Accueil > Archives de la XIIe législature > Discours de M. Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale

06/03/2003 - Toast à l'occasion de la visite officielle de M. Marek BOROWSKI, Maréchal de la Diète polonaise

Monsieur le Président,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui à l'Hôtel de Lassay pour vous dire notre sympathie et témoigner au peuple polonais, à travers vous, l'amitié qui marque depuis si longtemps les relations entre nos deux pays. Nous en sommes d'autant plus heureux que dans un avenir désormais très proche, la Pologne doit rejoindre la grande famille européenne et partager ainsi avec le peuple français une communauté de destin.

Trois mois après le Conseil européen de Copenhague, qui a permis de conclure les négociations d'adhésion avec votre pays et neuf autres candidats, votre visite à l'Assemblée nationale est particulièrement significative : une page historique vient en effet d'être écrite, celle de la réunification de la grande Europe, elle referme une longue et douloureuse parenthèse qui, en divisant l'Europe entre l'Est et l'Ouest, avait créé une barrière politique, économique et culturelle artificielle qu'il nous revient désormais de combler.

Certes, les négociations n'ont pas toujours été faciles et ont demandé à tous persévérance et imagination. Mais la volonté d'aboutir n'a jamais fait défaut et je salue les efforts que votre pays a déployés pour y parvenir : les étapes que la Communauté européenne a mis plus de quarante ans à parcourir, la Pologne les aura franchies en quelques années : peut-on trouver meilleure démonstration de la force de conviction qui n'a cessé d'animer le peuple et les dirigeants polonais depuis que votre pays recouvrait la pleine maîtrise de son destin ?

Dans cette entreprise difficile mais essentielle, la France, vous le savez, ne vous a pas ménagé son appui, ainsi que le Président de la République l'avait souligné avec force lors de la visite d'Etat qu'il fit à Varsovie en 1996. Sur la base du socle constitué par le Traité d'amitié et de solidarité qu'elles ont conclu en avril 1991, la France et la Pologne ont en effet développé un partenariat politique et économique exemplaire. Partenariat politique d'abord, nourri par le rythme intense des visites officielles échangées par nos deux pays. Partenariat économique aussi : les relations commerciales ont connu ces dernières années des taux de croissance souvent spectaculaires, et le développement des investissements fait aujourd'hui de la France le premier investisseur étranger en Pologne, témoignage de l'importance et de la confiance que nous accordons à votre pays. Partenariat culturel enfin, si important pour le rapprochement des peuples : la Saison polonaise fera de votre pays l'hôte d'honneur de la France de mai à décembre de l'an prochain et permettra à un vaste public de découvrir pour les uns, redécouvrir pour les autres, une culture forte, un patrimoine riche mais aussi le dynamisme de la création polonaise.

Je pourrais citer encore bien d'autres domaines dans lesquels nos échanges prospèrent. Mais il en est un que je souhaite particulièrement souligner, c'est bien sûr celui des relations parlementaires, en plein essor depuis plusieurs années. Je n'en dresserai pas un bilan qui, du fait de sa richesse, allongerait trop mon propos.

Je voudrais simplement souligner toute l'importance que j'attache au développement des liens entre nos deux Assemblées, entre leurs émanations, et entre les députés. Déjà alliés, bientôt membres de la même famille, c'est ensemble que nos deux pays participeront au développement du projet européen : ce projet, vous le savez, a un objectif clair, défini par le traité de l'Union européenne, qui est d'affirmer l'identité de l'Union sur la scène internationale, notamment par la mise en œuvre d'une politique étrangère et de sécurité commune. Beaucoup a été déjà fait, mais beaucoup reste à faire et le chemin ne sera pas toujours dépourvu de difficultés ; la crise irakienne le démontre depuis quelques semaines, qui fait l'objet de différences, sinon de divergences entre Européens : il n'en est donc que plus nécessaire de multiplier encore les occasions de nous concerter, de nous consulter, d'échanger nos analyses, de rapprocher nos positions, et de contribuer ainsi à ce que l'Europe puisse peser de tout son poids dans la gestion des crises et dans l'équilibre du monde.

Je suis certain que le groupe d'amitié, récemment reconstitué et que préside M. Jean-Louis Léonard, député, apportera une contribution très active à cette concertation, dans la lignée des progrès accomplis ces dernières années sur le chemin d'un partenariat quotidien.

Monsieur le Président,

Le peuple polonais s'apprête, dans un avenir désormais proche, à se prononcer sur son entrée dans la communauté des peuples européens; nous espérons de tout cœur qu'il dira "oui" : nous pourrons alors accueillir l'an prochain une nation chère aux cœurs des Français, pourvue de tous les titres à devenir un grand Etat-membre de l'Union, et donner ainsi tout leur sens aux paroles prophétiques que le général de Gaulle prononçait en Pologne en 1967 : " en dépit de la distance, de tout ce qui les distingue, la Pologne et la France s'aiment et savent, d'instinct et d'expérience, que leurs destins se conjuguent".

C'est donc à l'amitié entre la France et la Pologne, à la coopération entre nos deux parlements, et en votre honneur que je souhaite lever mon verre.