Samuel Paty a été assassiné le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine à l’issue d’une période longue de harcèlement par un réseau de personnes dénonçant son enseignement sur la liberté d’expression.

Avant cette date, d’odieux actes sans nom ont ensanglanté notre sol. La France, en effet, fut plusieurs fois frappée par des vagues d’attentats liées au terrorisme islamiste. Sombres années : 1985, 1986, 1995, 1996, 2012 puis les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan et des terrasses les 7 janvier et 13 novembre 2015. Magnanville, Nice par deux fois, Saint-Étienne-du-Rouvray.  Ces vies décimées, ces innocences fauchées par l’horreur. Des esprits de haine, obscurs, qui portent en eux le projet mortifère d’abolir nos libertés, nos démocraties, nos modes de vie.

Il ne s’agit plus de barbares venus d’ailleurs mais souvent des enfants qui ont grandi ici, sans jamais intégrer les principes fondamentaux de la République. « Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité », nos devises qui forgent les valeurs indéfectibles, impératives de nos institutions.

La Laïcité dont la définition émane de la loi du 9 décembre 1905. La Laïcité garantie notre liberté de conscience ; le libre exercice des cultes ; la liberté de croire ou de ne pas croire. Nul ne doit être contraint au respect de dogmes ou prescriptions religieuses. La Laïcité n'est ni une opinion, ni une conviction mais un principe qui préserve l’émancipation de chacun et ce, sous réserve du respect de l’ordre public.

En un temps troublé au sein duquel interroger le sens de nos engagements, nos perspectives collectives devient incontournable, rappeler et renforcer nos principes républicains m’apparaît essentiel.

Les césures territoriales révèlent l’ensemble des fragilités sur lesquelles se fondent notre modèle de société. Les situations d’inégalités sociales, de disparités économiques ébranlent les logiques d’adhésion à une envie de vivre ensemble. Beaucoup de territoires, plongés dans une multitude de relégations, ne permettent pas les accès vitaux aux enseignements ; à la culture. Les replis empêchent les rencontres, la connaissance de l’autre, des différences et des similitudes. L’école publique, ce lieu sacré où les bases de nos apprentissages nous sont transmises, ne représente plus le levier social nécessaire à un épanouissement personnel et social porteur. Aujourd’hui, beaucoup de familles contournent la difficulté en trouvant une solution auprès d’établissements privés, voire en choisissant d’instruire eux-mêmes leurs enfants. Souvent au prix de sacrifices.

Au-delà d’une incantation convenue, l’école reste le premier lieu de socialisation, de respect et d’acceptation des différences. L’urgence de rendre à l’école de la République son rôle d’épanouissement et d’émancipation s’avère prégnante.

La place de la femme, les déterminismes liés aux conditions de vie des femmes interrogent. Lorsque nous observons une interdiction tacite pour nombre d’entre elles d’accéder à des lieux de vie tels les cafés parce que jugés par les hommes, ou par le fait qu’elles ne se sentent pas suffisamment protégées pour aller à l’encontre de choix exercés à leurs places, nous échouons à porter nos valeurs universelles.

Tous les territoires de la République sont traversés par des déséquilibres et ce texte nous invite à renforcer les moyens pour en réduire les effets. Je pense à ces territoires de la France des trois océans par exemple où, à travers leurs histoires, des principes d’exceptions ont pu supplanter les principes généraux de la République.

A Mayotte notamment, la polygamie y est tolérée car elle appartient au statut personnel des habitants. Il ne peut exister deux droits si nous souhaitons tenir la promesse d’égalité faite à chaque citoyen et citoyenne de notre pays. Ce projet de loi vient donc corriger ces éléments. Il s’agit, par ces mesures de dignité humaine, de consolider l’indivisibilité de notre République.

Le projet de loi renforce les dispositions législatives pour nous permettre de remettre au cœur de tout, notre socle de valeurs. En plus des avancées majeures obtenues à l’issue de nos débats, j’aimerais que l’éducation civique soit remise au cœur de l’ensemble du cursus scolaire, de la primaire au lycée, dont certains contenus seraient consacrés à l’histoire des religions. Sans qu’elles ne soient enseignées, la compréhension des religions constitue l’une des clés d’appréhension de d’autrui, mais aussi d’acceptation. Pour que chaque citoyen puisse adhérer à une charte d’engagement, il doit disposer des clés de compréhension nécessaire pour en appréhender les fondements.