Le rapport Cotis sur le partage de la valeur ajoutée dresse un triple constat.
1) La part des rémunérations dans la valeur ajoutée des sociétés non financières est stable depuis la fin des années 80, à un niveau légèrement inférieur au niveau constaté avant les chocs pétroliers.
2) Cette stabilité apparente ne doit pas masquer des inégalités salariales qui ont fortement progressé depuis la fin des années 90 en raison de l'explosion des hauts salaires. Selon l'économiste Camille Landais : « Entre 1998 et 2005, les 0,01 % des foyers les plus riches ont vu leur revenu réel croître de 42,6 % sur la période, contre 4,6 % pour les 90 % des foyers les moins riches. ». Pour ces 90 % de salariés le pouvoir d'achat des salaires a donc stagné depuis 2002.
3) Au sein de la part profits, le montant des dividendes a été multiplié par 5 depuis 1993 et leur part dans les profits a plus que doublé.
Les évolutions les plus remarquables sont donc constatées au sein de chaque composante de la valeur ajoutée.
Le rapport Cotis met en effet en évidence un double problème d'explosion des plus hauts salaires et de stagnation des salaires les plus bas et moyens, qui justifie d'une part les propositions du Parti socialiste sur l'encadrement des rémunérations des dirigeants et des traders et d'autre part celles sur l'augmentation du SMIC et des salaires nets.
S'agissant des évolutions au sein de la composante profits, la progression des dividendes au détriment de l'autofinancement des investissements doit conduire à mettre en œuvre la proposition des socialistes de moduler l'impôt sur les sociétés pour inciter les entreprises à investir.
En ce qui concerne la participation, qui est une composante de la part salaires et non de la part profit, sa progression depuis 1991 s'est opérée au détriment des salaires directs. Le développement souhaitable de cette forme de rémunération des salariés, qui doit notamment être étendue aux salariés des petites entreprises, ne doit pas conduire à rendre moins stable et plus risquée la rémunération des salariés.