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02/04/2011 – 20e Journée du Livre Politique

Vingt ans. Vingt ans déjà, que l’Assemblée nationale accueille la Journée du Livre Politique. Au fil des années, le rendez-vous est devenu, pour notre plus grand plaisir, une tradition. En ce lieu de mémoire, ce haut lieu de la politique, je suis heureux d’accueillir chacun d’entre vous.

Je tiens tout d’abord à féliciter et remercier très chaleureusement Luce Perrot, Présidente-fondatrice de « Lire la politique » pour la constance de son engagement, pour son énergie exemplaire.

Je remercie également tous ceux qui, autour de Luce Perrot, contribuent au succès de cette manifestation : écrivains, journalistes, membres du jury, en particulier son éminent président, Jérôme Clément.

Mes remerciements s’adressent aussi à toutes les personnalités de premier plan – elles sont nombreuses –, qui ont bien voulu nous faire partager un peu de leur hauteur de vue.

Mesdames, Messieurs,

Depuis que la France est la France, on y fait de la politique, on y écrit des livres. Notre histoire est imprégnée d’idées et de littérature. Au pays de Victor Hugo et de Lamartine qui siégèrent en ces lieux, littérature et politique donnent le ton et font notre histoire.

A l’aube du 21e siècle, le goût de la liberté, l’indépendance d’esprit qui caractérisent la France, celle de Voltaire, celle de de Gaulle, ne s’émoussent pas, bien au contraire. L’abondance des publications, leur qualité, l’émergence de nouvelles formes d’expression, comme de nouvelles bulles de liberté, témoignent de la vitalité de cette passion si française pour la politique. Cette profusion témoigne également, sans doute, de la complexité des temps.

Cette rencontre de la littérature et de la politique est plus aujourd’hui que jamais salutaire. Avec la crise, avec les crises devrais-je dire, l’incertitude et les inquiétudes, vient le temps de la remise en cause des modèles, celui de la réflexion sur l’avenir, ce qu’il doit être, ce que l’on voudrait qu’il soit. C’est le temps des idées qui s’ouvre, celui de la raison comme de l’imagination.

« Le monde est un grand livre » disait Montaigne. Instruire, analyser, confronter, stimuler, les invitations de la littérature, ses exhortations, sont multiples. Dans notre société marquée par l’accélération du temps, déchiffrer la complexité du monde et de l’avenir est devenu une gageure. Un défi qui se trouve au cœur de la littérature politique contemporaine, qui interroge également le politique, son art, ses conceptions, son essence.

20 ans déjà. Depuis vingt ans, Lire la Politique nous invite à plonger dans ce grand livre du Monde, le temps d’un dialogue, comme un répit, au coeur de notre société de l’urgence. Pour cette « édition spéciale », pour mieux saisir l’avenir, la Journée du Livre politique se propose de lire le passé.

Depuis plus de deux siècles, c’est en ces lieux où résonnent encore les voix de Tocqueville ou de Jaurès, que se sont discutés, défendus et gagnés les libertés et les droits fondamentaux de nos concitoyens. C’est à cette tribune, à deux pas d’ici, ces vingt dernières années, qu’ont été adoptées 20 lois qui ont changé la vie des Français. De la loi Evin, relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, à la récente loi portant réforme des retraites, en passant par la loi d’autonomie des universités, les lois esquissent l’avenir.

Mesurer le chemin accompli depuis vingt ans, c’est aussi poser un regard lucide sur l’évolution, pour ne pas dire la révolution, qu’a connu l’Assemblée nationale. L’adoption de son nouveau Règlement, déclinant la révision constitutionnelle de 2008, permet d’adapter, jour après jour, le Parlement au 21e siècle.

En modernisant ses méthodes de travail, ses processus de délibération et ses mécanismes d’évaluation et de contrôle, en ressuscitant un espace délibératif, le Parlement contribue à l’amélioration de la qualité du travail législatif. C’est ainsi qu’il protège la démocratie représentative de la concurrence d’initiatives de démocratie directe, souvent nourrie d’émotionnel, d’approximation et d’amalgames trompeurs, et dont le risque est de n’avoir de démocratique que le nom.

Désormais, comme dans toutes les démocraties modernes, le Parlement est recentré sur son rôle premier, celui d’agora politique.

Désormais, les conditions sont réunies pour que les vingt lois qui marqueront la vie des Français ces vingt prochaines années soient élaborées, discutées et adoptées dans les conditions les plus favorables au débat démocratique.

C’est ma préoccupation majeure, celle des députés. Parce que la démocratie est notre bien le plus précieux.

Je vous remercie.