XVIIe législature
Session ordinaire de 2024-2025

Troisième séance du jeudi 19 juin 2025

Sommaire détaillé
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Troisième séance du jeudi 19 juin 2025

Présidence de M. Jérémie Iordanoff
vice-président

M. le président

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)

    1. Programmation nationale énergie et climat pour les années 2025 à 2035

    Suite de la discussion d’une proposition de loi

    M. le président

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion de la proposition de loi portant programmation nationale énergie et climat pour les années 2025 à 2035 (nos 463, 1522).

    Discussion des articles (suite)

    M. le président

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    Cet après-midi, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles de la proposition de loi. Elle a entendu la présentation, par leurs auteurs, des amendements no 191 et identiques à l’article 9, qui ont fait l’objet d’avis défavorables du rapporteur et du gouvernement. Je rappelle également que des scrutins publics ont déjà été annoncés sur tous les amendements à l’article 9, ainsi que sur cet article.

    Article 9 (suite)

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 191 et 218.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        49
            Nombre de suffrages exprimés                49
            Majorité absolue                        25
                    Pour l’adoption                32
                    Contre                17

    (Les amendements identiques nos 191 et 218 sont adoptés ; en conséquence, les amendements nos 296 et 223 tombent.)

    M. le président

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    Sur les amendements nos 475, 23 et identiques ainsi que le 442, je suis saisi par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Jean-Luc Fugit, pour soutenir l’amendement no 475.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Cet amendement que j’ai déposé dans le contexte de la récente suppression de la prime de transition énergétique, MaPrimeRénov’, vise à sanctuariser ce dispositif dans la proposition de loi, afin de conforter son rôle structurant dans la politique publique de rénovation énergétique en ce qu’il limite le reste à charge des ménages. Monsieur le ministre, vous le comprendrez, il n’y a pas que la brique sobriété, la brique nucléaire ou la brique énergies renouvelables, il y a aussi la brique efficacité énergétique et nous avons besoin de toutes, en espérant que les moratoires ne se multiplieront pas. L’efficacité énergétique est un enjeu majeur de la transition. Nous souhaiterions donc inscrire MaPrimeRénov’ dans la proposition de loi.

    M. le président

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    La parole est à M. Antoine Armand, rapporteur de la commission des affaires économiques.

    M. Antoine Armand, rapporteur de la commission des affaires économiques

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    Je suis partagé. Certes, je souscris à l’esprit de l’amendement qui vise à inscrire dans la proposition de loi la garantie d’un reste à charge soutenable pour les ménages. L’amendement est rédigé de telle manière qu’il permet de surcroît d’en concentrer les effets sur les ménages précaires et de faire le lien avec les dispositifs de soutien financier. Toutefois, nous avons déjà prévu d’inscrire un tel principe dans la loi. Nous avons ainsi adopté un amendement pour que chaque ménage ait droit à un accompagnement et à un reste à charge soutenable. Certes, ce ne serait pas la première fois depuis le début de l’examen de ce texte que nous voterions une disposition, si ce n’est contradictoire, du moins légèrement dissonante. Je ne sais pas quel est l’avenir de cette proposition de loi,…

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Il n’est pas reluisant !

    M. Antoine Armand

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    …mais cette rédaction est meilleure que celle que nous avons pu précémment retenir et j’imagine que si le texte devait être adopté un jour, il le serait dans des termes sensiblement différents. Je m’en remets donc à la sagesse de l’Assemblée.

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie.

    M. Marc Ferracci, ministre chargé de l’industrie et de l’énergie

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    Monsieur le député, l’amendement traduit votre engagement constant en faveur de la transition énergétique et votre détermination à défendre les mécanismes et les dispositifs qui la sous-tendent ; je vous en remercie. Le rapporteur a raison : nous pouvons nous interroger sur la portée de la mention que vous proposez d’inscrire dans la mesure où la politique d’aide au logement, définie au niveau législatif dans le code de la construction et de l’habitation, inclut déjà la mission de favoriser la rénovation énergétique des bâtiments. On pourrait donc penser que la mesure que vous proposez est superfétatoire ; néanmoins, comme je soutiens l’esprit de l’amendement, je m’en remets également à la sagesse de l’Assemblée.

    M. le président

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    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Je suis étonnée mais ravie des avis de sagesse, en particulier de la part du gouvernement. Est-ce à dire que vous allez rompre avec la logique qui prévaut depuis plusieurs années ? Le budget pour la rénovation thermique des logements est passé de 4 milliards à 2,5 milliards. On a beau jeu de regretter ensuite qu’il n’y ait plus d’argent pour la rénovation thermique ! Comment pourrait-il en être autrement dès lors que l’on en diminue le budget ? J’espère qu’en toute cohérence, cet avis de sagesse signifie que le budget augmentera de nouveau dans le prochain projet de loi de finances, pour que les ménages modestes puissent ne pas cuire l’été et ne pas geler l’hiver.

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre.

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Soyez rassurée sur ce point, madame la présidente. D’abord, le montant du budget alloué à MaPrimeRénov’, inscrit dans la loi de finances pour 2025, n’est pas de 2,5 milliards mais de 3,6 milliards.

    M. Éric Martineau

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    Voilà !

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Rien n’a été remis en cause de ce point de vue. Ensuite, rappelons que ce dispositif a été créé sous les différentes majorités qui se sont succédé depuis 2017. Les gouvernements précédents n’ont pas pris une telle initiative ni montré un tel engagement en faveur de la rénovation thermique des logements. Nous n’avons donc pas à rougir de notre politique en la matière, et c’est un euphémisme !

    M. le président

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    La parole est à M. Manuel Bompard.

    M. Manuel Bompard

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    Les propos du rapporteur m’intriguent. Il vient en effet de déclarer que, si cette proposition de loi devait être adoptée, elle le serait dans des termes différents. Précédemment, M. le ministre avait indiqué que le gouvernement n’avait pris aucune décision quant à l’avenir réservé à ce texte. La réflexion a peut-être avancé depuis tout à l’heure et vous avez sans doute des annonces à nous communiquer, afin que nous comprenions mieux le sens de notre travail parlementaire. Est-il bien utile de continuer à défendre nos amendements et à voter, ou avez-vous l’intention de rejeter la proposition de loi à la fin ?
    Vous dites que le texte pourrait être adopté avec des dispositions différentes de celles qui y figurent aujourd’hui. Est-ce à dire que vous vous apprêtez à demander une seconde délibération sur certaines des dispositions adoptées par cette assemblée ? Je me permets d’insister car M. le rapporteur a utilisé un terme qui me laisse circonspect. Pourrions-nous avoir des précisions ? (M. Matthias Tavel applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je m’en veux énormément d’avoir suscité la circonspection de M. Bompard et d’avoir semé le trouble dans une soirée aussi sereine et tranquille. (Sourires. –⁠ Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.) Rassurez-vous, je parlais de l’adoption définitive du texte. Le gouvernement n’ayant pas demandé que le texte soit examiné en procédure accélérée, il est possible que, même si l’Assemblée adoptait la proposition de loi en ces termes, le Sénat ne la vote pas conforme. Rien de plus.

    M. le président

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    La parole est à M. Manuel Bompard.

    M. Manuel Bompard

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    L’amendement qui a fini par être adopté tout à l’heure après un long débat était issu des rangs de la coalition gouvernementale,…

    M. Emeric Salmon

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    Qui ça ?

    M. Manuel Bompard

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    …plus précisément du groupe Droite républicaine, qui est aussi le parti majoritaire au Sénat. Le texte sera peut-être finalement discuté en commission mixte paritaire mais si l’Assemblée nationale adopte la proposition de loi en l’état, avec cet amendement instaurant un moratoire sur les énergies renouvelables, il y a fort à parier que le Sénat ne le remettra pas en cause. Je ne comprends donc pas très bien votre réponse, monsieur le rapporteur. Avez-vous, oui ou non, l’intention de conserver dans le texte qui pourrait être adopté par l’Assemblée nationale cette disposition relative au moratoire sur les énergies renouvelables, qui est une absurdité écologique et industrielle mais aussi pour l’emploi, et que personne ne pourrait assumer dans cet hémicycle ?

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Si, si !

    M. Manuel Bompard

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    Vraiment ? Les gens qui nous écoutent seront heureux de savoir que le Rassemblement national est très fier d’avoir contribué à faire adopter une disposition qui se traduirait par la suppression de dizaines, voire de centaines de milliers d’emplois, partout dans le pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Des millions !

    M. Matthias Renault

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    Des milliards, même !

    M. Manuel Bompard

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    Monsieur le rapporteur, pourriez-vous préciser les choses, parce que je n’ai pas été tout à fait convaincu par votre réponse. Vous avez eu la gentillesse d’essayer de me rassurer mais vous n’y êtes pas vraiment parvenu.

    M. le président

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    La parole est à M. Frédéric Petit.

    M. Frédéric Petit

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    Rappelons-le, chaque député est libre de son vote. Depuis que La France insoumise siège à l’Assemblée nationale, il est assez fréquent que ses membres votent tous la même chose mais ce n’est pas le cas dans les autres groupes. Le premier signataire de l’amendement que nous critiquions tout à l’heure a d’ailleurs pris soin de préciser qu’il ne l’avait pas présenté au nom du gouvernement.
    Certaines questions, telles qu’elles sont formulées, sont le signe d’une dérive. Il a ainsi pu être demandé au ministre s’il accepterait cette proposition de loi –⁠ c’est tout juste si on ne lui demandait pas s’il allait voter pour le texte. Restons circonspects : quel que soit le groupe auquel il appartient, chacun d’entre nous est libre de ses analyses et de ses choix, à chaque minute. Je le répète, la situation absurde dans laquelle nous sommes enlisés est de notre responsabilité. Chacun d’entre nous doit faire son introspection, au lieu de passer son temps à renvoyer la faute sur les autres. En continuant à nous comporter ainsi, c’est notre Parlement que nous tirons vers le fond.

    M. Emeric Salmon

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    Vers le haut !

    M. Frédéric Petit

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    La responsabilité n’est pas individuelle mais collective. Ce n’est pas plus celle d’un autre que la mienne, mais c’est aussi la mienne quand le bureau de l’Assemblée nationale, dont la composition reflète certains équilibres, refuse de réviser le règlement pour transformer nos débats. Nous sommes devenus un parlement au mode de fonctionnement archaïque, non pas à cause des macronistes, du Rassemblement national ou de La France insoumise, mais parce qu’il y a des gens ici que cela arrange de travailler dans un environnement archaïque.

    M. Emeric Salmon

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    Nous, nous ne sommes pas au bureau ! On ne peut pas nous accuser de ça !

    M. Frédéric Petit

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    Nous avons les moyens de modifier les règles puisqu’il suffirait de le demander.
    Pour revenir à mon propos initial, la situation que j’ai décrite est alimentée par ce genre de glissement sémantique par lequel on en vient à demander à un ministre s’il laissera passer la proposition de loi. Le gouvernement n’a pas à laisser passer la loi, c’est notre rôle !

    M. Manuel Bompard

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    Le gouvernement donne un avis !

    M. Frédéric Petit

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    Non, il ne donne pas d’avis sur la proposition de loi, mais sur des amendements. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Manuel Bompard

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    Il y a la théorie et ce qui se passe dans la vraie vie !

    M. Frédéric Petit

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    La vraie vie ? Qu’entendez-vous par là ? Moi, je suis dans un vrai Parlement. (Mêmes mouvements.)

    M. Maxime Laisney

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    Et le 49.3 ?

    M. Frédéric Petit

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    Le 49.3 fait partie de la Constitution et il est d’ailleurs suivi, en général, d’une motion de censure.

    Mme Sophia Chikirou

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    Vous aussi, vous êtes dans la Constitution !

    M. Frédéric Petit

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    Soyons rigoureux dans nos actes. Je le répète, la liberté de vote de chacun d’entre nous figure dans la Constitution.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Nous posons la question du retrait de la proposition de loi ou de son rejet mardi prochain et nous pensons qu’il serait sage que le rapporteur et le gouvernement prennent position. En effet, comme l’a rappelé mon collègue Bompard, les députés du parti DR sont à l’initiative de l’amendement visant à un moratoire sur les énergies renouvelables. Il existe donc un risque considérable que le Sénat, où le même parti est majoritaire, adopte un texte conforme à celui que notre assemblée a prévu de voter mardi. Alors, nous n’aurions plus la possibilité d’empêcher ce moratoire.
    Si nous ne voulons pas prendre ce risque industriel et énergétique majeur, il serait sage de retirer le texte, comme nous l’avons demandé cet après-midi, ou de le rejeter mardi, comme nous souhaitons que le rapporteur et le ministre l’y appellent, compte tenu des effets dévastateurs qu’eux-mêmes ont déclaré craindre pour les filières des énergies renouvelables. Il ne serait pas responsable de prendre le risque que le Sénat puisse voter dans les mêmes termes ce moratoire. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Frédéric Petit

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    Mais je voterai ce que j’aurai envie de voter, pas en fonction de ce que dira le ministre !

    M. le président

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    La parole est à M. Frédéric Falcon.

    M. Frédéric Falcon

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    MaPrimeRénov’ est conditionnée à l’amélioration de la note du diagnostic de performance énergétique (DPE), cet indicateur décrié de toutes parts et flanqué notamment du coefficient d’énergie primaire qui fait l’actualité. Le gouvernement va-t-il revoir ce coefficient en ce qui concerne l’électricité ? Il est actuellement de 2,3, alors que l’Union européenne le fixe à 1,9. Il est de 1 en ce qui concerne le gaz. Pourquoi une telle disparité ? Peut-on faire évoluer la situation ?
    Des collègues sénateurs ont interpellé le gouvernement pour revoir ce coefficient, selon un calcul honnête qui ne discrimine pas les logements chauffés à l’électricité. Il n’y a pas de raison : pourquoi le gaz s’en sortirait-il mieux ? Pourquoi des logements chauffés à l’électricité, énergie pourtant décarbonée et produite massivement en France, ne pourraient-ils pas bénéficier de cet avantage ?
    Vous connaissez la position du Rassemblement national sur les DPE : nous souhaitons supprimer ces contraintes, mais pas le thermomètre car il est important de disposer de cette information. Que l’on garde ces contraintes ou non, il faut au moins que le thermomètre soit pertinent et conforme à la réalité. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Juste quelques secondes pour montrer que la présidente de la commission des affaires économiques connaît bien les chiffres du budget qui concerne son secteur. Je confirme que le budget de MaPrimeRénov’ pour 2025 est seulement de 2,1 milliards. Le gouvernement l’a diminué de 32 % entre 2024 et 2025. Si cet amendement est voté, ce que je souhaite, il faudra mettre en cohérence les choix budgétaires du gouvernement.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 475.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        58
            Nombre de suffrages exprimés                58
            Majorité absolue                        30
                    Pour l’adoption                58
                    Contre                0

    (L’amendement no 475 est adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 442 de M. Stéphane Lenormand est défendu.
    Je mets aux voix l’amendement no 442, auquel la commission et le gouvernement sont défavorables.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        57
            Nombre de suffrages exprimés                57
            Majorité absolue                        29
                    Pour l’adoption                11
                    Contre                46

    (L’amendement no 442 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’article 9, tel qu’il a été amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        61
            Nombre de suffrages exprimés                59
            Majorité absolue                        30
                    Pour l’adoption                50
                    Contre                9

    (L’article 9, amendé, est adopté.)

    M. le président

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    Sur les amendements nos 380, 535, 349, 302, 299, 32 et 350 ainsi que sur l’article 10, je suis saisi par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.

    Après l’article 9

    M. le président

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    Nous en venons aux amendements portant article additionnel après l’article 9.
    La parole est à Mme Anne Stambach-Terrenoir, pour soutenir l’amendement no 380.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Nous proposons d’accélérer la rénovation thermique des logements, en garantissant un reste à charge zéro pour les ménages les plus modestes qui réalisent des travaux. Notre pays est en effet dans une situation d’urgence. Plus de 12 millions de personnes sont dans le halo du mal logement, tout autant vivent en situation de précarité énergétique en raison de la mauvaise performance de leur logement.
    L’hiver, ces personnes crèvent de froid dans des passoires thermiques qui se transforment l’été en bouilloires énergétiques. Elles sont contraintes à s’enfermer et à vivre dans le noir, n’arrivent plus à dormir, s’inquiètent pour la santé de leur bébé ou des personnes âgées qui vivent auprès d’elles.
    En outre, comme chacun le sait, chaque été est encore plus chaud que l’été précédent et bat de nouveaux records. À l’heure où l’on se parle, nombre d’alertes vigilance à la canicule sont lancées. Ceux qui en souffrent le plus sont toujours les mêmes : ceux qui logent dans les passoires thermiques, les ménages les plus précaires, notamment dans les villes.
    Il est donc urgent de faire en sorte que les coûts des travaux de rénovation énergétique des logements ne soient pas un obstacle à leur réalisation. C’est pourquoi nous proposons de garantir un reste à charge zéro pour l’ensemble des ménages les plus modestes. C’est une mesure de justice sociale urgente. (M. Matthias Tavel applaudit.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 380.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        62
            Nombre de suffrages exprimés                62
            Majorité absolue                        32
                    Pour l’adoption                14
                    Contre                48

    (L’amendement no 380 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Pierre Meurin, pour soutenir l’amendement no 349.

    M. Pierre Meurin

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    Vous comprendrez après m’avoir écouté pourquoi cet amendement me tient tellement à cœur. J’aurai cependant une première question à M. le président et à tous les groupes politiques, qui n’a rien à voir avec mon amendement mais qui mérite réflexion avant la levée de la séance. Quel sort réserve-t-on à la suite de nos débats ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    C’est mal connaître le temps législatif programmé !

    M. Pierre Meurin

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    Aurons-nous la possibilité de libérer nos agents demain en finissant l’examen du texte dès ce soir ? Je pense que ce serait souhaitable pour les agents de l’Assemblée nationale, et probablement aussi pour tous les députés qui siègent ce soir. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR. –⁠ Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback applaudit également.)
    Vous comprendrez que je souhaite sécuriser juridiquement la suppression des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) que nous avons votée mardi dernier. S’ils sont cohérents avec eux-mêmes, il conviendrait que les cinq députés Insoumis présents votent cet amendement, puisqu’ils ont fini par rejoindre la position de notre groupe qui a été le plus moteur dans la volonté de supprimer les zones à faibles émissions.
    J’en profite pour adopter ce soir un angle un peu différent. On entend beaucoup de collègues et de journalistes affirmer, avec beaucoup de mauvaise foi, que le Rassemblement national ne propose rien pour améliorer la qualité de l’air.

    M. Jean-Luc Fugit

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    C’est vrai !

    M. Pierre Meurin

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    Comment ça, monsieur Fugit ? Monsieur le professeur de chimie, qui fait de la politique avec des tableaux Excel de fac…

    M. Jean-Luc Fugit

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    C’est ça, oui !

    M. Pierre Meurin

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    La proposition de loi que nous avons rédigée pour supprimer les ZFE compte cinq propositions. Personne n’a approfondi la solution du décalaminage des moteurs dans le cadre du contrôle technique, qui permet de supprimer 60 % des résidus brûlés des particules fines et même des oxydes d’azote.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Non, pas des oxydes d’azote !

    M. Pierre Meurin

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    Par ailleurs, les maires écologistes qui favorisent la congestion du trafic routier par les travaux et le harcèlement des automobilistes –⁠ qui est une forme de sadisme à leur égard – créent des bouchons qui génèrent l’abrasion des pneus sur la route et une émission majeure de pollution atmosphérique. En effet, c’est très simple : l’émission de la pollution est générée par l’actionnement de la pédale d’accélération et de la pédale de frein.
    Plus vous créez de bouchons, plus vous favorisez la pollution atmosphérique, notamment aux particules fines. Mme Hidalgo, le maire écologiste de Lyon et les autres sont donc responsables de la pollution de l’air et devraient compter parmi les coupables désignés par l’étude de Santé publique France, qui estime que la pollution de l’air cause 40 000 décès chaque année.

    M. Philippe Brun

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    Bien sûr !

    M. Pierre Meurin

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    Nous avons donc formulé beaucoup de propositions, comme les parkings relais aux entrées de ville pour favoriser l’intermodalité et diminuer le trafic routier dans les centres-villes, ce qui est une politique de moyen terme. Pourtant, Mme Pannier-Runnacher ne nous a pas invités à son Roquelaure de la qualité de l’air : elle aurait dû parce que nous avons beaucoup de propositions.
    Nous sommes très fiers, au Rassemblement national, d’avoir supprimé mardi dernier les zones à faibles émissions mobilité, ne vous en déplaise : c’était une attente de 80 % des Français car les ZFE constituent une mesure de ségrégation sociale, une mesure séparatiste par laquelle vous vouliez exclure à peu près 13 millions de véhicules des grandes villes, même si vous les conserviez seulement à Paris et à Lyon.
    Ces ZFE sont parfaitement mal dimensionnées, parce que l’ancienneté et la motorisation des véhicules sur lesquelles sont fondées les vignettes Crit’Air ne disent rien des émissions réelles de pollution atmosphérique d’un véhicule.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Mais si !

    M. Pierre Meurin

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    En effet, ce sont les véhicules les plus lourds qui émettent, par le frottement des pneus, le plus de particules fines.

    M. Jean-Luc Fugit

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    C’est faux !

    M. Pierre Meurin

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    Monsieur Fugit, vous pouvez soupirer, mais finalement tout le monde s’est rendu à la raison sur ce sujet.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Mais non !

    M. Pierre Meurin

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    Le peuple français est opposé aux ZFE et la représentation nationale a voté leur suppression. Cette victoire culturelle est celle du Rassemblement national et de la société civile. À rebours de l’histoire, j’espère, chers collègues de la France insoumise, que vous voterez pour cet amendement,…

    M. Manuel Bompard

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    Il est écrit avec les pieds !

    M. Pierre Meurin

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    …en cohérence avec votre vote opportun intervenu dans le cadre de l’examen de l’article 15  ter de la loi de simplification de la vie économique. Pardonnez-moi d’avoir été un peu long, mais rien ne va dans les ZFE. Cet amendement permet donc de sécuriser juridiquement leur suppression. Je souhaite qu’il soit adopté à l’unanimité et avec enthousiasme sur tous les bancs. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Il ne me viendrait pas à l’idée de me substituer à la présidence de séance, mais d’après ma compréhension du temps législatif programmé, si un collègue comme M. Fugit tient à lire la notice de son téléphone pendant quatre heures –⁠ puisqu’il reste quatre heures de temps de parole au groupe EPR –, il  en a le droit.

    M. Pierre Meurin

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    Je n’ai pas dit le contraire !

    M. le président

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    Ne le poussez pas au crime, monsieur le rapporteur !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je sais que M. Fugit est un homme raisonnable et je n’incite personne à le faire. Je constate d’ailleurs que ceux qui agissaient ainsi cet après-midi ne sont pas revenus siéger.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    C’était le rapport du Giec !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Oui, mais chacun lit ce qu’il veut, madame la présidente. (Sourires.) La fin du débat dépendra donc de chacun d’entre nous.
    Votre amendement propose de compléter l’article L. 100-4 du code de l’énergie. Je vous rappelle la première phrase de cet article : « Pour répondre à l’urgence écologique et climatique, la politique énergétique nationale a pour objectifs :[…] » Il n’établit donc aucune disposition contraignante, à l’instar des dispositions que nous avons votées depuis lundi, fort heureusement. Cela n’est pas contradictoire avec le principe d’une loi de programmation.
    Deuxième point : je pourrais voir une forme de contraste entre l’idée de ne pas limiter la circulation de véhicules polluants et l’objectif de répondre à l’urgence écologique, mais je vous laisse juge –⁠ en physique et en chimie – et je pressens que d’autres que moi interviendront.
    À défaut de vous convaincre, je vous signale qu’un tel amendement empêcherait en pratique toute limitation de circulation lors des pics de pollution non liés à la circulation automobile.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Eh oui !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Cette mesure est pourtant régulièrement appliquée dans de nombreuses agglomérations pour protéger la santé de nos compatriotes. Or je suis sûr que vous tenez aux poumons des Français, même si vous n’aimez pas les ZFE.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Non, ils n’y tiennent pas !

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Je suis, moi aussi, opposé aux ZFE, mais je n’ai pas attendu le Rassemblement national pour me faire une opinion sur ce point : j’ai simplement écouté mes concitoyens. Ne vous accaparez pas ce combat. Comme moi, de nombreux élus issus de plusieurs familles politiques, dont certaines vous sont très opposées, sont contre toutes les ZFE.
    Quant à l’amendement, il me semble fragile sur le plan légistique. Pourriez-vous m’expliquer son rapport avec les ZFE ? Il vise à compléter le 6o de l’article L. 100-4 du code de l’énergie, dont voici le texte : « De contribuer à l’atteinte des objectifs de réduction de la pollution atmosphérique prévus par le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques défini à l’article L. 222-9 du code de l’environnement ». Ce dernier article non plus ne comporte aucune mention des ZFE. Je suis étonné de l’écart entre l’exposé que vous faites de l’amendement et sa rédaction, mais je suppose que, s’agissant de ce texte, nous n’en sommes plus à cela près.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 349.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        62
            Nombre de suffrages exprimés                59
            Majorité absolue                        30
                    Pour l’adoption                36
                    Contre                23

    (L’amendement no 349 est adopté.)

    Article 10

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Laisney, pour soutenir les amendements nos 302 et 299, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Maxime Laisney

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    L’amendement no 302 vise à supprimer l’expression « tendre vers l’autonomie énergétique » pour en rester à la formulation originale, « parvenir à l’autonomie énergétique » dans les zones non interconnectées (ZNI), c’est-à-dire les territoires d’outre-mer. Un rapport publié par l’Agence de la transition écologique (Ademe) en 2019 indique que l’autonomie énergétique est possible à deux conditions, la maîtrise de la demande et le développement des énergies renouvelables –⁠ cette dernière sera difficile à remplir si un moratoire est instauré en la matière. Je vous alerte d’ailleurs quant aux sources d’énergie renouvelable choisies : lors d’une audition récente, on nous a signalé que les projets énergétiques actuels pour les territoires d’outre-mer reposaient entièrement sur de la biomasse importée. C’est certes une source d’énergie renouvelable, mais mauvaise ; tous les renouvelables ne se valent pas, c’est pourquoi l’objectif consistant à produire 200 térawattheures d’énergie renouvelable est insuffisant. Il aurait fallu fixer des objectifs par filière.
    L’amendement no 299 vise à inscrire dans la loi que l’autonomie énergétique dans les ZNI doit être atteinte en 2030 plutôt qu’en 2050.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Les enjeux de l’article 10, qui vise à se doter d’objectifs à horizon 2050 pour l’outre-mer, sont cruciaux. L’énergie consommée dans ces territoires provient de centrales thermiques fonctionnant au fioul ou au charbon, ainsi que d’énergie importée à des prix très élevés, ce qui rend les territoires d’outre-mer dépendants de la volatilité des marchés internationaux. En outre, ces territoires présentent un énorme potentiel en matière de production d’énergie renouvelable car ils disposent en abondance de vent, de marées et de soleil. Évidemment, si un moratoire sur les énergies renouvelables était instauré, tout cela tomberait à l’eau.

    M. Laurent Jacobelli

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    Eh oui ! (M. Laurent Jacobelli sourit.)

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    J’anticipe sur l’amendement no 32 de M. Amblard, qui tend à remplacer la notion d’énergies renouvelables par celle d’énergies décarbonées. J’imagine que cela renvoie à des centrales nucléaires dans les outre-mer, peut-être à un petit réacteur modulaire (SMR) à Mayotte. Pourriez-vous nous éclairer sur ce point ?

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Vous reconnaissez donc que le nucléaire est une énergie décarbonée !

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 302.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                70
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                14
                    Contre                56

    (L’amendement no 302 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 299.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                70
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                14
                    Contre                56

    (L’amendement no 299 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Amblard, pour soutenir l’amendement no 32.

    M. Maxime Amblard

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    Comme vous le savez, notre objectif est de décarboner notre mix énergétique. Je propose donc de remplacer le mot « renouvelables » par les mots « décarbonées et de récupération ». Cette notion inclut de fait les énergies renouvelables, mais aussi d’autres sources d’énergie.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Nous pouvons au moins nous accorder à reconnaître qu’une centrale nucléaire n’est pas un équipement comme les autres et qu’elle présente certains risques que nous ne pourrons jamais totalement exclure, même si les techniciens qui y travaillent tâchent de les prévenir. Une grande partie des territoires ultramarins est soumise à des risques de cyclone, de séisme ou encore d’éruption volcanique. Dans ces conditions, la moindre des prudences serait de ne pas s’engager dans des projets aussi hasardeux que celui d’y installer des réacteurs nucléaires. Il est possible d’atteindre la souveraineté énergétique de ces territoires par les énergies renouvelables, en particulier par les énergies de la mer. Restons sérieux ! (M. Maxime Laisney et Mme Anne Stambach-Terrenoir applaudissent.)

    M. Laurent Jacobelli

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    Il a au moins un fan !

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Amblard.

    M. Maxime Amblard

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    Je n’ai jamais dit que nous allions installer des réacteurs nucléaires en outre-mer ! Visiblement, vous n’adhérez pas à l’objectif consistant à décarboner notre industrie, que nous sommes tous censés partager.

    M. Matthias Tavel

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    Le nucléaire, c’est dans votre amendement !

    M. Maxime Amblard

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    Apprenez à lire ! L’amendement ne mentionne pas le nucléaire.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Il concerne le nucléaire !

    M. Maxime Amblard

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    Non, il y est seulement question d’énergies bas-carbone.

    M. Matthias Tavel

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    C’est quoi, une énergie bas-carbone qui n’est pas renouvelable ?

    M. Maxime Amblard

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    Cela vous dérange que nous adoptions un objectif raisonnable faisant mention d’énergie bas-carbone. Vous voulez absolument supprimer le nucléaire, qui est une énergie bas-carbone, pour tout miser sur les renouvelables. L’objectif consiste à décarboner le mix énergétique, ce qui est déjà difficile ; tenons-nous en donc aux énergies bas-carbone, plutôt que de nous restreindre à outrance, pour des raisons idéologiques et dogmatiques, pour satisfaire vos lubies ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je saisis la balle au bond : je suis prêt à retirer mon avis défavorable et à m’en remettre à la sagesse de l’Assemblée si vous nous confirmez que l’amendement est purement rédactionnel. À défaut, il faudrait que vous nous précisiez quelle énergie bas-carbone autre que les énergies renouvelables vous envisagez d’installer dans les territoires d’outre-mer.

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Amblard.

    M. Maxime Amblard

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    Oui, l’amendement est purement rédactionnel. Il s’agit, par cohérence avec l’objectif qui nous lie tous, à savoir décarboner notre mix énergétique, de privilégier la formule « énergies décarbonées ».

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Nous pensions que ceux qui emploient le vocable « bas-carbone » –⁠ ce n’est pas notre cas – englobaient dans cette appellation le nucléaire et les renouvelables.

    M. Jean-Luc Fugit

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    C’est cela !

    M. Matthias Tavel

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    Nous découvrons après quatre jours de débat que, pour le Rassemblement national, il existe manifestement une autre source d’énergie bas-carbone qui n’est ni renouvelable, ni nucléaire. C’est dommage que nous l’apprenions si tard, car nous aurions aimé en débattre ! Cela aurait peut-être ouvert de nouvelles perspectives de décarbonation de notre société. Si vous savez quelque chose que nous ignorons, dites-le nous ! Cela pourrait intéresser de nombreux Français. (M. Jean-Luc Fugit applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Les propos du Rassemblement national sont parfois étonnants. Ses membres viennent de dire qu’ils souhaitaient décarboner le mix énergétique ; pourtant, depuis le début de la semaine, ils s’opposent frontalement à toutes les énergies renouvelables. Il y a quelques heures, notre assemblée a voté, avec les voix du Rassemblement national, un moratoire peu glorieux sur les énergies renouvelables. M. Amblard vient de dire qu’il fallait être pragmatique, concret et rejeter le dogmatisme, mais s’il y a un groupe parlementaire qui se montre particulièrement dogmatique en matière d’énergie, c’est bien le Rassemblement national ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)

    M. Laurent Jacobelli

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    Regarde à ta gauche !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Votre groupe est dogmatique dans son opposition à toute forme d’énergie renouvelable.

    M. Alexandre Loubet

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    Nous défendons l’hydrolien, alors que vous le bradez !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    On peut certes considérer que tout n’est pas parfait, que l’éolien, notamment, présente des défauts, qu’il pourrait être amélioré et que certaines zones sont arrivées à un point de saturation, mais ce n’est pas votre discours : vous êtes contre tout l’éolien, en bloc !
    Ces débats sur l’énergie me font furieusement penser à ceux que nous avons sur les questions économiques. Vous dites tout et son contraire et changez d’avis d’un article à l’autre.

    M. Laurent Jacobelli

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    Je rappelle que le type a bossé avec Bruno Le Maire, et il donne des leçons d’économie ! C’est beau ! C’est comme s’il avait bossé avec Zavatta et qu’il donnait des leçons de sérieux !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Parfois vous voulez décarboner, parfois vous êtes contre le renouvelable. On n’y comprend rien ! Votre attitude en matière énergétique est très opportuniste.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    N’importe quoi !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Il est très difficile de vous suivre. Cela nous fait un bon entraînement pour l’automne, lorsque nous examinerons le budget. Je tenais à le dire ; il est paradoxal d’entendre un député du Rassemblement national prôner la décarbonation, alors que vous êtes opposés à toutes les énergies renouvelables.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    N’importe quoi ! C’est de pire en pire !

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Amblard.

    M. Maxime Amblard

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    Je vous remercie pour votre intervention : elle me permettra de clarifier quelques points qui, même écrits noir sur blanc, ne semblent pas parvenir jusqu’au cortex cérébral.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Oh, ça va !

    M. Maxime Amblard

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    Non, nous ne sommes pas opposés à toutes les énergies renouvelables.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Pour la millième fois !

    M. Jean-Luc Fugit

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    Si !

    M. Maxime Amblard

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    Jusqu’à preuve du contraire, l’énergie hydraulique est renouvelable ; nous sommes pour. L’énergie géothermique est renouvelable ; nous sommes pour. La biomasse est une source d’énergie renouvelable ; nous sommes pour. Il en va de même pour le biogaz, pour l’aérothermie ou encore pour l’hydrogène, qui est un vecteur énergétique. Cessez donc de dire des inepties : nous ne sommes pas contre les énergies renouvelables, mais contre les énergies intermittentes, qui n’en constituent qu’un sous-ensemble. Les énergies bas-carbone sont l’ensemble le plus vaste ; elles incluent le nucléaire et les énergies renouvelables, qui incluent à leur tour les énergies intermittentes. Un schéma vous aiderait peut-être ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)
    Arrêtez donc de nous accuser d’incohérence : c’est vous qui êtes à côté de la plaque. Je vais vous expliquer une dernière fois pourquoi nous sommes contre les énergies intermittentes et diffuses.

    M. Emeric Salmon

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    Parce qu’elles sont intermittentes !

    M. Maxime Amblard

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    C’est parce qu’elles sont structurellement et physiquement moins efficaces. Il est plus difficile de transformer l’énergie primaire issue de ces sources en énergie finale que de réaliser la même opération avec des sources d’énergie pilotables et concentrées. J’en veux pour preuve la quantité de matériaux nécessaire pour extraire un kilowattheure d’électricité d’une source intermittente et diffuse, comparée à celle qu’il faut pour extraire un kilowattheure d’une source d’énergie pilotable et concentrée : il en faut vingt fois plus pour l’éolien et le photovoltaïque que pour le nucléaire et l’hydraulique. La physique ne se laisse pas tromper par des chiffres ou par des subventions. Si vous ne comprenez pas cela, je ne peux rien faire pour vous ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. Emeric Salmon

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    Bravo !

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Renault.

    M. Matthias Renault

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    Je voulais réagir aux propos de M. Sitzenstuhl, qui est un peu taquin et qui argumente avec une certaine mauvaise foi…

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Non !

    M. Matthias Renault

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    …car il fait semblant de ne pas comprendre, comme l’a brillamment exposé M. Amblard, qu’il y a plusieurs sources d’énergies renouvelables. L’un des principes qui commande notre choix est la responsabilité budgétaire. Après huit ans de Macronie, il y a 1 200 milliards d’euros de dette publique supplémentaire ; il faudrait expliquer au bloc central et macroniste que le temps de l’argent magique est terminé. (M. Charles Sitzenstuhl s’exclame.) On ne peut plus se vautrer dans l’irresponsabilité budgétaire comme vous le faites avec des énergies renouvelables qui sont sursubventionnées par de l’argent public. Nous établissons une différence, du point de vue des finances publiques, entre le nucléaire qui est un bon investissement et qui coûte moins cher, et des énergies éoliennes, en particulier en mer, qui sont un véritable gouffre financier. Nous sommes aussi motivés par la responsabilité budgétaire, contrairement au camp macroniste. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 32.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        71
            Nombre de suffrages exprimés                71
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                41
                    Contre                30

    (L’amendement no 32 est adopté ; en conséquence, l’amendement no 350 tombe.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’article 10, tel qu’il a été amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                64
            Majorité absolue                        33
                    Pour l’adoption                53
                    Contre                11

    (L’article 10, amendé, est adopté.)

    Article 11

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    La rédaction actuelle de l’article 11 résulte de l’adoption d’un amendement par la commission du développement durable. Je crois qu’il est très heureux et je m’inquiète –⁠ si nous pouvons encore nous inquiéter tellement nous sommes désespérés – des deux amendements identiques déposés par le gouvernement et par le groupe Rassemblement national, qui visent à revenir sur l’ambition rappelée par la commission du développement durable. Nous ne pouvons pas faire une loi énergie comme s’il n’y avait pas de problème d’émission de carbone. Votre obsession à appréhender l’énergie sans penser carbone et gaz à effet de serre est absolument coupable et nous amène à des situations aberrantes.
    J’ai dénoncé, pour les enjeux d’agronomie, de souveraineté alimentaire, de biodiversité, en somme de protection de nos écosystèmes, la raréfaction, la fragilisation de tous les puits de carbone naturels qui jouent un rôle essentiel. C’est vrai pour le phytoplancton dans les océans, pour les forêts, les zones humides, les prairies naturelles et l’ensemble des bonnes pratiques agronomiques. Réduire l’ambition en adoptant un objectif aussi flou que « tendre vers une réduction » au lieu de fixer l’objectif que nous rappellent en permanence le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et l’ensemble des autorités scientifiques constitue une forme de démission. Cela donne libre cours à des dérives aussi importantes que les options que j’ai dénoncées tout le long de ce débat, telle que celle qui privilégie la méthanisation reposant exclusivement sur l’injection dans les réseaux de gaz ou encore, en matière de photovoltaïque, un développement massif de parcs au sol, y compris au détriment des terres cultivées et de la ressource alimentaire, avec le problème d’un agrivoltaïsme non régulé. Nous attendons désespérément les décrets que nous avions exigés dans la loi pour protéger les marchés agricoles en évitant une concurrence déloyale avec les marchés de l’énergie et pour éviter que la spéculation empêche l’installation et le renouvellement des générations qui est une des clés de l’agroécologie et de la sécurité alimentaire.

    M. le président

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    La parole est à Mme Anne Stambach-Terrenoir.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    L’article 11 fixe l’objectif de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 50 % à horizon 2030 par rapport à 1990. Certes, cet objectif est supérieur à celui qui figurait précédemment dans le code de l’énergie, qui était établi à 40 %, mais il demeure insuffisant, ne serait-ce que pour respecter nos engagements au niveau européen, le paquet Fit for 55, c’est-à-dire l’objectif global pour que l’Union européenne diminue de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre. Il est insuffisant, car les calculs prennent en compte l’absorption des gaz à effet de serre par les puits de carbone naturels. Malheureusement, les comptes ne sont plus bons, car nous avons de gros problèmes de capacité de stockage. Ainsi, les capacités de stockage des forêts ont été divisées par deux en l’espace de dix ans. En effet, elles sont en mauvaise santé et le changement climatique fait rage. La France et, de manière générale, l’Europe se réchauffent plus vite que le reste du monde ; ce n’est malheureusement pas près de s’arranger. En plus, il y a le problème de la gestion de la récolte du bois, que le gouvernement veut augmenter. La situation des puits naturels de carbone va donc continuer à se détériorer. L’an dernier, certaines forêts en France sont même devenues émettrices de gaz à effet de serre. Cette alerte montre où nous en sommes.
    Voilà pourquoi, lors des débats en commission, nous avons désespérément essayé de vous convaincre de relever les objectifs à 55 % ou au moins à 53 %. Encore une fois, vous n’avez rien écouté, et pourtant, après le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), ce matin l’Insee révèle que le « rythme de baisse [des émissions de gaz à effet de serre] est inférieur à celui compatible avec les engagements climatiques de la France », ce qui est exactement ce que je m’efforce de démontrer devant vous.
    J’en viens aux catastrophiques amendements que nous proposent –⁠ comme d’habitude, ensemble – le gouvernement et le Rassemblement national. Il s’agit encore une fois de marcher dans les pas de la droite sénatoriale, du trumpisme ambiant. Ils visent à supprimer la référence à un objectif contraignant pour « réduire » nos émissions au profit de l’expression « tendre vers une réduction » des émissions. Bref, ils tendent à faire disparaître l’objectif contraignant de ce texte. J’insiste sur la gravité de cette démarche. Faire diminuer nos émissions de gaz à effet de serre est une nécessité, non une opinion. Cette baisse est réclamée par l’ensemble des scientifiques sur cette planète. Il y a quelques jours, nous avons appris que la limite d’une augmentation de 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle que nous nous étions fixée collectivement sera dépassée dans les années qui viennent. Ensuite, nous dépasserons d’autres paliers, notamment la limite d’un réchauffement de 2 degrés. Même le gouvernement prévoit un scénario avec un réchauffement de 4 degrés pour la France. Le réchauffement entraînera de nombreux basculements dont nous ne mesurons pas précisément les conséquences. Nous savons cependant qu’il sera de plus en plus compliqué de maintenir nos conditions de survie sur la Terre.
    Je donnerai un dernier argument qui pourrait intéresser les climatosceptiques radioactifs sur les travées d’en face. Je ne sais pas si vous avez entendu cette information : nous sommes le 19 juin et nous venons d’apprendre que le Rhône est désormais trop chaud pour les centrales nucléaires. EDF annonce des baisses de production à partir de mercredi prochain. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    M. Alexandre Sabatou

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    Vous vous en réjouissez ?

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Vous voyez à quel point votre relance délirante du nucléaire pour construire de nouveaux réacteurs d’ici quinze ans voire plus est inadaptée, non seulement à ce que nous vivrons à l’avenir, mais même dès maintenant. (Mêmes mouvements.)
    Voilà pourquoi il est important d’avoir un objectif contraignant de diminution de gaz à effet de serre. Nous comprenons très bien la manœuvre : si on fait disparaître l’objectif contraignant, cela veut dire aussi qu’il n’y aura plus aucune possibilité de recours. On comprend très bien que cela intéresse un gouvernement qui a déjà été condamné deux fois pour inaction climatique.
    J’imagine que c’est pour cela que la ministre Agnès Pannier-Runacher a déclaré ce matin sur France Inter : « L’inaction climatique est une arme de destruction massive. […] Tous ceux qui veulent mettre le pied sur le frein de l’écologie sont en train de nous envoyer dans le mur. » Je me permets un petit message à Mme la ministre : on ne comprend pas bien pourquoi elle parle à la troisième personne du gouvernement auquel elle appartient. (Sourires et applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous voyons se construire l’alliance climatosceptique antiscientifique mais favorable au grand patronat, qui s’étend du gouvernement à l’extrême droite. Nous les voyons bosser ensemble depuis l’examen du projet de loi de la simplification de la vie économique, jusqu’à la proposition de loi que nous examinons à présent, dont la rédaction est de plus en plus catastrophique.

    Mme Caroline Colombier et M. Emeric Salmon

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    Il n’y a personne sur vos travées !

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    C’est cette alliance qui nous envoie dans le mur et qui condamne les générations futures. Faisons preuve d’un peu de sérieux dans cette assemblée et conservons pour notre pays, pour nos enfants, un objectif contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sinon, on a compris, le peu d’engagement pour le climat qui reste dans ce pays sera vite emporté par la vague trumpiste qui entraîne dans son délire l’espèce humaine vers sa destruction. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    Sur les amendements identiques nos 627 et 291, sur l’article 11, ainsi que sur les amendements nos 281, 318, 321, 324 et 13, je suis saisi par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Je profite de cet article qui porte sur l’objectif de forte réduction des émissions de gaz à effet de serre pour faire le lien avec un sujet d’urgence en interpellant le gouvernement et M. le ministre. En effet, qui dit forte réduction des émissions de gaz à effet de serre dit forte décarbonation évidemment, et donc décarbonation de l’industrie –⁠ vous voyez où je veux en venir –, en particulier du secteur de l’acier, qui est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Vous le savez, la fiscalité européenne fait que, au 31 décembre 2029, il ne sera quasiment plus rentable de produire de l’acier non décarboné –⁠ ce n’est pas moi qui le dis, mais le PDG d’ArcelorMittal.
    J’en viens au dossier d’ArcelorMittal. Si nous finissons l’examen de cette proposition de loi ce soir, je me rendrai demain, en tant que présidente de la commission des affaires économiques, avec plusieurs députés, à l’invitation de représentants des salariés d’ArcelorMittal, qui sont fortement mobilisés, à Dunkerque, car il y a un énorme risque de délocalisation de la production d’acier française –⁠ c’est même plus qu’un risque, je vais y revenir. Nous avons appris il y a quelques heures qu’ArcelorMittal abandonne son projet de décarbonation en Allemagne, ce qui démontre ce que nous disons, ce que les salariés disent depuis des mois, à savoir qu’ArcelorMittal a déjà commencé à délocaliser. Nous avons pu le deviner à travers l’audition d’ArcelorMittal en commission des affaires économiques il y a quelques mois : cette entreprise prévoit la délocalisation de quasiment l’ensemble de sa production d’ici quelques années.
    Nous le savons aussi, il y avait un contrat de décarbonation avec l’État dont la date finale est le 30 juin. Monsieur le ministre, j’ai une question très précise pour revenir sur ce que vous avez déclaré avant-hier : confirmez-vous que ce contrat de décarbonation, que nous avons contrôlé à Bercy avec le rapporteur général du budget, ne sera pas honoré ? Ensuite, ArcelorMittal annonce, de manière très hypothétique, l’investissement dans un seul four électrique. Depuis deux jours, j’ai vérifié, et de nombreux experts considèrent qu’une telle installation n’est ni réalisable techniquement ni rentable : ça ne tient pas. Par conséquent, d’ici quelques années, ne serait plus réalisée en France que de la transformation d’acier importé. Monsieur le ministre, que pouvons-nous dire aux salariés d’ArcelorMittal ? Ne serons-nous plus capables de produire de l’acier en France, mais seulement de le transformer ?

    M. Laurent Jacobelli

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    Il ne faut pas demander de décarboner, c’est tout !

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Chacun mesure la dépendance qu’induirait la fin de la production de l’acier en France. Pour finir, quelles solutions concrètes envisagez-vous ?

    Mme Sophia Chikirou

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    La censure !

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Quelles actions de l’État envisagez-vous, puisqu’il s’agit d’un actif stratégique ? D’abord, il y a des questions de protection aux frontières européennes ; j’espère que vous êtes en lien avec M. Séjourné sur cette question. Même dans le cadre actuel, ArcelorMittal n’a annoncé qu’un seul four électrique. Or monsieur le ministre, vous le savez très bien : un seul four électrique, c’est une toute petite partie de la production ; cela ne tient ni sur le plan de la rentabilité ni sur celui de la technique.

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 627 et 291.
    La parole est à M. le ministre, pour soutenir l’amendement no 627.

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Je le présenterai, puis je répondrai à Mme la présidente de la commission. Il vise à réintroduire dans l’article 11 la formulation « tendre vers », pour prévoir l’objectif de réduction brute des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030. Contrairement à ce qui a été dit, cette formulation ne vise pas à réduire l’ambition climatique de la France, mais simplement à illustrer les incertitudes associées à la fixation de cet objectif pour 2030 pour tous les secteurs, dont des dispositions européennes déterminent le cadre. Ce faisant, nous ne marchons dans les pas de personne, et surtout pas dans ceux du Rassemblement national, mais nous suivons ce que soutient une institution qui vous est chère, je crois, le Haut Conseil pour le climat (HCC). Dans son rapport annuel, il a émis des appréciations sur la difficulté de définir un objectif précis en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Voilà le sens de cet amendement.
    S’agissant d’ArcelorMittal, j’ai déjà eu l’occasion de vous répondre, il y a deux jours. De plus, j’ai été auditionné par la commission d’enquête visant à établir les freins à la réindustrialisation de la France et je ne doute pas que nous aborderons aussi ce sujet lors de mon audition par la commission des affaires économiques, la semaine prochaine.
    ArcelorMittal a annoncé son intention d’investir plus de 1 milliard d’euros dans un four électrique. Cette entreprise ne consent pas à de tels investissements dans d’autres pays – vous avez évoqué l’abandon d’un projet de décarbonation en Allemagne. Cet investissement majeur montre que, loin de jeter l’argent par la fenêtre, ArcelorMittal envisage de pérenniser son activité de production d’acier en France.
    Tout l’enjeu est donc de créer les conditions pour que ces investissements aboutissent. C’est ce que nous cherchons à faire, au niveau européen, en renforçant la protection commerciale et en révisant le mécanisme de taxation carbone aux frontières. Ce midi, j’ai abordé ces sujets avec le commissaire européen Wopke Hoekstra. Nous continuons donc d’agir pour garantir le maintien de la production d’acier en France.
    Quant au contrat que vous évoquez, il est conditionné à l’installation d’un dispositif de réduction du fer et de deux fours électriques. Pour cela, l’État a mis 850 millions d’euros sur la table. Évidemment, il n’a pas encore déboursé le premier euro, puisque ces investissements n’ont pas été consentis.
    Nous définissons avec ArcelorMittal le cadre du soutien financier au second investissement, à hauteur de 1,2 milliard d’euros, qui a été annoncé. En cohérence avec notre politique de décarbonation, l’objectif est de maintenir notre base industrielle sidérurgique en France.

    M. le président

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    L’amendement no 291 de M. Emmanuel Blairy est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Jean-Marie Fiévet, rapporteur pour avis de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

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    L’amendement tend à revenir à la rédaction du Sénat, en remplaçant les termes « réduire les [émissions] » par « tendre vers une réduction [des émissions] ».
    L’objectif européen de réduction des émissions est contraignant : il fixe une obligation de résultat, et non une cible vers laquelle l’Union européenne recommanderait de tendre. Il est donc essentiel que notre législation nationale utilise une terminologie similaire, pour respecter nos engagements européens.
    Depuis la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015, un objectif chiffré de réduction des émissions est inscrit dans la loi. Il est important de maintenir cette clarté pour construire une feuille de route solide. En commission, une majorité de collègues ont exprimé un avis similaire. Nous avons renforcé la portée contraignante de cet objectif en rétablissant la rédaction actuelle du code de l’énergie.
    Pour ces raisons, il est proposé de conserver l’objectif de réduction des émissions tel qu’il est formulé dans le texte de la commission. Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Par contrat, ArcelorMittal s’est engagé à construire deux fours électriques et une unité de réduction du fer –⁠ cette dernière est nécessaire au fonctionnement des premiers. Or cette entreprise nous annonce qu’elle n’ouvrira peut-être qu’un seul four électrique.
    Certes, cela ne concernera qu’une infime partie de la production d’acier, mais de nombreux emplois seront supprimés : je considère que ce n’est pas acceptable. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Je pose la question, pour que tout le monde en prenne conscience : dans cette situation, quelle autre solution y a-t-il en dehors de la nationalisation d’ArcelorMittal ? (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et SOC.)

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Citer le Haut Conseil pour le climat, pour justifier une baisse des ambitions en matière de réduction des émissions de CO2, c’est pour le moins paradoxal. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et LFI-NFP.)
    Certes, le HCC émet des réserves sur le plan scientifique. La métrique est complexe, notamment parce qu’elle repose sur des mesures de compensation sur la production à l’extérieur de nos frontières, parfois à l’autre bout de la planète. Ces compensations font elles-mêmes l’objet de tractations financières, au lieu d’être gérées publiquement par l’ONU. Nous avons dénoncé dans le texte ces transactions peu contrôlables –⁠ on parle parfois de monnaie de singe, d’indulgences.
    De plus, les cycles de vie à l’échelle planétaire sont difficiles à évaluer. Nous l’avons constaté lors des débats sur la loi fast fashion : il est difficile d’évaluer le coût du carbone. Néanmoins, si nous faisons l’effort, nous pouvons y parvenir.
    Ne pas réduire notre empreinte carbone reviendrait à fragiliser encore plus les biens communs écologiques qui captent les gaz à effet de serre et contribuent à réduire naturellement nos émissions.
    Je prendrai un exemple très simple : la valorisation de la biomasse. Les émissions des effluents représentent 3 % des émissions de gaz à effet de serre. L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) estime qu’une politique intelligente de méthanisation sur la couverture des fosses à lisier porcines et bovines est l’une des neuf solutions les plus efficaces en termes de production d’énergie et de réduction de gaz à effet de serre.
    Votre obsession de la baisse du coût du kilowatt à court terme vous distrait de l’objectif plus global, voire holistique, que visait le secrétariat général de la planification écologique. Bercy pilote des opérations à court terme. Le silence du ministère de la transition écologique et de sa ministre, Agnès Pannier-Runacher, dans ces arbitrages de Matignon, aboutit aux amendements identiques défendus par le Rassemblement national et le gouvernement : ils sont la marque de la faillite morale, économique et écologique de notre pays.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    Un député du groupe EPR

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    Il faut accélérer !

    M. Matthias Tavel

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    Il faut accélérer les débats, mais nous parlons quand même des objectifs climatiques de la France. Ils ne sont abordés qu’à l’article 11, parce que cette loi est construite en dépit du bon sens. Ils auraient dû figurer à l’article 1er, pour définir notre but et les moyens de l’atteindre. Cette discussion à l’envers est difficile à suivre.
    D’après les chercheurs du Giec, l’objectif de + 1,5 degré, qui figure dans l’accord de Paris, est désormais inatteignable. Nous aurons même la plus grande peine à limiter le réchauffement à 2 degrés, ce qui aura des conséquences très fortes pour notre pays, en particulier.
    L’Insee confirme que nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire pour être en conformité avec nos engagements internationaux. C’est un problème non seulement écologique et climatique, mais aussi diplomatique : la France ne donne pas l’exemple, alors que cet accord a été conclu sur son propre sol. Ce n’est pas de nature à renforcer la parole de notre pays, dans un monde où nous en aurions pourtant bien besoin.
    L’Insee va même plus loin : si l’on constate une baisse des émissions de gaz à effet de serre dans notre pays, ce n’est pas grâce à une politique de sobriété, d’efficacité énergétique ou de décarbonation, mais parce que les secteurs stratégiques de la chimie, de l’acier et du ciment rencontrent de grandes difficultés.
    çC’est donc, en quelque sorte, la double peine : nous n’atteignons ni les objectifs climatiques, à travers la sobriété, ni les objectifs économiques, à travers la décarbonation ou l’investissement dans le renouvelable. Nous sommes au contraire en pleine récession.
    La situation difficile des puits de carbone a été citée –⁠ je pense aux forêts mais aussi aux zones humides et aux océans, alors même que la conférence de Nice vient de s’achever ; la moindre des choses serait d’être cohérent. Près de Saint-Nazaire, le marais de Brière est la deuxième zone humide de France, après la Camargue. Des investissements doivent y être engagés.
    Or l’amendement du gouvernement, identique à celui du Rassemblement national, tend à affaiblir la politique de lutte contre le changement climatique en transformant l’obligation en simple objectif. Cela irait à l’encontre de ce qui a été très largement voté par la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire. Comme si lutter pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre était une option ou une opinion, ainsi que le croient les climatosceptiques, notamment à l’extrême droite !
    Retirez cet amendement, monsieur le ministre, ne serait-ce que par décence. Quant au Rassemblement national, il ne nous surprend pas. Tout à l’heure, nous avons découvert que vous aviez inventé une énergie bas-carbone fictive, ni renouvelable ni nucléaire. Auparavant, vous avez dissimulé des emplois fictifs. Maintenant, il faudrait arrêter de lutter contre le changement climatique, lui aussi fictif !

    M. Laurent Jacobelli

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    J’en connais qui ont un talent fictif !

    M. Matthias Tavel

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    Faisons preuve de raison et de responsabilité. Monsieur le ministre, de grâce, retirez cet amendement qui vous déshonore. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 627 et 291.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                69
            Majorité absolue                        35
                    Pour l’adoption                47
                    Contre                22

    (Les amendements identiques nos 627 et 291 sont adoptés.)

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je demande une suspension de séance de deux minutes, afin de discuter avec les groupes de l’éventualité d’une séance prolongée.

    Suspension et reprise de la séance

    M. le président

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à vingt-deux heures quarante, est reprise à vingt-deux heures quarante-cinq.)

    M. le président

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    La séance est reprise.
    Je crois qu’il y a une volonté générale d’accélérer : nous allons voir comment les choses avancent.
    Je mets aux voix l’article 11, tel qu’il a été amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        51
            Nombre de suffrages exprimés                51
            Majorité absolue                        26
                    Pour l’adoption                41
                    Contre                10

    (L’article 11, amendé, est adopté.)

    Après l’article 11

    M. le président

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    L’amendement no 281 de M. Timothée Houssin, portant article additionnel après l’article 11, est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 281.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        58
            Nombre de suffrages exprimés                57
            Majorité absolue                        29
                    Pour l’adoption                35
                    Contre                22

    (L’amendement no 281 est adopté ; en conséquence, l’amendement no 286 tombe.)

    Article 11  bis

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Laisney, pour soutenir l’amendement nos 318.

    M. Maxime Laisney

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    Si vous le permettez, monsieur le président, je défendrai en même temps les amendements no 321 et 324.
    L’article 11  bis résulte d’une victoire du groupe LFI-NFP, qui a obtenu en commission que soit inscrit dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) l’objectif de réduire l’empreinte carbone de la France. L’empreinte carbone intègre à la fois les émissions territoriales et les émissions importées, c’est-à-dire celles liées aux biens que nous consommons en France, mais qui ont été fabriqués à l’étranger.
    Nous proposons d’aller plus loin avec ces amendements, en introduisant des objectifs chiffrés. L’amendement no 318 vise ainsi à réduire les émissions importées de 27 % en 2030 et de 65 % en 2050. Les amendements no 321 et 324 sont des amendements de repli ; le premier propose seulement de les réduire à 27 % en 2030 et le deuxième à 65 % en 2050.
    Il nous semble important de nous conformer à la stratégie nationale bas-carbone. En 2023, l’empreinte carbone de la France était estimée à 644 millions de tonnes équivalent CO2, dont la moitié était liée à nos émissions importées. Le Haut Conseil pour le climat a lui-même préconisé une diminution de 65 % des émissions importées à l’horizon 2050. Nous ne proposons en réalité que d’inscrire ses préconisations dans la loi.
    En matière de gaz à effet de serre, notre pays ne doit pas vivre à crédit, sur le dos du reste du monde. Je vous invite donc à adopter ces amendements.

    M. le président

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    Les amendements nos 321 de Mme Clémence Guetté et 324 de M. Matthias Tavel ont été défendus dans le cadre d’une présentation commune.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Jean-Marie Fiévet, rapporteur pour avis

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    Le Haut Conseil pour le climat propose effectivement un objectif de réduction des émissions importées. Il convient toutefois de noter que cet objectif a été estimé en 2020, c’est-à-dire avant la révision méthodologique qui a été entamée depuis par le ministère de la transition écologique et l’Insee pour affiner les calculs de l’empreinte carbone.
    En raison de ces évolutions, il semble prématuré de fixer un objectif chiffré dans cette loi sans avoir à notre disposition les données les plus récentes et les modèles les plus adaptés. Il semble plus judicieux de définir un objectif d’empreinte carbone dans la stratégie nationale bas-carbone, sur la base des dernières évolutions méthodologiques et d’analyses techniques complètes. J’émets donc un avis défavorable à ces trois amendements.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Avis défavorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 318.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                70
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                10
                    Contre                60

    (L’amendement no 318 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 321.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        69
            Nombre de suffrages exprimés                69
            Majorité absolue                        35
                    Pour l’adoption                10
                    Contre                59

    (L’amendement no 321 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Philippe Tanguy.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Nous voterons pour l’amendement no 324 de notre collègue Matthias Tavel car, ainsi que nous l’avons déjà expliqué, nous voulons lutter contre les gaz à effet de serre en réduisant nos émissions importées, et pas seulement nos émissions nationales. Il y a une grande hypocrisie à avoir envoyé les activités françaises les plus polluantes, à savoir nos usines, dans d’autres pays et il est tout à fait logique, dans la perspective du grand projet de réindustrialisation de Marine Le Pen, que la réindustrialisation, en France, entraîne une baisse drastique des émissions importées.
    Nous n’allons pas voter l’inscription d’un objectif à court terme, en 2030, parce que notre industrie est tellement dégradée que je ne suis pas sûr que notre pays puisse s’y conformer sans attenter à la prospérité et au niveau de vie des Français –⁠ je l’espère, mais j’ai un doute sur l’état de ce que nous allons trouver en 2027. (Mme Sophia Chikirou s’exclame.) L’horizon 2050, en revanche, nous laissera le temps de déployer un vrai projet de réindustrialisation, ce qui aura pour effet une baisse importante des gaz à effet de serre importés, puisque notre industrie vivra grâce au nucléaire. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 324.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        71
            Nombre de suffrages exprimés                71
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                50
                    Contre                21

    (L’amendement no 324 est adopté.)

    (L’article 11  bis, amendé, est adopté.)

    Après l’article 11  bis

    M. le président

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    La parole est à Mme Manon Bouquin, pour soutenir l’amendement no 13 portant article additionnel après l’article 11  bis.

    Mme Manon Bouquin

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    Je propose d’ajouter que la politique énergétique de la France doit aussi avoir pour objectif de « prendre en compte l’état de santé des forêts françaises ».
    La forêt doit faire partie de notre politique énergétique nationale, car elle est un atout majeur, une ressource naturelle qui représente un tiers de notre territoire. La santé et la gestion durable des forêts conditionnent leur capacité d’absorption du CO2. Une forêt en bonne santé est une forêt qui joue réellement son rôle de puits de carbone et qui résiste mieux aux aléas climatiques, comme les sécheresses, les incendies ou les maladies. Une forêt en bonne santé permet d’améliorer notre balance entre captage et émission de CO2. Valoriser nos ressources forestières, c’est renforcer notre indépendance énergétique et notre maîtrise écologique.
    Je vous invite donc à voter pour cet amendement, afin de garantir la santé, l’entretien et la robustesse de nos forêts, notamment par la diversité des essences replantées. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Jean-Marie Fiévet, rapporteur pour avis

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    Vous proposez d’inscrire la prise en compte de l’état des forêts parmi les objectifs de la politique énergétique. Or cet objectif figure déjà dans le code forestier, qui consacre explicitement le rôle des forêts comme puits de carbone. De plus, un amendement identique a déjà été rejeté en commission : j’y suis donc défavorable.

    M. Emeric Salmon

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    Cette raison n’est pas valable !

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à Mme Sophia Chikirou.

    Mme Sophia Chikirou

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    Cet amendement est effectivement superfétatoire, dans la mesure où cet objectif figure déjà dans le code forestier, mais surtout, il ne pose pas bien le problème. Le problème que posent les forêts, aujourd’hui, c’est celui des usages qui en sont faits, et de la hiérarchisation de ces usages. Si l’on donne la priorité aux usages écologiques, alors on empiète sur les usages économiques et sociaux. Tout l’enjeu est de hiérarchiser ces trois types d’usage, ces trois intérêts. Or ce sont ces conflits d’intérêts qui posent des problèmes dans la gestion de nos forêts et qui empêchent qu’elles jouent pleinement leur fonction écologique. Votre amendement, même s’il soulève une question importante, ne vise pas juste.
    Je prépare une proposition de loi sur les usages de nos forêts. La question qui se pose, et que je vous poserai à tous lorsque nous l’examinerons, est la suivante : êtes-vous prêts à donner la priorité à la fonction écologique de la forêt, au détriment de ses fonctions économiques et sociales ? Certes, ces fonctions sont toutes liées, puisque lorsqu’on intervient dans la forêt en y faisant des sentiers ou des coupes, on prétexte souvent que c’est pour la rendre accessible à l’humain –⁠ que ce soit pour favoriser ses loisirs ou le contact avec la nature – mais il y a aussi, derrière cela, l’usage économique que l’Office national des forêts (ONF) est contraint d’en faire.
    La vraie question est celle de ces conflits d’intérêts : nous verrons, lorsque nous aurons ce débat, si vous êtes vraiment au rendez-vous de la protection de nos forêts.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 13.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        63
            Nombre de suffrages exprimés                60
            Majorité absolue                        31
                    Pour l’adoption                39
                    Contre                21

    (L’amendement no 13 est adopté.)

    Après l’article 12

    M. le président

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    Je suis saisi de plusieurs demandes de scrutin public : sur l’amendement no 259, par les groupes Rassemblement national et Horizons & indépendants ; sur les amendements nos 103 rectifié, 540, 514, 427, 156, 465, 541, 70, 29 et 27, par le groupe Rassemblement national.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    L’amendement no 259 de M. Henri Alfandari, portant article additionnel après l’article 12 et faisant l’objet de deux sous-amendements, nos 852 et 853, est défendu.
    La parole est à M. Frédéric Petit, pour soutenir le sous-amendement no 852 –⁠ ainsi que le no 853, s’il en est d’accord.

    M. Frédéric Petit

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    Ces sous-amendements auraient dû être examinés plus tôt –⁠ cela été dit tout à l’heure. Ils visent à préciser, en même temps que les objectifs de production, exprimés en térawattheures, des objectifs de capacité installée, exprimés en gigawatts.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur l’amendement et les sous-amendements ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je suis par principe défavorable à l’idée de fixer des objectifs dans la loi, y compris en matière d’énergies renouvelables, mais compte tenu du très mauvais signal qui a été envoyé tout à l’heure à de nombreuses filières industrielles qui emploient des dizaines de milliers de personnes en France, je vais émettre un avis favorable à l’amendement, ainsi qu’aux sous-amendements.
    Il est temps que les filières qui contribuent à la décarbonation entendent que toute l’Assemblée nationale ne s’oppose pas à l’emploi local, à la création de la richesse et au développement économique par la décarbonation de l’industrie française.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Avis défavorable à l’amendement et aux deux sous-amendements.

    (Les sous-amendements nos 852 et 853, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 259.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                68
            Majorité absolue                        35
                    Pour l’adoption                16
                    Contre                52

    (L’amendement no 259 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Joël Bruneau, pour soutenir l’amendement no 103 rectifié.

    M. Joël Bruneau

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    Il vise à inciter fortement à la création de capacités de stockage de l’électricité, en particulier sur les sites de production d’énergies renouvelables, dans le but de limiter les intermittences et d’assurer la continuité de la production.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 103 rectifié.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        62
            Nombre de suffrages exprimés                59
            Majorité absolue                        30
                    Pour l’adoption                4
                    Contre                55

    (L’amendement no 103 rectifié n’est pas adopté.)

    Après l’article 13

    M. le président

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    Je suis saisi de plusieurs amendements portant article additionnel après l’article 13.
    La parole est à M. Joël Bruneau, pour soutenir l’amendement no 156.

    M. Joël Bruneau

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    Compte tenu des incertitudes sur lesquelles nous naviguons, si je puis dire, entre la stagnation de la consommation électrique et une décarbonation nécessaire, mais moins rapide –⁠ en particulier touchant les mobilités – que nous ne pouvions l’espérer, nous souhaitons, afin d’éviter que ne soit créée une offre d’électricité qui ne trouverait pas preneur, que Réseau de transport d’électricité (RTE) revoie ses scénarios et, dans un format similaire à celui de 2022, réactualise ses données.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 156.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        69
            Nombre de suffrages exprimés                69
            Majorité absolue                        35
                    Pour l’adoption                2
                    Contre                67

    (L’amendement no 156 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 465 de M. Jean-Luc Fugit est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Favorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 465.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        71
            Nombre de suffrages exprimés                71
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                26
                    Contre                45

    (L’amendement no 465 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Les amendements nos 70, 29 et 27 de M. Maxime Amblard sont défendus.
    Quel est l’avis de la commission sur ces trois amendements ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 70.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                70
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                39
                    Contre                31

    (L’amendement no 70 est adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 29.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                70
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                38
                    Contre                32

    (L’amendement no 29 est adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 27.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        66
            Nombre de suffrages exprimés                65
            Majorité absolue                        33
                    Pour l’adoption                39
                    Contre                26

    (L’amendement no 27 est adopté.)

    Article 14

    M. le président

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    La parole est à M. Olivier Fayssat, pour soutenir l’amendement no 159, visant à rétablir l’article 14, supprimé par la commission.

    M. Olivier Fayssat

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    Ce rétablissement aurait un triple objectif : porter de vingt à vingt-sept ans le délai fixé en vue des démarches préalables, afin de sécuriser les projets ; exempter les SMR du critère de proximité géographique ; limiter les concessions à cinquante ans, alignant ainsi la durée de l’amortissement des investissements sur celle de la vie des réacteurs. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable. De même qu’en commission, nous essayons de ne conserver que des dispositions programmatiques et non de simplification. Vous avez évoqué à très juste titre les délais de construction des centrales nucléaires : même en accélérant –⁠ nous sommes nombreux ici à le souhaiter comme vous –, il faudra des années avant que les prochaines entrent en service. Dans l’intervalle, si nous voulons davantage d’électricité décarbonée, nous devrons recourir aux énergies renouvelables : l’Assemblée aurait pu en tenir compte au moment d’adopter le moratoire.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Laisney.

    M. Maxime Laisney

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    Vous écrivez vraiment n’importe quoi ! Vouloir porter de vingt à vingt-sept ans certaines exceptions à la réglementation en vue de développer des capacités nucléaires constitue une forme d’aveu : si vous souhaitez augmenter ces délais, c’est parce qu’ils sont explosés systématiquement. Je ne vous rappellerai pas les réacteurs de type EPR puis EPR 2, dont le design détaillé n’est toujours pas fini ! Comme ça ne marche pas, que ça n’arrivera pas dans les temps, vous avez besoin d’allonger un peu la sauce.
    Par ailleurs, il ne vous a fallu qu’une dizaine de secondes pour indiquer que vous souhaitiez des SMR en dehors des installations existantes. Je reprends donc afin que tout le monde comprenne bien : vous souhaitez voir de « petits » réacteurs –⁠ 300 mégawatts pour certains, soit le tiers des premiers réacteurs de puissance construits en France, le tiers d’un réacteur actuel – posés dans des zones Seveso, c’est-à-dire des sites industriels soumis à des règles particulières en raison des risques qu’ils présentent –⁠ nous pensons tous à l’usine AZF de Toulouse, mais il y a d’autres exemples –, ou dans des zones habitées, ce qui n’est en général pas le cas des centrales actuelles ! L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a indiqué que ces projets de SMR soulevaient en matière de sûreté et de sécurité des enjeux qui ne sont pas du tout pris en compte par les porteurs de projet, ces start-up que vous êtes en train de défendre. Cet amendement est une dinguerie : j’espère que vous n’allez pas l’adopter. On ne va quand même pas faire des dingueries pendant quatre jours ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    (L’amendement no 159 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je vous informe que les députés qui souhaiteraient une explication de vote personnelle, en application de l’article 49, alinéa 16, de notre règlement, devront se manifester auprès de la direction de la séance avant la fin de la discussion des articles.
    Ces explications de vote auront lieu, conformément à cette disposition, immédiatement après le vote du dernier amendement en discussion.

    Après l’article 14

    M. le président

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    L’amendement no 676 de Mme Perrine Goulet, portant article additionnel après l’article 14, est défendu.

    (L’amendement no 676, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Sur tous les amendements et articles restants, jusqu’à la fin du texte, je suis saisi par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.

    Article 16  bis

    M. le président

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    Je suis saisi de trois amendements, nos 687 rectifié, 25 et 292, visant à rétablir l’article 16  bis et pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 25 et 292 sont identiques.
    La parole est à M. le ministre, pour soutenir l’amendement no 687 rectifié.

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Il vise à donner suite aux débats suscités par cet article issu des travaux du Sénat, supprimé à l’Assemblée par la commission du développement durable, à laquelle avait été délégué son examen au fond. Nous souhaitons expliciter la dimension stratégique de l’appréciation des perspectives d’utilisation des matières radioactives –⁠ ce dont nous avons déjà discuté à l’occasion de l’examen, hier après-midi, du no 507 de M. Nury – tout en confortant la cohérence juridique de la classification de ces mêmes matières.
    L’article originel aurait instauré une nouvelle catégorie juridique, celle de stock stratégique, incompatible avec la classification complète figurant à l’article L. 542-1-1 du code de l’environnement, puisqu’au sein de celle-ci s’excluent mutuellement les notions de matière radioactive –⁠ pour laquelle une utilisation ultérieure est prévue ou envisagée – et de déchets radioactifs –⁠ pour lesquels ce n’est pas le cas. Nous avons donc besoin de plus de cohérence : tel est le sens de cet amendement.

    M. le président

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    Les amendements nos 25 de M. Vincent Trébuchet et 292 de M. Emmanuel Blairy sont défendus.
    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?

    M. Jean-Marie Fiévet, rapporteur pour avis

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    Je fournirai trois arguments à l’appui d’un avis défavorable. Tout d’abord, le cadre juridique actuel permet à l’autorité administrative de prendre en compte des considérations stratégiques lorsqu’elle statue sur une requalification en matière de déchets. Ce n’est pas explicitement inscrit dans la loi, mais en pratique la chose est possible.
    Ensuite, deux amendements adoptés hier apportent sur ce point des réponses suffisantes. À l’article 3, le no 503 de M. le rapporteur prévoyait la possibilité, lors des décisions de requalification, « de prendre en compte l’importance stratégique de la valorisation des matières radioactives ». Il s’agit exactement de l’objectif visé par le rétablissement de l’article ; or il est désormais inscrit dans le texte. Après l’article 3, l’amendement déjà cité de M. Nury tendait au classement comme réserve stratégique du stock d’uranium appauvri, mais dans un cadre pragmatique, sans bouleverser la distinction entre déchets et matières, en vue d’instaurer un objectif de politique énergétique et non une nouvelle catégorie juridique.
    Enfin, sans préjuger du fond des amendements en discussion commune, je rappellerai que la commission des affaires économiques a fait le choix de recentrer le texte sur des objectifs programmatiques, supprimant pour cela les dispositions de simplification normative. Il serait donc cohérent de maintenir la suppression de l’article 16  bis, d’autant que son objectif, je le répète, est satisfait par l’adoption des deux amendements que je viens d’évoquer.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement sur les amendements identiques ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    (L’amendement no 292 est retiré.)

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Je sais que le débat doit accélérer, mais nous le dirons aussi souvent qu’il faut le dire : une nouvelle fois, le gouvernement et le Rassemblement national ont déposé un même amendement contre ce qu’avait très largement adopté la commission du développement durable, et contre la position du rapporteur, qui ne veut pas dans ce texte de dispositions de prétendue simplification.
    On pouvait croire tout à l’heure à un accident s’agissant du moratoire –⁠ nos collègues du groupe DR ne sont d’ailleurs venus cette semaine dans l’hémicycle que pour défendre ce moratoire et on ne les a pratiquement entendus sur aucun autre sujet. Mais la reconduction du pacte qu’ont manifestement conclu le gouvernement et le Rassemblement national…

    M. Matthias Renault

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    C’est une obsession !

    M. Matthias Tavel

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    …me conduit même à me demander s’il n’y avait pas quelque part une volonté de laisser passer ce moratoire ! Il me semble clair que la succession d’amendements identiques promus par le gouvernement et le Rassemblement national nous éclaire tous sur le pacte passé entre le gouvernement et l’extrême droite s’agissant de ce texte ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Il faut vraiment retirer cet amendement, monsieur le ministre !

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je me permets de réagir à l’évocation de l’amendement relatif au moratoire sur les énergies renouvelables adopté tout à l’heure par l’Assemblée nationale. Le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire compte soixante et onze membres, dont quatorze étaient présents au moment du vote. Le groupe Socialistes et apparentés en compte soixante-six, dont cinq étaient présents. Le groupe Écologiste et social, qui est radicalement favorable aux énergies renouvelables mais ne siège plus ce soir –⁠ je le dis pour le compte rendu – dans l’hémicycle alors que s’y tiennent des débats très importants ayant trait à l’énergie, en compte trente-huit, dont huit seulement étaient présents lors du vote sur le moratoire.
    Alors, vous pouvez garder pour vous les leçons de morale et les accusations ! (Mme Caroline Colombier applaudit.)

    M. Maxime Laisney

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    Attendez, il faut aller jusqu’au bout de vos décomptes !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Ce sont peut-être plutôt les députés de gauche qui s’étaient donné le mot pour laisser passer le moratoire sur les énergies renouvelables et disposer d’une bonne excuse pour ne pas assumer leurs responsabilités ! Puisque vous n’étiez pas là, faites donc preuve d’un peu de discrétion et –⁠ oserai-je employer ce terme ? – d’humilité ! (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Maxime Laisney

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    Vous comptez sur nous, mais vous leur mangez dans la main !

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Monsieur le rapporteur, il ne faut pas perdre vos nerfs ! Vous n’avez pas lu la suite : le groupe Ensemble pour la République compte quatre-vingt-treize membres, dont à peine vingt ont voté contre le moratoire et un s’est abstenu !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Ça fait quand même beaucoup plus que vous ! (Mme Sophia Chikirou s’exclame.)

    M. Matthias Tavel

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    Parmi les députés du groupe Droite républicaine, qui fait partie du socle commun et qui est l’émanation d’un parti dont sont issus plusieurs membres du gouvernement, quatre étaient présents, qui ont tous voté pour ! Huit députés du groupe Les Démocrates étaient présents sur trente-six ! Sur les trente-quatre députés du groupe Horizons & indépendants, quatre ont voté contre et deux se sont abstenus !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    C’est toujours plus que vous ! (« Et nous ? » sur quelques bancs du groupe RN. –⁠  Mme Sophia Chikirou s’exclame.)

    M. Matthias Tavel

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    Monsieur le rapporteur, sans les quatre voix pour du groupe Droite républicaine et les trois abstentions des groupes Horizons et EPR, ce moratoire n’aurait pas été approuvé ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. le rapporteur s’exclame.) La responsabilité de ce vote revient exclusivement au socle gouvernemental,…

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Exclusivement ?

    M. Matthias Tavel

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    …à son naufrage politique et à sa faillite morale, qu’illustre cette succession d’amendements identiques du gouvernement et du Rassemblement national ! Ceux qui doivent faire preuve d’humilité siègent sur les bancs du gouvernement et des commissions ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Caroline Colombier

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    C’est bien de s’énerver, mais où sont vos collègues ?

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Renault.

    M. Matthias Renault

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    Vous savez, monsieur Tavel, il arrive qu’un texte fasse l’objet d’amendements identiques, surtout quand il s’agit d’amendements de rétablissement –⁠ il est assez logique que plusieurs groupes partagent l’intention de rétablir des articles supprimés en commission. Il en va de même des amendements de suppression, qui sont souvent identiques.
    Concernant le moratoire, nous le défendons depuis des années. Peut-être le groupe DR, qui s’est tourné vers nous et vient fouiller dans nos idées, s’est-il livré à un petit copier-coller !

    M. Laurent Jacobelli

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    Ce ne serait pas la première fois !

    M. Matthias Renault

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    Effectivement, ce ne serait pas la première fois.

    M. Laurent Jacobelli

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    Ils nous ont fait une « Retailleau » !

    M. Matthias Renault

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    Je vous assure en tout cas qu’il n’existe ni pacte secret ni complot noué dans des salles sombres entre le Rassemblement national et le gouvernement ! (Sourires et applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. Maxime Laisney

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    C’est peut-être juste une convergence idéologique !

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 687.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        72
            Nombre de suffrages exprimés                72
            Majorité absolue                        37
                    Pour l’adoption                19
                    Contre                53

    (L’amendement no 687 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 25.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        72
            Nombre de suffrages exprimés                72
            Majorité absolue                        37
                    Pour l’adoption                39
                    Contre                33

    (L’amendement no 25 est adopté ; en conséquence, l’article 16  bis est ainsi rétabli.)

    Après l’article 16  bis

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre, pour soutenir l’amendement no 641 rectifié, portant article additionnel après l’article 16  bis.

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Cet amendement vise à adapter les modalités de fixation des calendriers des opérations de reprise et de conditionnement des déchets anciens, tout en renforçant leur suivi. En effet, la complexité et la durée des travaux relatifs à la gestion des déchets radioactifs de moyenne activité à vie longue et des projets de reprise et de conditionnement de déchets anciens conduisent à adapter les modalités de fixation des calendriers afférents. Il s’agit en particulier de revenir sur l’échéance fixée à 2030 pour le conditionnement des déchets de moyenne activité à vie longue produits avant 2015.
    Il convient dans le même temps de renforcer les exigences relatives au suivi de ces projets par les organes de surveillance des entités concernées et à leur contrôle par les autorités administratives compétentes.
    Le présent amendement renforce également le rôle des organes de surveillance en ce qui concerne la sécurisation du financement des charges nucléaires de long terme.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Jean-Marie Fiévet, rapporteur pour avis

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    Pour les raisons mentionnées précédemment et indépendamment du fond de l’amendement, la commission du développement durable propose de ne pas le voter pour préserver l’équilibre issu des travaux de la commission des affaires économiques, en recentrant le texte sur des dispositions programmatiques. Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Emeric Salmon.

    M. Emeric Salmon

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    J’ai été très présent lors de nos débats, comme de nombreux collègues de mon groupe et contrairement à certains collègues siégeant sur les bancs adverses. Je tiens à vous dire, monsieur Tavel, que nous n’avons été témoins d’aucun complot secret, sinon celui qui a conduit Mme Dufeu, du parti Renaissance, à se désister pour vous faire élire et faire battre M. Bouchet dans votre circonscription ! Alors, vous étiez bien content de ce désistement ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme Caroline Colombier

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    Bravo !

    M. Laurent Jacobelli

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    Excellent !

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 641 rectifié.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        69
            Nombre de suffrages exprimés                69
            Majorité absolue                        35
                    Pour l’adoption                58
                    Contre                11

    (L’amendement no 641 rectifié est adopté.)

    Après l’article 18  bis

    M. le président

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    Les amendements identiques nos 619 de M. Christophe Naegelen et 679 de M. Philippe Bolo, portant article additionnel après l’article 18  bis, sont défendus.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 619 et 679.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        63
            Nombre de suffrages exprimés                62
            Majorité absolue                        32
                    Pour l’adoption                4
                    Contre                58

    (Les amendements identiques nos 619 et 679 ne sont pas adoptés.)

    Article 21

    M. le président

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    L’amendement no 454 de M. Vincent Rolland est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je réitère ma demande de clarification au groupe Droite républicaine. Nous avons voté, et votre groupe avec nous, l’objectif de production de 200 térawattheures d’énergies renouvelables supplémentaires pour 2030. Par ailleurs, vous avez également voté le moratoire sur le solaire et l’éolien. J’en déduis que vous estimez que nous pouvons produire 200 térawattheures d’énergie hydraulique supplémentaires d’ici à 2030.

    M. Marc Fesneau

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    Assez bonne remarque !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Si vous avez des précisions à fournir à ce sujet, j’en suis preneur ! Je demande le retrait de l’amendement, sans quoi mon avis sera défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Cet amendement vise à autoriser une expérimentation de la bascule du régime d’exploitation de nos barrages hydroélectriques vers un régime d’autorisation.
    Deux points : d’abord, on ne peut pas expérimenter une telle bascule. Soit on l’opère, soit on ne l’opère pas car, compte tenu de l’état du parc et des concessions, il n’est pas sérieux d’envisager une expérimentation. Cela ne correspond pas à la manière dont ce parc est organisé.
    Ensuite, si cet amendement a été déposé, c’est parce que la Commission européenne exige de la France qu’elle soumette à la concurrence le renouvellement des concessions de ses barrages pour les ouvrir à d’autres acteurs et privatiser nos barrages. À l’initiative de la commission des affaires économiques, une mission d’information transpartisane consacrée aux modes de gestion et d’exploitation des installations hydroélectriques a été menée pendant plusieurs mois. À l’unanimité, nous avons refusé cette ouverture à la concurrence et demandé que le gouvernement se saisisse de l’occasion de réviser la directive européenne pour exiger que ces concessions soient exclues de son champ d’application, afin que nous puissions continuer à exploiter nos barrages comme nous le faisons depuis près d’un siècle.
    Il faut s’en tenir à cette position et ne pas inscrire dans le texte cette expérimentation rocambolesque. Si d’aventure la Commission ne voulait pas céder, alors nous débattrions de la manière dont nous pouvons éviter la mise en concurrence. Pour ma part, je crois que le régime d’autorisation serait le plus mauvais régime, car il nous forcerait sans doute à vendre certains barrages ou impliquerait des constructions de type « Arenh hydro ».
    En tout cas, cet amendement n’a pas sa place dans le texte. Notre travail, pour l’heure, est de refuser la mise en concurrence et d’exiger le changement de la directive. À cet égard, nous devons tous ensemble taper sur le même clou. (Mme Anne Stambach-Terrenoir applaudit.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 454.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        73
            Nombre de suffrages exprimés                29
            Majorité absolue                        15
                    Pour l’adoption                1
                    Contre                28

    (L’amendement no 454 n’est pas adopté ; en conséquence, l’article 21 demeure supprimé.)

    Après l’article 21

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel, pour soutenir l’amendement no 343, portant article additionnel après l’article 21.

    M. Matthias Tavel

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    Je viens de le défendre. Je crois que nous pouvons tous le voter, de sorte que l’Assemblée, à l’unanimité, exige la révision de la directive « concessions ». Nous avons voté unanimement en ce sens en commission des affaires européennes. Le faire également dans cet hémicycle devrait n’être qu’une formalité. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. Philippe Brun applaudit également.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Nous avons justement voté lundi une proposition de résolution, visant à préserver les concessions hydroélectriques françaises d’une mise en concurrence, qui invite à négocier une dérogation.
    Cher collègue Tavel, je crois que votre groupe s’est opposé à la publication du rapport de la mission d’information que vous évoquez, ce qui est fort dommage, car il s’agit d’une mission très intéressante. Vous faites appel aux bons sentiments et parlez de la nation avec de grands airs, affirmant qu’elle doit absolument défendre les concessions hydroélectriques françaises et obliger, forcer –⁠ voilà les mots très forts que vous employez ! – la Commission européenne à céder. Et puis, alors que nos deux collègues Philippe Bolo et Marie-Noëlle Battistel font un travail remarquable, que je salue (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et Dem), sur toutes les options envisageables, le groupe La France insoumise s’oppose à la publication –⁠ vous avez bien entendu, chers collègues, à la simple publication – du rapport !

    Mme Liliana Tanguy

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    Quelle incohérence !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    C’est plus que regrettable, monsieur Tavel !

    Mme Liliana Tanguy

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    Bravo !

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Je suis d’accord avec Antoine Armand pour rendre hommage à Marie-Noëlle Battistel –⁠ ce sera peut-être notre seul point d’accord ! Je veux dire avec force qu’elle nous donne un exemple de persévérance dans l’engagement. Notre collègue, l’une de nos cheffes de file dans l’examen de cette loi sur l’énergie qui nous laissera un sentiment de tristesse, a porté ce très beau combat avec un grand succès, aux côtés d’EDF, des différents ministres et d’Antoine Pellion. Elle a su rassembler autour d’elle et promouvoir un projet pour la nation et l’esprit public, qui s’inscrit dans le véritable héritage du gaullisme dans ce qu’il avait de meilleur : la protection de biens communs au service de toute la société.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Monsieur le rapporteur, je vous propose de contribuer à un vote unanime et consensuel pour rappeler l’engagement du Parlement français et sa volonté, qui traverse l’ensemble de ses forces politiques, d’exiger la révision de la directive « concessions ». Je vous demande ainsi de faire un acte œcuménique. Je crois qu’au terme de cette semaine, ce ne serait pas trop exigeant.
    Pourquoi n’ai-je pas voté pour la publication de ce rapport ? Mais c’est parce que, dans le cadre de cette mission d’information où l’ensemble des groupes étaient représentés, nous avons défendu une option et nous étions convenus –⁠ manifestement, nous nous sommes mal compris avec les rapporteurs – de la manière dont les différentes options seraient présentées. Rassurez-vous : le rapport est public et notre position y figure dorénavant après correction de cette omission. Si cela avait été fait plus tôt, on aurait tous voté pour sa publication, ce qui n’empêche que je ne partage pas la conclusion de M. Bolo et de Mme Battistel, dans le cas où la Commission s’opposerait à cette révision.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    C’est très compliqué !

    M. Matthias Tavel

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    Mais à ce stade, dans le cadre de notre premier front commun, nous sommes tous d’accord pour obtenir la révision de cette directive. Redisons-le à travers cet amendement ; je crois que cela donnera de la force à notre demande si le Parlement français se prononce à l’unanimité. (Mme Anne Stambach-Terrenoir applaudit.)

    M. Dominique Potier

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    On n’est pas rancuniers, on va voter pour votre amendement !

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 343.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                68
            Majorité absolue                        35
                    Pour l’adoption                51
                    Contre                17

    (L’amendement no 343 est adopté.)
    (M. Matthias Tavel applaudit.)

    M. Matthias Renault

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    C’est le complot LFI-RN ! (Sourires.)

    M. Marc Fesneau

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    Je l’avais dit depuis le début ! (Sourires.)

    Article 22  ter

    M. le président

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    Je suis saisi de plusieurs amendements identiques, nos 626, 184, 288, 478 et 589, tendant à supprimer l’article 22  ter.
    La parole est à M. le ministre, pour soutenir l’amendement no 626.

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Cet amendement propose en effet la suppression de l’article 22  ter, qui vise lui-même à modifier le régime de prise en compte des installations solaires thermiques dans le cadre de la trajectoire ZAN –⁠ zéro artificialisation nette. Le gouvernement souhaite assurer la cohérence entre les différents aspects de la mise en œuvre de la sobriété foncière, en particulier au vu de cette trajectoire, mais l’article élargit un régime dérogatoire de prise en compte de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers à des installations de production de chaleur solaire, et cette disposition est en concurrence avec d’autres mesures présentées dans des textes en cours d’examen portant sur le ZAN. Nous avons eu l’occasion d’en discuter, notamment dans le cadre de l’examen du projet de loi de simplification de la vie économique. Cet article remet en cause des équilibres trouvés. J’ajoute que ce sujet ne peut pas être traité secteur par secteur sans vider de sens la politique de la sobriété foncière votée récemment par le Parlement. Je conclurai en disant qu’il générerait des mesures non coordonnées entre les différentes lois que j’ai évoquées.

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour soutenir l’amendement no 184.

    M. Jean-Marie Fiévet, rapporteur pour avis

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    Mon amendement vise à supprimer l’article 22  ter, qui prévoit une exemption aux règles limitant l’artificialisation des sols pour les installations de solaire thermique et de stockage thermique. Il tire ainsi les conséquences du recentrage opéré en commission des affaires économiques sur le seul volet programmatique du texte, sans que je juge ici de la pertinence ou non de la mesure proposée.

    M. le président

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    Les amendements nos 288 de M. Timothée Houssin, 478 de M. Jean-Luc Fugit et 589 de Mme Marie-Noëlle Battistel sont défendus.
    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Je suppose que tous les collègues qui ont voté pour un moratoire sur le photovoltaïque supprimeront cet article qui n’a alors plus aucun sens. Ce serait faire preuve de cohérence.

    M. Emeric Salmon

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    C’est prévu !

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Et puisque les moissons sont déjà commencées, je me permets de rappeler à quel point les terres agricoles ont été grignotées petit à petit du fait de l’artificialisation des sols et à quel point nous avons besoin d’une régulation en la matière.

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 626, 184, 288, 478 et 589.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        73
            Nombre de suffrages exprimés                73
            Majorité absolue                        37
                    Pour l’adoption                72
                    Contre                1

    (Les amendements identiques nos 626, 184, 288, 478 et 589 sont adoptés ; en conséquence, l’article 22  ter est supprimé et les amendements suivants tombent.)

    Article 25 A

    M. le président

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    Je mets aux voix l’article 25 A.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        64
            Nombre de suffrages exprimés                60
            Majorité absolue                        31
                    Pour l’adoption                59
                    Contre                1

    (L’article 25 A est adopté.)

    Article 25 D

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 1 de M. Antoine Golliot et 617 de M. Éric Michoux, tendant à rétablir l’article 25 D.

    (Les amendements identiques nos 1 et 617 sont retirés.)

    Après l’article 25 D

    M. le président

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    Je suis saisi de plusieurs amendements portant article additionnel après l’article 25 D.
    La parole est à M. Matthias Tavel, pour soutenir l’amendement no 235.

    M. Matthias Tavel

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    Nous demandons par cet amendement que le Parlement soit informé de l’évolution du dossier de l’EPR 2. Vous avez voulu inscrire dans ce texte la relance de ces EPR, mais nous avons alerté sur les risques que cela entraînerait en termes de calendrier, de budget ou de design –⁠ on peut même parler de risque de fiasco industriel compte tenu de ce qu’était le programme EPR. La Cour des comptes pointe, elle aussi, l’éventualité d’un échec. La moindre des choses, c’est donc que le Parlement puisse être informé autrement que par la presse, sachant qu’une fois qu’EDF sera en mesure de proposer un programme EPR 2, il s’agira d’engager la France pour des décennies et pour des dizaines voire des centaines de milliards d’euros.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Tout à fait !

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Demande de retrait, ainsi que sur les suivants, au profit de mon amendement no 571 qui synthétise l’ensemble des demandes de rapport. À défaut, avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre.

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Avis défavorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 235.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        75
            Nombre de suffrages exprimés                75
            Majorité absolue                        38
                    Pour l’adoption                12
                    Contre                63

    (L’amendement no 235 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 231 de Mme Clémence Guetté est défendu.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 231.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        65
            Nombre de suffrages exprimés                64
            Majorité absolue                        33
                    Pour l’adoption                46
                    Contre                18

    (L’amendement no 231 est adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 644 de M. Stéphane Lenormand est défendu.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 644.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        63
            Nombre de suffrages exprimés                60
            Majorité absolue                        31
                    Pour l’adoption                3
                    Contre                57

    (L’amendement no 644 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Laisney, pour soutenir l’amendement no 232.

    M. Maxime Laisney

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    Cette demande de rapport a surtout pour objet de déterminer pourquoi une bonne partie des décrets d’application de la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables, dite loi Aper, qui a été votée il y a tout de même plus de deux ans, n’ont toujours pas été pris. J’ai fait partie des quatre rapporteurs de la mission d’information sur l’application de cette loi en janvier de l’année dernière : il en manquait 75 %. Un si faible nombre de décrets d’application effectivement pris, on a déjà eu l’occasion de le dire hier à propos des ombrières, a complètement sapé le travail que nous avions fait durant dix jours dans l’hémicycle. Je crois qu’à l’heure où nous parlons, même si vous allez peut-être contester le chiffre, il en manque toujours 47 %.
    Je rappelle que cette loi d’accélération était toute façon vraiment très mal partie sur bien des points. C’est d’ailleurs ce qui nous avait conduits à voter contre, puisque nous ne croyions pas à la planification vue comme un simple élément de langage que vous aviez inventé entre le passage au Sénat et le passage à l’Assemblée. Faisant confiance à la main invisible du marché, vous n’aviez pas voulu y inscrire d’objectifs ni prévoir de moyens, nous disant que cela relevait d’une loi de programmation –⁠ qu’on attend, elle aussi, depuis deux ans. Finalement, ce texte avait été détricoté par ailleurs par la loi « industrie verte » arrivée quelques semaines après, nous apportant ainsi la confirmation que nous avions eu raison de ne pas vous suivre.
    Vous nous dites qu’on n’oppose pas les énergies entre elles, en l’occurrence le nucléaire et le renouvelable, mais je constate que sur la loi d’accélération du nucléaire, il n’y a pas le même retard dans la publication des décrets d’application. Le rapport que nous demandons permettrait d’éclairer l’assemblée.

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Nous soutenons totalement cette demande de rapport. Ce retard est d’autant plus scandaleux qu’une loi d’accélération suppose de procéder très vite, en l’occurrence pour développer la production d’énergies renouvelables. Or, deux ans après, on attend toujours des décrets absolument essentiels –⁠ je pense notamment à ceux sur l’agrivoltaïsme. Je rappelle qu’un des combats que nous avons livrés a consisté à empêcher l’installation de parcs photovoltaïques au sol, sur des terres agricoles ou des espaces naturels. Ce fut un combat assez épique face aux lobbys industriels et à la volonté de certains opérateurs.
    Suivant la définition donnée par l’Ademe, on a adopté des dispositions sur l’agrivoltaïsme, mais en prenant beaucoup de précautions pour qu’il ne soit pas le faux nez d’un retour des projets de parcs photovoltaïques au sol. Je note au passage que la seule mesure prise à ce sujet par la ministre Agnès Pannier-Runacher, les 40 % de couverture des sols, contrevient absolument à toutes les normes fixées par l’Inrae –⁠ l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement –, par l’ensemble des chercheurs et tout simplement par le bon sens paysan : on ne peut pas produire au moins 10 % de biomasse avec 40 % de couverture –⁠ la différence s’appelle la photosynthèse, et cela ne marche pas.
    Cette disposition aberrante devait être encadrée par un décret qui tardait à venir, le comble pour une loi d’accélération ! Avec M. Lecamp et d’autres collègues, dans une logique transpartisane, nous avons entrepris un travail de définition d’un compromis en termes de volume des projets, de certification, de contrôle et de partage de la valeur, mais rien n’a encore pu aboutir au sein de notre assemblée. La démission du gouvernement en la matière est absolument coupable : elle ouvre la voie au schéma que vous avez décrit, monsieur le ministre, et que nous condamnons totalement. Il faut limiter les espaces artificialisés aux surfaces qu’offrent les toitures, les zones d’activités et les multiples zones anthropisées : je les estime à 500 000 hectares rien que pour les zones d’activités et il y en a peut-être autant pour les friches, auxquelles il faut ajouter l’ensemble des toitures. Tout cela suffit largement à produire l’énergie électrique dont nous avons besoin dans le cadre du photovoltaïque.
    Malheureusement, le choix a été fait de se limiter à l’autoconsommation sur les toitures, ce qui va ruiner toute une économie de proximité dans l’artisanat et privilégier de grands parcs au sol, dont les initiateurs invoqueront certainement l’alibi de l’agrivoltaïsme. Nous condamnons avec la plus grande vigueur ce désastre écologique annoncé, marqué par la fin de nombreux puits de carbone et de notre souveraineté alimentaire, un désastre dû au fait que le gouvernement n’a pas publié les décrets que notre assemblée avait clairement souhaités.
    Je rappelle en quelques mots le contenu de la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables : un, le respect du potentiel agronomique de nos sols pour les générations futures ; deux, le refus de tout mécanisme de spéculation, afin de garantir l’installation des jeunes agriculteurs ; trois, le respect de l’ensemble du code rural, notamment en termes de protection du rapport capital-travail en matière d’entrepreneuriat rural. Tout cela est voie d’abandon. C’est un scandale dont l’adoption de cet amendement pourra à peine nous consoler. (M. Philippe Brun applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre.

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Monsieur Potier, vous avez à maintes reprises ce soir utilisé le terme de démission pour qualifier l’action du gouvernement. Je vais juste livrer à votre connaissance l’information suivante : les décrets d’application de la loi Aper concernant le volet agrivoltaïsme ont été pris depuis déjà plus d’un an.

    M. Dominique Potier

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    Non, pas du tout !

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Monsieur le ministre, vous méconnaissez pour le moins le problème. Il y a deux dispositions dans la loi Aper : la première, portant sur le taux de couverture au sol, est totalement insuffisante et contraire à l’état de la science en la matière ;…

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Insuffisante, cela veut dire au moins qu’elle est appliquée et que les décrets ont été pris !

    M. Dominique Potier

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    …la seconde devait porter sur les sujets précis que j’ai évoqués, mais rien n’a été fait –⁠ rien dans le code rural, rien sur les mécanismes de régulation du marché foncier. Nous sommes à la veille d’une dérive semblable à celle que nous avons vue dans le cadre de la méthanisation, et dont nous ne tarderons pas à déplorer les conséquences. Votre imprévision et le poids des lobbys en la matière auront fait la loi. (M. Philippe Brun et M. Matthias Tavel applaudissent.)

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Comme notre collègue, nous constatons que l’objectif de la loi Aper –⁠ permettre une accélération des renouvelables par une meilleure planification territoriale – n’a pas été atteint, soit parce que les décrets d’application n’ont pas été pris, soit parce qu’ils ont été pris dans un sens contraire à ce que le Parlement avait voté –⁠ c’est le cas à propos de l’agrivoltaïsme. Au-delà de ses dimensions politiques que nous avons abondamment commentées, le vote intervenu cet après-midi en faveur d’un moratoire sur tout nouveau projet éolien ou solaire traduit aussi que ni cette loi ni l’attitude du gouvernement, inactif sur le sujet, n’ont permis d’avancer vers une planification spatiale. Une meilleure organisation du développement de l’éolien terrestre et la mise en œuvre de la décision de privilégier les toitures, les espaces déjà urbanisés et les friches pour celui du photovoltaïque auraient contribué à élargir le consensus autour des renouvelables. Nous payons aujourd’hui le prix de ce qui n’a pas été fait.
    La cartographie de l’éolien maritime a demandé des débats, mais a pu être adoptée. De même, pour aboutir à une réelle programmation énergétique et au déploiement des énergies renouvelables, un travail sur leur répartition spatiale, notamment sur la priorisation de l’utilisation des toits pour le photovoltaïque, est indispensable. Dans ce cadre, afin d’éclairer la discussion, la moindre des choses serait d’avoir un rapport sur la non-application de la loi Aper.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 232.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        75
            Nombre de suffrages exprimés                75
            Majorité absolue                        38
                    Pour l’adoption                12
                    Contre                63

    (L’amendement no 232 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel, pour soutenir les amendements nos 233 et 234, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Matthias Tavel

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    Ils visent à marquer notre soutien à la recherche et au développement autour d’énergies marines dont il a été peu question, car elles en sont à un stade de maîtrise bien moins avancé que l’éolien ou l’hydrolien. Il s’agit en particulier de l’énergie osmotique, c’est-à-dire de la production d’électricité utilisant le différentiel de salinité entre l’eau d’un fleuve et celle de la mer, notamment dans les estuaires. Un test est en cours dans les Bouches-du-Rhône. Il y a aussi la thalassothermie, c’est-à-dire l’utilisation de l’énergie thermique des mers, notamment pour participer au refroidissement de bâtiments. Dans ce domaine, des expérimentations sont également menées et des installations fonctionnent dans certains départements ultramarins.
    Explorer le potentiel de ces énergies et la possibilité qu’elles soient soutenues au travers du plan France 2030 serait utile pour que la France avance vers leur maîtrise et, peut-être, à l’avenir, les utilise, notamment dans les territoires ultramarins, dont elles pourraient contribuer à renforcer la souveraineté énergétique de manière renouvelable. En effet, il ne s’agit que d’énergies renouvelables –⁠ malheureusement, nous n’avons toujours pas trouvé le troisième type d’énergie bas-carbone qui ne serait ni nucléaire ni renouvelable, dont l’un de nos collègues du Rassemblement national a pourtant essayé de nous parler tout à l’heure !

    M. Emeric Salmon

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    Vous ne nous avez pas écoutés !

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces deux amendements ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 233.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        71
            Nombre de suffrages exprimés                71
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                10
                    Contre                61

    (L’amendement no 233 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 234.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        66
            Nombre de suffrages exprimés                66
            Majorité absolue                        34
                    Pour l’adoption                10
                    Contre                56

    (L’amendement no 234 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 571.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Il s’agit de la demande de rapport dont j’ai parlé tout à l’heure, avec pour objectif de synthétiser toutes les demandes de même type.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Je suis sensible à la volonté de synthèse. (Sourires.) Néanmoins, je constate que l’amendement est globalement satisfait. En effet, la PPE comporte des indicateurs de suivi qui sont tous rendus publics. Cela n’épuise certes pas les demandes contenues dans l’amendement, mais l’exercice d’actualisation actuellement mené par RTE, dont nous avons beaucoup parlé, devrait en toute logique répondre à la plupart. Je suggère donc le retrait de l’amendement.

    M. le président

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    Est-il maintenu ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Bien sûr !

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Laisney.

    M. Maxime Laisney

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    Une fois n’est pas coutume, je salue l’attitude de M. le rapporteur Armand, qui a tenu sa promesse, faite en commission, de formuler une demande de rapport assez complète. Toutefois, comme il a défendu très brièvement son amendement, je vais entrer un peu dans le détail de la demande de rapport. Elle porte sur les bénéfices et les risques de l’ensemble des capacités de production d’énergie, électrique ou non ; sur les coûts liés à la construction, au fonctionnement et au démantèlement des sites de production ; et sur le prix de l’énergie produite.
    Cela nous va très bien puisque, selon nous –⁠ et comme nous n’avons cessé de le dire –, les énergies renouvelables variables sont extrêmement compétitives (Rires et exclamations sur les bancs du groupe RN), ne présentent à peu près aucun risque et offrent un bénéfice incommensurablement plus élevé que le nucléaire. J’ai néanmoins une question, qui s’adresse à M. le rapporteur puisque M. le ministre n’est pas favorable à l’amendement. Un rapport de la Cour des comptes publié en janvier, que certains d’entre nous ont lu, conclut qu’il est impossible d’avoir la certitude que les projets d’EPR 2 aboutiront. Ma question est la suivante : si cet amendement est adopté et si le rapport sur l’ensemble des technologies que nous remettra le gouvernement arrive à la même conclusion –⁠ qu’on parle de coûts, de risques, de délais de construction ou de prix de l’énergie produite –, abandonnera-t-on l’EPR 2 ? Et au profit de quel autre modèle ? La question se pose à tous les nucléocrates présents ici. Êtes-vous prêts à trahir une nouvelle fois les ingénieurs d’EDF ?
    Par ailleurs, l’amendement prévoit que le rapport soit remis avant le 1er janvier 2027. Or EDF doit prendre sa décision finale d’investissement à la fin de l’année 2026. Si jamais le rapport devait préconiser l’abandon de l’EPR 2, il serait bien que l’entreprise n’ait pas décidé juste avant d’investir dans de nouveaux réacteurs qui ne verraient jamais le jour. Malgré les questions et la remarque sur les dates formulées, nous allons voter en faveur de l’amendement.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 571.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        71
            Nombre de suffrages exprimés                71
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                64
                    Contre                7

    (L’amendement no 571 est adopté.)

    M. le président

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    Les amendements nos 614 et 615 de M. Éric Michoux sont défendus.
    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 614.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        67
            Nombre de suffrages exprimés                66
            Majorité absolue                        34
                    Pour l’adoption                40
                    Contre                26

    (L’amendement no 614 est adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 615.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        67
            Nombre de suffrages exprimés                66
            Majorité absolue                        34
                    Pour l’adoption                6
                    Contre                60

    (L’amendement no 615 n’est pas adopté.)

    Titre

    M. le président

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    Nous en venons aux amendements au titre.
    L’amendement no 283 de M. le rapporteur est rédactionnel.
    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Favorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 283.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        70
            Nombre de suffrages exprimés                64
            Majorité absolue                        33
                    Pour l’adoption                63
                    Contre                1

    (L’amendement no 283 est adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 888.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je l’ai déposé il y a quelques minutes en en informant Mme la présidente de la commission des affaires économiques. Il vise à tirer les conclusions de l’examen de la proposition de loi que nous avons débuté lundi. Depuis, nous avons profondément modifié la lettre et l’esprit du texte du sénateur Gremillet qui, quoiqu’issu de la Droite républicaine, proposait un équilibre, imparfait mais existant, entre l’énergie nucléaire, les énergies renouvelables thermiques et les énergies renouvelables électriques.
    Notre assemblée a décidé de rompre cet équilibre en adoptant cet après-midi les amendements de MM. Nury, de la Droite républicaine, et Amblard, du Rassemblement national, qui prévoient un moratoire immédiat et général sur les énergies renouvelables électriques, le solaire et l’éolien. Cet amendement ne fait pas que modifier la proposition de loi, il en change la nature, puisque le texte d’origine, programmatique, travaillait sur des échéances à cinq, dix, vingt ou trente ans. Le moratoire adopté, lui, s’appliquerait dès la promulgation de la loi, avec les conséquences que nous avons déjà évoquées. La moindre des choses, au nom de la transparence et de la sincérité que nous devons au Sénat et à l’ensemble de nos concitoyens, est de dire dès son titre que la proposition de loi n’est plus seulement un texte de programmation, mais qu’elle inclut un moratoire immédiat et total sur les énergies éolienne et solaire.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Favorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Monsieur le rapporteur, lundi, au début de l’examen de la proposition de loi, vous avez regretté l’absence d’un texte d’origine gouvernementale. J’avais alors moqué le fait que vous-même, ancien ministre de l’économie,…

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Mais pas de l’énergie !

    M. Matthias Tavel

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    … critiquiez un ministre actuel sous la présidence de M. Lescure, lui-même ancien ministre. Il y avait là comme une image de l’échec profond et durable de la Macronie à défendre un projet de loi de programmation. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Vous achevez la discussion par cet amendement, dont je pourrais saluer la franchise car il dénonce le moratoire adopté plus tôt dans la journée. Mais il s’agit en réalité d’un règlement de comptes interne au socle gouvernemental, qui fait bien écho à la manière dont vous avez débuté la semaine. Ni ce texte, ni votre méthode, ni le gouvernement n’ont plus ni queue ni tête. (Mêmes mouvements.) Tout à l’heure, vous avez refusé de retirer ce texte incohérent défendu par un gouvernement incohérent. Il reste une manière de régler cette question : rejeter le texte mardi puis, dans les jours qui suivent, censurer le gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à M. Marc Fesneau.

    M. Marc Fesneau

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    Il reste une heure de temps de parole à mon groupe. (Sourires.)

    M. Emeric Salmon

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    Attention : il en reste trois à Jean-Philippe Tanguy !

    M. Marc Fesneau

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    Je vois que ma phrase a inquiété jusqu’aux bancs du gouvernement. Ne vous inquiétez pas : je ne vais pas en abuser. Plus sérieusement, et au-delà du caractère taquin de l’amendement de M. le rapporteur, que nous soutenons, avec tout ce qui a été voté ici depuis lundi, nous pourrions encore allonger le titre du texte avec les mots « visant à créer un établissement public industriel et commercial pour EDF », « visant à sortir du marché européen de l’électricité », « visant à raser gratis à tous les étages », etc.
    En écho aux propos de notre collègue qui s’est exprimé avant moi, je regrette que, parfois avec votre soutien (L’orateur désigne les bancs du groupe LFI-NFP), l’Assemblée ait, au travers de certaines dispositions qu’elle a adoptées, trompé les électeurs,…

    M. Emeric Salmon

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    Pas les nôtres !

    M. Marc Fesneau

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    …trompé les citoyens et trompé les entreprises. Le texte ne donne aucune perspective aux entreprises, freine le développement des biocarburants et change complètement la trajectoire pour les éoliennes et le photovoltaïque –⁠ sur ce dernier point, vous n’avez pas contribué à la décision (Même mouvement.) D’autre part, nous n’avons pas les financements pour mettre en œuvre ce que nous avons voté.
    On transforme à nouveau EDF alors que le dernier changement de statut de l’établissement remonte à quelques mois seulement. Alors qu’une loi de programmation devrait par nature apporter stabilité et perspectives, on fait tout le contraire : on introduit de l’instabilité et on ne donne aucune perspective.
    Cela soulève la question de savoir ce que nous allons faire de ce texte. Lors de l’examen d’un texte, il se peut que certaines choses nous échappent, que des votes nous échappent –⁠ mais en l’occurrence, le problème est structurel : le texte a été totalement démantibulé et n’a plus rien à voir, dans ses fondements, avec ce que devait être cette loi de programmation de l’énergie.
    J’espère donc qu’à un moment ou à un autre, la raison finira par l’emporter. Nous avons besoin d’une loi de programmation équilibrée,…

    M. Jean-Luc Fugit

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    Eh oui !

    M. Marc Fesneau

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    …avec une part de nucléaire –⁠ que, comme vous le savez, nous soutenons – mais aussi avec une part d’énergies renouvelables ; or celles-ci ont été stoppées. On ne pourra pourtant pas tout faire avec les énergies hydrauliques.

    Mme Sophia Chikirou

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    Qui gouverne depuis huit ans ?

    M. Marc Fesneau

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    La question est de savoir non pas qui gouverne, mais qui vote. Il ne suffit pas d’imputer la faute au gouvernement, à untel ou à untel ! La question est : qui a voté pour certains amendements ?

    Plusieurs députés du groupe RN

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    Nous !

    M. Marc Fesneau

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    Je ne le conteste pas, je réponds à Mme Chikirou. Des choix ont été faits, que nous ne partageons pas, mais cela fait partie du débat démocratique et cela se respecte. Néanmoins, c’est nous, parlementaires, qui délibérons et qui sommes responsables de nos votes.

    Mme Caroline Colombier

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    Nous, nous appliquons notre programme.

    M. Laurent Jacobelli

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    Et ce texte est devenu notre loi !

    M. Marc Fesneau

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    C’est donc nous et non le gouvernement qu’il faut mettre en cause.
    Il me semble important, monsieur le rapporteur –⁠ et je veux saluer votre travail, parce que vous avez fait ce que vous avez pu –, que nous réfléchissions à la façon dont, en définitive, nous pourrions nous doter d’une programmation qui donne des perspectives aux acteurs et aux citoyens. Je considère pour ma part que, ce soir, le compte n’y est pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Philippe Tanguy.

    M. Emeric Salmon

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    Pour trois heures ! (Sourires.)

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Monsieur le rapporteur, je comprends votre déception –⁠ je le dis sans aucune ironie – parce que vous avez beaucoup travaillé sur cette proposition de loi, mais je trouve un peu dommage que vous acheviez son examen avec un amendement qui ne correspond pas au contenu du texte.

    M. Marc Fesneau

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    Si !

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Non, ce n’est pas vrai. Certes, un moratoire a été adopté et nous l’assumons : il était au cœur du projet de Marine Le Pen. Nous ne cherchons pas à le cacher, au contraire, nous le revendiquons et, soit dit en passant, jusqu’à ce qu’il soit soumis au vote, c’est vous qui en parliez le plus : il était l’objet d’attaques régulières, vous nous le reprochiez. S’il a été adopté, monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, c’est qu’il correspond à une réalité politique, à savoir qu’un parti a obtenu, avec ses alliés, 35 % des voix aux dernières législatives et qu’il est le premier parti de France en nombre de voix –⁠ et je ne parle pas des élections européennes. Cela vous déplaît, mais c’est la réalité –⁠ j’entends que le président Fesneau la respecte, mais c’est la moindre des choses ! Cette réalité, vous la connaissiez et si nous représentons plus que 35 % aujourd’hui, c’est parce que vous avez choisi de ne pas être là.
    Vos partis, vos groupes politiques ont considéré que ce texte portant programmation énergétique nationale pour dix ans ne valait pas le coup de se mobiliser. C’est votre choix ; ce n’est pas celui du rapporteur, ni celui du ministre, ni celui de la présidente de la commission des affaires économiques : ils ont été présents tout au long de l’examen du texte. C’est le choix de vos formations politiques. Il est trop facile de venir ensuite, avec des effets de manche, nous adresser des reproches. La vérité, c’est que vous n’avez pas été capables de mobiliser sur ce texte des parlementaires qui ont pourtant été élus pour cela : venir débattre au Parlement puis revenir auprès des électeurs pour assumer leurs choix –⁠ de toute façon, vous n’assumez plus rien !
    Je n’ai pas de preuve et je ne verserai pas dans le complotisme, mais je dois dire que je suis plus particulièrement étonné de l’absence des parlementaires des groupes de gauche, qui résident souvent à Paris ou à proximité. Il s’agit pourtant d’un texte que vous réclamiez depuis longtemps, jusqu’au moment où vous vous êtes rendu compte que l’administration que vous aviez infiltrée était capable de faire passer par décret un texte bien plus fort qu’un texte de loi soumis au Parlement.

    M. Maxime Laisney

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    À part ça, vous ne versez pas dans le complotisme !

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Vous pouvez parler de la fin du monde, d’un Armageddon qui serait déclenché par la prêtresse Greta Thunberg, il reste que vous n’étiez pas là vous non plus. Peut-être sommes-nous les cavaliers de l’Apocalypse, mais vous n’avez pas l’air d’y croire vraiment, à cette Apocalypse, car vous n’étiez pas présents pour nous combattre ! Vous étiez un peu mollassons, un peu faiblards, en quantité comme en qualité.
    Pourquoi n’étiez-vous pas là, si c’était si grave ? Parce que, chers collègues, vous ne pensez pas ce que vous dites. Il y a ici des collègues engagés, courageux –⁠ je n’ai de mépris pour personne –, mais, au terme de ce débat, force est de constater que vos groupes ne s’intéressent pas à cette question. C’est la leçon à tirer de cette semaine : l’énergie, cela ne vous intéresse pas. (M. Matthias Tavel s’exclame.)
    Quand les socialistes ont promis, sur un coin de table, de fermer quatorze réacteurs nucléaires, parmi lesquels deux à Fessenheim qui fonctionnaient, tout cela pour conclure un accord électoral, cela ne vous intéressait pas –⁠ les conséquences de cette décision ne vous intéressaient pas.

    M. Maxime Laisney

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    Et vous, comment allez-vous les remettre en route ?

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Quand vous avez décidé d’instituer une taxe carbone à l’époque de Ségolène Royal, pourrissant encore aujourd’hui la vie des ruraux et des personnes ayant des moyens modestes, des personnes qui travaillent, des retraités, cela ne vous intéressait pas. En revanche, quand les gilets jaunes ont fait entendre leur colère, là, cela vous a intéressés ; quand la France a traversé la plus grave crise énergétique de son histoire, là, cela vous a intéressés. Cela ne vous intéresse que lorsque les catastrophes que vous provoquez par intérêt rappellent l’énergie à votre bon souvenir.
    Eh bien voilà, la conclusion, c’est qu’un seul groupe politique ici est fidèle aux promesses qu’il a faites aux électeurs et examine avec sérieux les textes qu’avec Marine Le Pen, nous avons demandés à François Bayrou. Vous pouvez être en colère, vous pouvez nous insulter,…

    M. Marc Fesneau

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    Nous ne vous avons pas insultés !

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    …vous pouvez nous critiquer, vous pouvez mentir sur notre programme, tout cela n’a pas beaucoup d’importance : à la fin, les paroles s’envolent, les actes restent –⁠ et les absences se paient cher. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN, dont certains députés se lèvent pour applaudir.)

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Je voudrais simplement partager quelques réflexions au nom du groupe socialiste.
    La première, c’est qu’on ne peut pas dire que notre assemblée n’est pas éclairée. Il n’y a jamais eu autant de think tanks, de recherches –⁠ des recherches internationales, des recherches consolidées, des recherches issues de toutes les disciplines –, de voix scientifiques parlant aussi clairement. Or nous venons d’adopter des dispositions qui vont à l’encontre des scénarios conçus par RTE, par l’association négaWatt et par tant d’autres. Nous disposons d’un grand nombre de simulations et d’anticipations, mais ce que nous avons adopté est contraire à toute logique,…

    M. Marc Fesneau

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    Eh oui !

    M. Dominique Potier

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    …à tout bon sens, à toute capacité à faire face au défi climatique ou même au simple défi de produire de l’énergie pour nos concitoyens. Nous avons été pris dans une sorte de délire idéologique qui nous a empêchés de retenir au moins l’un des scénarios proposés. Je ne mets pas ici en cause la pluralité des solutions ; le problème, c’est que nous nous trouvons en dehors des cadres fixés par la science, en dehors du principe de réalité. Il nous faut tirer toutes les conclusions de cette dérive profonde de notre démocratie.
    Je voudrais commencer par assumer notre part de responsabilité, parce qu’il serait trop facile de critiquer les uns et les autres. Je veux le dire avec force, et ce n’est pas de l’autoflagellation : nous n’avons pas été assez présents –⁠ nous, le groupe socialiste, nos collègues écologistes et nos collègues de gauche, dans toute leur diversité. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Matthias Tavel

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    Oh, ça va !

    M. Dominique Potier

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    Je parle de manière générale ; LFI fut sûrement l’un des groupes les plus nombreux en séance et je le salue.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Ah ! Quand même !

    M. Emeric Salmon

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    Mais ce n’était pas le groupe le plus nombreux…

    M. Dominique Potier

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    J’essaie d’être objectif et de dire la vérité. Avant de critiquer qui que ce soit, je tiens à ce que nous prenions notre part de responsabilité.
    Les travées du bloc central étaient elles aussi singulièrement vides dans les moments cruciaux. Et l’absence du bloc central et de la gauche a permis cette dérive par rapport au texte voulu par le gouvernement.
    J’en viens maintenant aux critiques.
    Nous avons perdu le vote à trois voix près. Le moment venu, peut-être faudra-t-il clarifier –⁠ je l’ai signalé cet après-midi – ce qui m’apparaît, concernant les délégations de vote, comme une anomalie du fonctionnement démocratique ; il appartient à la présidente de l’Assemblée nationale de faire la vérité sur ces questions très sensibles.
    Je voudrais également dire, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, que le gouvernement porte lui aussi sa part de responsabilité. Le groupe socialiste avait réalisé un travail difficile, parce que nous étions divisés entre nous : certains, dont moi, étaient plutôt proches du scénario de l’association négaWatt, d’autres, d’un scénario pronucléaire. À l’issue d’un travail de discernement et d’approfondissement, nous avons proposé un scénario de transition qui nous est apparu comme un compromis équilibré. Ce scénario aurait pu être le socle d’une alliance par exemple avec le bloc central,…

    Mme Sophia Chikirou

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    Ah ça ! Vous adoreriez cela !

    M. Dominique Potier

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    …tout en permettant des ouvertures et un dialogue avec nos partenaires de gauche sur des questions sensibles comme les conditions du développement des énergies renouvelables et du nucléaire. Eh bien, nos efforts de dialogue, de compromis, de réécriture, d’amendement n’ont reçu de la part du gouvernement que mépris et ironie ; aucune main tendue.
    C’est l’ensemble de ces facteurs qui explique la grande irresponsabilité à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés. Je le dis avec gravité : si l’on ajoute à ce phénomène ce qui est en train de se produire sous la pression notamment de l’extrême droite et d’une partie de la droite européenne, à savoir le démontage systématique de toutes les directives européennes et du pacte vert pour l’Europe, on peut avoir le vertige : nous sommes en train de revenir sur tous les acquis obtenus au cours des cinq dernières années, voire de la dernière décennie, en matière sociale, écologique et économique. Nous le faisons sous la pression de lobbys puissants et d’un délire idéologique. Nous le faisons aussi –⁠ je le crois profondément – à travers la quête d’une compétitivité vaine, parce que cette compétitivité va s’effondrer après s’être heurtée au réel, au manque d’eau, au manque d’énergie, aux défis écologiques qui vont nous rattraper et frapper les plus pauvres d’entre nous. Je suis dévasté par cette impuissance publique. La France devrait être un pays pionnier dans le domaine de la transition écologique ; or elle est en train de prendre du retard. Ses représentants à l’échelle européenne contribuent au démontage des directives européennes les plus capitales.
    Je veux le dire dans ce moment de désolation : nous aurons la semaine prochaine un moment de vérité à l’occasion du vote de cette proposition de loi. Il ne s’agira pas seulement de nous reprendre, il faudra aussi dire comment nous comptons être capables, avec conscience et raison, de bâtir des réponses à la hauteur des défis du temps présent. (M. Philippe Brun applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Sophia Chikirou.

    Mme Sophia Chikirou

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    Puisque nous en sommes aux petits mots de conclusion, je me permets d’intervenir moi aussi, histoire de remettre l’église au milieu du village.

    M. Pierre Meurin

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    Et la laïcité ?

    Mme Sophia Chikirou

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    Rappelons d’abord que cette proposition de loi a été déposée par le groupe LR du Sénat et que ce groupe participe au bloc central, constitué de partis minoritaires qui, quoique battus aux élections l’an dernier, contribuent au gouvernement. Rappelons ensuite que ce même gouvernement est au pouvoir depuis plusieurs mois grâce au soutien du Rassemblement national, qui a assuré à François Bayrou qu’il le maintiendrait au pouvoir (« Non ! » sur les bancs du groupe RN),…

    M. Emeric Salmon

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    C’est vous qui avez voté pour eux !

    Mme Sophia Chikirou

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    …et grâce, bien sûr, à l’accord passé avec le parti socialiste, accord qui n’a pas été respecté par François Bayrou, ce qui fait que le parti socialiste a, à l’occasion d’une réunion de groupe, décidé qu’il faudrait à un moment ou à un autre censurer le gouvernement, notamment eu égard au conclave sur les retraites. Marine Le Pen, quant à elle, a menacé François Bayrou de censure à propos du présent texte de loi. C’est dans cette ambiance…

    M. Pierre Meurin

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    …que nous avons supprimé les éoliennes.

    Mme Sophia Chikirou

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    …que les pistolets ont été sortis.
    On se retrouve avec un texte dont l’initiative revient à LR. À l’Assemblée nationale, le bloc central dit : « On le soutient », le RN : « Attention, nous verrons en fonction des débats si nous censurons ou non le gouvernement ». Et on avance comme ça. Cela nous amène à un texte qui n’a ni queue ni tête, qui dit tout et son contraire. Au moins le présent amendement permettrait-il de mettre en évidence à travers le titre la contradiction qui traverse le texte et de dire aux Français que leurs députés ont fait n’importe quoi !

    M. Emeric Salmon

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    Non : certains ont tenu les promesses qu’ils avaient faites à leurs électeurs !

    Mme Sophia Chikirou

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    Pour éviter la censure du gouvernement Bayrou, une alliance a été conclue, qui va du bloc central jusqu’à l’extrême droite, pour trouver une espèce de compromis sur le texte. C’est vous qui l’avez voulu. Résultat : vous vous êtes retrouvés à voter un coup pour les amendements des uns, un coup pour ceux des autres ; en définitive, le texte n’est plus du tout cohérent. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
    Il faut quand même dire clairement les choses pour que les gens puissent comprendre : pour les dix prochaines années, la seule volonté que vous ayez en commun, c’est de relancer la production d’énergie d’origine nucléaire. Nous, nous sommes cohérents : nous sommes pour la sortie du nucléaire. Nous nous sommes battus en commission et ici, dans l’hémicycle, pour refuser la poursuite des investissements dans la production nucléaire. Nous estimons qu’il faut mettre le paquet dans les énergies renouvelables, les énergies solaires, les énergies hydrauliques, etc. Voilà ce que nous voulons faire. Nous n’avons pas le même projet que vous, nous avons donc combattu le vôtre.
    Ensuite arrive cet amendement incroyable, visant à instaurer un moratoire sur les investissements et le financement des énergies renouvelables. Si ce texte est définitivement adopté, on devra dire, du jour au lendemain, aux personnes qui travaillent dans les filières du renouvelable, que c’est terminé. Cela n’a pas de sens ! Du fait des investissements nécessaires, la production d’énergie d’origine nucléaire prend des années –⁠ au moins une décennie. Et entre-temps, on cesserait de produire de l’électricité issue de sources renouvelables ? Que nous proposez-vous, monsieur Tanguy, pour combler le gap ? Vous voyez bien que ce n’est pas cohérent !
    Vous dites que c’est dans votre programme, que nous n’avions qu’à être plus nombreux si nous voulions bloquer vos mauvaises idées. Oui, nous aurions dû être plus présents –⁠ mais nous n’aurions jamais imaginé qu’une telle aberration puisse survenir ; et, de toute façon, La France insoumise était présente lors du vote de cet amendement.
    En guise de conclusion –⁠ puisque j’arrive au terme du temps imparti au groupe La France insoumise –, je souhaite rappeler que tout cela se passe dans un contexte d’instabilité politique, où les accords sont en train de s’effondrer.
    Le Rassemblement national permet à François Bayrou de se maintenir comme premier ministre. La seule question que nous avons à poser est : sommes-nous prêts à censurer ce gouvernement hors d’état de faire le job, qui n’y arrive pas et qui n’y arrivera pas ? Voilà ce que je voulais dire pour terminer.
    Je tiens enfin à saluer les chefs de file de la France insoumise. –⁠ Vous avez osé dire, monsieur Tanguy, que nous n’avions pas les compétences sur ces sujets-là, mais je vous assure que vous n’arrivez pas à la cheville de nos chefs de file ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Emeric Salmon

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    « Et nananère ! » Ce n’est pas une cour de récréation ici !

    M. le président

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    Je vous rappelle que nous sommes en prolongation de séance. Je veux bien prolonger encore quelques minutes –⁠ comme il s’agit d’un temps législatif programmé, chacun prendra ses responsabilités. Il me semblait toutefois que nous étions convenus de terminer à minuit. Or cela fait plus d’un quart d’heure que nous discutons, alors que la défense de l’amendement est terminée.
    La parole est à Mme Olga Givernet.

    Mme Olga Givernet

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    Je ferai un simple rappel d’histoire. Cette proposition de loi sénatoriale, je l’ai discutée en tant que ministre en première lecture au Sénat, en octobre dernier : les débats avaient permis d’atteindre un équilibre dans le texte, qui est ensuite parvenu à l’Assemblée nationale. Bien qu’elle ne fût pas idéale, cette proposition de loi était demandée et, à l’issue de nos débats, elle aurait dû pouvoir faire l’objet d’un consensus. Je suis navrée de constater que notre assemblée n’est pas parvenue à converger et que nous nous retrouvons avec des mesures difficiles à défendre. À cet égard, je trouve que le titre proposé par le rapporteur sied tout à fait à la situation –⁠ j’en profite d’ailleurs pour remercier les rapporteurs et le ministre.
    Je suis navrée d’avoir entendu des prises de parole sidérantes de la part de personnes comme montées sur piles, qui brassaient de l’air et qui ont fait croire aux Français qu’il serait possible de balayer d’un revers de la main une politique énergétique fondée sur une trajectoire pluriannuelle. Je crois néanmoins qu’il faut poursuivre les discussions afin de nous donner une chance de bâtir une véritable programmation énergétique. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 888.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        74
            Nombre de suffrages exprimés                71
            Majorité absolue                        36
                    Pour l’adoption                28
                    Contre                43

    (L’amendement no 888 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je vous rappelle que la conférence des présidents a décidé que le vote solennel sur l’ensemble de la proposition de loi aurait lieu le mardi 24 juin après les questions au gouvernement.

    2. Ordre du jour de la prochaine séance

    M. le président

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    Prochaine séance, lundi 23 juin, à quinze heures :
    Discussion de la proposition de loi visant à créer un registre national des cancers ;
    Discussion du projet de loi autorisant la ratification du traité de coopération en matière de défense entre la République française et la République de Djibouti ;
    Discussion du projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte ;
    Discussion du projet de loi organique relatif au département-région de Mayotte.
    La séance est levée.

    (La séance est levée, le vendredi 20, juin à zéro heure vingt.)

    Le directeur des comptes rendus
    Serge Ezdra