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Fête de la musique

 

Concert à l’Assemblée Nationale le 21 juin 2003, de 19 heures à 21 heures
devant le péristyle du Palais Bourbon, face au pont de la Concorde

La Fanfare de la Garde Républicaine de Paris : un peu d'histoire

La Fanfare de Cavalerie de la Garde Républicaine

La fanfare de cavalerie assure la pérennité des fanfares montées et fait revivre au cœur des Français le panache et le souvenir des prestigieux régiments de l'armée française. Elle compte 40 exécutants.

Les trompettes de la garde remontent à la garde municipale, créées par le décret du 4 octobre 1802. Les effectifs ont été plus ou moins étoffés selon les règlements en vigueur aux différentes époques.

En 1848, Paulus est nommé chef trompette à la garde républicaine. Il dispose alors de 12 trompettes, 1 trompette-major - 2 timbaliers - 5 trompettes cor - 3 trompettes contre-basse - 2 trompettes alto - 5 trompettes basse - 22 trompettes d'ordonnance.

Remontée en chevaux alezan pour ses trompettes, en chevaux gris pour ses timbaliers, la fanfare prend part, en tête du régiment de cavalerie, aux escortes présidentielles et des chefs d'État étrangers, aux défilés et aux prises d'Armes. Avant 1937, il n'existait pas de timbales à la fanfare mais une caisse claire et une paire de cymbales pour les défilés à cheval.

Les timbales furent offertes en 1937 par la ligue hippique d'Ile de France. Les tabliers de grande tenue ont été dessinés par le peintre militaire Lucien Rousselot. Le répertoire de la Fanfare de cavalerie comporte les "Ordonnances des trompettes" (sonneries réglementaires) composées par David Buhl en 1803 et toujours en vigueur de nos jours.

Le répertoire comporte également de très nombreuses marches régimentaires d'artillerie et de cavalerie évoquant les artilleurs, les cuirassiers, les dragons, les hussards, les chasseurs, les spahis, les chasseurs d'Afrique...et bien sûr différentes marches de la garde composées par ses trompettes-majors successifs.

 

BICENTENAIRE DE LA FANFARE DE CAVALERIE DE LA GARDE RÉPULICAINE
( octobre 2002 )

La fanfare de la garde républicaine reste l’ornement obligé des grandes cérémonies de la capitale, où les beaux défilés militaires perdraient de leur éclat aux yeux des Parisiens et des étrangers sans l’apparat et le martial entrain qu’ils apportent. Les trompettes dont les notes éclatantes précèdent tout défilé de cavalerie dans Paris, forment la première fanfare de France. Leur histoire est intiment liée à celle des troupes d’honneur et de sûreté de la capitale qui, sous différentes dénominations, remontent par filiation officiellement admise à la " garde municipale de Paris " créée le 12 vendémiaire de l’an XI (4 octobre 1802). (Citation du lieutenant-colonel Schilte).

Les archives des différentes administrations militaires ne possèdent que très peu d’éléments sur les périodes couvrant la création de la fanfare jusqu’au début du XIXe siècle. En revanche, les registres régimentaires laissent apparaître les qualités de chacun des trompettes-majors alors nommés.

Il convient de noter que durant toute l’histoire de la fanfare de cavalerie de la garde, et ce sous toutes les appellations ou régimes en vigueur, il sera fait mention de trompettes, et par la suite de timbaliers pour désigner les musiciens de cette formation musicale.

LA NAISSANCE DE LA FANFARE, LE TROMPETTE-MAÎTRE JEAN-LOUIS GRASSE

Les archives du ministère de la Défense n’ont pas permis de situer nommément le trompette-maître (il n’est pas encore fait mention du titre de trompette-major dans l’organigramme du corps en 1802, mais bien de trompette-maître), en place à la création du corps de la garde municipale, le 12 vendémiaire de l’an XI. Le 14 juin 1803, soit neuf mois après la création du corps, le brigadier-trompette Jean-Louis Grasse est nommé à la direction de la fanfare, qui est à cette époque un embryon musical puisque les trompettes se trouvaient alors répartis dans les différents escadrons de la Garde municipale de Paris. Il restera à la tête de la fanfare jusqu’au 7 mars 1807, date à laquelle il sera muté au régiment des dragons de la garde impériale. On peut supposer que le répertoire de la fanfare d’alors se composait principalement des sonneries de quartier ainsi que de quelques marches pour trois et quatre parties de trompettes comme celles écrites par David Buhl ou Georges Frédéric Fuchs.

LA FANFARE, DE L’EMPIRE À LA RÉVOLUTION DE 1848

Alors que l’Empire est en place depuis deux ans, le brigadier-trompette Nicolas Hein, née le 21 octobre 1762 à Neustadt (Allemagne), est nommé le 25 juillet 1807 en qualité de trompette-major à la garde municipale de Paris, après avoir servi au 11e chasseurs à cheval comme musicien, à la 3e demi-brigade auxiliaire comme artiste musicien, à la 110e demi-brigade de ligne comme musicien gagiste, au 6e hussards en qualité de chef de musique, et au 19e de ligne comme musicien gagiste. Il conservera ses fonctions à la garde municipale de Paris jusqu’au 11 mai 1811, date à laquelle il rejoint le 1er régiment de chevau-légers lanciers de la garde impériale.

En 1811, le 6 août, Henry Gérard, lui-même né le 24 octobre 1784 à Sedan, prend en main les destinées de la fanfare après avoir servi comme musicien au 2e hussards et à la compagnie des Guides. Un décret impérial porte à huit le nombre des trompettes à cheval pour les quatre compagnies du corps. C’est seulement en 1820 que cet effectif sera porté à douze trompettes. Il variera ensuite de huit à seize, selon les époques.

Généralement, l’histoire de la fanfare reste intimement liée à celle de la France puisque le changement du trompette major est souvent concomitant à la chute d’un régime.

Ainsi, après les évènements de juillet 1830, François-Nicolas-Chrysostome Jacqmin est nommé le 1er septembre 1830 à la tête de la fanfare dont il quittera la direction le 6 janvier 1847, quelques mois avant la chute de la monarchie de juillet. Jacqmin avait lui aussi un passé militaire et musical des plus impressionnants puisqu’il s’était engagé comme brigadier-trompette dans les dragons de la garde impériale, dans les mousquetaires en 1815, à la musique des escadrons de service des ex-gardes du corps du Roi en 1821 avant de rejoindre la garde municipale en 1830. S’il était un musicien talentueux, il fut aussi un valeureux soldat car on trouve sa trace lors de la campagne de Russie en 1812, de Saxe en 1813 ou de Belgique en 1815. Insigne distinction, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur.

LA FANFARE SOUS LA IIe REPUBLIQUE ET LE SECOND EMPIRE : JEAN-GEORGES PAULUS

Jean Usse, ancien du 6e de ligne, du 1er dragons et du 8e hussards, lui succédera le 10 février 1847. Il assurera un passage assez bref à la tête de la formation puisqu’il quittera ses fonctions l’année suivante, le 16 mars 1848.

Jean Barrière fut à son tour nommé trompette-major le 1er juillet 1848. Il n’exercera ses fonctions qu’un mois et sera remplacé le 13 août par Jean-Georges Paulus.

Jean-Georges Paulus, né le 5 août 1816 à Haguenau, a commencé très jeune sa carrière militaire comme clarinettiste gagiste au 10e chasseurs à cheval. En 1835, il obtient un premier prix de clarinette au conservatoire de Paris. Il devient par la suite chef de musique sur les navires Hercule et La Belle Paule, où il participe aux cérémonies du transfert des cendres de Napoléon. Il est officiellement nommé chef de musique du Prince de Joinville.

En 1848, à son arrivée à la garde républicaine, il trouve les douze trompettes du régiment de cavalerie disséminés dans les escadrons de marche. C’est sans nul doute de ce noyau musical dont il se servira pour constituer le prestigieux orchestre d’harmonie. Par ailleurs, la même année, l’administration préfectorale de Paris confie à la garde républicaine un lot de trente-six instruments pour la constitution d’une musique. La nomenclature instrumentale de ce don laisse supposer que c’est bien pour la constitution d’un orchestre, et non pour la fanfare elle-même qui continue, d’ailleurs à œuvrer sur ses propres instruments et son répertoire spécifique.

Le brigadier-trompette Frédéric-Thomas Fillaire, strasbourgeois né le 21 juin 1832, trompette au 9e d’artillerie, prendra en 1864 la succession de Paulus. Il restera à la direction de la fanfare jusqu’au 4 novembre 1874.

Nous pouvons noter que la fanfare s’illustre par des innovations techniques. En effet, le trompette Lecomte dépose, en 1871, auprès du ministère de la guerre un brevet d’invention permettant aux trompettes de cavalerie de passer de la tonalité Mi bémol à celle de Si bémol. Il est fort probable qu’il s’agit du système de transposition à barillet encore employé par les musiques de l’armée belge.

LA FANFARE AU DÉBUT DE LA IIIe RÉPUBLIQUE

En 1874, lors du départ de Fillaire, les différentes archives des services consultés laissent un doute sur le nom du, ou des trompette(s)-major(s) successif(s) jusqu’en 1885. Il ne subsiste pas de trace des activités ou événements auxquels prend part la fanfare durant cette période, mais il ne fait nul doute qu’elle participe à la grande cérémonie du 14 juillet 1880 à Longchamp où le président Grévy et la Chambre des députés viennent de décréter le 14 juillet comme jour de fête nationale.

Les trompettes du régiment de cavalerie de la garde républicaine avaient la particularité d’être remontés en chevaux gris, afin d’être immédiatement distingués sur le champ de bataille par les officiers auprès desquels ils étaient affectés. L’inconvénient majeur de cette distinction était que l’ennemi les identifiait tout aussi facilement, et pouvait interrompre ainsi la chaîne de transmission des ordres. Pour mettre fin à cette vulnérabilité, une réforme adoptée en 1885 permet la remonte des trompettes en chevaux alezans.

LA FANFARE AU DÉBUT DE LA IIIe RÉPUBLIQUE

Son petit-fils, âgé à ce jour de 84 ans, nous a fait part de souvenirs d’enfance qui ont permis d’aller un peu au-delà des renseignements contenus dans les archives militaires. Ainsi, nous savons que Causy est né le 3 juin 1851 à Aumetz. Cette petite ville lorraine est alors soumise aux vicissitudes de la politique et des guerres. Tantôt elle se trouve en France, tantôt en Allemagne. En 1871, Aumetz est une ville alors française, mais qui doit être annexée à l’Allemagne dans les jours à venir. Pour éviter de revêtir l’uniforme allemand, Causy quitte sa famille pour s’engager dans un régiment de cuirassiers. Après cet engagement de cinq ans, il retourne à la vie civile et travaille chez un facteur de piano. Lorsque l’opportunité se présente, il souscrit un nouvel engagement auprès de la garde républicaine dont il devient le trompette-major en juillet 1885.

Causy semble avoir été le premier trompette-major à avoir écrit des œuvres pour sa fanfare. Récemment encore, il était convenu de dire que la polka La Sentinelle était la pièce la plus ancienne du répertoire puisque les archives de la fanfare ne possédaient que cette seule composition de lui. En 1999, contactés par ses descendants, nous découvrons un patrimoine musical jusqu’alors ignoré de tous. Un recueil de partitions manuscrites, dont certaines n’ont pas encore de titre ou demeurent inachevées, met en évidence un compositeur fécond. En effet, il a laissé un répertoire d’une soixantaine de pièces dont certaines sont d’une très belle teneur musicale. Il est aussi l’auteur d’un Traité complet du coup de langue, méthode de trompette qui a sûrement servi de base à des générations d’instrumentistes.

Les compositions de Causy furent écrites pour la nomenclature instrumentale que possédait la fanfare de cavalerie à cette époque. Pour cette raison, un important travail de réorchestration est nécessaire afin que ces œuvres correspondent à la diversité actuelle des pupitres instrumentaux.

En effet, les trompettes-cors, les contrebasses, à système chromatique ainsi qu’un pupitre de percussions des plus complets, sont venus, au fil du temps, enrichir la palette sonore de la fanfare de cavalerie.

Il n’en reste pas moins que ce trompette-major fut un compositeur reconnu et un chef de formation de grande valeur qui sut innover.

Un rapport établi en 1903 par Gabriel Parès, chef de la musique de la garde républicaine, évalue l’action de Jean-Baptiste Causy en ces termes : " le maréchal des logis trompette-major Causy a formé un corps de trompettes remarquables comme il n’en existe dans aucun régiment de cavalerie ". C’est aussi sous sa direction que les premiers enregistrements sur disque firent leur apparition. Sur un des tout premiers disques 78 tours, il enregistre avec la fanfare La sentinelle et Simplette pour la déjà célèbre marque phonographique Pathé. De nombreux autres enregistrements de la fanfare vont suivre sous des labels aussi prestigieux que Columbia ou Saphyr.

Il faut remarquer qu’à cette époque, il n’est encore jamais fait état du terme " fanfare ", mais du corps des trompettes de garde républicaine ou encore des trompettes de la garde républicaine. Il est certain que c’est bien sous la direction de Causy que la fanfare a véritablement commencé son existence propre en terme de formation musicale constituée. Jusqu’alors, les trompettes devaient assurer un service musical principalement basé sur les servitudes et vie des quartiers du régiment de cavalerie. Causy a été le premier trompette-major à rassembler les trompettes des différents escadrons pour en faire une formation homogène, et adopter un répertoire nouveau pour elle, tout en maintenant celui des sonneries d’ordonnance.

Il est permis de penser que le trompette-major possédait une personnalité affirmée, comme ce fut souvent le cas par la suite. Les circonstances dans lesquelles il a quitté la direction de la fanfare sont assez significatives. En 1905, il devait être décoré de la Légion d’honneur, fait alors rarissime pour un sous-officier. Le commandant du régiment de cavalerie ne souhaitant pas la lui remettre devant le front des troupes lors d’une cérémonie officielle, mais plutôt en comité restreint dans son bureau, il refuse et présente sa démission.

LA FANFARE, DE LA BELLE ÉPOQUE AU DÉFILÉ DE LA VICTOIRE

A la suite de ce départ précipité, Alfred-Jean-Baptiste Munier, né le 8 novembre 1863 à Dampierre, prend à son tour le poste de trompette-major de la fanfare qu’il occupe du 20 août 1905 au 26 août 1911. Notons que, mis à part un passage d’une année au 1er d’artillerie, il semble être le premier trompette-major à avoir effectué l’ensemble de sa carrière à la garde républicaine, sous les différentes appellations en vigueur au cours de sa période.

La fanfare fut fortement sollicitée durant la Belle époque, les grands fêtes demeuraient toujours très populaires. Ainsi, le 7 décembre 1907, un grand spectacle de musiques militaires est organisé au grand palais des Champs Elysées, sous le nom de " grande fête de nuit ". A cette occasion, le chef de musique de la garde républicaine, Gabriel Parès est appelé à diriger pour un grand concert militaire les neuf musiques de la garnison de Paris.

L’adjudant Munier, quant à lui, prend la direction des fanfares des 1er et 2e régiments de cuirassiers, des 12e et 13e régiments d’artillerie, du 27e régiment de dragons, du 19e escadron du train et de la garde républicaine. Sous la baguette avisée de Munier, les fanfares interprètent de concert Le chevalier garde et Le spahi.

Lorsqu'il prend sa retraite en 1911, Munier, devenu adjudant, est distingué par la médaille militaire et une promotion au rang d’officier d’Académie.

Louis-Pierre Prodhomme devient à son tour trompette-major de la fanfare le 7 novembre 1911. Il le restera vingt-six ans. C’est un Mayennais né le 21 août 1883 qui possède déjà un riche passé militaire lorsqu’il prend la direction de la fanfare. Il a ainsi servi au 25e dragons, à l’école de cavalerie de Saumur, au 1er cuirassiers avant d’arriver à la garde en 1911.

Il fait figure de novateur puisqu’il équipe les trompettes de systèmes à deux pistons. Cette innovation permet d’enrichir le répertoire car les instrumentistes sont alors en mesure d’interpréter la gamme chromatique. Louis Prodhomme est d’ailleurs un compositeur de talent, qui a laissé un catalogue d’une quarantaine de pièces pour la fanfare. Certaines partitions laissent penser qu’il devait nourrir un goût certain pour l’opéra et l’opérette. En effet, il a réalisé des arrangements sur Carmen ou La fille de Madame Angot, ces œuvres tranchant avec l’ordinaire en vigueur dans les fanfares de cavalerie. Rappelons cependant que la fanfare se produisait fréquemment sous les kiosques des squares parisiens. Lors de ces concerts Louis Prodhomme semblait mettre un point d’honneur à ce qu’une de ses œuvres y soit interprétée.

Durant la première guerre mondiale, les trompettes ne sont pas affectés dans des régiments de corps de troupe. La fanfare assure des activités restreintes sur le plan musical, mais aussi avec des effectifs amoindris. Du fait de la guerre, elle apporte malgré tout son concours au service général de la garnison de Paris.

C’est pourtant en 1914 que la garde républicaine reçoit définitivement la mission d’assurer, fanfare en tête, les escortes des chefs d’Etat en visite officielle en France. Après l’armistice, le 11 novembre 1918, la fanfare reprend ses missions puisqu’elle escorte en trois semaines, respectivement : le roi d’Angleterre, le roi de Belgique, le roi d’Italie, ainsi que le président des Etats-Unis d’Amérique.

En 1919, elle participe au défilé de la Victoire, alignant vingt-quatre trompettes sur les rangs. Par la suite, il sera fait appel aux fanfares des corps de troupe pour étoffer les effectifs, puisqu’à cette époque, les candidats ne sont pas astreints à un stage en école de sous-officiers de gendarmerie.

L’ENTRE-DEUX GUERRES

En 1922, la ville de Paris fait don à la fanfare de ses premières flammes de trompettes. Ces flammes, richement brodées de fils d’or, sont ornées des armoiries de la ville de Paris, de sa devise latine Fluctuat Nec Mergitur, et des décorations décernées au titre de la ville de Paris, la Légion d’honneur, la Croix de guerre 1914-1918. Après la seconde guerre mondiale, la Croix de la Libération sera ajoutée et les lettres " GR " entrelacées, brodées au revers.

En 1924, les archives musicales de la fanfare, alors situées dans un local au-dessus de l’actuel mess du quartier des Célestins, vont être entièrement détruites à la suite d’un incendie provoqué par l’inadvertance d’un trompette chargé des partitions. Cet épisode explique qu’actuellement le patrimoine musical de la fanfare ne comporte que très peu de partitions antérieures à cette époque et que la découverte récente du recueil de Causy fait figure d’évènement.

Cette même année, un programme de la " matinée familiale organisée pour Noël " laisse transparaître une autre facette de la fanfare. Lors de la soirée qui suivit cette manifestation, un orchestre de danse est constitué, sous la direction de Louis Prodhomme, avec les chefs trompettes Leroy et Couffignal, les trompettes Millan, Gauthier, Renaud, Lordey et Hurelle.

Il est fort probable que cet orchestre, qui avait à son répertoire un programme de " danses nouvelles et anciennes " ait non seulement évolué dans les diverses soirées du régiment mais aussi au profit des autres quartiers du corps de la garde républicaine.

En 1937, à l’occasion d’un concours hippique au grand palais de Paris, un carrousel est présenté au public. C’est la première fois que la fanfare se produit avec deux timbaliers remontés en chevaux alezans. Les timbales sont ornées de somptueux tabliers aux armes de la République française et de la ville de Paris. Dessinés par le peintre des armées, Lucien Rousselot, ils font encore aujourd’hui la fierté de la fanfare. Jusqu’alors, une caisse claire et une paire de cymbales assuraient la partie de percussion à cheval. Le cymballier dirigeait, tout comme les timbaliers actuellement, le cheval à l’aide de rênes reliées à l’étrier du cavalier. Il rangeait les cymbales dans une sacoche fixée sur le côté gauche de la selle. Une grosse caisse était adjointe pour les défilés à pied.

Le 22 mai 1938, la fanfare est à Château-Gontier, en Mayenne. Elle présente à cette occasion un programme fort varié en interprétant sous le kiosque de la ville des œuvres telles que Le Trompette en cuivre de Prodhomme, La Fête au village, fantaisie de Fiquet, L’Angevine, polka pour trompette solo de Prodhomme, Légende capricieuse, fantaisie de Gadenne, Les Bords du Rhin de Prodhomme, Thème et variations de Reynault et la valse Parisette de Prodhomme. L’ensemble du concert est placé sous la direction de son trompette-major, l’adjudant-chef Prodhomme.

Le 31 août 1938, l’adjudant-chef Louis Prodhomme fait valoir ses droits à la retraite. Il est alors le premier trompette-major à quitter la fanfare avec le grade d’adjudant-chef.

Le 1er septembre 1938, Raoul Ponsen est nommé par décision ministérielle au poste de trompette-major. Engagé en 1912 au 1er cuirassiers, au titre de la fanfare régimentaire, il en prend la direction en 1918, après quatre années de guerre. La même année, il réussit brillamment le concours d’admission à la garde républicaine, et rejoint la fanfare du régiment de cavalerie pour laquelle il nourrissait quelques ambitions. Il en assume la direction à partir de 1938. Titulaire de la médaille militaire et de la croix de guerre, il s’efforce de maintenir un certain niveau d’activité pour sa formation durant les années sombres.

C’est à partir de cette époque, et pour une assez longue période, que la fanfare de cavalerie partage sa salle de répétition du quartier des Célestins avec la musique des gardiens de la paix de Paris.

LA FANFARE DE 1939 A LA LIBÉRATION

Durant la seconde guerre mondiale, la garde républicaine reste la seule force militaire française en activité pour la garnison de Paris et, par conséquent, sa fanfare reste aussi en place. Ses activités musicales vont se réduire car les trompettes sont commandés de service au bénéfice des escadrons de marche et parfois en renfort dans les commissariats parisiens pour des missions de police générale, mais aussi pour des missions de sécurité dans les théâtres ou grandes salles de spectacles de Paris.

La fanfare assure malgré tout des services pour les diverses forces mises en place par le gouvernement. Ainsi, le 27 août 1941, elle prête son concours pour une prise d’armes à Versailles au profit de la Légion des Volontaires Français. Alors qu’elle interprète sa célèbre marche Aïda, Paul Colette commet un attentat contre les représentants Pierre Laval et Marcel Déat. Une radio de l’époque qualifiera Aïda de " marche nazillone " !

Le 1er juin 1943 la fanfare participe, à Pantin, à une cérémonie solennelle de remise du fanion du corps des gardiens de la paix. Le 10 juin de la même année, elle est à Compiègne, avec la fanfare d’infanterie (qui deviendra par la suite la célèbre batterie-fanfare), pour, semble-t-il, le seul déplacement en province durant la seconde guerre mondiale.

Pendant l’occupation allemande, Paris continue certaines activités artistiques, notamment cinématographiques. Lors du tournage de films historiques, la fanfare est sollicitée. Ainsi, elle apparaît dans Pontcaral, colonel d’Empire, et sort en tenue napoléonienne du quartier Monge, ancien cantonnement du régiment de cavalerie, en sonnant Les Hussards de Lassalle. On la voit également dans la première version du Colonel Chabert aux côtés de Raimu.

1944 : Paris est libéré et le 26 août, le trompette Hott est désigné pour jouer la sonnerie du cessez le feu place de l’hôtel de Ville. Ce jour-là a lieu le dernier bombardement de Paris.

Le quartier Schomberg, où réside la plupart des trompettes, est pris pour cible. L’alerte retentit vers 23 heures. Une bombe tombe sur le bâtiment du poste de police, faisant quatorze morts dont le trompette Violeau. Ce dernier avait participé l’après-midi, avec la fanfare en grande tenue, à l’escorte du général de Gaulle entre la place de l’Etoile et l’hôtel de ville.

Après la libération, la fanfare voit l’effectif de son encadrement porté à un adjudant-chef, un adjudant et six maréchaux des logis chefs, alors qu’auparavant le trompette-major et sont adjoint étaient les seuls gradés de la formation. Raoul Ponsen dirige alors, parallèlement à la fanfare, la fanfare des Halles de Paris, qui est une formation civile similaire à celle de la garde républicaine. Il va mener cette formation musicale aux plus hauts sommets des concours musicaux mettant en lice les meilleures formations civiles. Le nom de Raoul Ponsen, s’il reste attaché à celui de la fanfare des Halles et à celui de l’Union des fanfares de France dont il fut le président du comité technique. Par tradition, et à titre privé, de nombreux trompettes de la fanfare ont rejoint les rangs de cette formation, pour renforcer les différents pupitres. Le trompette-major Ponsen a laissé une cinquantaine de pièces pour fanfare de cavalerie, mais aussi pour formations avec clairons.

En 1947, pour la dernière fois sous la direction de Raoul Ponsen, la fanfare fréquente à nouveau les coulisses du cinéma pour Le Silence est d’or avec Maurice Chevalier.

Le 12 février 1948, il quitte à son tour la fanfare et c’est son adjoint, l’adjudant François Lordey, qui va assurer la suppléance dans l’attente de la prise de fonction officielle de l’adjudant Gossez.

L’ÈRE DU TROMPETTE-MAJOR GOSSEZ

Albert Gossez, originaire de Roisin en Belgique, est né le 10 février 1916. En 1934, il s’engage au titre de la fanfare du 11e cuirassiers, alors stationné à Paris. Il y côtoie Raoul Ponsen, trompette-major de cette autre fanfare parisienne qui est, avant guerre, un véritable vivier en ressource musicale pour la fanfare de la garde.

En 1938, à la suite du départ de Raoul Ponsen pour le poste de trompette-major à la garde républicaine, il prend à son tour, la direction du 11e cuirassiers. En juin 1940, il est fait prisonnier et envoyé en captivité en Allemagne où il reste jusqu’à la libération des camps en mai 1945.

Il reprend ses fonctions de trompette-major du 12e cuirassiers jusqu’à sa mutation à la fanfare de la garde noire du sultan du Maroc en 1946. Lorsque Raoul Ponsen fait valoir ses droits à la retraite, le poste de trompette-major est remis en concours, lequel dure trois jours et, c’est tout naturellement qu’Albert Gossez préside aux destinées de la fanfare le 1er septembre 1948.

Durant vingt années passées à la direction de la fanfare, Albert Gossez écrivit 124 œuvres dont de très nombreuses marches régimentaires. Les nombreux déplacements de la fanfare en province, furent prétextes à la composition. Ainsi, de Perles de Médous mis en musique après un séjour à Bagnère de Bigorre, à Retour de Nantes après un déplacement dans cette ville, les exemples sont nombreux. Dans le cadre des festivités du bimillénaire de Paris, il crée une suite de pièces, Les Appels échos, qui ont la particularité d’être composées sur la base sonore des bourdons de Notre Dame de Paris. Ainsi, durant une quinzaine de représentations, la fanfare apporte son concours musical en illustration des scènes pour " les fêtes du vrai mystère de la Passion ". Le taux de fréquentation de chacune de ces soirées est de 10 000 spectateurs environ. Plus d’une centaine de ses marches ont été enregistrées dans les séries de disques consacrées à la musique militaire et produites par la maison Decca.

Les séances d’enregistrement avaient alors lieu au manège des Célestins dont l’acoustique reste exceptionnelle. C’est principalement la rencontre avec un des directeurs artistiques de la firme, lui-même passionné de musique militaire, qui permit cette abondance d’enregistrements. La discographie de la fanfare s’avère des plus prolifiques puisqu’elle a enregistré près d’une cinquantaine de disques 78 tours, dont la fameuse série d’anthologie de musique militaire.

On compte aussi des pièces de collection comme le disque-carte postale avec la batterie-fanfare de la garde républicaine, et des enregistrements en public lors des " nuits de l’Armée ", de "la grande parade de la gendarmerie " ou encore à Berne en 1970.

Mettant fin à une circulaire établissant la robe alezane pour les chevaux des trompettes, en 1955, une prérogative fut établie en autorisant des chevaux à robe grise pour les deux timbaliers défilant légèrement en retrait, de part et d’autre du trompette-major. Cette décision officialise en fait une pratique déjà coutumière puisque le trompette-major Ponsen avait déjà défilé encadré par deux chevaux gris. Les chevaux des timbaliers deviennent l’objet de la plus grande attention du commandement et des trompettes. Certains de ces chevaux, comme Fils à Papa (un des deux premiers chevaux gris timbaliers), Ianina, Ulysse, File Partout, vont passer à la postérité au travers de l’imagerie populaire, symbolisant ainsi la fanfare.

LES GRANDES HEURES DE LA FANFARE JUSQU’EN MAI 1968

Pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie, la fanfare n’est pas déplacée en " théâtre d’opérations extérieur ", comme son homologue la musique de la gendarmerie mobile. Elle fournit cependant des trompettes qui partent en opération à titre individuel.

A cette époque, la fanfare est alors fréquemment sollicitée pour des scènes cinématographiques. Elle apparaît, sous a direction de l’adjudant-chef Gossez, dans des films de légende comme les grandes manœuvres, aux côtés de Gérard Philippe et Michèle Morgan, et Les trois mousquetaires. Pour Sacha Guitry, elle joue, en juillet 1953, dans Si Versailles m’était conté, Si Paris m’était conté. Elle prend aussi part à son célèbre Napoléon. Pour les besoins des différents tournages, elle est souvent contrainte de revêtir des tenues autres que l’uniforme national.

Ainsi, les trompettes apparaissent en dragons autrichiens dans Christine avec Alain Delon, en dragons de 1914-1918 pour Les grandes manœuvres avec Gérard Philippe, ou en trompette de chasseurs à cheval de la garde du premier empire pour Napoléon de Sacha Guitry. A de nombreuses autres occasions, elle est aussi costumée pour les besoins de spectacles tels les " nuits de l’Armée ". En dragons de l’époque de Louis XV ou en trompette de hussards du premier empire lors de la visite du roi de Suède a général de Gaulle au palais de l’Elysée. Elle participe également à l’illustration sonore de la charge des dauphins dans Le monde du silence du commandant Cousteau, avec une composition d’Albert Gossez.

Jean Vilar qui dirigeait alors le théâtre national populaire, sollicite lui aussi les services de la fanfare dans le cadre de pièces comme Le prince de Hombourg ou Lorenzaccio.

Tous les grands spectacles militaires parisiens font appel à la fanfare. C’est vrai pour les mythiques " nuits de l’armée ", présentées entre 1952 et 1955, mais aussi lors des " grandes parades de la gendarmerie " en 1964 et 1966, ou encore pour les " fêtes franco-britanniques " au Vel d’hiv en 1957, avec seize représentations publiques dont une présence de la reine Elizabeth II d’Angleterre.

Ces spectacles militaires ont conduit à la création, au sein de la fanfare, de certaines des " formations spéciales " du régiment de cavalerie. Celles-ci, qui existent toujours, sont des ensembles instrumentaux tels que les trompes de chasse, les tambours et hautbois et le quintette de cuivres du régiment de cavalerie, anciennement " trompettes Jeanne d’Arc ". Ces formations sont généralement employées en tenues d’époque Louis XV pour faire revivre le panache des fêtes royales.

Au-delà de ce contexte particulier, les trompes de chasse et le quintette de cuivres prêtent leurs concours lors de cérémonies religieuses ou animations au profit des plus hautes instances de la gendarmerie nationale et de l’Etat.

En 1952, la fanfare participait au prestigieux Tattoo d’Edimbourg en Ecosse. C’était la première fois que la fanfare quittait aussi longuement ses quartiers parisiens, puisqu’elle était l’invitée d’honneur, avec la " Koninklijke Militaire Kapel " des Pays-Bas, de ce spectacle militaire qui a duré plus d’un mois. Grande première, les chevaux de la fanfare prirent le bateau de Boulogne à Folkestone.

En 1967, la gendarmerie nationale exporte la grande parade de la gendarmerie à Montréal dans le cadre de l’exposition universelle. C’est une véritable caravane qui traverse l’Atlantique, puisque toutes les formations spéciales de la garde républicaine (la batterie-fanfare, le carrousel, les motards, les gymnastes et la fanfare) participent à ce spectacle. Les 150 chevaux, dont ceux de la fanfare, prennent le bateau au Havre avec quelques trompettes alors que la grande majorité rejoint Montréal par avion.

MAI 1968, LA FANFARE SE MET AU ROCK’N ROLL

Pendant les évènements sociaux que connaît la France en mai 1968, la fanfare stoppe ses activités musicales et reçoit des missions de garde dans les postes de sécurité. Elle participe également aux opérations de maintien de l’ordre, dans le cadre d’une instruction interministérielle qui prévoit qu’un trompette doit, avant toute intervention faisant appel à la force, interpréter une sonnerie spécifique. Les trompettes de la fanfare assurent donc cette mission auprès des escadrons de marche qui maintiennent ou rétablissent l’ordre public.

L’adjudant-chef Gossez quitte la fanfare le 7 novembre 1968. Dans l’attente du successeur, c’est l’adjudant Elisée Buffat, alors trompette-major adjoint, qui prend la tête de la fanfare. Pendant les quelques mois d’intérim de l’adjudant Buffat, un fait marquant vient enrichir la discographie de la fanfare.

En effet, en 1968, la France vibre car Sylvie Vartan et Johnny Halliday fêtent la naissance de leur fils David. Pour célébrer cet événement, Sylvie Vartan lui dédie la chanson Le Roi David. Pour l’enregistrement phonographique de ce disque, la production fait appel à une dizaine de trompettes pour accompagner la légendaire chanteuse dans un style nouveau pour la fanfare, peu habituée à fréquenter les coulisses de variété française.

LE TROMPETTE-MAJOR MOREAU

Au départ d’Albert Gossez, le poste de trompette-major est mis en concours. C’est l’adjudant-chef Marc Moreau qui est nommé le 1er mars 1969. Ce sera le dernier trompette-major à être nommé sur décision ministérielle, et à provenir d’une formation musicale des armées extérieure à la garde républicaine. Son père, Henri Moreau, était lui-même trompette-major à la fanfare de la garde chérifienne du sultan du Maroc. C’est tout naturellement que son fils Marc s’engage en 1947. Reçu major du cours des trompettes-majors de Saumur, il prend la direction de la fanfare du 7e spahis de Senlis.

Cette nomination suit de près un important changement dans l’administration de la fanfare de cavalerie.

En 1969, pour des commodités de gestion du personnel, les trompettes, alors disséminés dans les escadrons de marche, sont regroupés au sein d’un peloton hors-rang, lui-même rattaché au 1er escadron. Par la suite, en 1971, la fanfare est directement administrée par l’état-major du régiment de cavalerie. Une restructuration plus complète intervient en 1978, avec la création d’un escadron hors-rang qui regroupe et administre les unités de soutien telles que l’infirmerie-vétérinaire, le mess, les ateliers du casernement, etc. La fanfare y trouve tout naturellement sa place. Cette organisation prévaut encore à ce jour.

C’est à Berne, en Suisse, que le nouveau trompette-major fait ses premières armes à la tête de la fanfare. A la suite de ce festival, par ailleurs enregistré sur disque, la musique de la marine royale des Pays-Bas, présente elle aussi à ce rassemblement des meilleures formations musicales militaires, va adopter quelques pièces du répertoire de la fanfare et en particulier Salut aux alliés qu’ elle enregistrera quelques mois après.

Sous la direction du trompette-major Moreau, la fanfare prend un nouvelle orientation en privilégiant l’équitation. Il met ainsi en scène une série d’évolutions à cheval qui sont toujours en vigueur. Ces évolutions, appelées " ailes de moulin ", sont une série d’enchaînements de figures équestres, qui permettent à la fanfare d’allier l’évolutif au musical.

En 1980, un évènement exceptionnel marque la fanfare et plus particulièrement son trompette-major puisqu’il est honoré par les services des postes, télégraphes et télécommunications. En effet, il figure, avec son cheval Beauséjour, sur un timbre d’une valeur faciale de 1,70 F. Une enveloppe premier jour sera même émise à l’occasion du lancement de ce timbre, qui apportera un nouvel essor à la renommée de la fanfare.

Le 10 janvier 1983, il fait savoir ses droits à la retraite. Il laisse un répertoire d’une quarantaine d’œuvres.

A son départ, le poste de trompette-major n’est pas remis en concours. C’est son adjoint, l’adjudant-chef Jean-Baptiste Laborde, qui prend la décision de la fanfare jusqu’au 7 octobre 1984.

LE TROMPETTE-MAJOR HANNOT ET LE CENTENAIRE DE LA STATUE DE LA LIBERTE A NEW-YORK

A cette date, l’adjudant Jean-Jacques Hannot est nommé par le commandement de la garde républicaine trompette-major de la fanfare. Il était entré en gendarmerie en 1968, après son service militaire effectué au 156e centre d’instruction du Train à Toul. En 1969, il est affecté à la fanfare et nommé maréchal des logis-chef en 1973, date à laquelle il rejoint Dakar pour un séjour de six ans au titre de la coopération française et au bénéfice de la fanfare de la garde rouge du Sénégal. A son retour, il retrouve la fanfare et, en 1983, en devient le trompette-major adjoint.

La fanfare s’envole, sous sa direction, en juillet 1986 pour New York dans le cadre des festivités du centenaire de la statue de la Liberté. Les chevaux partent en avion quelques jours plus tôt pour une mise en quarantaine obligatoire. La fanfare, logée à la prestigieuse académie de West Point, retrouve ses montures et prend la direction du " Giant Stadium " où elle va présenter les fameuses évolutions équestres mises au point par le major Moreau. Cette représentation se déroule devant 80 000 spectateurs. Elle est retransmise en Mondiovision.

A cette occasion, les trompettes arborent une particularité instaurée en 1985. En effet, les grenades de col qui symbolisent la gendarmerie cèdent la place à la lyre spécifique des musiciens. Jusqu’alors, ils étaient reconnaissables à la crinière rouge de leur casque, contrairement aux cavaliers du rang pour lesquels elle est noire, ainsi qu’au galon or qui borde le col et le bas des manches de leurs tuniques.

LE BICENTENAIRE DE LA REVOLUTION ET L’ARRIVÉE DU TROMPETTE-MAJOR BESNIER

En septembre 1989, à l’occasion du bicentenaire de la révolution française, la fanfare de cavalerie est invitée à participer aux grandioses cérémonies de Valmy. Durant une dizaine de jours, la fanfare installe son bivouac sur le site historique, au pied du fameux moulin. C’est à cette occasion que l’adjudant Paul Besnier effectue sa prise officielle de fonction. En effet, l’adjudant Jean-Jacques Hannot, trompette-major en titre est hospitalisé quelques heures seulement avant le départ de la fanfare pour Valmy. Nommé adjudant-chef, ce dernier décédera à l’hôpital du Val de Grâce, à Paris, le 27 juillet 1990.

Le parcours de Paul Besnier jusqu’à son accession au rang de trompette-major mérite d’être souligné. En effet, c’est au 11e cuirassiers qu’il commence en mai 1963 une longue carrière comme deux de ses prédécesseurs, Ponsen et Gossez. Il est ensuite affecté au 1er régiment de spahis algériens pendant les évènements de la guerre d’Algérie et, de retour en métropole, il rejoint le 9e régiment de hussards. Il retrouve la vie civile pendant deux ans avant de postuler pour la gendarmerie.

Il est admis à la fanfare en décembre 1966 et va gravir tous les échelons de la hiérarchie des sous-officiers pour accéder au grade de major et à la fonction de trompette-major en 1990. Avec le major Moreau, il est le deuxième trompette-major à avoir eu le privilège d’accéder, jusqu’à présent, à ce grade.

Sous sa direction, la fanfare va poursuivre son action et participer à quelques déplacements qui deviennent légendaires comme La Baule, Berne, Lucerne, Cannes pour le 50e anniversaire du festival du cinéma en 1997.

Il quitte la fanfare et son cheval Potiron le 30 novembre 1998, pour laisser la direction à son adjoint, l’adjudant-chef Jean-Marcel Faccioli qui a déjà un long passé musical et militaire.

LE TROMPETTE-MAJOR FACCIOLI

Après des études au conservatoire de Toulouse, Jean-Marcel Faccioli s’engage à la musique de la 11e division parachutiste le 2 février 1977. Il sert en qualité de chef de pupitre des trompettes d’harmonie jusqu’en 1982. En 1983, il est retenu pour servir en gendarmerie au titre de la fanfare du régiment de cavalerie de la garde républicaine.

Après huit ans en qualité de trompette-major adjoint, il accède au poste que lui laisse le major Besnier le 1er décembre 1998. Il met au service de la fanfare ses talents de compositeur en renouvelant son style, principalement dans des pièces de concert ou à l’occasion d’accompagnements de reprises équestres du régiment de cavalerie.

A l’occasion des cérémonies du 8 mai 2000, l’adjudant-chef Facccioli va apporter une innovation dans sa présentation à cheval en adoptant une trompette en argent massif, avec une incrustation en vermeil des armoiries de la ville de Paris.

Cette trompette, plus longue qu’une trompette de cavalerie traditionnelle, répond essentiellement à un souci d’ergonomie dans l’exécution des commandements qui sont tous donnés, à vue, à l’aide de cet instrument.

INNOVATION DANS LE RÉPERTOIRE DE LA FANFARE DE CAVALERIE

La grande majorité des archives de la fanfare était composée de pièces des différents trompettes-majors ou de musiciens de la formation. Les années quatre-vingt-dix ont vu une nouvelle tendance dans le répertoire puisque des compositeurs extérieurs à la fanfare furent sollicités afin de proposer des compositions qui utilisent des sonorités jusque là inexploitées. Ce répertoire donne une dimension nouvelle à la fanfare, lui permettant de présenter des concerts en salle, généralement avec une partie consacrée aux pièces de tradition et une seconde partie avec des œuvres plus légères et variées. Des compositeurs de renoms tels que Marc Steckar, André Brouet, Daniel Tassa ou Roger Boutry, sont séduits par l’expérience d’écrire pour une formation telle que la fanfare, avec les sonorités et les particularités qui lui sont propres.

L’an 2000 marque, outre le changement de millénaire, un renouveau dans le répertoire de la fanfare. En effet, une rencontre, dans le cadre du travail de recherche pour le livre du 150e anniversaire des orchestres de la garde républicaine en 1998, avait permis de lier connaissance avec une jeune compositrice, titulaire de nombreux prix du conservatoire national supérieur de musique de Paris, et qui avait bien voulu, par la suite, relever le défi d’être la première femme à composer pour la fanfare. C’est avec bonheur qu’Anne Virginie Marchiol a écrit une œuvre, Hymne, interprétée pour la première fois en décembre 2000, lors de la messe de Sainte Geneviève (patronne de la gendarmerie) en l’église Saint-Paul-Saint-Louis de Paris.

LA FANFARE DE CAVALERIE, PRÉSENTE À TRAVERS LE MONDE

2001 reste une année riche en prestations de prestige. La fanfare participe à l’exposition universelle qui se tient à Hanovre, en Allemagne. C’est la seconde fois qu’elle est sollicitée pour rehausser le panache du pavillon français, puisqu’elle avait franchi l’Atlantique en 1967 à l’occasion de l’exposition universelle de Montréal. La fanfare a d’ailleurs retrouvé le Canada, en août 2001, dans le cadre du 2e festival international de musiques militaires de Québec.

Elle a représenté la France, avec grand succès, dans les sites québécois les plus prestigieux. Cette " touche française " fit forte impression auprès d’un public francophone, avide de ses origines.

Dans le passé, la fanfare apportait son concours à l’orchestre de la garde, alors appelé Musique de la garde républicaine, pour assurer les parties de trompette de cavalerie dans les œuvres du répertoire militaire. En 2000, elle a renoué avec cette tradition en intervenant dans une œuvre de Jules Massenet, Hérodiade, et en 2001 dans l’ouverture 1812 de Piotr Ilitch Tchaïkovsky. Ces interventions, dans le cadre des concerts annuels de la garde républicaine, eurent un éclat particulier puisque le plateau musical regroupait l’orchestre d’harmonie, le chœur de l’armée française et la fanfare.

Il est indéniable que la fanfare jouit d’une grande popularité auprès du public. Il suffit de voir l’attention qui lui est portée à chacune de ses prestations, ou encore au travers de l’image qu’elle véhicule. En effet, les exemples ne se comptent plus où elle figure dans des livres, revues, cartes postales, affiches ou pochettes de disques qui lui sont totalement étrangers et donc bien représentatifs de l’aura qu’elle porte. On la trouve ainsi que des pochettes de disque de la musique des gardiens de la paix de Paris, de la Luftwaffenmusikkorps n° 1 de Munich ou encore de la musique centrale populaire de Chine !

Elle demeure aujourd’hui encore un modèle et nombreuses sont les formations militaires et civiles, françaises ou étrangères qui s’inspirent de son organisation. Elle entretient, depuis de nombreuses années, des relations d’amitié et de coopération avec la fanfare de la garde rouge du Sénégal, où l’adjudant Le Blay, actuel trompette-major adjoint, a effectué un récent séjour en vue de renforcer les liens musicaux.

La fanfare franchit le cap du nouveau millénaire dans la pérennité puisque dans le cadre de son bicentenaire, elle reste toujours sollicitée, tant en France qu’à l’étranger, pour rehausser l’éclat des grandes cérémonies françaises, les escortes des grands de ce monde ou plus simplement pour apporter sa renommée dans des lieux aussi divers qu’une salle de concert ou le terrain d’un jumping international.

Mais c’est principalement à Paris, la ville lumière, que le public a le plaisir de la voir quitter le quartier des Célestins, sa résidence près de la place de la Bastille, seule ou précédant le commandant du régiment de cavalerie, suivi de son étendard et des trois escadrons à cheval de la garde républicaine.

Maréchal des logis-chef Jean-Marc Lanois