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19/11/2010 – Intervention sur le thème « L’approvisionnement en énergie du futur » à l’occasion du 8ème colloque Paris-Berlin à Bordeaux

colloque Paris-Berlin à Bordeaux
Photos Thomas Sanson - Mairie de Bordeaux

Monsieur le Président du Bundestag,

Messieurs les Ambassadeurs,

Monsieur le Consul général d’Allemagne,

Messieurs les Présidents des groupes d’amitié,

Chers Collègues, Mesdames, Messieurs,

C'est avec grand plaisir que j'ouvre, aux côtés de mon ami Norbert Lammert, Président du Bundestag, les travaux du huitième colloque Paris-Berlin, que nos deux groupes d'amitié parlementaires franco-allemands ont choisi d’organiser cette année à Bordeaux.

Ces rencontres qui ont lieu chaque année depuis 2000 marquent un temps fort des relations parlementaires franco-allemandes et je m’en réjouis. Elles permettent de réunir des personnalités politiques, économiques et culturelles afin d'échanger sur des sujets d'actualité. Ces échanges ont toujours été de grande qualité.

Mais ce colloque parlementaire n’aurait pas eu la même envergure si des experts allemands et français n’avaient accepté avec enthousiasme de participer à cette rencontre.

Je tiens à remercier Mme Chantal BOURRAGUÉ, députée et conseillère municipale de Bordeaux, qui, au nom de M. Alain JUPPÉ, appelé, il y a quelques jours, à des très hautes fonctions au sein du nouveau gouvernement français, nous a accueillis dans ce très beau bâtiment. Je remercie également tous mes collègues du Bundestag, de l’Assemblée nationale et du Sénat ici présents.

Un grand merci enfin à Messieurs Andreas SCHOCKENHOFF, Président du groupe d'amitié du Bundestag et Yves BUR, Président du groupe d'amitié de l'Assemblée nationale dont l’engagement et le dynamisme sont reconnus de tous et qui oeuvrent sans relâche pour que de telles rencontres voient le jour.

La proximité de la conférence de Cancun sur le changement climatique justifie le choix du thème de notre colloque, « l’approvisionnement énergétique dans le futur ». Les enjeux sont connus : ressources fossiles limitées ; très forte croissance démographique mondiale ; changement climatique avéré, qui rend nécessaire la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; aspiration, légitime, au développement des populations de nombreux pays émergents. Nous devons produire à l’horizon 2050 deux fois plus d’énergie avec deux fois moins de C02 : c’est le fameux facteur 4.

Je suis heureux que ces questions soient précisément abordées à Bordeaux, compte tenu du rôle joué par M. Alain Juppé dans la commission chargée de définir les priorités de nos investissements d’avenir.

Pour cette initiative sans précédent (le plan d’investissement se monte à 35 milliards euros, et devrait conduire avec effet de levier à un investissement total de 60 voire 65 milliards), vous avez retenu 5 axes thématiques, dont presque tous ont un rapport direct avec l’approvisionnement en énergie dans le futur : les énergies décarbonées, renouvelables et nucléaires et l’efficacité dans la gestion des ressources, la ville de demain et la mobilité durable et les NTIC, qui jouent un grand rôle dans l’amélioration des réseaux et la gestion de la demande.

Je suis particulièrement sensible à la méthode proposée par la commission Juppé-Rocard, et qui a été justement retenue : ‘former ceux qui déplaceront les frontières de la connaissance’, avec une priorité donnée au soutien à la recherche, l’innovation et l’enseignement supérieur d’une part, à la dynamisation des PME d’autre part, pour valoriser une recherche orientée vers le développement industriel.

Au-delà de cette dimension stratégique, c’est tout un écosystème favorable à l’innovation que nous voulons consolider, associant laboratoires de recherche, grands groupes, et PMI PME : c’est l’objet des 71 pôles de compétitivité, récemment renforcés pour permettre une meilleure prise en compte des ‘écotechnologies’.

Avec le vote des deux lois sur l’environnement dites ‘Grenelle 1 et 2’, le Parlement a contribué à l’information nécessaire à l’acceptation de contraintes environnementales.

Les mesures prises dans les quinze grands programmes du Grenelle devraient générer d'ici 2020 des investissements très importants. La création de plusieurs dizaines de milliers d’emplois est annoncée.

De manière générale, les mesures du Grenelle doivent traduire concrètement les objectifs du « trois fois vingt », définis au niveau européen d’ici 2020.

Le volontarisme de nos objectifs ne doit pas faire oublier le rôle incontournable de l’énergie nucléaire, seule à même de répondre aux besoins économiques, sans émissions de CO2, au moins pendant une période de transition.

Nos objectifs ambitieux concernent l’environnement, mais aussi nos possibilités futures de croissance et d’emploi. Il est aujourd’hui évident que la Chine et les Etats-Unis se sont lancés dans une véritable course technologique pour les énergies du futur. C’est par rapport à la Chine (dont les panneaux solaires photovoltaïques sont 25% moins chers que les panneaux européens) ou aux Etats-Unis, qui investissent 10 milliards d’euros dans leurs réseaux électriques, que nous devons nous positionner.

Les technologies d’avenir sont désormais un élément-clé de la compétition mondiale. L’annonce récente par les Etats-Unis de l’ouverture d’une enquête sur les subventions chinoises au secteur des énergies renouvelables, qui pourrait déboucher sur une plainte à l’OMC, en est une illustration patente.

L’Europe ne doit pas se laisser distancer. Il est donc capital d’investir en commun dans de grands projets d’avenir, qu’il s’agisse des nouvelles technologies énergétiques ou des réseaux intelligents. Notre engagement commun au sein du projet de recherche nucléaire ITER montre l’intérêt d’une démarche conjointe dans le domaine des énergies du futur. Il est très positif que ces priorités soient prises en compte dans la stratégie énergétique européenne pour 2011-2020 en cours d’élaboration. Une réflexion sur le financement de ces projets doit parallèlement être menée. Elle pourrait s’inscrire dans le cadre des débats actuels sur la coordination européenne des politiques économiques.

L’accès aux matières premières est un second enjeu stratégique. Il est particulièrement inquiétant de savoir que certains métaux rares essentiels aux technologies d’avenir sont contrôlés à 95% par un seul pays. Nous devons soutenir la mise en œuvre d’une stratégie européenne face aux risques d’une telle situation.

Enfin, la dimension extérieure de la politique énergétique est déterminante pour nos approvisionnements du futur. Il est là aussi souhaitable d’agir en commun afin de renforcer notre poids face aux pays fournisseurs et aux pays de transit. La diversification des sources et des voies d’approvisionnement doit être poursuivie pour renforcer notre sécurité énergétique et maîtriser les risques liés à notre dépendance énergétique. Je pense notamment aux grands projets de gazoducs vers l’Europe (Nord Stream, South Stream et Nabucco), au plan solaire méditerranéen ou encore aux initiatives Desertec et Transgreen.

Dans ce cadre européen, les coopérations que nos deux pays ont mises en place sont précieuses et pleines de promesses pour l’avenir. La création d’un Office franco-allemand des énergies renouvelables illustre notre volonté d’agir ensemble sur les grands défis énergétiques. Je me réjouis également que des projets industriels conjoints dans le domaine du véhicule électrique, des processus de production sidérurgique à très basses émissions de CO2 soient mis en œuvre. Les projets de captage et de stockage du carbone sont également indispensables en raison du rôle encore déterminant des énergies fossiles dans la production mondiale d’électricité.

Je ne doute pas que ce colloque, en mettant en évidence l’ampleur des défis qui sont devant nous, créera des occasions d’échange sur nos possibilités de coopération pour dynamiser la stratégie énergétique européenne.

Avant de passer la parole à M. Norbert Lammert, Président du Bundestag, je formule tous mes vœux de succès au 8ème colloque Paris-Berlin !