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08/07/2010 - Allocution d’ouverture de la 1ère Grande commission France-Chine

Monsieur le président WU Bangguo,

Mesdames et Messieurs les députés,

Chers collègues,

Permettez-moi tout d’abord de me réjouir de votre visite et de vous souhaiter la bienvenue à l’Assemblée nationale et, plus largement, en France où vous effectuez cette visite officielle en votre qualité de Président du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire.

Je souhaite également la bienvenue à tous les membres de la délégation qui vous accompagne, un très agréable séjour dans notre pays.

Je suis, aujourd’hui, particulièrement heureux de procéder avec vous à l’installation solennelle de la grande commission France-Chine, à laquelle je souhaite longue vie et prospérité.

Cela fait bien longtemps que nos deux assemblées entretiennent des relations fournies, à travers leurs présidents, leurs groupes d’amitié dont je salue les présidents français et chinois, et leurs commissions permanentes. La liste est longue des visites, des entretiens et des rencontres, à Pékin comme à Paris.

Sans remonter bien loin dans le temps, en dix ans à peine, mes prédécesseurs et moi-même avons rencontré les plus hautes autorités de la République populaire de Chine, à plusieurs reprises. Pour m’en tenir aux plus importantes rencontres et aux personnalités les plus illustres, les Présidents de la République (M. JIANG Zemin en 1999, M. HU Jintao en 2004, en 2001 et en 2008), le premier Ministre (M. WEN Jiabao, en 2005), et bien sûr vous-même, M. le Président WU Bangguo, puisque j’ai eu le plaisir de vous rencontrer à Pékin en 2008, en 2009 et cette année, à nouveau, il y a deux semaines. Je voulais personnellement vous en remercier.

La mondialisation des échanges a poussé nos deux vieux pays aux longues et grandes histoires à s’ouvrir sur l’extérieur et à entrer dans le ballet des relations internationales, à tous les niveaux de la société.

Depuis que nos deux pays ont établi leurs relations diplomatiques, il y plus de 45 ans, des pans entiers de nos sociétés se sont mis à dialoguer entre eux. C’est ainsi que nos collectivités territoriales ont mis en place de multiples coopérations décentralisées, que nos universités, nos entreprises et de nombreux acteurs institutionnels ou économiques coopèrent et participent ainsi dans tous les domaines au développement de relations bilatérales qui sont plus riches qu’elles ne l’ont jamais été.

Ce n’est un secret pour personne, la Chine a exercé et exerce encore une véritable fascination sur les Européens et les Français en particulier. Ce vaste pays, le plus peuplé du monde, dont la culture, très ancienne, et l’unité politique ont résisté aux siècles et aux invasions est revenu sur le devant de la scène et, pourquoi ne pas le dire, au centre d’un monde d’où l’Europe lui paraît certainement, et je le regrette, bien éloignée. Son rôle dans l’activité économique de la planète est devenu incontournable et sa place sur l’échiquier politique international est en train de s’ajuster à sa nouvelle puissance économique.

Autant le dire, son poids économique et démographique aurait rendu totalement vide de sens une mondialisation sans la Chine. Entamé par son admission à l’OMC, en 2001, le retour de la Chine sur le devant de la scène mondiale peut être considéré comme totalement achevé avec les succès planétaires enregistrés par les jeux olympiques de Pékin, en 2008, et l’exposition universelle de Shanghai qui se tient en ce moment même.

Les parlements, et le Parlement français en particulier, ont tout naturellement participé à ce double processus de mondialisation et de reconnaissance de la Chine comme acteur majeur de la scène internationale.

C’est pourquoi, M. le Président WU, lorsque nous avons signé ensemble, l’an dernier à Pékin, le mémorandum d’entente entre nos deux assemblées, nous sommes convenus qu’une grande commission tenant une session annuelle matérialiserait au mieux nos objectifs communs pour « renforcer le dialogue et les échanges » entre nous, « élargir notre coopération dans tous les domaines et de jouer un rôle constructif face aux défis planétaires ».

A la base de ce processus de rapprochement entre nos deux institutions, il y avait ce sentiment partagé que « les échanges parlementaires sont une composante essentielle des relations entre les Etats ». Et je dois vous remercier cher Monsieur le Président WU, d’avoir pris l’initiative de nous faire savoir que vous souhaitiez établir des liens plus formels et plus resserrés entre nos deux assemblées.

En effet, jusqu’à la signature du mémorandum, il n’existait entre nos deux assemblées aucune structure de contact et de liaison, hormis nos groupes d’amitié. Ce Mémorandum, et la Grande commission qu’il crée, permettront d’introduire un peu d’ordre dans la diversité de nos échanges et d’organiser plus rationnellement notre coopération.

Nous pouvons nous féliciter d’avoir forgé avec cette Grande commission un outil de travail que nous allons mettre au service du dialogue franco-chinois.

A cet égard, le choix que nous avons fait conjointement des thèmes de notre première session, la Santé et la protection sociale et l’Environnement et le développement durable me paraissent particulièrement pertinents.

La santé et la protection sociale sont en effet au cœur même des préoccupations les plus sérieuses de nos concitoyens et risquent de s’y trouver pour encore de nombreuses années. Si l’on excepte l’emploi, et son revers le chômage, qui reste traditionnellement la préoccupation majeure des français depuis des décennies, la santé et la protection sociale constituent, ensemble ou séparément selon les sondages, un des tous premiers sujets de préoccupation pour les Français et encore plus pour les personnes âgées. Or, comme dans l’Europe entière, la population française est vieillissante et sa demande de soins va croître sensiblement dans les prochaines années.

La santé n’a jamais pesé d’un poids aussi lourd dans la richesse collective depuis que les progrès de la recherche médicale ont diminué la fatalité ; l’amélioration continue de l’état de santé individuel conduit depuis plusieurs décennies à l’allongement régulier de l’espérance de vie qui conduit à son tour à un besoin croissant de financement de la protection sociale.

Or la santé est, depuis 1945, au cœur du pacte républicain. Le financement collectif des dépenses de santé de chaque Français et l’accès généralisé aux soins indépendamment des capacités financières de chacun constituent un acquis tellement ancré dans le pacte social qu’il semble impensable d’en modifier les paramètres.

Le système de santé français a été en 2001, considéré par l’OMS comme le plus performant du monde parce qu’il alliait liberté de choix, richesse de l’offre et qualité des prestations. Il n’est pas absolument certain que le jugement serait aujourd’hui le même. La France est l’un des premiers pays d’Europe pour ses dépenses sociales et pourtant l’accès aux soins sous toutes ses formes est encore inégalement réparti, et la prévention devrait prendre plus de place dans notre système de santé.

Notre collègue Bernard Perrut, qui connaît bien ce sujet puisqu’il est vice-président de la commission des affaires sociales et membre titulaire de la commission des comptes de la sécurité sociale, vous exposera avec plus de précision l’architecture du système de santé français et les réformes qui s’imposent désormais pour en assurer la sauvegarde et la pérennité.

L’environnement et le développement durable ne constituent pas pour la majorité des français des préoccupations aussi anciennes ni aussi importantes que la pérennité d’un système de soins performant et équitable. Ces thèmes gagnent pourtant régulièrement des places à chaque sondage sur les préoccupations des Français.

La faible densité de notre population, comparée à celle de la plupart de nos voisins, et sa répartition plutôt équilibrée sur l’ensemble du territoire, la moindre taille de nos grandes villes, la diversité des paysages de nos campagnes et l’attachement que nous leur portons, tout cela explique en grande partie que nous avons mis plus de temps que d’autres à ressentir la menace pesant sur notre environnement.

Mais l’ampleur prise par le débat sur le réchauffement climatique et, surtout, la fréquence accrue, cette dernière décennie, d’épisodes dramatiques tels que les tempêtes, les marées noires, les crues ou les inondations, ont fini par alerter et inquiéter l’opinion publique.

C’est pourquoi, la préservation de notre environnement n’est plus désormais le souci des seuls écologistes patentés mais concerne véritablement la grande majorité de la population, qui a fini par prendre conscience d’arriver aux limites d’un modèle de développement qui était, et reste encore, largement basé sur une utilisation excessive des ressources naturelles et sur l’ignorance des conséquences potentielles de ces excès.

Depuis quelques années cette préoccupation environnementale irrigue tous les partis politiques et, bien sûr, les gouvernements successifs, et l’on peut dire que la prise de conscience est maintenant générale dans notre pays.

Dans ce contexte, le concept de développement durable s’est imposé comme la solution médiane et de bon sens permettant de préserver l’avenir de la planète.

Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, l’impulsion est attendue des pouvoirs publics même s’il leur est reproché dans le même temps de ne pas avoir apporté toutes les solutions concrètes.

Sur ce terrain plutôt favorable, la décision du président de la République, Nicolas SARKOZY, de réunir une conférence très large consacrée à la recherche de solutions immédiates et consensuelles a conduit à l’adoption d’un dispositif législatif plus connu sous l’appellation, un peu ésotérique pour un étranger, fusse-t-il ami de la France, de Grenelle 1 et Grenelle 2.

Notre collègue Bernard PANCHER, qui a été co-rapporteur du projet de loi sur l’engagement national pour l’environnement (Grenelle 2) vous expliquera en détail l’ensemble du processus qui se cache derrière ces appellations étranges.

Sur ces deux thèmes, je ne doute pas que les députés chinois membres de la Grande Commission nous apporteront d’utiles informations sur la manière dont ces problématiques sont traitées en République populaire de Chine.

Pour conclure, la Chine elle-même hélas, n’est pas épargnée par les catastrophes naturelles, et je veux vous redire l’émotion et le soutien du peuple français après les récentes catastrophes qui ont frappé votre pays.

Pour vous aussi la santé et la protection sociale, comme l’environnement et le développement durable, constituent des enjeux majeurs de ce siècle.

Monsieur le Président WU Bangguo, ce jour où se réunit pour la première fois la Grande commission France-Chine fera date dans les relations entre nos deux assemblées, dans les relations entre nos deux pays. Il marquera le point de départ d’un nouvel approfondissement de nos relations d’amitié et de coopération. Tel est mon vœu, telle est ma conviction.

J’ai le plaisir maintenant, cher Président WU Bangguo, Président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine, de vous donner la parole.