Politique de l'education
Question de :
M. Aubert Emmanuel
- Rassemblement pour la République
M Emmanuel Aubert rappelle a M le ministre d'Etat, ministre de l'education nationale et de la culture, qu'a la fin du mois dernier il a presente la reforme des classes de premiere et de terminale. Celle-ci comporte en particulier une simplification des series menant au baccalaureat : la reduction de 8 a 3 dans la voie generale (litteraire, economique et sociale, scientifique) et de 17 a 4 dans la voie technologique. Il a precise que les trois grandes filieres menant au baccalaureat general seraient d'egale dignite. Les lyceens, leurs parents et sans doute une large fraction de l'opinion publique se sont felicite de voir introduire un element de simplification dans l'organisation des etudes secondaires. Cette constatation favorable rend encore plus incomprehensibles les elements qui constituent le nouveau livret scolaire obligatoire dans les ecoles primaires. Ce livret type, imprime par l'Imprimerie nationale, ne comporte plus aucune place pour les notations chiffrees. En ce qui concerne le cycle des approfondissements (ex-CE 2, CM 1, CM 2), il se refere a 142 « competences ». Celles-ci se subdivisent en : competences transversales, competences dans le domaine de la langue, competences d'ordre disciplinaire (mathematiques, histoire, geographie, education civique, sciences et technologie, education artistique, education physique et sportive). La lecture des « competences » a partir desquelles doivent etre juges des enfants entre huit et onze ou douze ans est particulierement edifiante. Ainsi dans les competences transversales figurent : « affirmer ses choix et ses gouts esthetiques ; les expliciter et les faire partager » ; ou encore « elaborer un modele abstrait pour traduire ou interpreter une situation ou une demarche ». Dans le domaine du traitement de l'information, on peut lire : « rechercher des informations a partir de supports varies, complexes et d'outils diversifies ». S'agissant des competences dans le domaine de la langue, et plus particulierement de la lecture, on trouve : « adopter la modalite de lecture (integrale ou selective) qui convient a la situation, au texte recherche ». Il serait fastidieux de continuer cette enumeration constituee d'elements d'appreciation abstraits et apparemment fort eloignes du niveau de reflexion ou de connaissance atteint par des enfants de cet age. En fait, il s'agit d'un veritable galimatias qui parait tout droit inspire du Bourgeois Gentilhomme. Exceptionnellement, la lecture de ce livret scolaire apparait comme rafraichissante et plus proche des realites. Ainsi, par exemple, une appreciation porte sur : « ecrire de facon soignee » ou « maitriser les regles d'accord : sujet-verbe, nom-adjectif ». En mathematiques, quelques rares elements simples figurent parmi les modalites d'appreciation : « effectuer des calculs simples sur les mesures de longueur, de masse et de temps », ou encore « utiliser les instruments de mesure usuels de longueur, de masse et de temps ». La lecture des 142 competences auxquelles doivent repondre toutes les sept semaines les enseignants concernes apparait, pour la plus grande partie d'entre elles comme absurde. Il lui demande s'il assume la responsabilite des modalites d'appreciation figurant dans ce document et la maniere dont celles-ci sont exprimees. Il souhaiterait savoir s'il n'estime pas qu'elles sont fort loin des realites et qu'elles font perdre un temps considerable a des enseignants qui ont autre chose a faire que de repondre a des questions ineptes.
Auteur : M. Aubert Emmanuel
Type de question : Question écrite
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : éducation nationale et culture
Ministère répondant : éducation nationale et culture
Date :
Question publiée le 3 août 1992