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24/03/2009 – Projection du film « L’affaire Salengro » à l’Hôtel de Lassay

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Si l’hémicycle est parfois comparé à un théâtre, avec ses acteurs, ses vedettes ou ses seconds rôles, il ouvre rarement ses portes aux professionnels du spectacle. Cet hémicycle est notre scène, nous en gardons jalousement le seuil.

L’été dernier, pourtant, quand nous étions en pleine session extraordinaire, l’Assemblée est devenue ce qu’elle est rarement : un décor de film.

La gomina, les moustaches, le drap noir des costumes, leur coupe, ont permis de distinguer, clairement, les vrais acteurs qui étaient de faux députés, des vrais députés qui sont parfois, aussi, de vrais acteurs.

Si nous avons ainsi ouvert nos portes à Yves Boisset, et ainsi dire à la concurrence, c’est qu’il s’agissait de rejouer une scène qui s’était déjà déroulée ici, qu’il s’agissait en somme de nous parler de nous-mêmes, ou plutôt de ceux qui nous ont précédé.

Plus sérieusement, l’histoire de notre pays s’est largement déroulée ici. La « Chambre » a été, sous la Troisième République, « la » scène de la vie politique française. Il s’y est joué des actes majeurs, parfois dramatiques, de notre histoire. Nos murs résonnent encore, à qui sait l’entendre, de ces grands moments, tantôt glorieux, tantôt honteux, qui ont fait la France.

Le projet d’Yves Boisset – magistralement mis en œuvre – était de raconter l’un des épisodes de cette période complexe, et parfois trouble, que fut l’Entre-deux-guerres.

L’affaire Salengro est marquée par son temps, elle fut le fruit des circonstances particulières, celles en particulier de l’outrance : outrance d’une certaine presse, outrance des mots, des méthodes, des mensonges, outrance des haines et des « idées » ou prétendues telles, portées par certains, partagées par un trop grand nombre. On peut espérer que cette outrance là n’est plus, on peut espérer notre époque plus sage et mesurée. Pour autant, le drame de Roger Salengro, poussé au suicide par l’ignominie de la calomnie, demeure tragiquement éloquent et résonne encore de toute son acuité.

Et il importe de nous en souvenir.

C’est pourquoi je suis heureux que derrière les faux députés, les faux ministres, ce soient les vraies banquette de l’hémicycle qui apparaissent à l’écran.

Je me réjouis que l’Assemblée ait ainsi contribué – bien modestement – à une œuvre de dont le propos et la qualité honorent le service public et ranime, dans le grand public, le souvenir de notre histoire.

Aussi est-ce sans plus tarder que je vous propose de regarder ce film.

Je vous remercie.