décidé d’un crédit d’impôt à côté duquel notre crédit d’impôt recherche fait petit bras ! Je vais vous parler des pressions exercées par des pays membres de l’Union européenne dont les politiques industrielles sont beaucoup plus ciblées et dès lors beaucoup plus efficaces que les nôtres ! Ces mêmes pays n’ont pas non plus notre déficit public, qui nous empêche d’investir autant que nous le voudrions.
    Je n’ai donc de leçon à recevoir de personne et je ne suis sous la coupe d’aucun lobby ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR. –⁠ Vives exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Vincent Descoeur

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    Faites-les taire !

    Après l’article 8 (suite)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Nicolas Turquois, pour soutenir l’amendement no 2465 deuxième rectification.

    M. Nicolas Turquois

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    Je vais tenter d’apporter quelques explications techniques sur le point que j’ai déjà abordé. Le montant des exonérations de cotisations patronales est déterminé par une courbe dégressive en fonction inverse du salaire : à un smic, elle est à son maximum, pour s’éteindre passés trois smics. Pour établir les fiches de paie de mes propres salariés, je sais que le smic a augmenté de 17 %, par exemple, entre 2020 et 2025. De ce fait, les exonérations ont, elles aussi, augmenté de 17 % –⁠ c’est un effet mécanique très fort.
    En 2025, trois smics représentent environ 5 400 euros brut. Plutôt qu’une référence à trois smics de l’année en cours, référence impliquant une hausse des exonérations à mesure que le smic est revalorisé, je propose de bloquer la référence à ces 5 400 euros, sur la base de la valeur du smic en 2025. Le point de sortie des exonérations sera ainsi gelé pour être érodé, progressivement, sous l’effet de l’inflation.
    Les entreprises ont besoin de visibilité, plutôt que d’une valeur changeant chaque année. Une telle méthode de calcul, progressive, pourrait se traduire par 500 millions d’euros de recettes supplémentaires pour l’année 2026 –⁠ c’est certes là un tout autre ordre de grandeur que ce dont nous venons de débattre, mais cet effet progressif… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. M. Jérôme Guedj applaudit ce dernier.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Le débat devient de plus en plus technique. Formellement, rien n’empêche le gouvernement de geler le seuil de sortie de l’exonération puisque ce point dépend du pouvoir réglementaire.
    Techniquement, vous posez un plafond sans, pour autant, prévoir de plancher. La loi prendrait comme référence le smic de 2025 ; mais si le smic augmente dans les années à venir, comme c’est déjà arrivé, alors de nombreux salaires pourraient sortir de l’éligibilité à la réduction générale dégressive.

    M. Emeric Salmon

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    C’est ce qu’ils veulent !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je ne peux deviner quelle sera l’inflation des prochaines années ni comment le smic évoluera ;…

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    On rectifiera au fur et à mesure !

    M. Erwan Balanant

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    On évoluera, on changera !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    …mais il y a là, pour les entreprises, un risque d’alourdissement des charges que je suis incapable de mesurer.
    Sur le fond, il est vrai que l’inflation ne devrait pas être trop importante l’année prochaine, ni le smic beaucoup évoluer –⁠ sur l’inflation, les hypothèses ont même été revues à la baisse. La charge supplémentaire que votre amendement ferait peser sur les entreprises serait de ce fait limitée à court terme, loin des 4, 9, 11, 15 ou 19 milliards des amendements dont nous venons de discuter. Je reste dans l’incapacité, toutefois, de la déterminer précisément : ma calculette, semble-t-il, n’est pas aussi bonne que celle de Bercy !
    Le gouvernement prévoit de réaliser, en utilisant les outils réglementaires, une économie de 3,1 milliards. Qu’en sera-t-il, l’année prochaine, si le plafond que vous proposez est voté ? Avec une année blanche, ce serait comme un gel dans le gel. C’est déjà chaud pour un certain nombre d’entreprises industrielles : il ne faudrait pas que cela devienne très chaud !

    M. Erwan Balanant

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    On ne comprend plus rien : on gèle ou on meurt de chaud ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Ne pouvant estimer quels en seraient les effets et ne disposant pas de tous les éléments, je m’en remets, sur cet amendement que la commission n’a pas examiné, à la sagesse de l’Assemblée.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous me mettez dans une position assez compliquée. Cet amendement n’est en effet pas un amendement de rendement : c’est un amendement de principe. Vous pouvez le voter, cela n’empêchera pas le gouvernement, par exemple, de tirer de la réforme des allégements de cotisations sociales un rendement bien inférieur à 1,5 milliard.

    M. Vincent Descoeur

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    Bien sûr !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    La question de principe, en revanche, peut se formuler ainsi : voulez-vous que les paramètres soient fixés dans la loi au lieu qu’ils relèvent des seuls décrets ? Je le dis sans malice : le gouvernement, même avec cet amendement, peut faire moins que 1,5 milliard d’économies –⁠ il peut en faire 0 et revenir ensuite au 1,5 milliard de l’année dernière, comme il peut en faire 6 milliards.

    Mme Sandrine Runel

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    Faites donc cela !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Tout dépend de la convexité de la courbe –⁠ et pas de savoir si l’on fixe le seuil à 2,98 ou 3 smics, ce qui peut déjà se faire par décret.
    Vous êtes nombreux à vouloir du rendement…

    M. Jérôme Guedj

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    Le rendement, c’est maintenant !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …mais cet amendement de pur principe ne vous en apportera pas. Le gouvernement, de nouveau, peut faire 0, 1,5, 3, 6 ou 9…

    M. Jean Terlier

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    Il peut tout faire !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Jean-Pierre Farandou et moi-même sommes même poussés, sur notre droite, à faire 0 !
    Je vous sais impliqués sur le sujet. Je vous propose de vous réunir pour vous expliquer sur quelle convexité de la courbe nous nous arrêtons et comment nous projetons de parvenir à 1,5 milliard d’économies. Cela étant, libre à vous de voter, pour des raisons de principe, l’amendement de M. Turquois.

    Mme la présidente

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    Et quel est votre avis, madame la ministre ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Satisfait !

    Mme la présidente

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    Ce n’est pas vraiment un avis…

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Disons que c’est une demande de retrait.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Nicolas Turquois.

    M. Nicolas Turquois

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    La ministre a totalement raison, la formule de calcul donnant la convexité de la courbe relève du décret et non pas de la loi. À formule constante, toutefois, l’intégration d’une valeur fixe pour le smic aura un effet d’érosion lié à l’inflation. Naturellement, le ministère pourra toujours changer par décret la forme de la courbe. Les entreprises, toutefois, seront attentives à ce qu’elle ne change pas. Il faudrait peut-être –⁠ avec des moyens de légistique que je n’ai pas mais qui pourraient être discutés avec le rapporteur général et le gouvernement – la garantir dans la loi, à la valeur fixe que je propose. En l’état, cet amendement est bien un amendement de principe, qui ne tient que si le gouvernement s’engage à ne pas changer la forme de la courbe.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hendrik Davi.

    M. Hendrik Davi

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    Nous avons besoin de plus de sincérité dans ce débat. Vous avez affirmé plus tôt, madame la ministre, qu’est déjà prévue une réduction de 1,5 milliard d’euros des allégements de cotisations sociales, tout en vous référant –⁠ et c’est la précision qui tue – à la « dynamique naturelle » de ces allégements. Comptez-vous par rapport aux montants de 2025, ou par rapport à l’augmentation prévue des exonérations des cotisations sociales ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    C’est par rapport à 2025 !

    M. Hendrik Davi

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    Vous ajoutez que nous pouvons voter ce que bon nous semble, mais que vous ferez ce que vous voulez par décret. C’est tout de même un problème !
    Nous voterons l’amendement de M. Turquois, dont le principe est bon –⁠ principe identique à celui de l’amendement no 238 de Sandrine Rousseau. Il devrait permettre une extinction progressive des exonérations de cotisation sociales, que j’appelle justement de mes vœux. Ce sera toutefois un vote de principe, car le rendement n’y est pas –⁠ et cela ne suffira pas à changer notre vote final sur le PLFSS.

    Mme la présidente

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    Puisque les deux orateurs se sont exprimés pour l’amendement, je vais prendre un contre.
    La parole est à M. Gabriel Attal.

    Mme Élisa Martin

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    Oh ! Il existe encore !

    M. Gabriel Attal

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    Nous avons bien entendu les explications de la ministre, dont nous saluons le travail et la pédagogie.
    Avec constance, nous refusons d’augmenter le coût du travail en France. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.) Une hausse de 1,5 milliard, pour nous, c’est déjà trop. Les entrepreneurs, les patrons de PME, de TPE et d’ETI –⁠ les petites et moyennes entreprises, les très petites entreprises ou les entreprises de taille intermédiaire – le disent quand nous les rencontrons : recruter et salarier coûte déjà trop cher –⁠ et ils ne veulent pas que cela coûte plus cher encore. (Mêmes mouvements.) Ils nous disent qu’ils sont prêts à augmenter les salaires ; mais pour qu’un salarié au smic touche 100 euros de plus à la fin du mois, il leur faut l’augmenter de 472 euros. Nous voulons sortir de ce système devenu complètement fou, plutôt que de l’amplifier ; nous voterons donc contre cet amendement, comme nous voterons contre tous ceux qui visent à augmenter le coût du travail. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR. –⁠ Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 2465 deuxième rectification.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        264
            Nombre de suffrages exprimés                261
            Majorité absolue                        131
                    Pour l’adoption                95
                    Contre                166

    (L’amendement no 2465 deuxième rectification n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Stéphane Mazars, pour soutenir l’amendement no 263.

    M. Stéphane Mazars

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    Il vise à clarifier la rédaction de l’article L. 241-13 du code de la sécurité sociale, afin de mettre un terme aux interprétations divergentes qu’ont les Urssaf de la réduction générale des cotisations, dite réduction Fillon.
    Certaines Urssaf considèrent que le fait d’accorder, par un accord de branche ou d’entreprise, des congés ou des jours de repos supplémentaires doit conduire à moduler le smic servant de référence pour le calcul de la réduction, comme si les salariés n’étaient plus à temps complet. Or, bien que disposant de congés supérieurs aux congés légaux, ces salariés n’en sont pas moins contractuellement à temps complet et rémunérés sur la base des 35 heures.
    Cette lecture restrictive a déjà donné lieu à des redressements d’Urssaf, au risque de mettre en difficulté certaines structures à but non lucratif, dans le secteur social et le secteur médico-social.
    Cet amendement ne crée aucun avantage nouveau et n’a aucun coût pour les finances sociales ; il apporte en revanche une sécurité juridique indispensable à des acteurs assurant chaque jour des missions d’intérêt général essentielles. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    La commission n’a pas examiné cet amendement. Si le problème que vous soulevez est réel, votre amendement me semble cependant satisfait par le droit existant. Dans le cas d’un salarié à temps plein, l’allégement est en effet bien calculé sur la base de la durée légale du travail. La difficulté relève donc davantage de l’application de la règle par les Urssaf que de son contenu.
    Il serait intéressant, monsieur le ministre, que M. Mazars puisse se tourner vers vous afin que vous puissiez veiller à ce que les Urssaf appliquent toutes uniformément le droit en vigueur. Je vous demande, monsieur le député, de bien vouloir retirer votre amendement.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    C’est un amendement assez technique, qu’il faut prendre le soin de disséquer. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps mais avons essayé de comprendre votre proposition. Pour le calcul de la réduction générale dégressive unique des cotisations patronales, vous suggérez que les salariés rémunérés sur la base de la durée légale du travail soient considérés comme employés à temps plein.
    Nous ne sommes pas favorables à une modification de la règle de calcul des allégements généraux, telle qu’elle est définie par décret et largement précisée dans le Bulletin officiel de la sécurité sociale.
    Cette règle doit rester simple et lisible. Concrètement, la réduction se calcule en appliquant un coefficient à la rémunération, et ce coefficient dépend du rapport entre cette rémunération et le smic. Si le salarié travaille à temps partiel ou bénéficie de jours de repos supplémentaires non rémunérés –⁠ j’insiste sur le caractère non rémunéré –, alors le smic doit être rapporté à cette durée réduite du temps de travail.
    Vous souhaitez remettre en cause cette règle pour le smic en cas de jours de repos supplémentaires, et considérez qu’elle devrait être la même que pour un temps complet.
    Mais la jurisprudence est constante : le smic n’a de sens que s’il est lié à la durée du travail. Il n’est donc pas possible d’ignorer cet élément sans rompre l’équilibre juridique et économique de la règle.
    Je suis d’accord avec le rapporteur général : nous pouvons clarifier avec vous les enjeux techniques que vous soulevez. Je vous demande néanmoins de retirer votre amendement ; à défaut, ce sera un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Stéphane Mazars.

    M. Stéphane Mazars

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    Cela peut paraître technique, mais cette technicité empêche, de fait, les Urssaf d’appliquer une jurisprudence uniforme sur le territoire national. Dans mon département, certaines structures du secteur médico-social rencontrent des difficultés avec les Urssaf, précisément sur l’interprétation de cette règle.
    Ce qu’il faut clarifier –⁠ c’est l’objet de cet amendement –, c’est que les jours de congé supplémentaires négociés dans le cadre d’un accord d’entreprise ou de branche ne doivent pas remettre en cause le fait que les salariés concernés travaillent bien 35 heures et sont rémunérés au smic pour le calcul de ces allégements Fillon.
    C’est pourquoi je maintiens mon amendement et je souhaite qu’il soit mis aux voix.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Monsieur le ministre, peut-être pourriez-vous repréciser la doctrine à destination des Urssaf ? Cela permettrait de clarifier les choses sans qu’il soit forcément nécessaire de réaffirmer dans le droit ce qui y figure déjà.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Vous avez raison, monsieur le rapporteur général. Monsieur Mazars, je vous propose que nous organisions un rendez-vous avec mes services afin que vous puissiez préciser ce qui ne se passe pas normalement dans votre département. Je donnerai des consignes pour que ces règles soient appliquées de manière uniforme et homogène. Si ce n’est pas le cas, nous en discuterons et nous transmettrons les rectificatifs nécessaires.

    (L’amendement no 263 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 268.

    M. Yannick Monnet

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    Monsieur Attal, j’ai écouté attentivement vos propositions, et votre ligne politique, depuis le départ. Elle est claire, intéressante, même si c’est un peu « slogan ». Mais, depuis 2020, le nombre d’emplois industriels diminue et notre pays compte désormais entre 10 et 12 millions de pauvres. (Mme Karine Lebon applaudit.) Or, lorsqu’on a un travail bien rémunéré, normalement, on n’est pas pauvre. C’est pourquoi je pense que votre ligne politique n’est pas la bonne. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Karine Lebon et M. Gérard Leseul applaudissent également.)
    Nous pourrions au moins nous accorder sur une chose : les allégements et leur conditionnalité. Je propose une mesure simple, qui ne pèserait ni sur le coût du travail, ni directement sur l’entreprise. Il s’agit de supprimer les exonérations lorsque les entreprises versent des dividendes. On parle de 98 milliards d’euros, dont 14 milliards chez TotalÉnergies ou 7 milliards chez LVMH, qui a pourtant annoncé en avril dernier la suppression de 1 200 postes.
    Quand on exonère, la moindre des choses, c’est de conditionner, et d’exiger, car il s’agit d’argent public. Quand on veut bien gérer l’argent public, on ne le distribue pas sans aucune condition ; les entreprises qui versent des dividendes ne devraient pas pouvoir bénéficier d’exonérations. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Karine Lebon et M. Gérard Leseul applaudissent également.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous entamons le débat sur la conditionnalité des allégements généraux de cotisations patronales, avec plusieurs amendements. Monsieur Monnet, vous proposez de conditionner ces allégements à un seuil de dividendes versés, en faisant référence aux 98 milliards distribués.
    Je vais peut-être vous agacer (M. Yannick Monnet sourit…) mais, en réalité, on parle de bien plus : les 98 milliards concernent uniquement les entreprises du CAC40 ; globalement, il s’agit de près de 300 milliards (…puis il approuve) !
    Il faut rappeler toutefois que le terme de dividende est un concept juridique générique. Dès qu’une entreprise réalise un bénéfice, elle peut verser des dividendes. Cela concerne aussi des TPE, où le gérant peut choisir de se rémunérer sous forme de dividendes.
    Or les salariés de ces entreprises peuvent bénéficier des allégements généraux. Conditionner ces allégements à un seuil de dividendes risquerait de pénaliser des dirigeants de petites entreprises, qui se rémunèrent ainsi, et qui pourraient se retrouver bloqués par ce seuil.

    M. Yannick Monnet

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    Ce n’est pas d’elles que je parle !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Mais surtout, cela soulève une question de fond car les allégements généraux n’ont pas été conçus comme un outil transversal ou comme un instrument de planification économique –⁠ je n’étais pas encore en âge de siéger ici quand ils ont été imaginés, mais leur vocation initiale n’était pas celle-là.
    Il y a des années où les entreprises peuvent verser des dividendes, et d’autres où elles ne le peuvent pas. Ainsi, certaines années, les artisans qui emploient quelques salariés peuvent se rémunérer par dividendes parce qu’ils ont amorti des investissements ; d’autres années, plus difficiles, ce n’est pas possible.
    Rigidifier le dispositif en conditionnant le bénéfice de la réduction générale dégressive à un seuil de dividendes versés n’est pas adapté ; ce n’est pas le bon outil. (M. Loïc Prud’homme s’exclame.)
    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Je partage l’avis du rapporteur général, votre amendement soulève un vrai problème de prévisibilité des politiques d’emploi et du coût du travail dans les entreprises. En proposant de supprimer le bénéfice de la réduction générale dégressive unique pour les entreprises qui distribuent plus de 10 % de leur bénéfice imposable sous forme de dividendes, vous liez allégements et dividendes.
    Or, les dividendes sont par nature variables. Lier des réductions et exonérations de cotisations sociales à un plafond de versement de dividendes n’est pas pertinent. En effet, la réduction générale, qui constitue désormais l’instrument unique d’allégement des cotisations sociales, permet à l’employeur de disposer d’une vision claire du coût du travail, et donc de prendre des décisions en matière d’embauche ou d’augmentation des rémunérations. Elle participe à la politique économique de soutien à l’emploi. Et c’est précisément grâce à cette prévisibilité qu’elle est efficace et qu’elle a permis une nette amélioration des taux de chômage.

    Mme Élisa Martin

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    On n’a pas vu l’amélioration !

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Avec la mesure que vous proposez, le niveau d’allégement serait susceptible de varier fortement d’une année à l’autre, ce qui le rendrait difficile à anticiper pour les entreprises et peu lisible pour les employeurs.
    En outre, les décisions de l’employeur concernant la répartition de son bénéfice dépendent de paramètres très variables selon la situation économique de l’entreprise ou de son secteur. Ces paramètres ne doivent pas, selon nous, interférer avec ceux qui influencent les décisions en matière d’embauche et d’emploi.
    C’est pourquoi je suis défavorable à votre amendement.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frédéric Petit.

    M. Frédéric Petit

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    Je suis contre l’amendement présenté par M. Monnet. En revanche, je rends hommage à ses propos sur la richesse créée par le travail. C’était une démonstration absolument limpide, à laquelle j’adhère pleinement, car elle illustre parfaitement le principe de la répartition.
    Allons au bout de cette logique : lorsqu’une richesse est créée –⁠ par le travailleur, par l’entreprise –, le bénéfice appartient à l’entreprise. Le dirigeant, lui aussi, appartient à l’entreprise. Mais cette richesse, une fois créée, qu’en faisons-nous ? Une partie va aux inactifs. C’est le rôle des cotisations sociales : elles financent les pensions de retraite, les indemnités maladie, les allocations chômage. Nous en sommes tous d’accord.

    M. Yannick Monnet

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    Oui.

    M. Frédéric Petit

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    Nous devons décider quelle proportion de la valeur produite nous attribuons aux inactifs et, avec le nombre croissant de personnes inactives –⁠ du fait de notre démographie –, nous faisons face à un vrai défi. Il n’y a pas d’argent magique ; compte tenu de la réalité économique et démographique, nous n’en disposons qu’en quantité limitée –⁠ non seulement par le bas, mais aussi par le haut – pour préserver notre régime par répartition.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet.

    M. Yannick Monnet

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    Nous pourrions prolonger ce débat car nous créons aujourd’hui bien plus de richesses qu’en 1945, lorsque la sécurité sociale a été fondée ; le gâteau est donc beaucoup plus gros.
    Monsieur le ministre, votre réponse est terrible. Vous donnez corps à l’idée que, tout compte fait, les exonérations servent à préserver les dividendes et les bénéfices –⁠ mais pas à soutenir l’emploi. J’y insiste, c’est terrible !
    Une exonération, c’est de l’argent public. Ce n’est pas parce qu’on ne le reçoit pas directement qu’on ne le donne pas car, de toute façon, l’État compense ces exonérations, qui ne servent pas à soutenir l’emploi, mais à préserver les dividendes des actionnaires et les gros bénéfices. Je suis fondamentalement contre une telle politique ! (Mme Karine Lebon applaudit.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous pourrions nous lancer dans un grand débat économique, monsieur Monnet, mais il est dix-neuf heures quarante. Comment l’expliquer avec mes mots ? Pour que l’économie fonctionne, il faut du capital et du travail. Si l’on bloque la formation de capital pour générer du travail, on n’y arrivera pas ; inversement, si l’on ne valorise que le capital sans encourager le travail, cela ne fonctionne pas non plus.
    Notre équation des allégements généraux est ce qu’elle est. Un cadeau, c’est quelque chose qu’on reçoit en plus. En l’espèce, les entreprises ne reçoivent rien en plus –⁠ elles doivent juste faire avec un coût du travail dont le point de référence a de plus de vingt ans. C’est important de le rappeler : on parle d’un référentiel économique vieux de deux décennies.
    Peut-être vais-je vous sembler provocatrice, mais je pense qu’il faut arrêter de parler d’allégements généraux.

    M. Paul Midy

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    Oui, bien sûr !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Il faut parler du coût du travail…

    M. Frédéric Petit

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    Et de la richesse produite !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …et, si l’on estime qu’il doit être différent, alors assumons-le. (M. Paul Midy applaudit.)
    Le référentiel actuel s’appuie sur le monde d’il y a vingt ans, et c’est à partir de ce référentiel qu’on évoque les fameux 72 milliards d’allégements de cotisations sociales patronales.

    M. Loïc Prud’homme

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    Et le coût du capital ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous avez tout à fait raison, le coût du capital est l’autre partie de l’équation. Et, en France, ce coût est plus élevé que dans beaucoup d’autres pays. Pourquoi ? Parce que notre système de retraite par répartition ne permet pas la constitution de grands fonds publics de capitalisation, comme c’est le cas dans certains pays nordiques. Notre épargne est très liquide, et notre seul produit d’épargne longue, c’est l’assurance vie –⁠ le plan d’épargne retraite (PER) également, mais on peut le débloquer pour financer une résidence principale.

    Un député du groupe LFI

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    Le travail n’est pas un coût !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    La France n’est, honnêtement, pas la plus favorisée du continent en termes de coût du travail et de coût du capital –⁠ et je ne parle même pas de faire la chasse au coût du travail dans des pays très éloignés du nôtre.

    M. Bérenger Cernon

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    Arrêtez avec le coût du travail ! Le travail produit de la richesse !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Capital et travail fonctionnent ensemble. Nous défendons un équilibre. Est-ce qu’il est satisfaisant ? À vous écouter, il ne l’est pour personne. Beaucoup, sur ces bancs, considèrent que le financement de notre protection sociale pèse encore trop sur le travail –⁠ c’est d’ailleurs l’objet de ce PLFSS.
    S’agissant du capital, contrairement à ce que certains affirment de manière caricaturale, ce gouvernement cherche précisément à récréer des incitations à investir dans les entreprises.
    Votre amendement soulève un débat fondamental : quelle est notre vision de l’économie ?

    M. Loïc Prud’homme

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    Il ne s’agit pas d’économie mais de lutte des classes !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Il touche à la relation entre capital et travail, mais nous n’avons pas le même point d’équilibre, ni la même vision. Nous ne parviendrons à répondre à la question ce soir. C’est, une fois de plus, un bon débat pour 2027 –⁠ nous ouvrons beaucoup de débats pour 2027…

    (L’amendement no 268 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 269.

    M. Yannick Monnet

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    Bon, après je m’arrête –⁠ enfin, ce n’est pas sûr. (Sourires.)
    Madame la ministre, quand une entreprise verse des dividendes, ce ne sont pas des moyens au service du capital –⁠ elle verse des dividendes et, ensuite, on ne sait pas ce qu’il advient de ces sommes ; les bénéficiaires font ce qu’ils en veulent.
    Ce nouvel amendement est un amendement de repli. Comme vous ne voulez jamais interdire, posons au moins quelques conditions –⁠ environnementales ou sociales par exemple. Pourquoi ? Parce que la sécurité sociale a été créée pour permettre au monde du travail d’être plus productif – quand on est protégé, on travaille mieux ; c’est l’esprit de la sécurité sociale. Quand une entreprise ne cotise plus à la sécurité sociale, quand elle ne contribue plus à protéger le monde du travail, la moindre des choses, c’est de lui fixer quelques obligations pour le protéger –⁠ c’est ça, la conditionnalité.

    M. Loïc Prud’homme

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    Il a raison !

    M. Yannick Monnet

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    Et, franchement, il ne s’agit pas d’un amendement indigeste, même pour les capitalistes que vous êtes (Mme Élisa Martin applaudit) –⁠ je le dis sans aucune méchanceté – car il n’y a que quelques conditions. Nous proposons de répondre à une question simple : que veut-on faire de l’argent public ? (Mme Karine Lebon et M. Gérard Leseul applaudissent.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Un député du groupe LFI-NFP

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    Il est contre ; il est de droite !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    J’essaie d’être libre dans mes jugements. Par ailleurs, la sécurité sociale n’est ni de droite ni de gauche. (Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Elle avait rassemblé les gaullistes, les socialistes et les communistes (Applaudissements sur les bancs du groupe DR) et nous devrions retrouver cet état d’esprit responsable quatre-vingts ans plus tard ! (Les protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP se poursuivent.)

    M. Ian Boucard

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    Eh oui, c’est ainsi que la France s’était reconstruite !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Il n’y avait à l’époque ni les Insoumis ni le Rassemblement national.
    Votre amendement, monsieur Monnet, propose de conditionner le bénéfice de la réduction générale dégressive des cotisations patronales au respect des obligations sociales et environnementales ou des obligations en matière d’égalité entre les hommes et les femmes.
    S’agissant des conditions sociales et environnementales, la pluralité des objectifs pose un problème de hiérarchisation. La réduction générale, imaginée pour promouvoir l’emploi et la compétitivité, n’y semble pas adaptée.
    Pour ce qui est de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, c’est un objectif central qui nous rassemble –⁠ je connais votre combat, madame Lebon ! Je ne pense pas cependant que la modulation des cotisations sociales constitue le bon outil pour l’atteindre. Le code du travail prévoit déjà des obligations en la matière ; il s’agit de les faire respecter. Je le dis avec force, monsieur le ministre, et je crois que c’est un message collectif que nous vous adressons.
    Après vous avoir entendue ce matin, madame Lebon, je ne refais plus l’erreur de vous parler de l’index de l’égalité professionnelle ; si j’ai bien noté ce que vous m’avez dit, la transposition de la directive européenne sur la transparence en matière salariale, à venir au plus tard en juin 2026 –⁠ il serait intéressant, monsieur le ministre, que vous nous éclairiez sur le calendrier prévisionnel pour que nous puissions nous y atteler –, créera de nouvelles obligations et prévoira une amende administrative en cas de manquement.
    Les outils pour répondre aux impératifs que vous mentionnez existent déjà ; je vous invite donc, monsieur Monnet, à retirer votre amendement, faute de quoi je serai obligé –⁠ à contrecœur – d’émettre un avis défavorable. Je rappelle que l’amendement avait été rejeté par la commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    On aborde une série d’amendements, avec une longue discussion commune à partir de l’amendement no 867, qui concerne les contreparties ou les conditions des aides.
    L’incitation que constituent les allégements généraux ne sert pas à autre chose qu’à nous assurer que le coût du travail soit adapté au monde dans lequel la France évolue, et avant tout au contexte européen. Les charges patronales représentent, dans notre pays, 10 points de PIB, contre 6 en Allemagne, la moyenne européenne se situant à 8 points. Ce niveau de cotisations rend le coût du travail dans notre pays élevé.
    Jamais –⁠ ni il y a vingt ans ni aujourd’hui – les exonérations de cotisations n’ont été pensées comme devant être subordonnées à des conditions ou servir d’autres objectifs liés à la vie de l’entreprise –⁠ des objectifs de politique sociale, telle l’inclusion du handicap, de politique d’égalité, par exemple entre les hommes et les femmes, ou de respect de l’environnement. Dans ces domaines, les normes, la réglementation et les sanctions en cas de manquement grave me semblent représenter les moyens les plus adaptés pour faire avancer les entreprises. Et si je devais faire preuve d’un peu de malice –⁠ cela peut m’arriver –, je noterais que toutes ces obligations demandent aux entreprises des investissements ; or, si vous renchérissez le coût du travail, elles auront moins d’argent et, partant, investiront encore moins. La mesure que vous proposez peut donc produire l’effet inverse de ce que vous souhaitez.
    Par conséquent, je suis défavorable à votre amendement ; et je le serai également, par principe, à toute la série d’amendements qui suivent.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul Midy.

    M. Paul Midy

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    Je voudrais réagir aux propos du collègue Monnet. Je ne sais pas si vous avez déjà travaillé dans une entreprise ou été vous-même chef d’entreprise (M. Yannick Monnet sourit) mais on ne peut pas imaginer que le coût du travail n’ait aucun impact sur l’emploi. Plus le coût du travail est élevé, plus il est difficile, pour une entreprise, d’embaucher, donc moins il y a de création d’emplois et plus il y a de chômage. Soyons clairs : l’argent ne tombe pas du ciel, ni dans notre pays ni dans les entreprises –⁠ même quand elles vont bien.
    Ensuite, Mme la ministre a dit quelque chose de très important : les allégements généraux résultent d’une décision prise il y a plus de vingt ans pour fixer un niveau de coût du travail. Elles ne représentent pas un cadeau ; il n’y a pas de chèque envoyé aux entreprises à la fin de l’année en lien avec ces exonérations. Le coût du travail ne doit pas faire l’objet de conditions ! (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
    Vos amendements donnent l’impression que, si l’entreprise fait des bénéfices, vous cherchez à faire en sorte qu’elle n’en fasse pas. (M. Yannick Monnet et Mme Karine Lebon secouent la tête en signe de dénégation.) Avec vous, on n’est plus dans une logique où, parfois, ça marche et parfois ça ne marche pas ; on perd à tous les coups. Avec ce type d’amendements, on décourage les gens d’entreprendre dans notre pays, de faire marcher des entreprises et de créer de l’emploi. Ce sont de mauvais amendements et nous voterons contre. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sophia Chikirou.

    Mme Sophia Chikirou

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    Vous êtes vraiment de mauvaise foi, c’est incroyable. Demander des contreparties à des avantages sociaux ou fiscaux ou à des aides publiques ? Vous n’y pensez pas ! Impossible, dangereux !
    L’amendement de notre collègue Monnet prévoit des contreparties simples et évidentes pour les entreprises dont la taille est supérieure ou égale au seuil européen de l’entreprise moyenne. Quand IBM perçoit de l’argent public, bénéficie d’aides publiques, puis s’en va en faisant disparaître 1 800 emplois, cela n’a rien de normal. On ne va pas financer des entreprises, qui plus est étrangères, qui s’implantent chez nous, puis se barrent après avoir touché de l’argent public ! C’est arrivé si souvent ces dix dernières années : des entreprises qui s’en vont avec les brevets qu’elles ont achetés, en laissant les employés sur le carreau, après s’être rendues coupables de destruction d’emplois, de catastrophes écologiques et sociales. Il faut que les aides soient soumises à des conditions, d’autant qu’on parle d’entreprises de taille moyenne au sens du seuil européen et non de petites entreprises. Et cela vous paraît impossible !
    Cela arrivera pourtant : nous finirons par imposer la conditionnalité des aides publiques. Le système doit changer ; on ne peut pas continuer, comme vous le faites, à distribuer des cadeaux fiscaux et sociaux. Vous détruisez l’industrie de notre pays !

    (L’amendement no 269 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Damien Maudet, pour soutenir l’amendement no 860.

    M. Damien Maudet

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    Je suis surpris d’apprendre que le travail est un coût ; je pensais qu’il était producteur de richesses ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Karine Lebon et M. Henrik Davi applaudissent également.) Cela dit, peut-être que vous avez en partie raison : le travail peut être un coût pour les Français eux-mêmes car –⁠ le saviez-vous ? – les Français paient pour travailler ; et j’espère qu’ils vont comprendre l’arnaque. Pour favoriser la compétitivité, vous accordez des exonérations de cotisations sociales, creusant un trou de 80 milliards d’euros dans les caisses de la sécurité sociale –⁠ en pure perte, car c’est inefficace. Pour rembourser ce trou que vous avez vous-même creusé, vous demandez aux Français de le renflouer via la TVA. Quand les Français font des courses, ils remboursent le trou que vous avez creusé à coups d’exonérations de cotisations sociales ; ils finissent donc par payer pour la compétitivité, c’est-à-dire payer pour travailler !
    Pour trouver un chemin de sortie, pour faire respirer la sécurité sociale, pour que les Français arrêtent de payer pour travailler, nous proposons de sortir de cette politique. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je rêverais de pouvoir débattre longtemps de ces sujets ! Votre vision des choses me semble un peu caricaturale. (Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Thierry Tesson

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    Ah bon ? Mais non, pas du tout ! (Sourires sur les bancs du groupe RN.)

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Vous souhaitez, par cet amendement, instaurer une trajectoire d’augmentation générale des prélèvements obligatoires assis sur le travail ; je suis profondément convaincu que vous pénaliseriez ainsi les entreprises mais surtout les salariés.
    Du point de vue formel, votre proposition serait largement déclarative car il serait facile pour le législateur de revenir sur la trajectoire que vous proposez de définir.

    M. Ian Boucard

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    Traduction : l’amendement est nul !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Avis défavorable.

    (L’amendement no 860, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir l’amendement no 1353.

    M. Paul-André Colombani

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    Cet amendement, retravaillé pour prendre en compte les remarques du rapporteur général en commission concernant les entreprises qui relèvent de plusieurs branches et de plusieurs conventions, reprend une proposition qui avait fait l’objet d’un compromis lors de la commission mixte paritaire sur le PLFSS pour 2025, mais qui finalement n’avait pas été reprise dans le texte du gouvernement.
    L’amendement prévoit de calculer les allégements généraux sur les minima de branche lorsque ceux-ci sont inférieurs au salaire minimum de croissance, dans l’objectif d’inciter les branches concernées à revaloriser ces minima. Ainsi, pour les branches dont les minima sont inférieurs au smic, l’exonération serait calculée sur ces minima et non sur le smic.
    Le groupe LIOT avait d’ores et déjà fait adopter un amendement permettant de ramener le délai de négociation salariale de trois mois à quarante-cinq jours en cas de minima inférieurs au smic. C’est un premier pas indispensable pour s’assurer du dynamisme du dialogue social.
    En mai 2024, douze branches professionnelles avaient encore des minima salariaux en dessous du smic.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Monsieur Colombani, vous avez effectivement retravaillé votre amendement à la suite de mes remarques, mais il présente toujours de graves difficultés opérationnelles. Je vois que vous avez essayé ; mais des problèmes demeurent.

    M. Ian Boucard

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    Peut mieux faire !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Certaines conventions collectives peuvent prévoir plusieurs grilles salariales différentes, avec des minima distincts. Cette réalité impose de prévoir des règles spécifiques pour chacun de ces cas. Sans l’appui du ministère, il peut être difficile de faire aboutir une telle proposition. Par ailleurs, nous ferions face à un autre problème : comment régulariser les cotisations qui ont été calculées sur une mauvaise assiette ? Il faudrait à tout le moins préciser ces points.
    Surtout, votre amendement ne traite pas une question fondamentale : ne faudrait-il pas revoir la façon dont sont menées les négociations annuelles obligatoires (NAO) en vue de bénéficier des allégements ? Je ne pense pas que cette question doive être traitée dans le cadre d’un PLFSS ; une loi « travail » me semblerait le véhicule idoine.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    La question de fond que vous posez renvoie aux relations entre les branches et les entreprises, dans le cadre du dispositif essentiel que représentent les NAO –⁠ la loi de 2008, très saine dans son principe, est sans doute un peu compliquée à mettre en œuvre. Faut-il rester au niveau des branches ou des NAO ? Quel est le rôle de chacun de ces niveaux ? Faut-il octroyer aux entreprises davantage de liberté ? Au fond, c’est cela qui compte. L’État a beau intervenir, la vérité fondamentale reste celle de l’entreprise qui, en fonction de ses marchés, de ses produits, de ses services, de ses clients et de ses coûts, décide comment faire évoluer les salaires. En effet, les entreprises sont disposées à rémunérer correctement leur personnel dans la mesure où elles peuvent le faire.
    Du point de vue technique, je me rangerai à l’avis du rapporteur général en donnant à votre amendement un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul-André Colombani.

    M. Paul-André Colombani

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    L’année dernière, cet amendement qui cherche à faire évoluer les salaires les plus faibles avait fait consensus jusqu’en commission mixte paritaire.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1353.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        115
            Nombre de suffrages exprimés                92
            Majorité absolue                        47
                    Pour l’adoption                58
                    Contre                34

    (L’amendement no 1353 est adopté.)

    Mme la présidente

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    La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

    3. Ordre du jour de la prochaine séance

    Mme la présidente

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    Prochaine séance, ce soir, à vingt et une heures trente :
    Suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026.
    La séance est levée.

    (La séance est levée à vingt heures.)

    Le directeur des comptes rendus
    Serge Ezdra