CONVENTION SUR L’AVENIR DE L’EUROPE

Convention Jeunesse
Site officiel de la convention des jeunes

A l’initiative du Président de la Convention, M. Valéry Giscard d’Estaing, une Convention de jeunes se réunira à Bruxelles, au Parlement européen, du 9 au 12 juillet prochains.

Il a été demandé à chaque conventionnel (titulaire et suppléant) de désigner son représentant jeune à cette Convention.

Les Conventionnels jeunes désignés par les représentants de l’Assemblée nationale :
M. Alain Barrau a désigné M. Maxime Mourier des Gayets, 24 ans
maxime.des-gayets@iledefrance.fr 
M. Anne-Marie Idrac a désigné Melle Odile Broutin, 21 ans
odilebroutin@yahoo.com 

L'appel lancé par des conventionnels jeunes (Nelly Buet, Maxime Mourier des Gayets, Jean Philippe Derosier)

Compte rendu de la Convention des jeunes, par Odile Broutin, membre de la Convention des jeunes

Donner du sens à l’Europe, par Maxime Mourier des Gayets, membre de la Convention des jeunes.

Contribution d'Odile Broutin, membre de la Convention des jeunes

Contribution de la Délégation française à la Convention Jeunesse

Programme de la Convention Jeunesse


La Convention Jeunesse... et après?

Nous avons pris des engagements forts pour l'avenir au sein de la Convention Jeunesse: en vue de réussir notre seconde rencontre, il est nécessaire que nous nous investissions pleinement dans sa préparation, en allant à la rencontre et en associant le plus grand nombre de jeunes à nos débats.

Pour ce faire, et afin d'interpeler largement les médias, nous proposons:

¨ la mise en place d'une semaine de mobilisation des jeunes, à travers l'Europe, début décembre;

¨ l'organisation d'une journée d'information sur les travaux de la convention, au sein des établissements d'enseignement, le 21 mars 2003.

Expliquer l'Europe aux citoyens en vue d'un référendum est la priorité, pour laquelle nous nous engageons.

Nelly Buet
Maxime Mourier des Gayets
Jean Philippe Derosier


Compte rendu de la Convention des jeunes,
 par Odile Broutin, membre de la Convention des jeunes

La Convention Jeunesse, qui s’est déroulée du 9 au 12 juillet 2002 à Bruxelles a réuni 210 jeunes de 18 à 25 ans qui se sont penchés sur le projet d’une constitution de l’ Union Européenne. Les conventionnels ont souhaité que celle-ci soit la plus représentative possible de l’ensemble de la jeune société. Cependant, bien que des syndicalistes, assistantes sociales, jeunes en difficulté… soient représentés, la majeure partie des jeunes conventionnels arboraient un look plutôt pré-eurocratique, ce qui a amené de sérieuses critiques quant à la légitimité de la représentativité de la jeune société européenne.

Bien que le débat ne fut pas aussi impertinent que l’aurait souhaité Valéry Giscard d’Estaing, il fut tout aussi complet et visionnaire. Il était important que les jeunes soient consultés, car nous sommes les premiers enfants de la paix, sans le rideau de fer. Nés au moment de l’élection du Parlement européen au suffrage universel, nous sommes la génération d’aujourd’hui, de demain, et d’après-demain.

Cependant, ce n’est pas parce que nous sommes jeunes que nous n’avons que des idées de jeunes. C’est pourquoi, nous nous sommes attachés dans nos travaux à traiter tant les questions relatives spécifiquement à la jeunesse qu’à celles étudiées dans la Convention des aînés.

  • En ce qui concerne tout d’abord les points repris dans la Convention Européenne, si les critiques ont fusé pour dire que la Convention Jeunesse manquait d’impertinence et restait d’un grand classicisme, il n’en demeure pas moins que nous avons engagé une réflexion plus audacieuse que nos aînés puisque le texte de la Convention Jeunesse se révèle être plus fédéral, démocratique et généreux.

  • Fédéral parce qu’il envisage une réforme des institutions avec la fusion des trois piliers, la création d’un parlement bicaméral avec des prérogatives renforcées constitué d’une chambre composée des députés européens et d’une autre composée des représentants des Etats-Membres. La Commission deviendrait l’exécutif européen responsable devant le Parlement, avec à sa tête un Monsieur ou Madame Europe. Les institutions seraient regroupées à Bruxelles et la Charte des Droits Fondamentaux serait le préambule juridiquement contraignant de la Constitution.

  • Démocratique parce qu’il exige des règles claires, simples et transparentes par lesquelles le citoyen serait plus amplement impliqué dans la construction européenne par le biais de consultations fréquentes. La ratification de la Convention doit ainsi être soumise au référendum. Lors des élections européennes, les députés doivent s’engager à voter pour tel candidat à la présidence de la Commission afin de donner un visage à l’Europe. Une véritable citoyenneté européenne, sans aucune discrimination doit être promue à l’instar du passeport européen. Enfin, plus de pouvoirs doivent être conférés aux régions, le principe de subsidiarité devant ainsi être pleinement appliqué.

  • Généreux parce qu’il cautionne l’égale répartition des opportunités en matière économique, sociale, fiscale, environnementale… comme le démontre l’élargissement. Il considère que la solidarité doit aussi être effective dans les autres régions du monde, en particulier dans celles défavorisées. C’est pourquoi l’Union Européenne doit, entre autres, ouvrir son marché commun à leurs exportations, parce que la coopération économique est, en plus, une des politiques de prévention des conflits la plus efficace. Néanmoins, en cas d’échec et donc d’agression, elle doit pouvoir réagir grâce à une coopération concertée des forces de police et des armées des Etats-membres, parallèlement à celles de l’OTAN, affirmant ainsi sa présence et sa voix sur la scène internationale. Enfin, l’Union Européenne affirme sa volonté forte de lutter contre le SIDA par la production et la distribution de médicaments génériques.

  • En ce qui concerne les points spécifiquement relatifs aux jeunes maintenant, nous militons fortement pour la mobilité au sein de l’Union, que ce soit pour les études ou professionnellement. Cela suppose donc la reconnaissance européenne des diplômes et qualifications professionnelles. Nous considérons que les jeunes doivent être fortement et régulièrement impliqués dans les décisions européennes. Nous devons être un relais entre les générations pour insuffler une conscience européenne et expliquer les mesures prises à cette échelle.

C’est parce que l’Union Européenne est encore une institution inaccessible que nous sommes fiers d’être associés aux travaux de la Convention pour la simplifier et la rendre plus proche des citoyens. C’est pourquoi nous nous engageons à relayer auprès de tous les jeunes citoyens européens les travaux de cette dernière et à enrichir notre réflexion ensemble. D’autre part, nous souhaitons que la Convention Jeunesse dépasse l’événement médiatique afin que nos travaux soient véritablement pris en compte. La Convention Jeunesse doit être convoquée à nouveau pour étudier les propositions formulées par la Convention Européenne et ceci avant l’achèvement de ses travaux. Enfin, nous souhaitons qu’un représentant de la Convention Jeunesse assiste aux débats de la Convention des aînés afin de se faire le relais entre eux et les jeunes.

Odile BROUTIN
Membre de la Convention des jeunes


Donner du sens à l’Europe
Par Maxime Mourier des Gayets, membre de la Convention des jeunes

Aujourd'hui la présentation qu’on fait de l'Europe ne fait pas rêver : malgré l'instauration de l'euro et le développement des échanges, l'Union européenne demeure un concept abstrait pour une grande partie de la population. Bien que rares soient ceux qui saisissent clairement la portée du projet européen, les citoyens sont prêts pour de nouvelles avancées. Ce qui est rarement le cas des élites politiques et administratives nationales. 

D'ailleurs, la nécessité même d'un débat sur l'avenir de l'union est une illustration de cette absence de sens et d'envie envers ce qui demeure pourtant un modèle inédit de développement en commun.  Mais comment adhérer à quelque chose qui remet en cause les pré-carrés ou ce qui est présenté comme complexe, opaque ou éloigné ?

L'Europe ne se décrète pas, ce sont les hommes qui la construisent. Ce que nous devons faire pour réconcilier l'Europe avec ses citoyens, c'est lui donner du sens : l'avenir de l'Union doit se fonder sur un projet ambitieux et rassembleur : un projet de société, mieux, un projet de civilisation.

Dans une certaine mesure, l'Union est un pari : c'est l'idée que le volontarisme politique peut changer le cours de l'Histoire. La coopération n'est ni imposée ni octroyée, elle est choisie. C'est à partir d'une volonté, d'un désir commun que nous avons avancé ensemble. C'est grâce à cela qu'il est aujourd'hui possible de préserver les identités nationales tout en unissant les Etats. Demain, c'est grâce à cela aussi que nous pourrons construire une économie solidaire et des institutions efficaces au service du bien être de tous et dans le respect de chacun.  Le projet de civilisation qu'il nous faut dessiner doit reposer sur ce qui nous rapproche déjà : la paix, la démocratie, la prospérité économique, une économie sociale de marché, une certaine conception de l’Homme ; mais aussi sur ce qui doit nous rapprocher davantage :  l’envie d’un destin partagé, la volonté de vivre dans une société qui refuse les injustices et l'exclusion sous toutes ses formes, l’exigence de la solidarité collective. La construction européenne ne pourra se poursuivre que par le développement affectif et effectif du sentiment de citoyenneté européenne.

Nous sommes de ceux qui croient à la force de certains symboles : un drapeau, un hymne, hier, l’euro aujourd'hui, un jour férié, une pièce d'identité et une carte d'étudiant européenne demain. Ce sont ces symboles qui donneront un visage à l'Europe unie.

Mais nous pensons également que l'Europe doit exister au quotidien. Il faut en finir avec tous ces problèmes de non-validation des diplômes, de calculs alambiqués pour faire valoir ses droits aux allocations chômage ou à la retraite... Nous voulons aussi la mise en place d'un statut européen des associations. Avancer rapidement dans le règlement de ces multiples questions est une nécessité.
Toutefois notre rôle est de porter un projet beaucoup plus ambitieux. Nous le savons tous, l'avenir de l'Union repose principalement sur sa jeunesse. Or, la citoyenneté européenne ne pourra se construire que par un long travail d'apprentissage et d'appropriation de l'environnement européen. C'est pourquoi nous proposons la mise en place de parcours éducatifs qui, tout au long de la scolarité, permettrait aux jeunes de découvrir l'Europe, mais aussi de la construire.

La construction d'un projet de civilisation passe aussi par l'instauration d'une charte fondamentale des droits civiques et sociaux. Cela contribuerait de façon décisive à la prise de conscience chez tous les Européens de leur appartenance à une communauté de valeurs et d'intérêt. Cette charte doit imposer des critères de convergence sociale inscrits dans un calendrier contraignant et contrôlé. Nous devons aller vers un droit du travail européen et vers un niveau de protection sociale minimale pour tous les Européens.

L'affirmation d'un volontarisme politique au niveau de l'Union passe enfin par la coordination des politiques économiques et par la mise en œuvre d'une véritable politique étrangère commune. Celle-ci correspond à une nécessité d'approfondissement de l'Union qui est un préalable nécessaire à
l'élargissement. En effet, si nous sommes partisans de l'adhésion de nouveaux pays, nous estimons qu'elle doit se faire dans le respect d'exigences démocratiques et sociales dans l'acceptation des principes de Copenhague.
Pour mener à bien ces changements, une réforme des institutions s'impose, elle doit avoir le fédéralisme comme horizon et la démocratie comme méthode.


CONTRIBUTION D’ODILE BROUTIN A LA CONVENTION JEUNE SUR L’ AVENIR DE L’EUROPE

Bien que l’Union Européenne semble être une institution complexe, technocratique et démesurément lointaine, elle est pourtant présente dans notre vie de tous les jours : c’est la restauration du monument historique subventionnée par les fonds européens, l’étudiant andalou qui déambule dans les couloirs de la faculté ou encore et surtout l’euro que l’on retourne avec curiosité pour savoir de quel pays il est originaire. Cependant, il est incontestable que l’Union Européenne souffre d’un sérieux manque de légitimité. Et pour cause, alors que la transposition des directives européennes dans le droit français représente plus de 80% des lois adoptées, aucun des candidats à la présidence de la République n’en a parlé. De même, les médias, tant audiovisuels qu’écrits, n’y font que rarement allusion, alors que d’importantes décisions concernant l’avenir de la France se prennent à l’échelle européenne !

Par conséquent, après cinquante ans de construction communautaire et d’intégration économique, à l’heure de l’élargissement et de la coopération étroite entre des peuples qui furent longtemps ennemis, il est nécessaire aujourd’hui de redéfinir le projet européen, afin de conserver sa cohérence et son audace. Une Convention Européenne a donc été mise en place récemment afin de simplifier l’imbroglio des compétences et des mécanismes juridiques en une charte claire, catalogue de compétences de l’Union Européenne. Par ailleurs, afin de combler le déficit démocratique, Valéry Giscard d’Estaing, président de la Convention, a souhaité une forte implication de la société civile à l’élaboration de celle-ci. C’est pourquoi une session jeune se déroulera à Bruxelles du 9 au 12 juillet. Y participant, il me semble essentiel de défendre quelques idées fortes afin de redéfinir les missions de l’Union, de rendre l’Europe plus proche des citoyens et de la rétablir à sa juste place sur la scène internationale.

MISSIONS ET VISIONS POUR L’UNION EUROPEENNE

L’Europe d’après-guerre s’est fondée sur des notions économiques afin d’assurer la paix et la solidarité. Puis, elle s’est politisée, transférant progressivement des compétences détenues par les Etats-membres à l’Union. Désormais, elle est enserrée dans un dilemme entre communautarisation et intergouvernemental. C’est pourquoi, avec des institutions prévues pour six, dans la perspective d’un élargissement prévu pour vingt-sept membres, il devient indispensable de repenser les missions et les visions de l’Union.

  • Une fédération d’Etats-Nations . Bien que ce terme soit étymologiquement incorrect, il a le mérite d’être significatif. De manière inéluctable, les Etats vont tendre au fil des décennies à transférer comme ils le font déjà leurs compétences vers l’Union. L’harmonisation monétaire est dans notre poche, l’harmonisation fiscale ne va pas tarder. Si les Etats-membres transfèrent une grande partie de leurs compétences vers l’Union européenne, ce n’est pas pour autant que les Etats vont perdre leur souveraineté quant à leurs pouvoirs régaliens.
  • Le modèle social : La Communauté européenne a su à travers notamment sa politique de cohésion économique et sociale réduire les différences de développement entre ses territoires. Néanmoins, on assiste à un accroissement des écarts de niveau de vie entre les populations les plus riches et les populations les plus pauvres de ces territoires. L’Europe doit donc se doter des outils politiques, économiques et juridiques et être à même d’assurer une meilleure répartition des richesses entre les citoyens et ce en commençant par donner un véritable statut à la Charte des Droits fondamentaux, en l’intégrant dans un traité constitutionnel, en tant que préambule par exemple.
  • Les identités européenne, nationale et régionale : dans un monde complexe qui ne cesse de se transformer, le repli sur soi est fréquent. Par les ouvertures sur le monde, les jeunes sont les mieux à même d’affirmer la compatibilité des diverses identités régionale, nationale et européenne. On peut tout à la fois se sentir picard, français et européen. C’est pourquoi il est important qu les jeunes puissent avoir des facilités pour se déplacer à l’intérieur de l’Union Européenne. Il serait judicieux d’instaurer une année obligatoire à l’étranger dans le cadre des études et autres formations grâce à des subventions européennes pour les étudiants les moins fortunés. C’est par les échanges, les fêtes, les voyages que naît l’identité européenne.
  • La politique de l’environnement : les moyens financiers dans ce domaine ne représentent que 5,8% du budget de l’Union Européenne. Par conséquent, il est essentiel d’augmenter ces crédits grâce à des sources telles que les fonds structurels et programmes-cadres de recherche et développement d’une part, et de mettre en place une véritable législation européenne de l’environnement. En effet, bien que la qualité de l’environnement se soit améliorée ces quinze dernières années, ce n’est qu’au profit de certains pays comme l’Allemagne, ou encore les pays scandinaves. Il est plus que temps d’harmoniser les directives que ce soit en matière de recyclage des déchets, de ferroutage, ou encore d’éco-taxe industrielle.

DEMOCRATIE ET PARTICIPATION AU SEIN DE L’UNION EUROPEENNE

Le peu d’enthousiasme des citoyens pour une Europe dont ils se sentent lointains et étrangers, l’incapacité de cette Europe à parler d’une seule voix dans le monde, tout ceci contraste avec la vision ambitieuse des pères fondateurs. Or, la citoyenneté constitue une ressource irremplaçable pour façonner un projet d’avenir, revitaliser la culture démocratique européenne et favoriser la création d’une identité commune. Une réalité politique et culturelle doit donc trouver sa place dans un environnement jusqu’ici juridique et économique. Elle doit constituer un moyen de rapprocher le citoyen du pouvoir de décision afin que celui-ci puisse devenir l’acteur central de l’Union Européenne. C’est pourquoi, il est important de redéfinir l’architecture institutionnelle de l’Union afin de la légitimer par sa démocratisation :

  • Le rôle des partis politiques doit être clarifié :
    • Les partis politiques doivent avoir pour mission de faire des élections européennes le moment privilégié d’un débat public européen, permettant aux citoyens de toute l’Europe de participer à la détermination des politiques communautaires,
    • les partis politiques nationaux doivent s’affilier, en vue de l’élection du Parlement, aux groupes politiques européens, afin d’avoir vocation, à terme, à devenir de véritables partis politiques européens à programmes transnationaux,
    • pour plus de cohérence, les partis doivent se déclarer avant les élections européennes pour un candidat au poste de Président de la Commission,
    • les citoyens doivent avoir la possibilité d’être consultés sur les grandes orientations et ce par le biais d’un referendum législatif pour une participation politique directe des Européens.
      • Les institutions doivent être réformées. Ceci implique :
        • l’instauration d’un régime parlementaire européen,
        • une Commission " politisée " désignée et révocable par le Parlement,
        • la création d’une Seconde Chambre composée de représentants des Parlements nationaux et des gouvernements des Etats membres,
        • un droit d’initiative parlementaire reconnu en matière législative et partagé avec la Commission,
        • la réorientation du Conseil européen par la recherche du consensus, nécessaire à l’intégration harmonieuse de chaque Etat membre,
        • l’exercice d’un rôle d’encadrement et de définition des grandes orientations, aussi bien sur les affaires internes que sur les affaires externes à l’Union,
        • la clarification et l’évolution des domaines de compétence vers une meilleure application des principes de subsidiarité et de proportionnalité sous le contrôle de la CJCE et enfin un impôt direct européen.

L’EUROPE DANS UN MONDE GLOBALISE

La réforme de l’Union Européenne passe aussi par l’établissement d’une véritable politique extérieure afin d’être davantage présente sur la scène internationale.

On demande à l’Europe d’agir en faveur des pays les moins développés, de défendre ses propres travailleurs contre les abus d’une mondialisation mal contrôlée, d’empêcher les troubles et les massacres dans des régions limitrophes et éloignées. Or, pour atteindre cet objectif, elle doit développer ses moyens militaires, diplomatiques et humanitaires. Elle le fera grâce à une vision d’ensemble, un projet politique et des objectifs clairs et réalistes qui lui font défaut aujourd’hui. De plus, la paix, la démocratie et le développement sont des garants de stabilité qui doivent reposer sur un certain nombre d’exigences en matière de droits de l’Homme, de droits sociaux et d’environnement. C’est pourquoi, il est important :

      • que le maintien de la stabilité soit garanti par un engagement politique et diplomatique dans les zones potentiellement conflictuelles,
  • que les mécanismes actuels de la PESC soient réadaptés et trouvent un équilibre entre la nécessité de l’intergouvernemental et l’exigence du communautaire,
  • que le commissaire aux relations extérieures reprenne le titre de Haut Représentant (le Secrétaire Général du Conseil n’aurait donc plus cette fonction),
  • que la politique européenne de coopération soit renforcée en se repositionnant efficacement sur les problématiques liées à l’aide au développement.

Enfin, La Convention pour l’avenir de l’Europe verra sa légitimité renforcée si elle prend véritablement en considération son instance jeune durant tout le cours de ses travaux. Cela suppose qu’elle recueille périodiquement l’avis des jeunes conventionnels et qu’elle écoute le rapporteur qu’ils désigneront pour faire entendre leurs aspirations. C’est dans leur foi, leur audace et leur détermination que l’Europe trouvera les moyens d’un complet épanouissement.

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Contribution de la Délégation Française à la Convention Jeunesse

Paris, le 28/06/2002

Nous sommes la première génération européenne : nous sommes nés au moment de l’élection au suffrage universel du Parlement Européen, nous avons vécu la réconciliation du continent, l’ouverture des frontières, la prise de conscience environnementale, l’instauration des échanges étudiants, et nos premiers salaires sont en Euros.

L’Europe fait partie de notre quotidien, cependant si nous la vivons tous les jours, elle est difficilement identifiable et encore trop peu identifiée. Nous sentons qu’elle est paradoxalement très concrète, sans que jamais ses citoyens n’aient eu de prise directe sur les orientations et les politiques menées. L’Europe s’est construite dans le pragmatisme - mais aujourd’hui, elle a besoin d’un projet renouvelé, auquel le citoyen s’identifie et participe.

Mission et visions pour l’Union Européenne :

Le projet de civilisation qu’il nous faut dessiner doit reposer sur ce qui nous rapproche déjà : la paix, la démocratie, les droits de l’Homme, la prospérité économique ; mais aussi sur ce qui doit nous rapprocher davantage. A ce titre, nous souhaitons refonder notre citoyenneté européenne sur la volonté de vivre ensemble dans une société sans injustice ni exclusion, qui conjugue les diversités économiques, culturelles et sociales. C’est la force de certains symboles comme le drapeau hier, la monnaie unique aujourd’hui, la carte d’étudiant, la carte d’identité et l’impôt européens demain, qui donnera un visage à l’Europe.

L’Europe dans un monde globalisé :

L’Union européenne doit se doter des outils nécessaires à l’affirmation de sa voix sur la scène internationale : une représentation unique et cohérente pour le monde extérieur, lui permettant de mettre en œuvre un projet commun. Celui-ci doit passer par l’affirmation d’un modèle de développement reposant sur un certain nombre d’exigences en matière de défense des droits de l’Homme et de développement économique conciliant respect de l’environnement et des droits sociaux.

Démocratie et participation au sein de l’Union Européenne :

Le citoyen doit avoir la possibilité de se saisir pleinement du projet européen, c’est pourquoi celui-ci doit devenir lisible pour chacun. L’Union Européenne doit devenir une véritable démocratie parlementaire :

Il s’agit ainsi d’identifier la Commission comme gouvernement de l’Union,

D’organiser la mutation du Conseil en Seconde Chambre, (ce qui implique la modification du processus de décision),

D’assurer l’élection au suffrage universel indirect du Président de la Commission,

Et enfin de politiser l’élection au Parlement Européen autour de véritables partis européens (c.à.d. que seules les listes se présentant sous l’étiquette de partis européens, et soutenant un projet et un candidat à la présidence de la Commission, seront habilitées à se présenter aux élections européennes). Evènement emblématique de cette réforme institutionnelle, ce texte constitutionnel produit par la Convention devra être soumis à l’ensemble des européens par referendum. Ceci sera la manifestation effective de la prise en compte des citoyens comme acteurs de l’Union à part entière.

C’est face à cet impératif nouveau, celui d’une prise directe du citoyen sur les orientations de la politique européenne, que nous, jeunes de l’Europe, souhaitons être pleinement associés aux travaux de la Convention. Pour ce faire, nous nous engageons à relayer auprès de tous les jeunes citoyens européens, les réflexions et les travaux de cette dernière. A cet égard,

- la Convention Jeunesse doit dépasser le stade de ‘l’événement médiatique’ : nous souhaitons que la Convention Jeunesse soit convoquée à nouveau en janvier prochain pour étudier les propositions formulées par la Convention Européenne et se prononcer sur leur bien-fondé, et ceci avant l’achèvement des travaux de la Convention.

- nous demandons en outre la présence d’un ou deux représentant(s) de la Convention Jeunesse au sein de chaque groupe de travail mis en place par la Convention Européenne, afin qu’ils puissent participer aux travaux, exprimer leur avis et soumettre leurs propositions.

- un des représentants de la Convention Jeunesse pourrait également être consulté par le Présidium.

Nous souhaitons rappeler que les ‘jeunes’ n’ont pas seulement des idées de ‘jeunes’ : quand nous nous attachons à penser ce qui semble encore impensable, nous faisons preuve du même enthousiasme et du même sérieux que les Pères de l’Europe il y a un demi-siècle : nous voulons assumer notre travail au sein de la Convention non en tant que sous-catégorie de la société civile, mais comme citoyens, et acteurs de l’Europe d’aujourd’hui et de demain.

Jeunes Conventionnels signataires :

Ms Odile BROUTIN
Ms Nelly BUET
Mr Jean-Philippe DEROSIER
Mr Maxime MOURIER des GAYETS
Ms Ségolène TREVINAL
Ms Marie-Caroline LAURENT

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