
, sénateur, nouveau président de la commission politique de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) en remplacement de M. Christophe-André Frassa, Mme Dieynaba Diop, députée, présidente déléguée de la section française, et Mme Amélia Lakrafi, députée, secrétaire générale de l’APF, ont participé à la réunion de la commission politique de l’APF à Dakar du 28 au 30 avril 2025 qui a réuni une soixantaine de participants des cinq continents.
M. André Reichardt a présidé les deux réunions du groupe de travail sur la révision des statuts et du comité de vigilance démocratique qui se sont tenues lundi 28 avril, en présence des sections de , du Bénin, du Cambodge, de la République démocratique du Congo, du Canada, du Luxembourg, du Québec et de la Suisse.
Le groupe de travail sur les statuts a examiné un projet de charte de déontologie du secrétariat général de l’APF. Il s’agit du dernier texte du chantier de la révision des statuts de l’APF lancé au bureau de Dakar de janvier 2020. Pour mémoire, sont intervenus successivement ces deux dernières années une révision des statuts proprement dits (session de Tbilissi, juillet 2023) et l’adoption d’un règlement intérieur, d’un règlement financier et de nouveaux mécanismes de vigilance démocratique (session de Montréal, juillet 2024). La charte de déontologie, renommée code de déontologie, énonce les principes et règles de conduite qui doivent guider les personnels du secrétariat de l’APF dans l’exercice de leurs fonctions. Son adoption n’a cependant pu être finalisée, le texte devant encore être complété d’ici la fin de l’année.
La réunion s’est poursuivie avec les mêmes participants dans le format « comité de vigilance démocratique » pour examiner certains points d’ordre politique, en particulier la situation dans les pays du Sahel, dans le contexte du départ du Burkina Faso, du Mali et du Niger de l’OIF en mars dernier ainsi que le conflit armé en République démocratique du Congo, objet d’une résolution de l’APF lors de la session à Montréal.
Le comité de vigilance s’est aussi penché sur plusieurs demandes d’adhésion à l’APF (du Ghana, de Sao Tomé-et-Principe, du Landtag de Sarre et de l’Assemblée parlementaire de la Communauté des Etats de l’Océan Indien) et leur a donné un avis favorable.
Les mardi 29 et mercredi 30 mai, a présidé la réunion de la commission politique.
Réunissant, outre les parlementaires précités des sections représentées au groupe de travail, des représentants des sections de Catalogne, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, de Djibouti, de la France, du Gabon, du Maroc, de la Mauritanie, de la Roumanie, du Sénégal (section hôte), la réunion a été ouverte par une intervention de son président, qui a remercié chaleureusement la section sénégalaise pour son excellent accueil. Après avoir salué le très fort attachement du Sénégal à la Francophonie et mis l’accent sur la stabilité et la résilience politique de ce pays, M. Hilarion Etong (Cameroun), président de l’APF, a insisté sur la nécessité pour la Francophonie d’assumer des responsabilités politiques dans un contexte géopolitique de plus en plus instable. Evoquant la situation sécuritaire dans la région du Sahel, M. Malick Ndiaye, président de l’Assemblée nationale du Sénégal, a lui aussi appelé la commission politique à prendre des initiatives d’ordre politique et à jouer son rôle d’instance de dialogue, le Sénégal, membre fondateur de la Francophonie, souhaitant jouer un rôle moteur dans ces actions en faveur de la paix.
La commission politique a ensuite pris acte des modifications intervenues dans la composition de son bureau : le remplacement de M. Christophe-André Frassa par M. André Reichardt comme président, celui de M. Pierre Ngayap (Cameroun) par M. André Mbata Betukumeso (RDC) comme rapporteur des situations politiques, et enfin, le remplacement de M. Philippe Courard (Belgique/Wallonie-Bruxelles) par M. Gaëtan van Goidsenhoven (Belgique/ Wallonie-Bruxelles) au poste de rapporteur.
Puis la commission politique a pris connaissance du rapport de sur les situations politiques au sein de l’espace francophone, et de celui de M. Nicolas Walder (Suisse) sur la situation des pays au regard de la peine de mort. Elle a écouté un exposé de M. Nicolas Guinard, directeur des affaires politiques et de la gouvernance démocratique de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Celui-ci a notamment mentionné la réintégration complète de la Guinée à l’OIF et souligné, par ailleurs, le nombre important de missions électorales conduites en 2024, année record en termes d’élections.
Un point a été fait sur l’évolution des situations politiques des sections suspendues (Burkina Faso, Haïti, Mali, Niger et Syrie). Comme l’année dernière, les sections suspendues avaient été conviées à s’exprimer à l’occasion de cette séquence mais seule la section de Haïti a répondu positivement à l’invitation. La commission politique a ainsi pu procéder à l’audition en visioconférence de M. Jerry Tardieu, ancien parlementaire de Haïti, Etat dépourvu de parlement depuis 2020. M. Tardieu a témoigné de la situation terrible dans laquelle se trouvait son pays, ravagé par la violence des gangs, dévasté économiquement et en proie à de graves atteintes aux droits humains. A la suite de cette séquence, la commission politique a préparé et adopté, à l’initiative de son président, M. André Reichardt, un projet de déclaration sur la situation en Haïti qui exhorte la communauté internationale à se mobiliser de toute urgence pour rétablir la sécurité dans le pays et mettre en place les conditions nécessaires à une transition démocratique.
Puis est intervenu le traditionnel tour de table des sections qui a donné un aperçu de l’actualité politique, économique et sociale des pays représentés lors de la réunion. Pour la France, Mme Dieynaba Diop, présidente déléguée de la section française, a rappelé que les élections qui ont suivi la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024 ont été marquées par une nouvelle poussée de l’extrême droite, que l’alliance des partis de gauche a tenté de contenir ; ces élections n’ont pas permis l’émergence d’une majorité, conduisant à la mise en place d’un gouvernement de coalition. Malgré une forte polarisation de la vie politique et les tensions qui en découlent, l’Assemblée nationale continue de légiférer. Il a récemment adopté une loi d’orientation sur la souveraineté alimentaire et une proposition de loi transpartisane destinée à mieux lutter contre le narcotrafic. Il va prochainement examiner un projet de loi sur l’accompagnement des malades en fin de vie et un autre sur la simplification économique. La situation des finances publiques représente cependant un grave défi pour le pays (la dette publique atteint 113 % du PIB) qui aura du mal à échapper à une cure d’austérité.
Un débat stratégique sur les missions de la commission politique est ensuite intervenu. Il a été l’occasion de réaffirmer l’importance de la diplomatie parlementaire dans un espace francophone en proie à des bouleversements et des défis sécuritaires particulièrement préoccupants. Plusieurs axes d’actions prioritaires ont été définis, en direction des pays du Sahel, de la région des Grands Lacs, de Haïti et enfin du Liban. La commission politique a ensuite confirmé les avis du comité de vigilance concernant le placement sous alerte de la Guinée-Bissau et les demandes d’adhésion à l’APF.
Puis ont été discutés et adoptés les rapports (Belgique/ Wallonie-Bruxelles) sur l’Etat numérique et les droits humains, de Mme Maryline Picard (Québec) sur les processus de réconciliation nationale et la justice réparatrice, et de Mmes Marie-Françoise Mégie et Suze Youance, représentant M. Eric Forest (Canada), sur la lutte contre la désinformation et les modèles alternatifs de financement de la presse. Mme Dieynaba Diop est intervenue dans le débat pour souligner que l’intelligence artificielle permettait une croissance infinie du nombre de fausses informations en circulation et qu’il était impossible pour les journalistes de toutes les vérifier.
Enfin, la commission politique a validé la proposition de question qui sera posée à la Secrétaire générale de la Francophonie, à l’occasion de la 5Oe Session de l’APF.
En marge de la réunion, les parlementaires ont rencontré Mme Christine Fages, ambassadrice de France au Sénégal, et plusieurs membres de son équipe. Les échanges ont porté sur la situation politique, économique et sociale du Sénégal, marquée par des difficultés économiques et une forte croissance démographique (300 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail), son positionnement dans la région, notamment vis-à-vis de ses voisins du Sahel, ainsi que sur la relation bilatérale de ce pays avec la France.