Mes chers collègues,

Comme l’a dit le Président de la République, notre pays vit la pire crise sanitaire de son histoire depuis plus d’un siècle.

Dans cette guerre déclarée à un ennemi invisible qui nous contamine et tue certains de nos concitoyens, il est plus que jamais nécessaire de ne pas céder à la panique mais au contraire d’agir de manière rationnelle.

Les mesures qui nous sont proposées sont bonnes. Elles doivent être votées et mises en œuvre au plus vite, notamment l’état d’urgence sanitaire pour ralentir le rythme de diffusion du virus.

Pour autant, permettez moi de vous faire part d’une préoccupation, celle du manque de coordination européenne et mondiale des mesures édictées. Plutôt que de prendre tous ensemble des mesures radicales en même temps, les pays (même en Europe) semblent attendre d’être en difficulté pour prendre les mesures et les prennent de manière échelonnée et graduellement.

C’est ce qu’il y a de pire à mon sens.

D’une part, pour certains pays, tarder à prendre des mesures c’est prendre le risque d’avoir un afflux massif de malades graves alors que les systèmes de santé ne sont pas en capacité de les absorber. Cela cause nécessairement une mortalité plus élevée.

D’autre part, fermer une région et même un pays si les autres ne le font pas ça n’a pas de sens global car avec le flux des humains et des marchandises au niveau mondial, dès qu’un pays sera sorti de la crise sanitaire, il risque de réimporter le virus depuis une zone qui n’aura pas encore été confinée. C’est ce qui se passe actuellement en Chine qui est en train de juguler l’épidémie mais qui sait que dès qu’elle rouvrira les frontières, risque de replonger avec des cas nouveaux importés qui vont contaminer à nouveau massivement.

Donc ne pas confiner, ne pas diagnostiquer, ne pas isoler et ne pas traiter les cas de manière simultanée au niveau mondial, c’est prendre le risque de voir traîner les choses sur des mois et des mois, sans régler le problème.

Or les conséquences économiques seront alors désastreuses.

C’est comme avec le virus, il y a des choses qu’on ne voit pas encore mais qui arrivent.

Les mesures que vont prendre les États pour prendre en charge les pertes des entreprises et les salaires pourront tenir quelques mois mais probablement pas davantage.

Pour que les entreprises ne fassent pas massivement faillite en plongeant des milliards d’humains dans le chômage et la misère entraînant un chaos bien plus large que la crise sanitaire actuelle (la crise de 1929 a débouché sur la deuxième guerre mondiale qui a fait 50 millions de morts rappelons-le), il faut donc que l’on règle les choses le plus rapidement possible et que les acteurs économiques retrouvent un horizon.

C’est la raison pour laquelle je plaide pour qu’en addition aux mesures que nous votons aujourd’hui, la France puisse proposer à ses partenaires dans le monde d’adopter :
- une confinement généralisé de la population sur une durée de 4 semaines minimum sur toute la planète
- tester et isoler le plus rapidement possible les malades
- soigner les malades avec les traitements qui s’avèrent aujourd’hui les plus efficaces dans l’attente d’un vaccin.

Encore une fois ce n’est pas par la panique, ni l’émotion que nous gagnerons cette guerre mais par des décisions rationnelles et coordonnées.

Mes pensés vont en cette heure à tout le personnel soignant qui est en première ligne du front de cette bataille.

Nous sommes en guerre contre un ennemi invisible, nous la gagnerons ensemble par l’effort, la discipline et la solidarité.