perspectives
Question de :
Mme Claude Darciaux
Côte-d'Or (3e circonscription) - Socialiste
Mme Claude Darciaux souhaiterait attirer l'attention de M. le ministre délégué à la recherche sur les conclusions du rapport parlementaire récemment publié sur la recherche publique et privée en France. La mission parlementaire a confirmé l'ampleur d'une longue crise qui frappe la recherche dans notre pays pour des raisons de manque de financement, de pilotage défaillant ou d'une gestion administrative archaïque et inadaptée à un environnement de plus en plus concurrentiel. Le rapport propose un certain nombre de mesures telles la création d'un ministère de plein exercice, la création d'un haut conseil de la science et des technologies afin d'améliorer le pilotage de la recherche et de mieux définir les priorités. De plus, les parlementaires membres de cette mission d'information ont souhaité que les universités soient plus autonomes et ont proposé la création d'une douzaine de pôles d'excellence rassemblant les universités, les grandes écoles et les organismes de recherche. Ils ont également indiqué qu'une mise en réseau des petites universités compléterait ce dispositif afin de donner une réelle visibilité internationale à la recherche française. Cependant, le vice-président de la conférence des présidents d'université (CPU) a lancé un cri d'alarme sur l'avenir de la recherche en France. Ce dernier estime que « si la loi d'orientation en préparation qui fixe pour vingt ou vingt-cinq ans les grands caps ne parvenait pas à rapprocher les universités des organismes de recherche, cela constituerait une catastrophe pour la recherche française ». Une réforme de fond de l'organisation de la recherche est attendue. La CPU se prononce également en faveur d'une expérimentation d'un nouveau statut d'enseignant-chercheur permettant une plus grande souplesse entre les deux voies. Avant la discussion du projet de loi d'orientation et de programmation sur la recherche, prévue dans le courant de l'année 2005, elle souhaiterait savoir quelles sont les propositions avancées par la commission d'informations parlementaires que le Gouvernement a l'intention de prendre en compte et connaître la place des universités dans cette nouvelle organisation.
Réponse publiée le 30 août 2005
La loi d'orientation et de programmation de la recherche qui est actuellement élaborée par le Gouvernement et qui sera prochainement proposée au Parlement au terme d'une consultation associant tous les acteurs de la recherche a pour objectif de mettre en phase la recherche française avec l'objectif fixé par le Sommet européen de Lisbonne. Cette loi ambitieuse proposera des dispositions qui moderniseront le système français de recherche et d'innovation en lui permettant d'être plus lisible et donc plus attractif au plan international. Elle tirera parti des nombreuses contributions et réflexions de qualité, au premier rang desquelles le récent rapport parlementaire sur la recherche publique et privée en France. Le projet de loi se fonde sur le constat, largement partagé, que le système que forment la recherche fondamentale, la recherche à finalité sociétale, la recherche à finalité économique et l'innovation possède une forte cohérence. Il réaffirmera le continuum entre recherche et enseignement supérieur, en insistant sur le rôle majeur des universités dans le paysage de la recherche. Il s'agit de tirer parti des forces et des spécificités du système français, en impulsant les ajustements nécessaires ; les réformes seront engagées de façon progressive et s'appuieront très largement sur le volontariat des acteurs et sur l'expérimentation. La France manquait d'une agence de moyens, analogue aux agences existant dans d'autres pays scientifiques, pour organiser un financement sur projet couvrant l'ensemble des disciplines scientifiques et reposant sur l'excellence et l'originalité des propositions : la création de l'Agence nationale de la recherche répond à ce besoin. Le système d'évaluation de la recherche est aujourd'hui peu lisible et trop disparate : il sera réformé et simplifié afin que, dans le respect du principe de l'évaluation par les pairs, les unités de recherche, qu'elles appartiennent aux universités ou aux organismes, soient évaluées à la même aune. Parallèlement, seront mises en place les conditions pour une harmonisation de l'évaluation des personnes, qui demeurera toutefois du ressort des établissements. La coopération renforcée entre organismes de recherche, universités et grandes écoles sera favorisée. De nouveaux véhicules juridiques permettront, sur la base du volontariat et dans un cadre contractualisé avec l'État, aux acteurs de la recherche de mieux travailler ensemble sur des projets scientifiques ambitieux. De nouveaux leviers seront par ailleurs mis au service d'une politique scientifique des ressources humaines plus dynamique : en proposant de véritables parcours de réussite aux jeunes scientifiques, avec notamment la possibilité pour les enseignants-chercheurs de moduler leur activité entre enseignement et recherche, en renforçant le rôle des écoles doctorales, elle soulignera le caractère stratégique de la formation par la recherche dans la construction d'une économie fondée sur la connaissance. Enfin, la loi veillera également à créer un environnement favorable à un développement de l'activité de recherche des entreprises et mettra en oeuvre une série de mesures incitatives à fort effet de levier.
Auteur : Mme Claude Darciaux
Type de question : Question écrite
Rubrique : Recherche
Ministère interrogé : recherche
Ministère répondant : enseignement supérieur et recherche
Dates :
Question publiée le 15 février 2005
Réponse publiée le 30 août 2005