Accueil > Histoire et Patrimoine > Grands moments d'éloquence parlementaire > Lamartine et l'élection du Président de la République au suffrage universel

Alphonse de Lamartine


© Bibliothèque de l'Assemblée nationale. Photo Irène Andréani

Discours à l'Assemblée nationale constituante : 6 octobre 1848

[Fiche biographique] [Alphonse de Lamartine, 1790-1869 : discours parlementaires]

Homme de lettres et diplomate, Alphonse de Lamartine ne débute sa carrière politique qu'après la révolution de juillet 1830. Principal représentant du courant libéral et progressiste, notamment dans son Histoire des Girondins (1847), il s'oppose au régime de Louis-Philippe. Élu député en 1833, après deux échecs, optant pour le Nord, réélu en 1834, optant pour Bergues, puis en 1837 pour Mâcon-ville -sa ville natale-, il est encore réélu en 1842 et 1846. A la proclamation de la République, en février 1848, il devient membre du gouvernement provisoire et ministre des affaires étrangères. Le 23 avril 1848 il est élu triomphalement à l'Assemblée nationale constituante et opte pour le département de la Seine. Dans son Histoire de la révolution de 1848 il décrit avec lyrisme cette journée d'élection au suffrage universel :

« Au lever du soleil, les populations recueillies et émues de patriotisme se formèrent en colonnes à la sortie des temples, sous la conduite des maires, des curés, des instituteurs, des juges de paix, des citoyens influents, s'acheminèrent par villages et hameaux aux chefs-lieux d'arrondissement, et déposèrent dans les urnes sans autre impulsion que celle de leur conscience, sans violences... les noms des hommes dont la probité, les lumières, la vertu, le talent et surtout la modération leur inspiraient le plus de confiance pour le salut commun et pour l'avenir de la République.

Il en fut de même dans les villes. On voyait les citoyens riches et pauvres, soldats ou ouvriers, propriétaires ou prolétaires, sortir un à un du seuil de leurs maisons, le recueillement et la sérénité sur leurs visages, porter leurs suffrages écrits au scrutin... les déposer dans l'urne et revenir avec la satisfaction peinte sur les traits comme d'une pieuse cérémonie. »

Député, Lamartine siège à la commission exécutive instituée le 9 mai par l'Assemblée. Il participe aux débats de l'Assemblée constituante consacrés à l'organisation et au fonctionnement des institutions de la future IIe République. Dans ce cadre, il prône un système de séparation stricte des pouvoirs, inspiré du « modèle américain ». Le 6 octobre 1848, l'Assemblée discute l'amendement Leblond attribuant aux représentants du peuple la désignation du Président de la République. Or Lamartine combat l'amendement. Il défend avec insistance le principe de l'élection du Président de la République au suffrage universel, même s'il ne néglige pas le risque de « réminiscence d'Empire ».

La Constitution du 4 novembre 1848 reprendra l'essentiel des idées d'Alphonse de Lamartine. Celui-ci pourra ainsi se présenter le 10 décembre à la magistrature suprême mais il subit un échec cuisant n'obtenant que 17 910 voix face à Louis-Napoléon qui, lui, en obtient cinq millions et demi.

Assemblée nationale constituante (séance du 6 octobre 1848)

Extrait du Moniteur Universel, journal officiel de la République