Pourtant au cœur de la confiance que le peuple accorde en la Justice, la grande absente de ce texte est la présomption d’innocence. Montesquieu démontrait déjà à l’époque l’importance de ce sujet : « Quand l’innocence des citoyens n’est pas assurée, la liberté ne l’est pas non plus ! ». A l’heure où les citoyens doutent, voire craignent leur système judiciaire, ce texte passe à côté. Nous ne devons pas tomber dans un débat entre la présomption d’innocence et la liberté d’expression. Toutes les libertés ne se trouvent pas sur le même plan. La présomption d’innocence doit être garantie et doit être le principe, la liberté d’expression, son exception.
Pourtant, la présomption d’innocence s’efface de plus en plus pour les personnes mises en cause, notamment dans les médias et les réseaux sociaux. C’est une nouvelle ère que nous vivons, celle des procès médiatiques. Si le sujet n’est pas de trouver des coupables à ce changement, la réalité démontre tout de même que la parole accusatrice est prédominante dans les médias et plus particulièrement dans les chaînes d’information en continu, au contraire de notre système. L’hypothétique se transforme alors en vérité pour le public et l’instruction médiatique devient alors à charge et n’a que faire que la culpabilité ait été établie. Cette justice spectacle, qui nous permet de suivre les affaires en temps réel, est là pour répondre à un besoin de « sang » de la part de l’audimat. Cette place publique, sur laquelle est jugée le présumé innocent, est gorgée d’insultes, menaces, opinions personnelles et publiques, donnant ainsi plus de force à l’accusation et pouvant induire une culpabilité hors des murs du tribunal.
Chacun se fait juge. La peine infligée à l’auteur présumé d’un délit ou d’un crime, dépend alors de la seule gravité ressentie par l’opinion publique. C’est ainsi que nous passons dans un jugement moral plutôt que juridique. Si nous voulons redonner toute confiance en l’institution judiciaire, nous devons donc nous demander quelle est la place de notions aussi fondamentales que la présomption d’innocence, au sein de notre société et notre système judiciaire. 
La République repose sur trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. La confiance de nos concitoyens doit exiger avant même de filer les audiences, le renforcement de la présomption d’innocence dans notre société.